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En remontant dans le temps

In document Aurélien Sauvageot (Pldal 163-181)

Les fantômes du Palais de la Garde hongroise de Marie-Thérèse ne ces-saient de me hanter. Il m’apparaissait de plus en plus que si je voulais comprendre leur comportement, il me fallait savoir ce qui s’était passé dans l’histoire de la langue bien avant eux. Ce qui me décida à faire cette exploration, ce fut la rencontre que je fis de Robert Gragger115 qui était le directeur du Collegium Hungaricum de Berlin. Il venait

113 Ferenc Móra (1879-1934), journaliste, poète, représentant éminent de la prose hon-groise du XXe siècle.

114 Géza Gárdonyi (1863-1922), écrivain et poète. Il exerça successivement les profes-sions d’instituteur et de journaliste, parcourut la France, l’Allemagne, l’Italie et même la Turquie. La composition de ses romans historiques fut toujours précédée d’une étude approfondie des sources.

115 Robert Gragger (1887-1926), historien de la littérature. Après des études universi-taires à Budapest, Paris, Strasbourg, en 1920, il fut chargé de l’enseignement de la langue et de la littérature hongroises à l’université de Berlin, et occupa en même temps le poste de directeur du Collegium Hungaricum de cette ville. Il fut un des dénicheurs et exégètes de la Complainte de Marie en ancien hongrois (1923).

de faire beaucoup parler de lui, même dans la grande presse, parce qu’il avait mis la main sur le manuscrit jusque-là totalement ignoré d’une complainte de Marie rédigée en hongrois vers le tout début du XIVe siècle116. L’archiviste paléographe Émile Jakubovich117, appelé en tant qu’expert, avait certifié qu’il s’agissait bien d’un texte authentique de 37 vers contenant 132 mots, adaptation d’une complainte en latin (Planctus Sanctae Mariae) dont l’auteur aurait été le prieur adjoint de l’abbaye de Saint-Victor de Paris, Geoffroi de Breteuil. Cette com-plainte était le texte poétique le plus ancien de la littérature hongroise.

Il existait toutefois un autre monument, d’une centaine d’années plus ancien, connu sous l’appellation d’Oraison funèbre et supplication118, mais c’était un texte liturgique en prose.

Lors des rencontres au Kruzsok ou au Café Central, il ne fut question pendant quelques semaines que de la Complainte dont la lecture posait quelques problèmes. Chacun y allait de son interpré-tation. J’écoutai de toutes mes oreilles sans oser y mêler mon grain de sel, mais j’étais perplexe : non seulement devant les 37 vers prêtés

116 Complainte de Marie en ancien hongrois, connue aussi sous le nom de Planctus de Leuven. C’est le fragment de texte en hongrois le plus ancien après l’Oraison funèbre, en même temps que le plus ancien texte poétique ou traduction poétique dans cette langue. Il date des années 1280-1310, mais ne fut retrouvé qu’en 1922 dans un manuscrit du XIIIe siècle rédigé en latin et conservé à la bibliothèque uni-versitaire de Belgique. Cette libre adaptation, voire paraphrase d’un hymne médié-val latin dénommé Planctus Sanctae Mariae se compose de 37 vers courts, soit 132 mots. L’authentification et la datation en sont dues à Emil Jakubovich et à Robert Gragger.

117 Emil Jakubovich (1883-1935), linguiste, paléographe. En sa qualité de bibliothécaire principal du Musée National Hongrois, il étudia les monuments linguistiques de l’an-cien hongrois et les chartes médiévales. Dans le cadre de ses activités, il répertoria les lexiques hongrois extraits des textes latins médiévaux et publia des monuments linguistiques hongrois datant du Moyen Âge.

118 L’Oraison funèbre et supplication : premier texte cohérent connu de la littéra-ture hongroise qui remonte aux environs de 1200. C’est en même temps le premier monument linguistique finno-ougrien. Ce texte de 26 lignes se compose de 227 mots et la supplication ajoutée de 47, ce qui donne un total de 274 mots ; l’Oraison est traduite librement du latin, tandis que la « supplication » est formée sur le modèle de l’original.

