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The French military collaboration during the World War II hasn’t finished in the end of the conflict. The survivors of these units were in French prisons were they had to spend a long time. At the same time the Government had an offer for them: they could leave the prison to fight in French Indochina on the communist movement of independence in the ranks of the Expeditionary Corps. Many of these people accepted this proposal and served in the ranks of a special unit created for them: the Overseas Light Infantry Battalion. This battalion has fought in Indochina from 1948 to 1951 together with the ancient Free French soldiers who were their enemies before.

La collaboration militaire française pendant la Seconde Guerre mondiale est un phénomène relativement peu connu dans l’historiographie, mais le destin des participants de celui-ci est encore moins connu. Dans cette étude, on essaye de combler ce vide par la brève présentation de l’histoire des collaborateurs militaires après le conflit mondial à partir des camps de prisonniers de guerre soviétiques à travers les prisons françaises jusqu’aux champs de bataille en Indochine. Ce fut le lieu où ils ont pu racheter leur liberté dans un combat meurtrier coude-à-coude avec leurs compatriotes ayant servi quelques années plus tôt dans les rangs de la France libre.

Les camps de prisonniers

Après la fin des hostilités liées aux opérations militaires, la plupart des volontaires français servant dans les rangs des forces armées allemandes pendant la guerre sont faits prisonniers par les troupes des puissances alliées. Étant donné qu’ils servent presque exclusivement au front de l’Est, ces soldats tombent majoritairement dans les mains de l’Armée rouge.

Cependant leur traitement est souvent très sévère, car les vainqueurs éprouvés par une guerre impitoyable pendant quatre ans ne respectent pas les conventions de Genève. Par conséquent, un nombre de prisonniers de guerre sont fusillés sur le champ de bataille par les soldats soviétiques,

1 This study is supported by the ÚNKP-16-4-III. New National Excellence Program of the Ministry of Human Capacities.

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dont les compatriotes ont dû subir le même destin à plusieurs reprises pendant la guerre.2

Si les prisonniers réussissent à éviter la mort, ils sont obligés de marcher jusqu’aux camps de rassemblement se situant derrière la ligne de front qui demande de grands efforts de la part des soldats éprouvés et souvent blessés. Ceux incapables de faire le trajet sont abattus par leurs geôliers.3 Ensuite, les survivants de ces marches sont dirigés vers les camps de prisonniers de guerre par train. Ces camps disséminés dans les quatre coins de l’URSS accueillent plusieurs dizaines de milliers de Français.4 Le nombre de volontaires n’est pas tellement élevé comme ce chiffre le suggère, car on y trouve aussi des Alsaciens-Lorrains incorporés de force, des citoyens français travaillant en Allemagne dans le cadre du STO (Service de travail obligatoire) et des prisonniers de guerre français gardés sur le territoire du Reich depuis la campagne de 1940.5

Étant donné que la France dirigée par le général de Gaulle et l’URSS sont des puissances alliées, les autorités françaises demandent à leurs homologues soviétiques de rassembler les citoyens français se trouvant dans les camps de prisonniers et de les rapatrier dès que les conditions le permettent. La sélection des Français de la grande masse des prisonniers de guerre prend beaucoup de temps, ainsi le camp de Tambow, créé en été 1942 pour regrouper les Français, accueille ces derniers en continu jusqu’à fin 1945, date à laquelle les sources mentionnent onze mille prisonniers de guerre de nationalité française dans le camp.6 Quoique ce lieu soit destiné à regrouper les citoyens d’un pays allié, les conditions de vie (y compris l’alimentation, les soins médicaux et l’obligation de travail) sont tellement mauvaises que le taux de mortalité est autour de 50 pour cent pendant certaines périodes.7

Enfin, le rapatriement en masse commence en décembre 1945 quand les autorités soviétiques donnent leur autorisation pour lancer le processus. Lors de cette opération, environ 20 000 personnes sont envoyés en France. La plupart d’entre eux quittent l’URSS en 1946, mais certains parmi eux arrivent avec un retard très important : le dernier prisonnier de guerre connu, Jean-Jacques Remetter, n’arrive en France qu’en avril 1955.8 Bien que les Français morts dans les camps de prisonniers ne soient qu’au nombre de 1 325 selon les statistiques

2 BAMA RS 3-33/3 ; Rostaing 2008 : 204.

3 Deloncle 2004 : 148.

4 Mouellec 2001 : 672.

5 Auvray 1999 : 147-149.

6 Mouellec 2001 : 670-672.

7 Costabrava 2007 : 183-195 ; Koerner 2009 : 51.

8 Dreyfus 1985 : 23-24.

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officielles,9 on peut supposer que ce nombre est plusieurs fois plus grand.

