• Nem Talált Eredményt

Du côté des officiels

In document Aurélien Sauvageot (Pldal 67-94)

Si distantes que fussent mes relations avec les représentants officiels de la France en Hongrie, je finis peu à peu, par les confidences et les conseils de Mistler d’une part, à travers les propos de notre consul de Vrégille d’autre part, par entrevoir ce qui se passait entre les gouver-nants hongrois et les gouvergouver-nants français.

Il y avait d’abord la situation ambiguë de l’État hongrois, tel qu’il émergeait à la fois de la guerre qui lui avait valu de subir les rigueurs du Traité de Trianon et des secousses internes qui avaient jeté à bas la structure d’avant-guerre. La Hongrie demeurait théoriquement un royaume. Le mot királyi, « royal », affublait toutes les institutions et toutes les décisions du pouvoir, mais celui-ci était exercé par une oligarchie composite. Le rôle de chef officiel de l’État était dévolu à l’amiral Nicolas (Miklós) Horthy qui n’appartenait pas à la toute grande noblesse et encore moins à la vieille aristocratie. Il s’était distingué au commandement suprême de la flotte austro-hongroise durant la guerre et s’était acquis par là l’estime des marins alliés, ses adversaires, mais cette estime ne concernait que le marin, car les officiers des marines alliées, c’est-à-dire essentiellement des ma-rines britannique et française, ne portaient pas leur regard au-delà.

Le pouvoir exécutif était exercé par le comte Étienne Bethlen57 qui, lui, appartenait à la grande aristocratie, plus particulièrement à celle originaire de Transylvanie, cette province qui avait joué un si grand rôle dans l’histoire hongroise et venait d’être annexée au royaume de Roumanie. C’était un homme cultivé qui avait de puissantes relations de différents côtés, plus particulièrement avec l’aristocratie anglaise.

On le disait grand politique et il est de fait qu’il avait su consti-tuer une force assez cohérente de politiciens de différentes obédiences pour le soutenir à peu près aveuglément dans ses circonvolutions plus ou moins difficiles à « négocier », comme disent les coureurs automobilistes.

En principe, le royaume de Hongrie était sans souverain légitime.

Il s’ensuivait qu’une partie des classes dominantes demeurait attachée à la dynastie des Habsbourg. Plusieurs de ces hommes partageaient même le pouvoir avec les autres politiciens, ceux qui s’étaient plus ou moins sincèrement détachés de ce que nous appelions la « Maison d’Autriche », cette ennemie que certains de nos propres hommes d’État se flattaient d’avoir enfin abattue. Il était difficile de mesurer

57 István Bethlen, comte (1874-1946), originaire de Transylvanie, homme politique conservateur. Premier ministre entre 1921 et 1931.

le poids des « légitimistes »58, car beaucoup ne se manifestaient pas trop en public et, comme j’en fis plus tard l’expérience, ils ne se reconnaissaient tels que dans des conversations amicales. On était précautionneux. D’autant plus qu’une récente tentative du retour du roi déchu avait tourné mal. La Hongrie avait refusé de le recevoir et il avait dû reprendre le chemin de l’exil, avec son chagrin, pour reprendre l’expression plus récente d’un grand Français. Une solution eût été de procéder à l’élection d’un nouveau roi. Historiquement, c’était possible, car il y avait des précédents. Seulement, il aurait fallu choisir dans une autre dynastie que celle des Habsbourg et, parmi les royalistes résolus, même ceux qui étaient adversaires sentimentaux des Habsbourg y répugnaient. Aucun candidat ne se présentait, car il n’était pas besoin d’être très avisé pour saisir que la situation de la Hongrie n’était pas de tout repos. La « Commune » avait été liquidée plus que vaincue. Les hommes qui l’avaient dirigée avaient pu partir à temps. Ils battaient le pavé de Vienne ou avaient gagné l’URSS Quelques autres s’étaient égaillés de par le monde. Ils n’avaient pas tardé à se regrouper, se réorganiser et s’entraider. En dehors des militants proprement « communistes », une émigration importante avait dispersé de nombreuses personnalités de la bourgeoisie libérale, dont la plupart étaient des intellectuels et formaient une élite qui avait animé la vie publique hongroise jusqu’en 1919. On les retrouvait à Londres, à Berlin, à Paris. Ils se reformaient çà et là comme autant de bataillons prêts à reprendre le combat.

