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Chant de cygne des Français: les rapports de Villedieu et du lieutenant

2. Après la deuxième guerre mondiale. La période américaine

2.2. Chant de cygne des Français: les rapports de Villedieu et du lieutenant

Nous sommes en 1947. L’empire colonial est en train de craquer de tout part.

L’influence croissante de jour au jour, et les incursions du Viet Minh constituent un grave danger pour les Français. Le souci majeur des représentants de l’administration coloniale, dont un signé Villedieu, probablement résident de la province de Savannakhet, est de garder la présence française, de maintenir le contrôle dans les zones difficilement accessibles, ainsi que de soustraire les populations montagnardes à l’influence du Viet Minh et de les faire «revenir» du côté français. Le rapport de Villedieu «sur les minorités ethniques de la province de Savannakhet» à présenter ici (Villedieu, 1947), est à lire à la lumière de ces événements servant d’arrière-plan.

Au début (parties I-III.), il esquisse un tableau général des minorités de sa province, les Phouthais et les Khas, avec leur répartition géographique. Ces derniers, il les subdivise en Soueis, Leus, Mangkongs, Sos, Tahoi et Takoh (=

Pakoh), pour fournir, ensuite, une description malheureusement trop sommaire de leurs traits culturels. Tout ceci sert d’introduction à «IV.: Problèmes actuels» et à

«V.: Remèdes», dont une section: «Programme et moyens d’action», le tout mêlé de détails ethnographiques intéressants.

C’est ainsi que dans la description47 de «IV.1.: situation politique» (pages 4-5), nous apprenons que «lorsqu’on feuillette les archives qui ont pu rester après les événements (certaines remontent à 1925), on est frappé de voir l’évolution annamite dans ce pays. Les rapports des délégués successifs de Tchépone se plaignent des incursions des mandarins de la province de Quangtri et en particulier du huyen de Khé Sanh (de Hugn Hoa) (sic) dans cette région. Les autorités annamites se sont montrées beaucoup plus habiles que nous. Elles fermaient les yeux par indifférence sur les ravages causés par les rays et surtout n’exigeaient pas l’impôt en espèces.

Les mandarins se contentaient de versements collectifs par village (de miel, de boeufs, de buffles, de porcs). Leurs intérêts personnels étaient évidents. En outre, depuis le 15ème siècle, les autorités de Hué administraient ces régions. Nous ne sommes arrivés que bien après. Tous les Khas de la région montagneuse de la délégation de Tchépone se sont toujours réclamés de l’Annam, et ont refusé d’obéir au Chaomuong. Une ligne conventionnelle avait été posée entre la province de Quangtri et celle de Savannnakhet, mais n’était nullement observée.

46 Les documents que nous avons entre les mains sont des photocopies des transcriptions dactylographiées de ces rapports, originellement écrits à la main. Celui de Villedieu fait 10 pages tandis que celui de Barthélemy 40 pages dactylographiées. Leur provenance nous est inconnue; il nous parviennent d’une source privée.

Quant au nom de Barthélemy, nous ne savons pas s’il existe une relation de parenté entre lui et le marquis de Barthélémy (voir plus haut), ou s’il s’agit d’un simple homonymie.

47 Ici, et dans ce qui suit, nous corrigerons les fautes grammaticales et de frappe des rap-ports de Villedieu et de Barthélemy.

En mars 1940, à la suite d’un accord entre le Résident de France de Quangtri et celui de Savannakhet, une frontière plus logique suivant la ligne de crête, mais empiètant d’une vingtaine de kilomètres sur le territoire du Laos, avait été convenue.

Il faut avouer que depuis les événements de Mars 1945, cette région est très difficile à administrer.

Au Nord de la R[oute] C[oloniale] 9., les Tassengs de Xiengkhom, de Pho Bàn Phai, de Ang Kham, sont fréquemment visités par des bandes Viet Minh... De nombreux Khas... sont passés de leur côté, et leurs qualités guerrière en font des ennemis dangereux... Par contre les régions Sud de la R[oute] C[oloniale] 9. (la moitié Est du khong de Muong Nuong et du khong de Samoi) sont complètement indépendantes... et il faut avouer que depuis Mars 1945, aucune autorité n’y a pu s’exercer. Elles serviraient de lieu de passage pour les Viet Minh et également de centre de repos» (souligné par nous, G.V.).