à la Vierge Marie au pied de la Croix, mais aussi à lire l’Oraison funèbre. Quelque chose m’empêchait de me contenter des commen-taires de mes interlocuteurs.

En lisant l’Oraison, j’étais frappé de constater que la phrase hongroise de cet auguste monument avait un air très moderne.

Elle s’articulait à peu près comme la phrase des langues occidentales.

Les propositions subordonnées, notamment les relatives, détonnaient, par rapport à la forme archaïque des vocables employés. Ces phrases étaient juxtaposables à des phrases françaises correspondantes.

Comment était-ce possible dans un texte qu’on datait approximati-vement des alentours de 1200 après notre ère ? Ce morceau de prose équivalait à ce qu’aurait été en français de la même époque un texte de même sens. Les particularités hongroises ne faisaient que s’inté-grer dans l’articulation fondamentale du discours. Les clercs français du temps de Philippe Auguste se seraient exprimés de la même façon, s’ils s’étaient servis du français au lieu du latin. Et il en était de même pour la Complainte. Geoffroi de Breteuil l’avait écrite en latin, alors qu’il existait pourtant une littérature en langue d’oïl qui jouissait d’un grand prestige dans toute l’Europe.

Jusque-là, j’avais lu et entendu dire que les prêtres catholiques ne se servaient que du latin dans leur liturgie. Il avait fallu attendre la Réforme pour que soit utilisée la langue populaire, en France comme ailleurs. Or l’Oraison avait été écrite à l’usage du peuple et dans sa langue. Le clergé hongrois, deux siècles après la fondation de l’État chrétien de Hongrie, avait donc précédé les réformateurs. Et de presque trois siècles !

Que la langue écrite ait été dans ces conditions une langue de clercs, donc une langue savante, cela ne me surprenait pas, car il en avait été de même pour le finnois, l’estonien, les langues slaves.

C’était aisément explicable, car seul un clerc connaissait l’art d’écrire.

Notre littérature française avait commencé aussi par un poème rédigé sans nul doute par un clerc qui avait en cela précédé de loin le clerc hongrois de la Complainte, puisque la Cantilène de sainte Eulalie est datée d’après 880. Comme la Complainte, ce n’était pas un texte liturgique, mais bien un poème édifiant destiné à répondre au culte

d’une sainte. L’Oraison avait une tout autre signification. En tout cas, ce qu’elle révélait, c’était que la langue hongroise avait déjà été adaptée à l’expression latine. Elle confirmait le choix qu’avaient fait Géza119 et son fils Étienne Ier120 quand ils s’étaient tournés l’un vers l’Allemagne et l’autre vers Rome. L’Oraison était un texte européen occidental.

Restait la Complainte. Autour de moi, les spécialistes y voyaient un poème composé en vers authentiquement hongrois. Mais j’avais beau lire et relire le texte selon la prononciation que ces messieurs restituaient, sans être toujours d’accord dans leur lecture de ce ma-nuscrit, je ne pouvais me résoudre à y trouver autre chose qu’une imitation des vers latins du brave prieur de l’abbaye Saint-Victor.

Ici encore, c’était l’Occident qui faisait entendre ses rythmes. Je com-parais avec les traductions dont Babits avait donné lecture de temps en temps aux réceptions du mercredi et qu’il devait réunir dans le recueil Amor Sanctus. C’était bien la même opération : le latin des clercs du Moyen Âge était transposé en hongrois, mais pas selon un mètre d’origine finno-ougrienne.

Un après-midi, au Kruzsok, j’eus l’imprudence de faire part de mes réflexions. Ce fut un tollé général. Personne n’admettait mon interpré-tation. On s’ingénia à me démontrer que les deux vénérables monu-ments dont il était question étaient des créations authentiques du génie hongrois. Seul Gombocz se taisait, tout pensif. Il me fut remontré, gen-timent, avec moult précautions, que je n’avais rien compris. Ce n’était pas étonnant. Je ne m’étais pas encore assez familiarisé avec la langue pour saisir ce qu’il y avait d’original dans ces deux textes.

