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UN CATECHISME HONGROIS CONTRE LES ANTITRINITARIENS

In document IN THE SECONl) HALF OFTHE16TH CENTURY (Pldal 95-102)

L'illustre bibliologue

a

la main heureuse, Gedeon Borsa a retrouve naguere dans une bibliotheque en Allemagne un livre cru perdu, le catechisme inti-tule Vraie confesBion concernant toutes les branches de la chretiente et de la vraie /oi, reuvre de Peter Melius (Juhasz), eveque calviniste de Debrecen, publiee en 1569.1 M. Borsa est en train de preparer la publication du texte, dont le present rapport n'est qu'une information preliminaire, limitee au theme central de ce colloque.

Debrecen, ville de riches commerQants, faisait partie du royaume de Hongrie orientale (quelques annees plus tard transforme en principaute de Transylvanie) dont le souverain, Jean Sigismond abjura en 1568 le calvi-nisme et se rallia

a

l'antitrinitarisme propage par Ferenc David et Giorgio Biandrata. La Hongrie ne connaissait pas le principe du « cuius regio eius religio », donc le changement de religion du souverain n'impliquait pas force-ment la conversion des sujets. Le danger d'une pression royale en faveur des antitrinitariens tout de meme s'imposa. C'est pour prevenir une telle pres-sion que Melius redigea son catechisme dedie

a

Jean Sigismond afin de le reconvertir, bien plus, de le persuader

a

extirper l'antitrinitarisme. La dedi-cace du catechisme fait preuve d'une intrepidite extraordinaire de sa part,

« Comme je suis une voix criante, je me sens incite par l'ordre de Dieu, par les avis des academies et des hommes sages, ainsi que par ma gratitude 8.

l'egard de votre majeste de vous avertir et de vous reconduire,

a

l'aide du Saint Esprit, du pays de l'obscurite

a

Ja lumiere, du piege et des erreurs des antichrists et heretiques hypocrites

a

la vraie voie et vie ». Apres cette intro-duction Melius evoque la joie qu'il sentit jadis de ce que Dieu fit sortir le souverain du pays de l' Antichrist romain et de la Babylone lubrique, mais il avoue que son chagrin etait encore plus grand du fait que les Antichrists Biandrata et David ont entraine Jean Sigismond dans une heresie beaucoup plus dangereuse que celle du pape. Melius enumere par la suite les criteres

1Titre hongrois: Az lgaz Hitnek Es Köröztiensegnek Minden Agairol Valo lgaz V allas. Az Zent lre.snak Sormnie.bol,.kiben e. Christus ellen te.mat Antichristusok he.mis tudome.niii. niegmute.tte.tot, es meghamisittatot Az Horhi Meli1,1B Ihaz Peter alte.l ..•

Debreczenbe Niomtatte.tot Kornlos Andre.s e.lte.l An. D. MDLXIX. - Unique exem-ple.ire connu dans le. Bibliotheque Nationale de Muruch, photocopies de.ns la Biblio-tMque Nationale Hongroise it. Budapest et dans. la. BibUotheque du College de l'Eglise Reformee it. Debrecen.

de l'heresie des antitrinitariens en les accusant d'arianisme, de tritheisme, d'atheisme, d'idolatrie, d'anabaptisme, de sophistique et de falsification de la Bible, et il somme le souverain de les eloigner, car selon le dicton antique

« religione mutata regnum et potentia mutatur et transfertur », c'est-a-dire:

avec le changement de la religion se transmettent et le regne et le pouvoir.

11 concretise cette menace en racontant que Jean Sigismond s'est aliene beaucoup de magnats, bien des capitaines, des academies et des pasteurs chretiens qui ont cesse d'esperer en lui. S'il persiste dans la foi de !'Anti-christ, il precipitera tout le pays dans la rnine, comme l'affirment aussi Bullinger, Beze et les academies.

Apres cette dedicace, valant bien un lese-majeste, suit le texte du cate-chisme, dont nous parlerons plus tard. 11 faut d'abord remarquer que ce ne fut pas le seul catechisme redige par Melius; il en avait publie un autre sept ans plus töt. La comparaison de ces deux catechismes mettera en evidence la profondeur de la crise religieuse et politique provoquoo par le succes de l'antitrinitarisme.