Néanmoins, «depuis le mois de Juillet, la délégation a été reprise en mains d’une façon absolument remarquable par le Lt. Barthélemy. Ce dernier connaît à fond la région, n’hésite pas à faire 15 á 20 jours de tournée par mois, en pleine saison des pluies, dans un pays excessivement difficile et par une politique de présence à la fois énergique et très souple, ramène à nous la plupart des autochtones» (souligné par nous, G.V.).

Suit une description brève de la situation économique, fiscale et sociale (parties IV.2-5), où un détail intéressant est la mention de la résistance des «Kha» à des réquisitions (page 5). A propos des «Remèdes», Villedieu expose d’abord les

«Principes généraux d’une politique Kha» où il souligne la nécessité de rendre les Khas sédentaires. «Cette nécessité est absolue. Tant que le Kha restera nomade, nous ne pouvons presque rien faire sur lui» (page 6) (souligné par nous, G.V.). Puis, il propose des moyens (un peu trop hâtifs, témoignant de son incompréhension de l’essentiel du système) pour fixer leur cultures, explicitant qu’il faut «uniquement agir par persuasion» et que, vu le mépris des Khas par les fonctionnaires vietnamiens ou laotiens, cette entreprise doit être confiée à des Français. Ensuite, il souligne qu»on ne peut appliquer à tous les Khas le même mode politique. Les différences entre les tribus sont très grandes. Il appartient au délégué d’appliquer à chaque groupe une politique différente.»

Le reste de son rapport (V.2.-5.) est consacré à un programme d’action, et à la mise en place de l’organisation administrative et économique de la région. Ses propositions sont: l’occupation du pays et la création de postes militaires, la multiplication des tournées et la construction de routes et de pistes. Enfin, en ce qui concerne le personnel, il émet son opinion d’une manière significative: «il faut que les postes, qui seront confiés à des Français dans cette région, ne soient pas considérés comme des postes de disgrâce» puisque «ici, plus qu’ailleurs, l’oeuvre vaudra ce que vaudront les hommes....Ces fonctionnaires devront à la fois avoir une très bonne santé, une activité débordante, une très grande initiative et une très grande énergie. Il faudra avant tout qu’ils aiment la population qu’ils auront sous leurs ordres.... A ce moment,

le délégué de Tchépone, le Lt. Barthélemy, possède toutes ces qualités; je ne peux que me féliciter de l’avoir sous mes ordres» (page 7), (souligné par nous, G.V.).

Finalement quant aux «Moyens d’action, nous n’en avons que trois: l’assistance médicale, l’enseignement et le sel» (page 9). Le premier consisterait surtout dans un système de tournées médicales à organiser, ainsi que dans une amélioration de l’hygiène des villages en vue de la prévention du paludisme et des parasites intestinaux. Le second, dans la création d’écoles particulières pour les Khas, puisque

«l’enseignement des minorités a été complètement intégré dans l’école laotienne...

en raison des difficultés de trouver des instituteurs Khas et de la faible importance des minorités» (page 9). Enfin le troisième, le moyen d’action le plus intéressant du point de vue ethnologique, le sel: «cette question est de toute première importance dans la région minoritaire. Actuellement, pour les détacher des Vietminh, le sel constitue le meilleur moyen de propagande. Un dépôt de 3 tonnes environ existe à Tchépone et dans toutes ses tournées, le délégué en fait de fréquentes distributions. Ce moyen est à intensifier le plus possible, car les Khas et les Phouthais sont particulièrement friands de cette denrée» (page 10), (souligné par nous, G.V.).