Dans le pays même, les nouvelles institutions fonctionnaient tant bien que mal, supportées par un public plus ou moins « manipulé » par la propagande intérieure. Il y avait un parlement, mais les mo-dalités mêmes de son élection en faisaient un instrument passif du pouvoir. Il servait d’alibi quand on essayait d’entrer en contact avec l’Occident. On envoyait des délégations parlementaires partout où l’on pouvait et l’on en invitait aussi à venir voir sur place que la démocratie représentative régnait bien en Hongrie. Quiconque était averti de ce qui se passait lors des élections ne pouvait que ricaner.

58 L’appellation de légitimiste revenait aux amis de la dynastie des Habsbourg.

Dans les bourgs et les petites agglomérations, les électeurs devaient émettre leur vote oralement, à haute et intelligible voix, devant un bureau de vote où ne figuraient que les représentants ou les partisans du pouvoir. Et si l’on avait affaire dans quelque canton à un électorat récalcitrant, les barrages de gendarmes sur les routes et les vérifi-cations d’identité retardaient assez les électeurs pour les empêcher d’arriver devant les urnes avant la clôture du scrutin. Tout cela indé-pendamment des autres procédés de fraude électorale.

Ce qui frappait davantage l’étranger de passage, c’était qu’on lui fai-sait remplir des papiers pour entrer comme pour sortir et qu’on lui de-mandait de mentionner en particulier sa « religion ». Si l’on omettait de signaler ce « détail », le fonctionnaire de service, pour éviter les complications, sans pourtant violer le règlement, y allait de sa propre intuition et portait la mention manquante. Quand mon condisciple et camarade Jean Carrère était venu remplacer Jean Mistler rentré à Paris, il avait estimé devoir s’abstenir de toute allusion à la reli-gion. On lui avait remis deux jours après le récépissé de sa demande d’entrée (bejelentő) où, à sa grande surprise, il avait pu lire qu’il était

« catholique ». Or, il était protestant. Le zélé préposé de la préfecture pensait que les Français devaient être tous catholiques. N’y avait-il pas eu une révocation de l’Édit de Nantes ?

Une autre constatation offusquait les gens venus d’Occident : cer-tains journaux ne pouvaient entrer en Hongrie, ni certaines publi-cations. À la Faculté, sur la porte d’entrée de l’« Institut d’études françaises », on pouvait lire une affiche rappelant aux étudiants et étudiantes catholiques l’obligation de consulter leur confesseur avant de lire un ouvrage français, afin de ne pas mettre leur conscience en péril pour le cas où il aurait figuré à l’Index.

Autant qu’il apparaissait à nos diplomates en poste à Budapest, le gouvernement « royal » hongrois se proposait au court terme deux objectifs : 1. maintien de la société conservatrice en Hongrie, 2. acqui-sition des « intelligences » nécessaires pour contrecarrer la politique de ce qu’on appelait la « Petite Entente ». Or, ces « intelligences », il fallait si possible s’en assurer un peu partout, même dans un pays comme la France dont on se méfiait pour plusieurs raisons. D’abord,

on attribuait à Clemenceau le démantèlement de l’État hongrois au profit des Tchèques, des Roumains et des Serbes. Ensuite, on s’inquiétait de constater que la France avait accueilli de nombreux émigrés politiques de tendance libérale, voire socialiste. En troisième lieu, la France et Paris restaient l’épouvantail de tous les milieux conservateurs. On se souvenait que les démarches tentées auprès de certaines personnalités de l’aristocratie française par des magnats hongrois n’avaient mené à rien, parce que ces maudits radicaux de républicains n’étaient absolument pas sensibles aux interventions ve-nant d’une classe dont ils avaient détruit le pouvoir en s’y repreve-nant à trois fois. L’État laïque français faisait peur.