Peter Melius, originaire de la petite noblesse de la Transdanubie, fut d'abord recteur d'une ecole lutherienne dans le royaume hongrois des Habs-bourgs. Deux fois emprisonne pour sa foi par l'archeveque catholique d'Esz-tergom, il se rendit a Wittenberg, d'ou il revint - paradoxalement - comme calviniste convaincu et fut invite en 1558 a Debrecen. Elu en 1561 eveque des congregations reformoos de la region de la Tisza, il joua un röle decisif dans la conversion de David et, par l'intermooiaire de celui-ci, de Jean Sigis-mond au calvinisme.2

Melius, comme les autres reformateurs hongrois, attribua la defaite politique et militaire de la Hongrie, l'occupation de ses grandes parties par les Habsbourgs et par les Turcs a la punition divine du « peche national»

qu'etait l'anarchie fäodale inherente au systeme de la republique nobiliaire.

Ce trouble strnctural du regime se manifestait dans la predominance de la loi du plus fort, dans la dissolution de !'ordre public, dans l'oppression du peuple. Comme representant des paysans privilegies de Debrecen, menaces dans leur production de marchandises et leur commerce international par l'oppression fäodale, Melius accuse dans ses ecrits la classe dominante de Hongrie du mepris des lois de Dieu et de la nature en faveur d'ordres et d'inventions humaines, dont les consequences sont: justice partiale et venale, spoliation illegale des pauvres, torture pratiquee sur eux, frnstration de leurs droits; chez les puissants: desordre, haine, debauches licencieuses. Il accuse l'Eglise mooievale d'avoir voile et sanctionne ce regime de tyran-nisme anarchique par l'idolatrie papiste.

Sous l'impulsion de Calvin, Melius croyait trouver dans le Decalogue, identifie a la loi de la nature, l'autorite qui pouvait s'imposer

a

la classe dominante hongroise, en erigeant un regime politique et social fonde sur la responsabilite des dirigeants, regime dont la cohesion est fournie par l'equite

z Pour sa carriere avant Debrecen, voir Istvan BoTTA, MeliU8 P&er ifjU8dga (La jeunesse de P. M.), Bude.pest, 1978; sur sa vie et ses CBuvres: A mdsodik helv& hitvallds Magyarorsztigon

ea

MeliU8z eletmuve (La seconde confession helvetique en Hongrie et l'CBuvre de M.), Bude.pest, 1967 (Studia et Acta Ecclesiastica II).

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selon la loi de la nature et par l'amour fraternel selon la loi de Dieu. L'im-portance toute particuliere dont sont revetues dans la Reforme hongroise la loi et la legalite, comme garanties de l'ordre interne et de la justice sociale, ressort le plus clairement de la conception theologique de Melius telle que nous la trouvons dans son premier catechisme publie en 1562. Dans l'Europe entiere, les catechismes relevant de la Reforme sont divises en quatre unites fondementales: ils expliquent le Decalogue, le Credo, les sacrements et le Pater. L'ordre susmentionne des parties caracterise les catechismes de Luther et des lutheriens ou prevaut l'idee que le röle de la loi consiste essentielle-ment

a

provoquer le repentir. Les catechismes de Calvin et des calvinistes mettent

a

la premiere place le Credo et ne traitent le Decalogue qu'apres l'expose des articles de la foi, car la loi etait consideree comme norme de vie pour le croyant. Sous ce rapport, Melius a plus d'esprit de suite que meme le Catechisme d'Heidelberg, le plus repandu dans l'Europe calviniste, qui explique le Decalogue comme partie avant-derniere, precedant le Pater, tandis que Melius le place

a

la finde son catechisme, comme probleme capi-tal, mettant pour ainsi dire en relief l'importance de la loi. Toute l'activite d'organisateur et de prooicateur de Melius dans ses premieres annees

a

Debrecen decoule de cette conception theologique. La question centrale en etait l'ethique sociale.

n

voulait inculquer

a

toute la societe hongroise, sans difference de classes, l'obeissance

a

la loi divine, ce qui signifiait pour lui l'abolition de l'injustice sociale et de l'idolatrie papiste - deux choses qu'il voyait en connection etroite.3

