• Nem Talált Eredményt

Krisztina Horváth

In document Rencontre de l'Est et de l'Ouest (Pldal 133-140)

Université Eötvös Loránd de Budapest

L’histoire du chevalier bigame, abandonnant femme et enfants – jumeaux – pour partir en Terre Sainte, où, captif, il sera requis d’amour et libéré par un personnage non moins illustre que la fille du sultan, qu’il épousera après conversion – comme il se doit – de celle-ci est un schéma narratif connu du Moyen Âge. Cette histoire trouvera sa formulation, peut-être pas la plus an-cienne, ni la plus originale, mais certainement la plus complète et la plus élaborée dans le Roman de Gillion de Trazegnies publié en 1839 par Oscar Ludwig Bernhard Wolff1 devenu largement plus accessible depuis la traduc-tion partielle de Monique Santucci2 et sa publication par Stéphanie Vincent3. La parenté thématique de ce conte avec d’une part toute une série de récits re-latant l’histoire de l’homme entre deux femmes, allant de récits celtiques, à la nouvelle de Boccaccio sur le comte Saluces ou encore Le lai d’Éliduc et Le Lai du Frêne de Marie de France, y compris dans ce premier volet de curieuses re-présentations plastiques comme des monuments funéraires, et d’autre part le motif narratif exploité par une bonne vingtaine de chansons épiques, celui de la jeune princesse musulmane éprise du chevalier chrétien captif qu’elle libère et qui désire pour lui se convertir nous semble bien établie4. Les liens de ces

1 Histoire de Gilion de Trasignyes et de Dame Marie, sa femme, publiée d’après le manuscrit de la bibliothèque de l’Université d’Iéna, Paris / Leipzig, Brockhaus & Avenarius / Desforges, 1839.

2 Splendeurs de la cour de Bourgogne, récits et chroniques, éd. Danièle Régnier-Bohler, Robert Laffont, Paris, 1995, p. 251-370.

3 Le Roman de Gillion de Trazegnies, éd. Stéphanie Vincent, Turnhout, Brepols, « Textes verna-culaires du Moyen Âge », 11, 2010.

4 Nous ne citerons à cet endroit que les études de Claude Roussel sur La Belle Hélène de Constantinople, de Micheline de Combarieu, « Un personnage épique : la jeune musulmane »,

scénarios littéraires avec un substrat mythique qui apparaît aussi par ailleurs dans le folklore, ne sont plus à démontrer non plus5.

S’« il exploite particulièrement une situation type que le cadre choisi de croisade suffit à justifier : celle de la jeune princesse païenne éprise du cheva-lier chrétien et qui trahit pour lui sa famille et sa religion », et s’il est vrai que

« ce motif narratif figure, avec de menues variantes dans une vingtaine de chanson de geste »6 nous ne pouvons cependant entièrement soutenir que la figuration du motif dans les chansons de geste serait le signe d’une influence romanesque sur le vieux modèle épique. Loin de « contaminer idéologique-ment » l’épopée, l’épisode de la belle musulmane éprise du chevalier chrétien participe au contraire d’un substrat mythique, d’un schéma narratif initial.

Jouda Selami observe, en outre, dans une étude plus récente que « l’enlè-vement de la jeune sarrasine consentante par le chevalier chrétien est l’issue logique de la rencontre amoureuse mais pour cela, l’amour ne suffit pas, il faut passer par le combat pour y arriver »7.

Les variantes hongroises du schéma narratif nous sont parvenues sous for-me de textes versifiés, souvent chantés, généralefor-ment connus sous le titre de L’histoire de Szilágyi Mihály et de Hajmási László, devenus très populaires et connaissant de prestigieuses adaptations littéraires grâce à la vogue populari-sante et romantique du xixe siècle8. Malgré d’importants efforts comparatistes

Sénéfiance, N° 7, Mélanges de langue et littérature françaises du Moyen Âge offerts à Pierre Jonin, 1979, p. 181. L’auteur propose ce descriptif du motif en question : « Le chevalier chré-tien est prisonnier du père de la jeune fille : c’est là l’occasion de la première rencontre des jeunes gens. Elle aide le chevalier à s’enfuir, parfois contre une promesse de mariage, part avec lui et se convertit sans difficulté afin de pouvoir l’épouser ». Michelle Szkilnik, « Idylle et récits idylliques à la fin du Moyen Âge », Cahiers de recherches médiévales et humanistes [en ligne], 20, 2010, mis en ligne le 20 avril 2011 (consulté le 24 novembre 2012), http://crm.

revues.org/12205 ; Paul Bancourt, Les musulmans dans les chansons de geste du Cycle du roi, Aix en Provence, Université de Provence / Marseille, Diffusion, J. Laffitte, 1982.