Le plus curieux était que l’on en voulait également à la France ou tout au moins aux gouvernants français d’avoir soutenu la réaction hongroise à Szeged, occupée par les troupes du maréchal Franchet d’Espèrey. Ce seraient les soldats et surtout les officiers de cette armée d’Orient qui auraient fourni les armes à la petite armée recons-tituée par Horthy et ses acolytes. De même, ils auraient encouragé et aidé les Roumains à envahir le pays pour en chasser les « bolche-viks », etc. Comme je n’avais aucune connaissance directe de tous ces faits, il m’était naturellement impossible de démêler le vrai du faux, l’authentique du tendancieux, la réalité de son interprétation plus ou moins partisane. Je demeurais troublé, mais constatais chaque fois ce que j’avais déjà observé dans d’autres pays, à savoir que l’idée qu’on se fait des événements a plus d’importance pour le présent et surtout pour l’avenir que la réalité historique telle qu’on peut la saisir. Le peu d’événements qu’il m’avait été donné de vivre personnellement et les explications lucides autant que désespérantes de Jean Delavaud qui avait bien voulu se donner la peine de me faire ouvrir les yeux sur le monde, m’avaient mis en garde contre les théories conçues à partir de documents, officiels ou non. En matière d’histoire, le document écrit pouvait induire en erreur et avait effectivement souvent induit en erreur. Il y avait toujours une face invisible à tout événement.

Pour y jeter un regard, il fallait avoir vécu soi-même l’événement ou en avoir entendu la relation orale des protagonistes eux-mêmes.

L’histoire documentaliste recelait trop de pièges pour être acceptée

sans prévention. N’avais-je pas servi moi-même, en dépit ou peut-être même à cause de mon jeune âge, à transmettre des informations

« purement verbales » entre parties qui étaient censées s’ignorer to-talement ? N’avais-je pas ensuite lu de mes propres yeux les docu-ments inspirés par ces démarches secrètes ? Pouvaient-ils refléter ce qui s’était passé ? Je laissai donc ces informations, officielles ou non. Ce que je savais pour une raison toute personnelle, c’était que Clemenceau n’était pas pour grand-chose dans les décisions qui lui étaient mises sur le dos. Cette raison, qui me paraissait suffisante, était que toute la politique de la France dans l’Europe danubienne avait été conçue par Philippe Berthelot et que celui-ci prêtait trop complaisamment l’oreille aux suggestions de Beneš59. Une autre rai-son était que les Roumains avaient une position de force à Paris où ils avaient depuis longtemps su pénétrer dans le monde de ce qu’on ap-pelle aujourd’hui l’intelligentsia, quand ce n’était pas celui du « Tout Paris ». Ils régnaient sur les salons. Les Serbes s’étaient également imposés dans certains milieux. Plusieurs de leurs fringants généraux s’étaient même acquis les faveurs de dames de la haute société.

Ce qu’on ne comprenait pas autour de moi à Pest, c’était que la Hongrie avait été victime de ses carences d’avant la guerre. À cette époque-là, elle ne s’était pas donné beaucoup de mal pour figurer à Paris. Ses intellectuels s’y rendaient, certes, surtout ses poètes, ses peintres, ses sculpteurs, mais c’étaient précisément ceux-là qui venaient d’être balayés par la contre-révolution. Comme il a été dit plus haut, une bonne partie d’entre eux venaient de s’y réfugier et, naturellement, ils ne faisaient pas de propagande en faveur du régime qu’ils avaient fui. Il n’empêche que les esprits libéraux, ou même ceux qui étaient attirés par les idées révolutionnaires, en vou-laient à la France d’avoir prétentieusement favorisé le retour de la réaction.

59 Sauvageot ne mentionne ici que le nom de Beneš. Les trois politiciens dont l’activité conduisit à la création de la République tchécoslovaque s’appellent Tomas Garrigue Masaryk, (1850-1937), Eduard Beneš (1884-1948) et Milan Rastislav Stefanik (1880-1919). En l’absence de ce dernier, victime d’un accident d’avion, Masaryk et Beneš participèrent aux pourparlers de paix de Trianon.