Si l'on compare le deuxieme catechisme au premier, il saute aux yeux non seulement un changement radical de la structure, mais aussi une certaine confusion dans la conception generale. Melius n'abandonne pas, bien entendu, les principes fondamentaux de la justice sociale et de I'antipapisme, mais ces motifs sont relegues

a

l'arriere-plan pour cooer la place

a

d'autres idees beaucoup plus accentuees. La haine contre l'antitrinitarisme en est la plus apparente. Il stigmatise Ie mouvement et ses representants en appliquant les expressions Ies plus brutales, comme porcs, chiens, renards, sangliers, etc., il les accuse de toutes sortes d'heresies qu'il pouvait retrouver dans l'histoire de l'Eglise depuis les commencements, sans trop se soucier de ce que ses accusations correspondent oui ou non

a

la position reellement occu-pee de ses adversaires. Son argumentation contre les theses des antitrinita-riens se base non seulement sur la Bible mais puise abondamment dans les confessions de I'Eglise ancienne, ainsi que dans Ies ouvrages des Peres et des docteurs anciens et mooievaux. Ses adversaires antitrinitariens lui re-prochaient

a

juste titre qu'il s'eloignit du principe reformateur de (< sola scriptura » et qu'il se servit de concepts philosophiques paiens, comme es-sentia, substantia, persona, natura, etc. Melius Ieur riposta. qu'ils jouent avec les mots, s'occupent de la coque de la noix, interpretent la Bible

a

Ieur

1 Sur l'a.nalyse du premier ca.thechisme de Melius e.inei que eur ee. theologie et ee.

politique, voir MihBJ.y BucsAY, Meliusz theolOgidja kdteja tükreben (La. theologie de M. de.ne eon ca.thechisme), in •Studie. et Acta. Ecclesie.etica. » II, op. cit.; L8szl6 MAKKAT, Meliusz Juluisz Peter, in • Theol6gie.i Szemle », 1973; In., Etat des Ordrea et thi-Ocratie calvini.9te au XVI" aiecle dana l'Europe Centro-orientale, in •Studie. Hieto-rica. », 99, Bude.pest, 1975.

gre et si quelque chose n'y correspond pas

a

leurs conceptions, ils l'ecartent sous pretexte qu'il s'agit d'une interpolation papiste ou d'une glose margi-nale glissee ulterieurement dans le texte (ex margine irrepsit).

Sans nier que les antitrinitariens de la Transylvanie, appliquant les methodes philosophiques de Valla, Gribaldi et Gentile, eBBayerent de se tenir strictement au sens originel des mots de la Bible, il faut remarquer qu'ils avaient eux aussi leurs presuppositions philosophiques, parfois incon-scientes, mais d'autant plus tenaces. Je pense

a

l'interpretation de l'anthro-pologie biblique dans UD S0DS neoplatoniste, selon laquelle l'homme participe de la divinite, l'esprit humain est donc un debris de l'esprit divin universal et c'est pourquoi la volonte de l'homme est libre pour choisir de soi-meme la honte et la verite. Quoique les antitrinitariens de Transylvanie refusassent la philosophie neoplatoniste de Servet, l'homme Jesus etait considere par eux comme l'exemple le plus parfait de la deification de l'homme et, par consequence, de sa capacite d'autoredemption, ce qui est un heritage du neoplatonisme. Le Reforme lutherienne et calviniste enseignait la corrup-tion radicale par la chute et l'incapacite de la volonte humaine

a

remplir

spontanement la loi de Dieu. L'homme est un billot, un cadavre (expressions preförees de Melius) sans la redemption par le Christ et la revivification par le Saint Esprit. Le dogme de la Trinite constituait le fondement de cette conception.4

Face

a

l'attaque de l'antitrinitarisme teinte de neoplatonisme, voir de pantheisme, la theologie lutherienne et calviniste, antiphilosophiques elles-memes au commencement, se retrancherent avec le temps derriere l'aristo-Mlisme scolastique, qui semblait mieux soutenir le concept de la Trinite assez mal documente dans la Bible. Dans le cas de Melius nous assistons au meme processus de retranchement, qu'est la reception de la philosophie aristotelienne dans son deuxieme catechisme. Outre ses argumentations de nature philosophique, c'est la structure du catechisme qui le signale

a

notre attention. Dans le premier catechisme de l'an 1562, son ra.isonnement com-mence par la volonte de Dieu de trouver dans l'homme un vrai partenaire, cree