Étant donné qu’environ 40 000 personnes d’origine française sont faits prisonniers lors de la guerre contre l’Armée rouge, il y a un décalage important entre le nombre des hommes rapatriés ou officiellement morts et celui des capturés. On peut supposer que la grande partie de cette différence est issue des pertes subies dans les camps soviétiques d’une manière non officielle et surtout non reconnue.

En même temps, l’arrivée des anciens volontaires de l’armée allemande en France ne signifie pas la fin de leur captivité. Les représentants des autorités françaises attendent les hommes rapatriés sur les frontières et mènent des investigations auprès des anciens prisonniers de guerre. Les différents services de police disposent des registres détaillés des collaborateurs ce qui facilite la sélection et l’arrestation des anciens volontaires. Ces dernières sont souvent effectuées par leurs compatriotes ayant subi la captivité avec les volontaires, les dénonçant dès leur rentrée au pays.10 Dans le cas des anciens SS, la situation est encore plus simple car leur tatouage indiquant leur groupe sanguin est une preuve irréfutable par rapport à leur passé.11 Ces hommes sont traduits en justice et condamnés par les autorités françaises.

Les prisons françaises

L’épuration en France commence au lendemain de la Libération. Dans un premier temps, les organisations armées du Parti communiste et de la Résistance perpétuent des actes violents contre les collaborateurs dans le cadre des actions que l’on nomme épuration sauvage.12 Bien qu’une partie de ces actions aient été précédées d’un procès mené par des cours martiales ou des tribunaux militaires établis par les membres de la Résistance. Cependant, ces formations fonctionnent d’une manière similaire à celle des cours martiales de la fameuse Milice française, par conséquent leur légitimité est douteuse.13 L’ampleur de cette épuration extrajudiciaire est difficilement évaluable et suscite des débats historiographiques, mais le nombre des exécutés est environ 10 822, selon des estimations fiables.14

Ces premiers actes peu légitimes sont suivis d’une épuration légale réalisée par les nouvelles autorités établies après la Libération. Le Gouvernement provisoire de la République française crée une justice exceptionnelle avec l’établissement de tribunaux spéciaux. Ce sont

9 Mouellec 2001 : 677.

10 Bayle 2008 : 233-234.

11 BAMA RS 3-33/5 : 2 ; Levast 2008 : 136.

12 Novick 1985 : 121-122.

13 Rousso 1992 : 83.

14 Amouroux 1991 : 77.

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notamment la Haute Cour de justice, les cours de justice et les chambres civiques qui s’occupent des affaires des collaborateurs. Leur activité est épaulée par celle des tribunaux militaires qui étudient les cas des militaires et des ressortissants étrangers.15

Leur travail commence par les procès des chefs politiques et militaires parmi lesquels les plus connus sont le maréchal Pétain, Pierre Laval, l’ancien chef de gouvernement, Joseph Darnand, le chef de la Milice française, Fernand de Brinon, représentant du gouvernement de Vichy auprès des autorités d’occupation, etc. Un certain nombre de collaborationnistes (environ 1 539 personnes) sont exécutés et plus de 300 000 dossiers sont ouverts, ainsi la société française est une des plus touchées par une épuration en Europe d’après-guerre.16

Un grand nombre de volontaires de l’armée allemande est traduit devant les tribunaux, mais la majeure partie d’entre eux est prisonnier de guerre dans les camps soviétiques pendant la première vague de l’épuration. Par conséquent, les vétérans du front de l’Est sont épargnés des peines les plus lourdes, car ils arrivent en France en 1946, pendant un période plus calme. Ainsi, malgré le fait qu’ils sont condamnés à de lourdes peines d’emprisonnement, la plupart est libéré après un certain temps, grâce aux lois d’amnistie de 1947, de 1951 et de 1953.17 Certainement, il y a un nombre de personnes qui réussit à éviter l’épuration, car plusieurs milliers de vétérans restent en Allemagne, partent pour d’autres pays (surtout en Amérique latine) ou passent la frontière franco-allemande clandestinement et vivent en France sous une fausse identité.18

Malgré ces exceptions, le nombre des emprisonnés pour avoir participé à la collaboration militaire est estimé à plusieurs milliers (entre 5 et 10 000). Pour ces anciens volontaires, l’avenir semble sombre, car ils devront passer des décennies en prison sans l’espoir d’être libéré (bien évidemment, ils ignorent les amnisties à venir quelques annnées plus tard).

En conclusion, cette masse de jeunes hommes aguerris constitue un potentiel militaire, négligé au début. Cependant, peu de temps plus tard, ce dernier devient intéressant pour le gouvernement français en raison du changement de la situation de la politique extérieure.