À vrai dire, comme j’ai pu m’en convaincre plus tard, ce n’était pas un retour au statu quo d’avant 1914 qui s’était produit : c’était quelque chose de plus grave. Un nouvel état de choses comportant le rétablis-sement d’anciennes contraintes, auxquelles en étaient ajoutées de nou-velles. C’était du féodalisme où le pouvoir civil et militaire était exercé par les représentants de plusieurs classes privilégiées : aristocratie, moyenne noblesse, dzsentri, bourgeoisie riche, professions dites libé-rales, clergés catholique et protestant. Les démarcations n’étaient pas toujours très nettes entre ces différentes classes. La plus homogène était sans nul doute l’aristocratie, qui détenait tous les leviers de com-mande et une grande partie de la propriété foncière. La bourgeoisie riche était plus composite, car elle comprenait la haute société juive et beaucoup d’éléments d’origine étrangère, d’importation plus ou moins ancienne. Une classe moyenne comparable à celle qui faisait la force de la République Française n’existait pas. Une poignée de braves gens qui ressemblaient de loin à notre petite bourgeoisie s’affairaient de leur côté tant qu’ils pouvaient pour subsister péniblement et puis, après, c’étaient la grande masse des paysans et une classe ouvrière très peu cohérente, car elle contenait trop de ruraux qui ne s’étaient pas encore adaptés à leur nouvelle condition. La société hongroise était donc mal bâtie. Une classe d’oligarques régnait sur l’ensemble de la nation. Qu’en voulaient-ils faire ? Le sauraient-ils au moins ? Maintenir leurs privilèges ? Certainement, mais après ? Rétablir la Hongrie dans son ancienne puissance ? Oui, dans la mesure où il est plus avantageux d’exploiter un pays riche et puissant que de ronger le squelette qui leur restait. Chaque fois que je passais l’un des ponts du Danube, je jetais un regard vers le Château royal sur sa colline surplombant le fleuve et me disais que ses hôtes étaient prêts à tout pour s’y maintenir et jouir du pouvoir dont ils s’étaient emparés.

Cette folie du pouvoir me paraissait quelque peu surprenante, car je comparais involontairement ce pays mutilé, déchiré, ruiné, à la France et me demandais comment il se faisait qu’on s’y disputait tout autant le règne et la puissance. J’ignorais alors qu’un jour viendrait où d’autres fous du pouvoir se disputeraient une France humiliée, affamée, vaincue, et n’hésiteraient pas à se perdre pour avoir voulu

goûter quelques instants la volupté de s’appeler ministre ou quelque chose d’approchant.

Les maîtres de la Hongrie faisaient tout leur possible pour perpé-tuer le faste, le luxe et le confort dont ils étaient accoutumés à jouir.

Partout, les honneurs leur étaient rendus quand ils se manifestaient.

Un ministre hongrois déplaçait plus d’air qu’un ministre français, de même qu’à l’université le professeur titulaire était un personnage autrement important que son collègue français. Mais, sur ce dernier point, il ressemblait aux maîtres allemands qu’il m’avait été donné d’approcher et même un peu aussi aux maîtres suédois. Il y avait quelque chose de presque médiéval dans leur attitude. On sentait cette fois encore que maison n’était pas passé par là.

Dans le secteur plus étroit où je me mouvais, l’existence de tous les jours était difficile et les gens ne pouvaient s’empêcher de comparer leur quasi-misère présente à la confortable aisance dont ils avaient joui sous le régime d’avant la guerre. On gardait la nostalgie du passé, même quand on concédait qu’il avait comporté des inconvé-nients. Les historiens s’évertuaient à expliquer le désastre qui avait frappé la nation. Ils en découvraient la cause dans les insuffisances et les vices du régime disparu. Autour de moi, tout le monde par-lait d’un livre récent de l’historien Gyula Szekfű. Il était intitulé Három nemzedék (Trois générations). L’auteur se présentait comme un catholique conservateur et il exposait que tous les malheurs de la patrie provenaient de ce que la société hongroise n’avait pas su se renouveler à temps ni honorer ses traditions les plus nobles. On y li-sait que la défaite subie était le résultat d’un effondrement moral et social qui s’était produit à l’intérieur de la Hongrie. Cette explica-tion me choqua vivement. Quel irréalisme ! Comme si la Hongrie n’avait pas été tout simplement emportée par un ouragan dévasta-teur qui n’avait laissé que ruines sur son passage ! Aurait-elle pu y échapper, même avec la meilleure volonté de tous ses dirigeants ? Pouvait-elle demeurer toute seule hors d’un conflit qui avait boule-versé le monde entier ? La Hongrie d’avant-guerre était un pays où s’affrontaient depuis des siècles des hommes de langues, de civilisa-tions et d’orientacivilisa-tions différentes. La Conquête de 896 n’avait pas été