5 Claude Roussel, Conter de geste au xive siècle : inspiration folklorique et écriture épique dans la Belle Hélène de Constantinople, Droz, 1998.

6 C. Roussel, op. cit., p. 343.

7 Jouda Sellami, « La rencontre amoureuse dans le Siège de Barbastre ou le bouleversement d’une destinée », In : L’instant fatal, Actes du colloque international organisé par le CÉRÉdI et le GEMAS (Université de la Manouba, Tunis), les jeudi 13 et vendredi 14 décembre 2007, édités par Jean-Claude Arnould. (c) Publications numériques du CÉRÉdI, « Actes de collo-ques et journées d’étude (ISSN 1775-4054) », N° 3, 2009. http://ceredi.labos.univ-rouen.fr/

public/?la-rencontre-amoureuse-dans-le.html (consultée le 25 avril 2013).

8 Vörösmarty Mihály compose dès 1828 une ballade littéraire sur le thème des deux héros, Szilágyi és Hajmási, 1828 ; Jakab Ödön, Szilágyi és Hajmási. Költői beszély, négy énekben,

et folkloristes, l’origine et la composition de ces textes restent énigmatiques9, mais aucune étude n’a envisagé jusqu’à présent un travail comparatif de la légende avec le roman français et en particulier avec le roman d’aventure bourguignon du xve siècle. Des motifs similaires ont été relevés dans le folk-lore européen, mais la trame exacte du récit n’a pas pu être identifiée dans sa complétude.

La tradition textuelle de la légende est double : la première version, écrite, savante provient selon la dernière strophe faisant office de colophon de 1561, de la localité de Szendrő. Elle est conservée dans deux codex du xviie siècle et connaît une édition critique dès 182810. Suivant l’analyse11 de l’excellent com-paratiste et folkloriste Honti János, nous l’appellerons groupe A.

L’autre tradition, orale, folklorique (groupe B) est constituée de ballades po-pulaires12 essentiellement recueillies en Transylvanie et retranscrites à partir de 1820 environ. Ces versions offrent une structure et une thématique unique dans le genre de la ballade populaire : trame linéaire du conte, récurrence des épithètes épiques, narration souvent interrompue par des dialogues dramati-ques. Ces caractéristiques rappelant plutôt le chant épique, les textes qui ont pu être recueillis restent en fin de compte typologiquement assez éloignés de la ballade hongroise.

La critique philologique du xixe siècle s’appuyant sur les différences signi-ficatives des deux groupes de versions a pu démontrer que la version savante (A) ne pouvait être considérée comme l’origine de version populaire et que malgré le style humaniste du poème narratif de l’anonyme de Szendrő et mal-gré et une formule d’authentification selon laquelle l’auteur traduit son poème

Neogrády Antal rajzaival, Budapest, Lampel Róbert, 1899 ; Szép Ernő, Szilágyi és Hajmási.

Három kis szinpadi munka, Budapest, Athenaeum, 1920.

9 Des travaux récents ont été consacrés à d’éventuelles correspondances thématiques orien-tales : Kovács Előd, « A Szilágyi és Halmási eredetéről », Néprajzi látóhatár, XV, 2006, 3-4, p. 203-211 ; Drosztmér Ágnes, « Szilágyi Mihály fogsága és a hercegnő szerelme. Egy magyar és egy oszmán-török széphistória párhuzamai », In : Identitás és kultúra a török hódoltság korában, éd. Ács Pál – Székely Júlia, Budapest, Balassi Kiadó, 2012, p. 311-323.

10 Toldy Ferenc (Magyar költői régiségek, 1828) édite le texte du Csoma-kódex, plus complète, car contenant une longue et pieuse plainte du protagoniste que certains critique considère comme une interpolation. C’est le texte repris par le Régi Magyar Költők Tára (RMKT XVI/7 169-174) et recensé par « Le Répertoire de la Poésie Hongroise Ancienne », un outil en ligne.

11 Honti János, A Szilágyi és Hajmási Monda szövegtörténete [Histoire des textes de la Légende de Szilágyi et Hajmási], Itk, 1930, MTA, Budapest, p. 304-321.