L’évolution de la situation indochinoise

La colonie française regroupant la Cochinchine, l’Annam, le Tonkin, le Laos et le Cambodge, connue sous le nom d’Indochine française doit faire

15 Rousso 1992 : 87-88.

16 Novick 1985 : 296.

17 Levast 2008 : 163.

18 Lannurien 2009 : 189-198.

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face à une situation très difficile. Ce territoire lointain est contraint de collaborer avec le Japon pendant la Seconde Guerre mondiale entraînant l’occupation militaire japonaise de la colonie. L’armée coloniale française indochinoise peut garder son armement, mais cette force de 24 000 hommes n’est pas capable d’affronter l’armée impériale japonaise bien supérieure en nombre et en équipement.19 Cette inégalité de forces devient évidente quand le commandement militaire japonais, inquiet d’un possible débarquement allié sur le territoire, décide de prendre le contrôle direct de la colonie française. Ses troupes, dont l’effectif avoisine les 65 000 hommes, lancent une attaque surprise contre les garnisons françaises le 9 mars 1945. L’opération est bien préparée, car la plupart des administrateurs coloniaux et des officiers de l’armée coloniale sont arrêtés avant le déclenchement de l’action. Par conséquent, les postes militaires français dispersés en Indochine, décapités et dépassés en nombre, doivent mener des combats désespérés, mais leurs efforts, malgré la résistance souvent acharnée, sont voués à l’échec. Les Japonais remportent la victoire en quelques jours, c’est seulement le détachement des généraux Georges Sabattier et Marcel Alessandri, approximativement 6 000 hommes regroupés autour du 5e régiment étranger d’infanterie, qui peut réaliser une marche de deux mois pour arriver en Chine et rejoindre les troupes de Tchang Kaï-Chek.20

En même temps, la France a l’intention de rétablir son autorité sur sa colonie lointaine, ainsi elle établit le Corps expéditionnaire français en Extrême-Orient sous les ordres du général Leclerc, ancien héros de la France libre, afin de reconquérir le territoire.21 Cependant son opération est empêchée par Hô Chi Minh, qui lance un appel à l’insurrection générale le 13 août. Ses troupes participent au désarmement des forces japonaises et butinent une importante quantité d’armes renforçant ainsi leur position. Encouragé par ce succès, Hô Chi Minh déclare l’indépendance du pays au nom du gouvernement provisoire de la République démocratique du Viêt Nam le 2 septembre.22 Les troupes du Corps expéditionnaire ne peuvent commencer la reconquête du pays qu’à partir d’octobre, quand les premiers renforts d’importance arrivent de la métropole. Le gouvernement français entame des négociations avec les autorités locales pour maintenir le territoire au sein de l’Union française récemment créée.23 Ces négociations sont toutefois interrompues par le bombardement du port de Haiphong en novembre 1946, provoquant une

19 Fleury 2003 : 11.

20 Broche 2003 : 369-371.

21 Notin 2010 : 445-453.

22 Windrow 1998 : 3.

23 Fleury 2003 : 121-147.

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insurrection à Hanoï en décembre. C’est le premier pas de la guerre d’indépendance lancée contre les Français.24

Après les épreuves de la guerre et de l’occupation, la France n’est pas préparée à mener un conflit armé dans un coin lointain de la planète. Elle envoie néanmoins des renforts considérables en Indochine (115 000 soldats en 1947, 240 000 en 1950) pour maintenir le territoire sous autorité française. Cette concentration de forces, composée également des anciennes troupes gaullistes comme la 13e demi-brigade de la Légion étrangère,25 permet de remporter quelques victoires, mais les forces communistes se lancent dans une guérilla infligeant de sensibles pertes aux troupes régulières françaises. Les efforts de guerre vietnamiens sont soutenus par la Chine communiste qui envoie des instructeurs et des matériels militaires. Par conséquent, l’armée française subit une série de revers dans la défense des routes coloniales tandis que l’opinion publique française se montre de plus en plus hostile à la guerre d’Indochine sous l’influence du Parti communiste.26

La faiblesse économique et militaire de la France contribue aussi aux pertes de plus en plus lourdes des troupes françaises. En même temps, l’indifférence de la population mine les tentatives des autorités de trouver de nouvelles recrues. En conséquence, l’état-major se trouve dans une situation difficile déjà en 1948, car il manque 10 000 hommes pour mener des opérations contre les troupes vietnamiennes.27