Devant cette assertion qui ne me convainquait pas je ripostai fina-lement en leur demandant ce qu’était devenue la poésie populaire

119 Géza (?-997), prince hongrois, régna à partir de 970 environ. Il jeta les bases du futur État hongrois, grande œuvre parachevée par son fils et successeur, Étienne Ier.

120 Étienne Ier, en hongrois Szent István (environ 970/975-1038), prince à partir de 997, roi à partir de 1001. Fils et successeur de Géza, fondateur de l’État hongrois.

Ses cendres reposent dans la cathédrale de Székesfehérvár qu’il fit construire lui-même. En 1083, Étienne et son fils Émeric furent canonisés par le pape Grégoire VII.

des cavaliers qui avaient fait conquête de l’espace danubien à partir de 896. Comment se faisait-il qu’il n’y en avait nulle trace ? Et les découvertes alors récentes de Bartók121 et de Kodály122 n’avaient-elles pas révélé qu’on s’était longtemps trompé sur la vraie nature des chants populaires ? À la lumière de cette démonstration, pouvait-on admettre que la versificatipouvait-on de la Complainte était autre chose qu’une adaptation de la métrique médiévale du Planctus ? Ma riposte tomba dans le vide. Personne ne voulait prendre en considération les remarques que j’avais formulées. Ce n’est que bien des années après que mon opinion a été enfin partagée par les historiens de la litté-rature. Les trois auteurs du petit manuel d’histoire de la littérature hongroise paru en 1961 : Klaniczay, Szauder et Szabolcsi ont cru devoir écrire que « Dans son rythme et dans ses rimes (l’adaptation hongroise de la Complainte de Marie) exploite les conquêtes de la technique latine de versification, préparant la poésie hongroise aux futures épreuves de force » (p. 14).

C’était donc bien la fée latine qui s’était tenue au berceau et de la prose et de la poésie des Hongrois. Pourtant, une contradiction me rendait perplexe. Comment se faisait-il que les lettrés de Hongrie avaient préféré pendant si longtemps de servir du latin plutôt que de la langue nationale, puisque cette dernière s’était révélée apte

121 Béla Bartók (1881-1945), compositeur, chercheur en musique folklorique, pianiste et pédagogue. Le côté individualiste de sa musique et sa coloration folklorique, pro-voqua en son temps le refus catégorique et du public et de la critique. Dans l’entre-deux-guerres, il fit d’innombrables tournées de concert dans le pays et à l’étranger, poursuivit d’arrache-pied son activité de compositeur et de collecteur de chansons populaires. Sans attendre l’entrée en guerre de la Hongrie, il émigra en Amérique, pour s’y consacrer à sa vocation de compositeur et de pianiste.

122 Zoltán Kodály (1882-1967), compositeur, musicologue et pédagogue. Comme membre du Collège Eötvös, il obtint un diplôme de hongrois et d’allemand, tout en étudiant l’art de la composition chez Hans Koessler au Conservatoire de musique.

Sa thèse de doctorat porta sur la Structure strophique de la chanson populaire hongroise. En plus de son activité de compositeur et son activité scientifique, il patronna l’introduction dans environ 120 écoles primaires de l’enseignement quoti-dien de la musique selon une méthode pédagogique unique. Il forma des générations entières de chefs d’orchestre, professeurs, musicologues, compositeurs de haut niveau et polyvalents.

à exprimer le monde des concepts occidentaux anciens et nouveaux ? Certes, des récits édifiants ont été écrits dès 1370 (Légende de sainte Marguerite de Hongrie) et ont probablement servi de lecture dans les cloîtres de moniales, mais le latin restait la langue des ordres religieux masculins et tout ce qui était profane, en particulier tout ce qui était expédié par la chancellerie royale, était rédigé en latin, qui faisait figure de langue de l’État.