C’est avec ses propositions que ce rapport, qui nous informe plutôt sur la politique de minorités que sur leur culture, est clos. Son leitmotiv, le «comment faire revenir les minorités du côté des Français», est résumé dans sa conclusion: «Il est évident que ces minorités sont très intéressantes pour nous. En ce moment, elles peuvent constituer un atout qui n’est pas négligeable dans notre lutte contre les Vietminh. Les autorités laotiennes ont une tendance instinctive à les mépriser et à les opprimer. Nous devons nous opposer, par les quelques moyens que j’ai indiqués, à cette politique. Cela est particulièrement difficile en raison de l’état du pays, de son climat, de la mentalité particulièrement farouche des habitants. En résumé, nous ne pouvons agir que par la ’conquête des coeurs’48. Pour cela il faut des fonctionnaires Français, jeunes et fanatiques de leur métier. On en trouve même à l’heure actuelle, et la province de Savannakhet est particulièrement bien servie à ce sujet, puisque, encore une fois, je me permets d’attirer l’attention des autorités supérieures, sur les qualités du Délégué actuel de Tchépone, le Lieutenant Barthélemy» (souligné par nous, G.V.), (page 10).

Ce n’est pas par hasard, que le Résident de la province de Savannakhet a souligné trois fois dans son rapport les qualités exceptionnelles de son Délégué administratif de Tchépone. Le rapport de 40 pages dactylographiées de ce dernier, datant du 31 décembre 1947, c’est-à-dire de quelques mois plus tard que celui de Villedieu,

«concernant les problèmes que pose l’actuelle frontière séparant les provinces laotienne de Savannakhet, et vietnamienne de Quangtri», est un chef d’oeuvre sous tous les points du vues qui présente l’administration coloniale sous un jour favorable même après un demi-siècle passé. La connaissance profonde par Barthélemy de la situation géographique, ethnographique, administrative et militaire de sa région, sa sympathie pour les «Kha Leu», sa lucidité dans le raisonnement, ainsi que son style succinct mais éloquent font que ce rapport constitue un des documents les plus

48 Allusion à l’ouvrage de Pavie (1921) ayant le même titre.

riches et les plus importants sur les Brou, égal a celui de Valentin - une vraie mine d’information sur les questions qui nous intéressent.

Barthélemy y reprend la question des frontières, touchées par Villedieu, pour résoudre un problème qui remonte, selon lui, au début de la colonisation, à 1916, date de la première modification de la ligne frontalière entre le Vietnam et le Laos, jusque là formé par la ligne de crête de la Chaîne Annamitique. En effet, comme nous le savons, le problème est antérieur à la colonisation: il s’agit là de la question de la rivalité siamo-annamite pour la possession de la rive gauche du Mékong aux XVIII-XIXème siècles, exposée plus haut, et de la délimitation des deux sphères d’influence, vietnamienne et siamoise (plus tard, laotienne) dans la Chaîne Annamitique.

Le point de départ de Barthélemy est la constatation de la nécessité d’une frontière indiscutable à tous les points de vues. De telles frontières sont rares. «C’est ainsi, qu’entre le Centre-Annam et le Moyen-Laos, si la ligne de crête de la Chaîne Annamitique forme une limite naturelle généralement indiscutée, la présence d’un peuplement Kha [c’est-à-dire les Brou, G.V.] séparant les populations annamites et laotiennes crée entre elles des rivalités commerciales et politiques qui interdisent toute solution absolument satisfaisante» (souligné par nous, G.V.), (page 1). Il envisage donc d’abord de montrer que «le tracé actuel de la frontière....après avoir depuis trente ans provoqué bien des querelles, est la source de difficultés graves qui ne tarderont pas à s’élever, dès la fin de la guerre actuelle, entre les jeunes gouvernements autonomes du Laos et du Vietnam» (page 1); puis, il recherche «les causes profondes de ce conflit», pour enfin proposer quelques solutions.

Laissons de côté maintenant le bref historique des différends lao-annamites, pour pouvoir nous concentrer sur les «causes profondes». Barthélemy en énumère plusieurs: géographiques, végétales, climatiques, ethniques, économiques, politiques, commerciales et culturelles. Il commence par une description détaillée du système orohydrographique de la zone frontalière, «zone en litige qui, large d’une trentaine de kilomètres, s’étend du S.E. au N.O. de part et d’autre de la Chaîne annamitique.