L’établissement du Bataillon d’infanterie légère d’outre-mer

Parmi ces circonstances particulières, les autorités pensent à une solution peu ordinaire : l’utilisation des collaborationnistes passant de lourdes peines de prison, susceptibles de participer au combat contre les communistes vietnamiens en Indochine. Le 27 mai 1948, le ministre de la Justice informe les directeurs régionaux de l’administration pénitentiaire que les détenus, se portant volontaires pour combattre en Indochine, peuvent se présenter à l’administration. Le 6 juillet, le ministère de la Guerre renseigne l’état-major de l’armée de l’établissement d’une unité composée des prisonniers politiques destinée à être déployée dans le cadre du Corps expéditionnaire. Le recrutement commence aussitôt dans les prisons, seuls les volontaires physiquement aptes sont acceptés. Les candidats retenus ne bénéficient pas d’amnistie, mais uniquement d’une

24 Bonnecarrère 2006 : 57.

25 Comor 2013 : 286.

26 Windrow 1998 : 4-6.

27 Fleury 2003 : 282-283.

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suspension de peine. Malgré cette promesse peu généreuse, la possibilité attire plus de 4 000 détenus selon certaines sources.28

En même temps, les principales figures de la collaboration ne peuvent pas participer à cette entreprise, car les condamnés à perpétuité sont refusés et ceux, condamnés au maximum à 15 ans d’emprisonnement, ne sont retenus qu’exceptionnellement. Le contrat d’engagement des volontaires retenus est signé après l’examen médical et est conclu pour une durée de trois, quatre ou cinq ans selon l’importance de la peine.29 Pour assurer l’aptitude physique, l’âge limite des volontaires est fixé à 33 ans, en même temps les volontaires de 33 à 40 ans peuvent être acceptés, mais ces derniers sont envoyés sur l’île de Madagascar pour participer à la reconstruction après l’insurrection malgache de 1947.30

Ainsi qu’un des prisonniers politiques se souvient : « En mai 1948, le Garde des sceaux fit demander dans les prisons la liste de ceux qui éventuellement seraient désireux de racheter leur faute en contractant un engagement dans l’armée d’Indochine. […] Beaucoup acceptèrent : que ne ferait-on pour sortir de prison ».31

À la suite de la décision politique, l’état-major de l’armée française a l’intention d’établir une demi-brigade à trois bataillons (environ 3 000 hommes) à partir des anciens collaborateurs se trouvant dans les prisons françaises. Dans un premier temps, on ne crée qu’un seul bataillon, nommé Ier bataillon d’infanterie légère d’outre-mer dont l’encadrement est assuré par 29 officiers 109 sous-officiers venant des Troupes coloniales.32 Le bataillon qui existe officiellement à partir du 1er juillet 1948 est établi à Fréjus, au camp Gallieni. Il est placé sous les ordres du chef de bataillon Clausse qui entame un sérieux travail de recrutement dans les prisons gardant des prisonniers politiques en grand nombre (Struthof, Sorgues, La Vierge, Fontevrault, Clairvaux, etc.). Les volontaires passant l’examen médical sont recensés et dirigés vers le camp de Fréjus au mois d’octobre où leur recrutement commence aussitôt.33 Cette activité, réalisé sous le commandement du capitaine Roger Tap, le commandant de la 1re compagnie du BILOM, se déroule sans difficultés grâce aux connaissances préalables des engagés. Le capitaine forme une compagnie constituée de trois sections d’infanterie et d’une section lourde.34

Les nouveaux groupes de volontaires n’arrivent au camp qu’avec un retard important au mois de novembre. Ce retard s’explique par une

28 Forbes 2005 : 695-696.

29 Deloncle 2004 : 183.

30 Muelle 1990 : 33.

31 Labat 2006 : 442.

32 Muelle 1990 : 33.

33 Forbes 2005 : 701.

34 Muelle 1990 : 43-47.

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campagne de presse lancée par le Parti communiste contre le projet d’une unité composée d’anciens collaborateurs. Le gouvernement cède à la pression et cesse le recrutement en faveur du BILOM. En même temps, l’armée a besoin de ces soldats en Indochine, ainsi l’état-major essaye de sauver au moins la partie déjà établie de l’unité et ordonne l’embarquement de la 1re compagnie vers l’Extrême-Orient. Cependant, le bataillon doit laisser quelques officiers et sous-officiers à Fréjus pour accueillir et instruire les volontaires arrivant des prisons. Bien évidemment, le nombre de ces derniers ne sera pas trop élevé à cause du changement d’avis du gouvernement, mais ils sont destinés à constituer la 2e compagnie de l’unité. Par ces actions, l’armée essaye de sauver au moins quelques centaines de volontaires, mais le projet d’établissement d’une demi-brigade, même celui d’un bataillon sont définitivement abandonnés.35

Cette décision cause une déception considérable auprès des prisonniers politiques dont la plupart espéraient pouvoir quitter la prison en servant leur patrie. Selon un témoin : « Tous attendaient le départ proche, impatients de servir, sans arrière-pensée, conscients de leur seule volonté de dévouement. Suivant la devise des scouts, ils étaient » prêts «.