12 Ninon A. M. Leader, Hungarian Classical Ballads and their Folklore, Cambridge University Press, 1967, (Paperback 2011).

« des vers d’un poète », ce qui pour l’époque signifiait plus souvent du latin, il ne s’agit probablement pas d’une source écrite ou, en tout cas, elle n’est plus consultable. De nos jours, la critique penche en faveur de la théorie d’une tra-dition multiple, mixte, tout aussi orale qu’écrite.

L’analyse contrastive nous permet de dégager le canevas du conte : Deux compagnons

1. 13 tombent en captivité, et sont détenus par le sultan – pour une raison d’ailleurs obscure : « két gerezd szőlőért » (‘pour deux grains de raisin’). L’expression constitue en quelque sorte une agramma-ticalité dans le texte, obscurité qui appelait une interprétation de la part des remanieurs tardifs de la légende. Jakab Ödön, par exemple, intercale un épisode au cours duquel les deux héros assoiffés grimpent dans un arbre (!) pour cueillir deux grains de raisin.

La fille du sultan s’éprend de Szilágyi Miklós. Là où le roman occiden-2. tal évoque un désir amoureux très physique (Gillion de Trazegnies est

exposé dénudé dans la cour du palais du sultan, visé par les archers s’ap-prêtant à l’exécuter), la poésie hongroise (groupe A) évoque également un désir charnel (15-17 vers : « Azért akkoron császár leánya kikönyök-lött vala, / Palota ablakáról ő óhajtását leány hallja vala, / Ű termetire az Szilágyinak fölgörjedett vala »), les ballades hongroises donnent, elles, comme motif de l’amour, la belle chanson de Szilágyi Miklós.

La belle païenne lui propose de le faire évader s’il consent à la convertir et 3. l’emmener avec lui en Hongrie.

Poursuivis par les armées du sultan les deux héros livrent un combat 4. acharné. Dans l’amplification romanesque du xive siècle la narration est interrompue par de longues et sanglantes scènes de bataille, au cours desquelles les héros tranchent bras et jambes en abondance. Les textes hongrois ne sont pas aussi prolixes, mais l’idée de carnage est bien évo-quée par un topos récurrent de la ballade populaire hongroise (Kerekes Izsák) « egy elmentére gyalogösvényt vága, / visszajöttére – szekérutat csapa »14 [à l’aller il coupa un sentier piéton, / au retour il coupa un che-min carrossable].

13 La traduction anglaise de Gombos Imre propose comrade, mais le vocable hongrois « kenye-res pajtás » est plus proche du frère d’armes et de celui avec qui l’on partage son pain, donc de companion ou de my buddy (mais dans certaines variantes ils deviennent deux frères).

14 Vargyas Lajos (trad. Gombos Imre), Hungarian ballads and European ballad tradition, Budapest, Akadémiai kiadó, 1983, p. 330.

Après leur victoire les trois fugitifs poursuivent leur route vers la Hongrie, 5. mais l’un des héros propose un duel pour décider de la main de la belle héroïne. Dans le texte littéraire c’est le héros second, Hagymási qui pro-voque ce combat, au cours duquel Szilágyi Mihály lui coupe la main au poignet15. Hagymási implore le pardon pour son grand péché et nous apprenons qu’il est marié et avait laissé en Hongrie femme et deux fils.

(La ballade populaire montre une certaine variabilité à cet endroit sur l’identité du héros marié [Szilágyi ou Hajmási], et dans certaines varian-tes l’homme marié renonce au combat.)

Szilágyi épouse la fille du sultan.

6.

Les variantes orales (groupe B) recueillies en Hongrie (les versions hongroises proviennent majoritairement de la Transylvanie et de la Moldavie) ou dans l’enclave linguistique d’origine hongroise des csángos et les chez les slaves des pays limitrophes (il existe des traductions slovaques ou encore serbes et tsiganes).

La comparaison de ces récits de longueurs, donc, très inégales, celle de la ballade, de la poésie narrative anonyme, et du roman en prose va faire la lu-mière sur certaines obscurités.