a

son propre effigie, volonte contrariee par la desoheissance de l'homme, et finit par la redemption en Christ, clont la consequence est l'obeissance de l'homme

a

la loi divine par l'aide du Saint Esprit. Par contre, le catechisme de l'an 1569 abandonne la tradition commune lutherienne et calviniste ou le catechisme est destine

a

etre une interpretation du Decalogue, du Credo, des sacrements et du Pater, et la remplace par un raisonnement eminemment dogmatique. Melius se propose de diviser le sujet en quatre chapitres: 1. con-naUre Dieu en son unite et sa Trinite, 2. connaitre sa volonte dans la loi et dans l'Evangile, 3. connaitre la voie de la redemption et de la justification dans la foi, et 4. connaitre l'homme tel qu'il est et doit etre selon la volonte de Dieu. Les sacrements, le Credo, le Decalogue et le Pater, dans cet ordre de succession, ne sont que des annexes inserees dans le quatrieme chapitre, sans aucune interpretation. lls ne rnnt plus les piliers de son raisonnement,

'Mon opinion concernant les fondements neoplatoniques de l'e.ntitrinitarisme se trouve dans Laszl6 MAKXAI, H omme et nature dans la cosmologi,e du seicento, in V enezia e Ungheria nel contesto del barocco europeo, Firenze, 1979, pp. 141-154.

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comme ils l'etaient dans le premier ca.techisme; cette fonction revient main-tenant

a

l'expose du dogme de la Trinite au commencement, et a l'enumera-tion des criteres de l'heresie ainsi qu'aux preceptes proposes aux magistrats pour punir les heretiques, dans la partie finale. Meme les mots directeurs des quatre chapitres: « connaitre » •.. « connaitre » . . . temoignent de ce que Melius, et avec lui le calvinisme hongrois, entra dans la phase de l'ortho-doxie en meme temps que Geneve avec Theodore Beze. Ce deplace ment de l'accent depuis la foi viva.nte vers la foi authentique entraina un intellec-tualisme outre, un dogmatisme sec qui provoqua plus tard la reaction des puritains anglais et des pietistes allemands dont la religion ne s'epuisa plus dans un « Deum cognoscere » mais se manifestera dans un «Deo vivere ».

Ce sont les memes raisons, notamment les discussions dogmatiques avec la contre-Reforme et avec l'antitrinitarisme, qui ont provoque, en Hongrie comme en Occident, le glissement de la theologie calviniste vers l'orthodoxie, vers le dogmatisme.

n

serait logique d'attribuer le changement en Hongrie aux influences venues de l'Occident. Melius invoque lui-meme l'opinion de Bullinger, de Beze et des academies pour convaincre Jean Sigismond. Neanmoins, la rapidite de ce changement qui se produisit pen-dant quelques annees dans la pensee theologique de Melius nous donne

a

reflechir sur ses causes.

Antal Pirnat nous a montre dans son rapport comment Biandrata s'efforQa d'empecher l'isolement poli.tique de la Transylvanie: en s'opposant au non-adorantisme, il esperait eviter la rupture ouverte avec les autres Eglises chretiennes. Ses efforts resterent vains des le commencement, car Melius ne se fiait pas a lui et l'accusa dans le catechisme de 1569 de negation de la divinite du Christ. D'autre part l'cecumenisme etendu de Biandrata, pret a recevoir Juifs et Musulmans, ne fut qu'une raison de plus poussant Melius a refuser l'antitrinitarisme.

Les commencements de la propagande antitrinitarienne hongroise coincidaient avec la derniere expedition du sultan Soliman le Grand en Hongrie, avec la chute de la forteresse de Gyula, donnant libre cours aux raids turcs jusqu'a Debrecen, ville de Melius. :Malgre les promesses de Soli~