Aucun ne fut appelé ».36

Les combats du BILOM en Indochine

Le 11 décembre 1948, la 1re compagnie de l’unité s’embarque sur le paquebot Pasteur avec 8 officiers, 25 sous-officiers et 148 hommes. La troupe débarque à Saigon le 27 décembre pour être dirigée vers le camp Petrusky où les soldats sont inspectés par le général Alessandri qui tient un discours pour les hommes : « Vous êtes une unité très particulière, tout le monde va vous regarder, vous observer. Je sais qui vous êtes, vous êtes venus en Indochine comme volontaires, pour vous racheter. De votre comportement dépend votre avenir, votre réhabilitation. Comporter-vous bien, battez-vous bien, cela seulement compte ! ».37

La compagnie, privée de l’état-major du bataillon muté ailleurs, est envoyée au Cambodge. L’unité placée sous le commandement du capitaine Tap est responsable de la sécurité d’un secteur autour de Kompong Trach entre le 3 janvier et le 17 mars.38 La troupe participe à plusieurs opérations de nettoyage, de protection de convois et d’intervention pendant lesquelles elle subit ses premières pertes. En même temps, le comportement des volontaires lors de ces opérations prouve la valeur

35 Ibid., 54-55.

36 Labat 2006 : 441.

37 Muelle 1990 : 64-65.

38 Forbes 2005 : 702.

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combattante de cette unité spéciale. Peut-être ce fait contribue au transfert de la compagnie au sud de l’Annam, dans le secteur de Nha Trang où, en relevant des tirailleurs sénégalais, elle doit assurer la défense du territoire à partir du village Ba Ngoï avec l’aide de partisans moïs. Cette mission consiste en des patrouilles, des embuscades, des opérations de ratissage, des ravitaillements de postes, des escortes de convois, etc. Le climat spécial et les maladies tropicales rendent difficile la vie des soldats. Malgré ces difficultés et le danger constitué par l’ennemi, l’unité gagne une réputation solide aupres de l’état-major du Corps expéditionnaire.39

Pendant cette même période, la 2e compagnie du BILOM est constituée en France. A cause du changement politique la plupart des candidats sont refusés et seulement de petits groupes de volontaires sont dirigés au camp d’instruction. Le gouvernement menacé par une campagne de presse communiste essaye d’éloigner l’unité compromettante de la métropole, ainsi la compagnie est embarquée vers l’Indochine très rapidement. La troupe ne compte que 2 officiers, 6 sous-officiers et 57 hommes quand elle quitte la France le 6 avril. En même temps, 5 sous-officiers et une quarantaine d’hommes restant dans le camp de Fréjus pour accomplir leur instruction doivent rejoindre l’unité ultérieurement.

Arrivée en Indochine le 8 mai, la 2e compagnie sous les ordres du capitaine Bégué est déployée dans le même secteur que la 1re compagnie.

Ce regroupement est le signe de la confiance de la part du commandement, mais elle se manifeste d’une autre façon aussi. 5 membres de l’unité (anciens détenus politiques) sont transférés dans un autre secteur comme sous-officier où ils doivent encadrer des groupes de partisans. En remplaçant des cadres au sein de la 15e compagnie de partisans, ils doivent agir d’une manière plus ou moins autonome à cause de la distance géographique considérable. On peut en conclure que par cet acte les soldats du BILOM sont traités comme des membres à part entière de l’armée française en Indochine.40

Les membres de l’unité reçoivent d’autres récompenses aussi. En juin 1949, le BILOM est officiellement dissout et ses compagnies sont transformées en 1re et 2e Compagnies de Marche du Sud Annam (CMSA).

En stationnant à Khanh Hoa, la troupe reste sous le commandement de ses propres chefs (les capitaines Tap et Bégué). Après six mois de service, ce changement marque la fin de la période de stage probatoire pour les soldats dont huit sont décorés de la Croix de guerre. Le capitaine Tap annonce lors de cette transformation :

« Votre stage d’épreuve est terminé, vous voilà soldats à part entière dans des unités régulières du Corps expéditionnaire. Il n’y a

39 Muelle 1990 : 101-102. ; Forbes 2005 : 702.

40 Muelle 1990 : 128-130.