Des stratégies de vraisemblance font participer les textes de divers « fantas-mes généalogiques ». Nous devons premièrement observer que l’onomastique du Roman de Gillion de Trazegnies, tout comme celle de la légende de Szilágyi et Hajmási, inscrit la fiction dans le réel par le choix de patronymes et de pré-noms supposés connus du public. Les investigations philologiques ont été lan-cées à la poursuite de l’identité de personnages historiques réels16. Supposer que l’événement précède la fiction n’est pas entièrement erroné : le contexte historique (le rêve de croisade en Occident, plus concrètement en Bourgogne, les guerres contre les Turcs en Hongrie), la présence de noms de familles illus-tres (la noblesse hennuyère et artésienne et celle du plus proche entourage du roi Mathias) ont en partie justifié cette démarche. La critique a ainsi pris en considération par exemple le rôle qu’ont pu jouer dans l’élaboration du roman bourguignon certains cas de bigamie historique17 et les débats qui opposaient

15 Le texte ancien est délicieux : « Szilágyi Mihály Hagymási kezét elcsapá bokában » (v. 138).

16 Katona Imre, « Szilágy és Hajmási », In : Folklór és tradíció, t. VI, ed. Kiss Mária, Budapest, MTA Néprajzi Kutató Csoport, 1988, p. 131-144.

17 Voir par exemple l’article de John Ernst Matzke, paru en 1907, qui retrace l’histoire du comte de Gleichen qui parti en croisades sous Frédéric II en 1227 et dont le monument tombal dans la cathédrale d’Erfurt le représente en compagnie de ses deux épouses (« The

les églises catholique et réformée au sujet de la dissolution du mariage et de la polygamie18 et qui ont augmenté l’acuité du sujet à propos des remariages d’Henri VIII d’Angleterre. Une démarche analogue a conduit la philologie hongroise sur les traces de l’oncle de Mathias Corvin, Szilágyi Mihály, tombé en captivité chez les Turcs (mais en réalité libéré moyennant rançon) et qui avait pour voisin un autre grand propriétaire terrien, Hajmási László. Ces étu-des ont établi un lien avec un membre de la famille du sultan exilée en Hongrie qui vécut à Buda sous le nom de Császár Katinka (en réalité une quinzaine d’années avant la libération du seigneur Szilágyi vers 1448), suggérant aussi le soutien par la légende des ambitions dynastiques des Hunyadi. Ces considé-rations nous conduisent dans le milieu de la haute noblesse hongroise, ce qui est une chose unique dans l’univers de la ballade populaire qui, lorsqu’elle fait figurer des personnes vivantes ou ayant vécu, traite soit de petites gens im-mortalisées par l’anecdote, soit de quelque brigand justicier (betyárballadák) dont le nom sert de toute manière à clamer la misère du peuple.

Mais nous pensons que le fait divers n’a ici qu’une double fonction littéraire : éveiller la curiosité par une espèce de « peopolisation » de la donnée épique (le schéma narratif mythique qui refait surface à cette occasion) et viser par cette même actualisation à une meilleure inscription du texte dans le réel connu, familier ; servir donc l’illusion référentielle.

Reste la ténacité du fantasme généalogique dont l’une des composantes récurrentes la gémellité qui nous semble être une composante essentielle du scénario mythique et de son complexe nucléaire, est entrée pour des siècles dans la mythologie familiale des Trazegnies. Dans le Dictionnaire des scien-ces médicales paru à Paris en 1813 Marie Joseph Louis Alard rapporte à l’en-trée « conception », parmi « une foule d’exemples d’aberrations de la nature » les cas de superfétation ou de grossesse de jumeaux conçus par des pères différents19.

Lay of Eliduc and the Legend of the Husband with Two Wives », Modern Philology, vol. 5, No 2, p. 211-239).

18 Luther et Mélenchton étant pour la prohibition absolue de la dispensation papale et de la dissolution du mariage, donc en toute conséquence pour la polygamie possible en cas de dé-samour entre les conjoints.

19 Le passage peut être considéré comme anecdotique, mais parce qu’il contribue à relier défi-nitivement le lai du Frêne à Gillion de Trazegnies, il mérite d’être cité à cet endroit : « Il faut reléguer parmi les fables les histoires merveilleuses où l’on dit que dix, douze, treize enfans, nés de la même portée, car c’est le terme qu’il nous faut employer, ont tous vécus. Une tradition populaire fait dériver le nom d’une famille aussi illustre qu’ancienne, d’un pareil prodige. Gilles de Trazegnies, dit le Brun, qui accompagna Saint Louis dans la Palestine, et fut connétable

Nous pouvons tirer les conclusions suivantes :

La gémellité a une fonction essentielle comme motif de la persécution 1. de l’épouse dans les histoires (littéraires comme folkloriques) relatives à la main coupé. Marie d’Ostravent est enceinte de jumeaux lorsque son époux Gillion de Trazegnies part en terre sainte. Plus tard, un soupirant ira jusqu’à Babylone annoncer à Gillion la mort en couches de sa femme.