man, Jean Sigismond ne profita en rien de la guerre, ni ses chataux recem-ment occupes par les Habsbourg, ne lui furent rendus. Le royaume de Hongrie orientale venait d'etre isole, comme le voyait tres clairement Biandrata. Melius etait lui-meme un homme politique, vrai dirigeant de Debrecen, la ville la plus populeuse et plu1' riche du pays entier, et nommee deja en ce temps-la « republique chretienne » et « lampe lumineuse de la Hongrie ». Pour un politicien de Debrecen, situe a la frontiere entre les Habsbourgs et les Turcs - deux puissances qui semblaient s'equilibrer apres 1566 - , l'cecumenisme de Biandrata ne signifiait qu'un compromis unilate-ral avec les Turcs. La negation de la divinite du Christ equivalait aux yeux de Melius a la trahison de la cause de la chretiente, a l'asservissement defini-tif de la nation hongroise a l'oppression turque, a une capitulation spirituelle spontanee apres la capitulation politique imposee. C'est pour cela qu'il accuse de « turcisme » les antitrinitariens dans un pamphlet paru en 1568, intitule Antitheses veri et turcici Christi. « David et ses compagnons font du Christ un simple homme - ecrit-il - qui ne differe en rien du Christ des

Turcs. » Quoique David l'a.ssurat de reconnaitre Jesus comme Fils de Dieu Melius savait bien qu'il s'agissait seulement de l'homme Jesus deifie, et non du Christ-Dieu. 11 repeta la meme accusation en 1569 lors du fameux synode de V arad, dont les propositions, redigees par lui, se terminent sur la priere

«

que Dieu nous delivre des bla.sphemes turcisants des esprits fanatiques » (a Turcicis bla.sphemiis phanaticorum spirituum).5

C'est entre ces deux manifestations de Melius quese situe la publication du deuxieme catechisme dont nous avons parle. Le ton passionne, brutal du catechisme et les accusations

a

l'adresse de Jean Sigismond d'avoir aliene son pays du monde chretien trouvent leur explication dans la peur de Melius de voir l'antritrinitarisme provoquer l'assimilation de l'Eglise et de la nation hongroise

a

l'Islam. 11 va de soi que ces craintes de Melius etaient exagerees, les antitrinitariens n'etant pas en realite turcisants. 11 etait d'ailleurs soutenu dans son opinion par Theodore Beze, qui declarait que « les miserables Transylvains sont reduits

a

une condition pas moins miserable que celle des Musulmans » (in eam conditionem redacti quam ego ipso Mahumetanismo nihilo minus miserabilem esse indico - citation d'une lettre de Beze

a

Dudith de l'an 1570).6 Il est bien connu qu'apres 1570 meme les unitariens adorationistes, Basilius et plus tard aussi Socinus, rejeterent les idees non-adorationistes de David comme blasphemies empruntees

a

l' Alkoran.

Pour bien comprendre le poids de l'accusation de « turcisme » il faut savoir que par ce terme on designait toute sorte de rupture de solidarite avec le christianisme, donc non seulement la conversion ouverte au mahometisme, mais meme la reception des modes de vie turcs et meme le fait qu'un chretien vivant en territoire contröle par les Turcs faisait appel aux tribunaux de ces derniers. Le turcisme etait puni de mort. Beaucoup de personnes accusees de turcisme etaient livrees par la population hongroise vivant en territoire turc aux soldats hongrois des confins pour etre condamnees et executees sur le territoire royal. 11 est donc bien comprehensible que David protesta contre l'accusation d'avoir puise ses dogmes dans l' Alkoran.

En recapitulant les enseignements tires de la comparaison des deux catechismes de Melius, on peut dire que Melius a considere l'antitrinitarisme non seulement comme une provocation dogmatique, menai;;ant l'unite reli-gieuse du peuple hongrois devenu calviniste en majorite, mais plus encore comme une capitulation devant le peril turc, une trahison de la cause du christianisme et de la nation. Son inquietude eut pour consequence que les questions dogmatiques passerent au premier plan de sa theologie, paraly-sant sa ferveur de reformateur social. La Reforme calviniste entra, aussi en Hongrie, dans la phase de l'orthodoxie.

5 « Studia et Acta Ecclesiestica », II, op. cit., pp. 244-248; [Pal DEBREOZENI EMDER], ed. F. A. LAMPE, Historica Ecclesiae Reformatae in Hungaria et Tranaylvania, Trajecti ad Rhenum, 1728, p. 252.

6 Epistolarum Theologicarum Theodori Bezae Vezelii Liber Unus, Secunda edi-tio . . . Genevae, 1585, p. 22.

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V ALERIO MARCHETTI (Bologna.)

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