La R[oute] C[oloniale] 9. la sépare approximativement en deux régions bien distinctes: au Nord, la zone de terrain formée par les bassins des cours d’eau issus de l’important massif Dong Samuï - Dong Chau; au Sud, le territoire arrosé par la Sépone et ses affluents et le demi-bassin de la haute rivière de Quangtri» (page 5). Du point de vue structural, le relief de la région du Nord est très complexe et présente une particularité anormale: «la Dent du Tigre, avec ses 1704 m. d’altitude, est le point culminant de toute la région, bien qu’étant en dehors de la ligne de crête de la Chaîne Annamitique» (souligné par nous, G.V.), (page 6). Ce fait cause une anomalie même dans le système hydrographique où les rivières du versant laotien coulent selon la règle dans une direction grosso-modo est-ouest, tandis que celles du versant vietnamien ouest-est. Par contre la rivière Rao Quan, détournée par l’important barrage que constitue la Dent du Tigre, doublée au sud par le Dong Tri, coule d’abord dans une direction nord-sud, pour tourner enfin vers l’est, la mer. «Si le Rao Quan, obéissant à l’aspect général du relief, s’était jeté dans la Sépone [rivière du versant laotien, affluent de la Se Bang Hien, G.V.], la ligne de partage des eaux Mékong - Mer

de Chine serait alors normalement passée par la Dent du Tigre et constituerait ainsi une frontière géographique indiscutable. La nature, par une curieuse lubie, en a décidé autrement: réussissant à détourner le Rao Quan vers l’E., elle a rejeté la Dent du Tigre sur le versant annamite et créé une ligne de faîte anormalement dominée par de plus hauts sommets. Il est évident qu’une telle crête ne constitue nullement une frontière géographique...Ceci explique qu’en 1916 la ligne de partage des eaux Mékong - Mer de Chine n’ait pas été choisie comme frontière»

(souligné par nous, G.V.) (page 6).

En ce qui concerne le «manteau végétal qui recouvre» ce relief, Barthélemy signale l’existence d’une vaste zone recouverte par une végétation secondaire, due à l’agriculture sur brûlis. «Cette flore de remplacement se présente sous deux aspects bien distincts: la forêt-taillis, impénétrable, faite de bambous de toutes espèces, et la savane d’herbes à éléphant» (page 8). Puis, il constate, que la répartition de ces deux types de végétation est régulière: «l’herbe à éléphant recouvre, de part et d’autre de la ligne de partage des eaux Mékong - Mer de Chine, les parties supérieures des deux versants annamites et laotiens, principalement au Nord et au Sud du col d’Aï Lao, tandis que la forêt-taillis règne sans contestation aucune sur les parties inférieures de ces versants. A l’Ouest, le taillis de bambou recouvre toute la région jusqu’à la hauteur du P[oteau] K[ilomètre] 190 de la R[oute] C[oloniale] 9., où il est remplacé par une autre formation végétale: la forêt clairière de la plaine du Mékong. A l’Est, la savane s’arrête à mi-hauteur du versant oriental de la Dent du Tigre» (page 8).

Quant au climat de cette région frontalière, Barthélemy délimite trois zones bien distinctes: «A) Le versant Ouest de la Chaîne annamitique subit directement la mousson du S.O.: il y pleut de Mai à Octobre et y fait beau et sec le reste de l’année.

B) Le versant oriental reçoit lui la mousson du N.E.: il y pleut violemment d’Octobre à Décembre; après quelques jours de beau temps, c’est de Janvier à Mars le règne du crachin. En avril commence la saison sèche qui, dans une chaleur croissante, dure jusqu’en Octobre. Tels sont les climats de Tchépone et de Camlo. C) Il est bien évident que ni l’un, ni l’autre de ces climats ne saurait s’appliquer à Khésanh, placé au point de rencontre des deux moussons. Par la trouée d’Aï Lao, les nuages dépassant la ligne de crête arrosent l’autre versant, bouleversant ainsi le rythme des saisons. Pratiquement toute la zone comprise entre Lao Bao et Calu...reçoit alternativement les pluies venant de l’Annam et du Laos. Son climat est presque uniforme: il y pleut beaucoup et pendant toute l’année...Sans insister davantage, remarquons simplement que cette zone climatique intermédiaire coïncide presque exactement avec la savane d’herbe à éléphant que nous avons délimitée plus haut» (souligné par nous, G.V.) (page 9).

Vient ensuite la description des «populations de la zone frontière». Barthélemy énumère trois «races»: les Khas, les Annamites et les Phuthaïs. Parmi les premiers, il présente les «Soueïs», les «Mang Congs», les «Tahoïs», les «Pakohs» et les Brou:

«Enfin, occupant le sommet de la Chaîne annamitique et tout le versant oriental, se trouvent les Khas, appelés Leus par les Annamites et Traïs par les Mang Congs.