La mère de Frêne, comme précédemment sa voisine qu’elle a elle-même calomniée, accouche de jumelles, ce qui sera le motif de l’exposition de l’une d’elles, et cause de tous ses malheurs et bonheurs. Mais nous pour-rons aussi citer la Belle Hélène de Constantinople et ses enfants, Brice et Martin, Ami et Amile, etc. Dans le conte folklorique (d’ailleurs répandu en Hongrie) de la fille aux mains coupées (Les enfants aux cheveux d’or), on apprend, par échange de lettre à son époux, le Roi qu’elle a accouché de deux chiots. Comme nous l’avons mentionné plus haut, bien que discrè-tement, mais les variantes de l’histoire de « Szilágyi et Hajmási » font bien mention des deux beaux fils du héros laissés en Hongrie avec leur mère.

Le dédoublement systématique des héros participe également de cette 2. expérience de la gémellité. « Je suis deux », nous disent ces héros et ce

dé-doublement se dédouble à son tour dans l’amplification et la surenchère de l’histoire de Gillion de Trazegnies : le héros sera libéré par Gratienne, la belle musulmane avec le précieux concours de Hertan, gardien de pri-son imbu secrètement de chrétienté et promu en double épique : il sera plus tard de tous les combats, jusqu’à même un duel judiciaire qu’il li-vrera en tant que champion de Gratienne contre Gillion qu’il ne recon-naît pas, avant son baptême et son absolution par le pape en personne.

Il est d’ailleurs significatif que Hertan devenu Henri rende son âme dans l’heure qui suit son baptême : le récit n’a plus besoin de ce personnage puisque le processus d’individuation est complet. Puis nous verrons les

de France était, dit la tradition, l’un des treize enfans d’une même couche. La marquise était enceinte lorsque son mari partit pour une expédition guerrière, elle accoucha pendant son ab-sence de treize enfans vivans : effrayée des soupçons qu’un si grand nombre d’enfans pouvait faire naître à l’époux, qui sans doute croyait à la superfétation, la dame les condamna tous à être noyés. Sa suivante les rassembla dans son tablier, et les portait à la rivière, lorsque le marquis, de retour de l’armée, rencontra cette femme, et, visitant son tablier, y trouva ses treize fils : touché de compassion, il les fit mettre en nourrice et les reconnut. Ces treize enfans grandirent, et prirent le nom de Trazegnies, qui, dans le vieux langage du xiie siècle, signifiait treize noyés.

Des commentateurs expliquent différemment cette étymologie ; ils prétendent que le mot gnies voulait dire nés, et que Trazegnies se rapporte aux treize nés. » Marie Joseph Alard, Dictionnaire des sciences médicales, t. 4, Paris, C.L.F. Panckoucke, 1813, p. 183.

fils jumeaux partir en Terre Sainte à la recherche de leur père. Leurs aven-tures suivent le tracé exact de celles de leur père et concepteur, puisque, tombé captif à Raguse en Esclavonie, l’un deux, Gérard, sera sauvé par la belle Nathalie éprise d’amour pour lui. Gérard, champion du roi Morgan sera plus loin (devant Tripoli) à son tour opposé à son propre frère, Jean, champion déguisé d’un autre souverain musulman, le roi Fabur. Mais nous pourrons énumérer à souhait les exemples de duels intestins sous déguisement des héros, duels de l’âme et du corps, schismes de la

fils jumeaux partir en Terre Sainte à la recherche de leur père. Leurs aven-tures suivent le tracé exact de celles de leur père et concepteur, puisque, tombé captif à Raguse en Esclavonie, l’un deux, Gérard, sera sauvé par la belle Nathalie éprise d’amour pour lui. Gérard, champion du roi Morgan sera plus loin (devant Tripoli) à son tour opposé à son propre frère, Jean, champion déguisé d’un autre souverain musulman, le roi Fabur. Mais nous pourrons énumérer à souhait les exemples de duels intestins sous déguisement des héros, duels de l’âme et du corps, schismes de la

In document Rencontre de l'Est et de l'Ouest (Pldal 133-140)