Ce qui me parut plus intéressant, c’est que des religieux qui partageaient les opinions de Jan Huss123 s’étaient mis à traduire la Vulgate en hongrois (manuscrits de Vienne et de Munich de 1466) et, qu’à cette occasion, ils avaient été conduits à enrichir la langue de nombreux vocables nouveaux, plus ou moins servilement décalqués du latin, mais fabriqués avec des éléments du cru. Ils avaient aussi modelé la phrase dans bien des cas pour rendre avec plus d’exac-titude la signification du texte sacré. En cela, ils avaient devancé leurs cousins finnois qui ne devaient se mettre à la même tâche que plusieurs dizaines d’années plus tard. Ce qui frappait dans l’un et l’autre cas, c’était la volonté arrêtée de ne pas introduire dans la langue d’éléments étrangers, si prestigieux que fussent les mots latins.

Le refus d’admettre des mots étrangers était commun à l’ensemble des traducteurs d’Europe centrale et du Nord, à la différence de ce qu’avaient fait de leur côté Wycliffe et ses adeptes qui, eux, avaient tranquillement emprunté mots et constructions que ne pouvait pas leur fournir l’anglais de leur temps. Depuis les tout premiers monu-ments de la langue, les Hongrois avaient donc montré leur résolution de conserver leur langue maternelle aussi pure que possible. C’était une constante qui s’observait tout au long de l’histoire et qui restait encore valable parmi les lettrés que je fréquentais. Bessenyei et ses compagnons n’avaient pas agi autrement. Ils n’avaient donc pas été des initiateurs, mais des continuateurs. Le patrimoine par excellence, la langue d’origine, était non seulement conservé avec piété, mais

123 Jan Huss (1369?-1415), prêtre pragois et professeur d’université, réformateur, initia-teur du mouvement hussite, considéré comme héros national par le peuple tchèque car il incarne leur opposition face à l’oppression catholique, impériale et allemande.

perpétuellement réparé, restauré et enjolivé, perfectionné. C’était, dans l’héritage national, ce que tous considéraient comme l’essentiel.

Sans langue hongroise, pas de nation hongroise.

À y songer, on se demandait par quel miracle de la volonté cette langue avait été soustraite à toutes les déformations qui la mena-çaient. Les élites, dès le début, avant même d’avoir mis le pied sur la terre conquise, s’étaient servies de deux langues, puisqu’elles avaient utilisé le turc. Déjà, la langue étrangère apprise était porteuse d’une civilisation plus développée. Des termes turcs s’étaient intro-duits, mais il semblait bien qu’ils n’avaient pas changé le faciès de la langue. Rien ne s’était produit de ce qui s’était accompli dans l’an-glais (ou le saxon) des Britanniques d’après la conquête normande.

Pourtant, les chevaliers de Guillaume le Conquérant n’étaient, même avec leurs suites, pas plus nombreux que les dignitaires turcs des tribus qui s’étaient fédérées avec les anciens Hongrois. Il est vrai que les élites françaises n’avaient pas non plus résisté à l’invasion des latinismes. Mais le français était issu du latin. On n’empruntait qu’au grand ancêtre. Les Hongrois, eux, n’avaient pas cette ressource, pas même celle d’aller voir si les cousins lointains des bords de la Baltique pourraient éventuellement leur fournir quelques vocables d’appoint.

Et puis, ils avaient, durant des siècles, appris l’allemand, l’italien, le français. Sans doute avaient-ils bien été contraints de laisser s’instal-ler dans la langue tel mot ou tel autre, mais chaque fois ils avaient réagi en essayant avec plus ou moins de succès de s’en fabriquer un équivalent de bonne frappe hongroise. Selon les époques, cette réac-tion avait été plus ou moins énergique, mais elle s’était produite et l’on pouvait en mesurer les effets. J’y songeais mélancoliquement, en comparant ce qui s’était passé en Hongrie et ce qui avait eu lieu en France. Si nos élites avaient fait preuve d’une même vigilance et d’une même ingéniosité, nous n’aurions pas aujourd’hui autant de peine à exprimer le pluriel, par exemple, et nos enfants n’auraient pas à se demander ce que signifient tant de mots qui leur demeurent abstraits et qu’ils devinent mal dès qu’ils ne peuvent consulter leur dictionnaire. Je me rappelai l’inquiétude qu’avait montrée une vieille paysanne des bords de Loire quand on lui avait conseillé d’aller