Proches de ces derniers, bien qu’encore plus arriérés, ce sont de véritables sauvages, principalement au Nord de la R[oute] C[oloniale] 9. Couverts de longs cheveux,

vivant presque nus dans de pauvres cases qu’ils déplacent fréquemment, n’ayant aucune industrie familiale et ignorant tout du tissage, ne vivant que de riz de leurs raïs et des produits de la forêt, les Khas Leus ont perpétuellement des allures de bêtes traquées. Peureux jusqu’à en être veules, soupçonneux jusqu’à la fausseté, ils vivent dans la crainte constante des envahisseurs, qu’ils soient Annamites, Laotiens ou Français. Eternel enjeu entre deux puissances qu’il ne connaît que par leurs représentants, ‘linh’ annamites ou ‘phulits’ laotiens, qui le pillent et le brutalisent à tour de rôle et à qui mieux mieux, passant de l’autorité de Savannakhet à la domination de Quangtri, sans en savoir les raisons, et surtout sans qu’on lui ait demandé son avis; ne pouvant circuler comme il l’entend, vendre son riz, acheter du sel et des buffles où cela lui plaît, le Kha Leu ne demande qu’une seule chose: qu’on le laisse tranquillement vivre en paix. Ce rêve est le seul ressort de son existence: en toutes circonstances, c’est lui qui le fera agir» (souligné par nous, G.V.), (page 10).

A propos des «Annamites», avec qui, selon Barthélemy, les Khas Leus n’ont «eu aucune interférence» (page 10), nous apprenons qu’ils «n’occupent qu’une infime partie de la zone montagneuse... Avant la guerre, la majeure partie du peuplement annamite était composée de commerçants et d’artisans qui, profitant de l’expansion commerciale qui a suivi l’ouverture de la R[oute] C[oloniale] 9., et de la non-concurrence des Laotiens, ont créé tout le long de la R[oute] C[oloniale] 9. des petits villages d’où ils partaient dans la montagne, chez les Khas, échanger de la pacotille achetée à Hué, contre des produits locaux. Enfin mentionnons, entre Lao Bao et Khésanh, l’établissement d’importantes colonies de travailleurs annamites employés comme coolies dans les plantations de café. La libération de la R[oute]

C[oloniale] 9. par les troupes franco-laotiennes en Mars 1946 et Janvier 1947, eut pour conséquence la disparition de ce peuplement annamite qui, en totalité, regagna la plaine» (pages 10-11).

Suit la partie de loin la plus intéressante du rapport de Barthélemy, l’étude des

«Relations entre les Khas Leus, les Phuthaïs et les Annamites»- c’est-à-dire le chapitre «ethnographique» du manuscrit. «Il suffit de comparer les cartes nos 1, 2, et 3 [manquantes, G.V.] pour se rendre compte de ce que la région où s’opposent l’Annam et le Laos, le domaine de l’herbe à éléphant, la zone climatique intermédiaire et le territoire des Khas Leus recouvrent, à peu de choses près, la même portion de terrain. Ce n’est pas là une simple coïncidence. Une étude approfondie des relations économiques et administratives entretenues par les Khas Leus avec leurs voisins annamites et laotiens...va nous permettre de dégager les causes profondes du conflit frontalier lao-vietnamien» (page 11), (souligné par nous) - commence-t-il.

La première est le «nomadisme agricole des Khas Leu». Quelque surprenant que cela puisse nous sembler puisque la pratique d’aujourd’hui est en contradiction avec les faits exposés par lui, Barthélemy maintient que «les Khas, qu’ils soient Leus ou Mang Congs, remettent en culture au bout de trois ou quatre ans les premiers raïs restés en

La première est le «nomadisme agricole des Khas Leu». Quelque surprenant que cela puisse nous sembler puisque la pratique d’aujourd’hui est en contradiction avec les faits exposés par lui, Barthélemy maintient que «les Khas, qu’ils soient Leus ou Mang Congs, remettent en culture au bout de trois ou quatre ans les premiers raïs restés en