achevée. La nation maîtresse n’avait pas réussi, pas su, pas même voulu assimiler les éléments allogènes qui subsistaient sur le territoire conquis. Les épouvantables désastres subis les uns après les autres avaient créé de véritables déserts qu’il avait fallu repeupler avec les immigrés provenant des régions voisines. L’État hongrois était entré dans la guerre par la force des choses. Il ne pouvait qu’y perdre, car il ne s’agissait pas pour lui de s’agrandir aux dépens de la Serbie.

L’Autriche pouvait seule espérer quelque avantage à ce jeu dangereux.

Mais quel avantage ? Ce misérable enjeu valait-il le coût qu’il ne pou-vait manquer d’avoir ? J’y pensais et repensais sans pouvoir y trouver une quelconque explication rationnelle. Je me rappelais une lettre que mon père nous avait envoyée de Constantinople où ses affaires le retenaient. Elle datait du début de l’année 1914 et j’y avais lu tex-tuellement : « Berchtold est-il fou ? Il va nous précipiter tous dans la guerre. Il ne se demande pas si ce ne sera pas finis Austriae ».

Quand on réfléchissait plus avant, il fallait bien s’avouer que les seuls qui pouvaient espérer gagner quelque chose à l’occasion d’une guerre, c’étaient nous Français qui rêvions de récupérer l’Alsace-Lorraine.

Les Italiens pouvaient, eux aussi, songer à leurs terres irrédentes, mais les autres ?

J’avais été politisé très jeune. L’ambiance dans laquelle j’avais vé-cu au Proche-Orient en était probablement la cause. Il me souvient qu’en 1909, j’avais lu dans Harper’s Magazine une déclaration de Lord Lansdowne qui avertissait les Britanniques d’avoir à s’armer avec diligence afin de faire face au péril allemand. C’était l’époque de ce qu’on avait appelé le Drang nach Osten. Et puis il y avait eu l’affaire d’Agadir, précédée par la visite du Kaiser à Tanger, et bien d’autres occasions encore où les Allemands nous avaient harcelés d’une manière ou d’une autre. Mais pourquoi ? J’avais pu constater par la suite que les Allemands vivaient mieux que nous. Ils étaient plus prospères, plus riches. Leurs maisons étaient plus confortables, leurs ameublements plus luxueux, leur alimentation plus dispen-dieuse. De retour en France, j’avais eu presque honte de retrouver un Paris architecturalement plus beau mais plus pauvre, aux rues mal éclairées, aux maisons d’habitation obscures et sans confort, et une

population qui ne connaissait pas la joie de vivre qui éclatait partout outre-Rhin. Que voulaient-ils donc de plus ? N’avaient-ils pas réussi, selon le dessein de Bismarck, à nous jeter dans cette vaste entreprise coloniale où nous dépensions le plus clair de notre fortune nationale ? Ils pouvaient se sentir à l’abri de toute attaque de notre part puisque

population qui ne connaissait pas la joie de vivre qui éclatait partout outre-Rhin. Que voulaient-ils donc de plus ? N’avaient-ils pas réussi, selon le dessein de Bismarck, à nous jeter dans cette vaste entreprise coloniale où nous dépensions le plus clair de notre fortune nationale ? Ils pouvaient se sentir à l’abri de toute attaque de notre part puisque

In document Aurélien Sauvageot (Pldal 67-94)