consulter un « ophtalmologiste ». Sa sœur hongroise aurait été moins déconcertée, car on l’aurait envoyée chez le szemész (mot dérivé de szem, « œil », et qui désigne le médecin des yeux). Et par là même, j’avais compris que la langue de la République Française, en dépit de la devise « Liberté, Égalité, Fraternité », n’était pas un idiome démocratique. Mon maître Antoine Meillet avait donc eu raison d’écrire que même pour un Français très instruit, il fallait ne pas avoir conscience de la difficulté que cela représentait pour pouvoir écrire sans frémir une seule page de français. Oui, la langue que les élites hongroises avaient façonnée au cours des siècles était devenue un instrument de libération et d’affranchissement pour tous ceux qui la parlaient et l’écrivaient. Comment se faisait-il alors que le pays doté de cette langue gémissait sous l’oppression d’une féodalité aussi arriérée ? N’y avait-il pas une contradiction entre l’État et la langue nationale ? Quand se résoudrait-elle ?

J’en reviens sans cesse à la grande aventure commencée avec l’Oraison funèbre et la Complainte de Marie. À celle des gardes de Marie-Thérèse. Ce n’était pas par hasard que ces esprits séduits par le rationalisme libérateur de nos encyclopédistes avaient relancé le mouvement de perfectionnement de la langue. Ils avaient voulu la rendre apte à porter le nouveau message, celui des « Lumières ».

Ce faisant, ils avaient préparé l’avènement d’une civilisation nouvelle qui n’était pas compatible avec la forme que gardait la société hon-groise. Les partisans et bénéficiaires des privilèges avaient su main-tenir sous leur joug le peuple et toutes les classes qu’ils estimaient

« inférieures ». Une première explosion avait failli éclater après 1789, mais elle s’était produite en 1848. Il s’en préparait une autre quand la guerre avait tout suspendu en 1914. La défaite de la Double Monarchie en 1918 n’avait libéré les Hongrois que pendant onze mois.

Il me paraissait de plus en plus impossible qu’un peuple qui avait su se construire une pareille langue pût indéfiniment supporter un régime qui ne pouvait faire régner que les ténèbres et l’esclavage.

Cet état de choses révélait pourquoi la littérature avait joué et jouait toujours un si grand rôle dans l’histoire de ce peuple. Mirabeau et Camille Desmoulins avaient harangué les Français au début de la

Révolution. Le poète Sándor Petőfi les avait, lui, soulevés d’enthou-siasme en leur déclamant un poème. Par la suite, il n’avait cessé d’intervenir dans les différentes phases par lesquelles était passée la première façon de la République hongroise. Chez nous Fabre d’Églan-tine ne nous avait légué que l’éphémère calendrier républicain et seul Rouget de l’Isle avait laissé sa Marseillaise. Mais Fabre d’Églantine avait été guillotiné avec les autres amis de Danton et la première république française ne s’était pas montrée très soucieuse de poésie ou même de littérature. Or, je m’en apercevais chaque jour davantage, l’histoire de Hongrie était inséparable de la littérature d’expression hongroise.

Mais alors, pourquoi cet emploi du latin jusqu’au temps des

« Lumières » ? Je m’en trouvai une explication. Le latin avait été la langue internationale de tout l’Occident presque jusqu’à l’orée des temps modernes. Pour une nation dont la langue était un idiome esseulé, les échanges intellectuels ne pouvaient être assurés que par le truchement d’une langue plus répandue dans l’espace où l’on était forcé de vivre. Les esprits hongrois ne pouvaient pas se servir de leur langue maternelle autre part que chez eux. Le destin les condamnait

« Lumières » ? Je m’en trouvai une explication. Le latin avait été la langue internationale de tout l’Occident presque jusqu’à l’orée des temps modernes. Pour une nation dont la langue était un idiome esseulé, les échanges intellectuels ne pouvaient être assurés que par le truchement d’une langue plus répandue dans l’espace où l’on était forcé de vivre. Les esprits hongrois ne pouvaient pas se servir de leur langue maternelle autre part que chez eux. Le destin les condamnait

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