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I. 2. 2. Sándor Bródy et la littérature française

I. 3. Le séjour parisien de Zoltán Ambrus en 1885–1886

Zoltán Ambrus part pour Paris au début du mois de juin 1885154 d’après nos recherches155, avec la promesse du rédacteur en chef concernant ses futurs revenus, en tant que journaliste et correspondant du journal Nemzet [Nation] de Budapest. Son travail de correspondant consiste à donner des nouvelles concernant les événements politiques et

151 Voir le numéro spécial de la revue A Hét [La Semaine] consacré à Émile Zola en 1902.

152 Voir le numéro spécial de la revue A Hét [La Semaine] consacré à Guy de Maupassant en 1893. Nestor [Ambrus Zoltán] : « Guy de Maupassant », 1892/113–115. « Maupassant meghalt », 1893/196.

153 Voir Sándor Kálai, op. cit., p. 105.

154 Pour sa biographie et son œuvre, voir Gizella F. Ambrus – Zoltán Fallenbüchl, Egyedül maradsz… Ambrus Zoltán élete és munkássága [Solus eris… La vie et l’œuvre de Zoltán Ambrus], Debrecen, Csokonai Kiadó, coll.

« Csokonai Literatúra Könyvek », 2000, 224 p. Selon la même source, avant son séjour parisien, Ambrus a déjà visité l’Allemagne, l’Angleterre et la Belgique. Voir les détails de ses voyages européens et les résultats de nos recherches dans l’Annexe.

155 Son passeport gardé dans son fonds d’archives date du 3 juin 1885. La lettre de livraison de ses bagages est datée le 17 juin 1885. Voir le Fonds 471 à la Bibliothèque nationale Széchényi.

culturels parisiens dans ses articles. Pendant son voyage, il passe quelques jours à Vienne et arrive à Paris156 dans les premiers jours du mois de juin 1885. Dans son fonds d’archives, gardé à la Bibliothèque nationale Széchényi, la lettre de livraison de ses bagages, datée du 17 juin 1885 et expédiée à son adresse parisienne, au 13 rue de Constantinople, précise les détails de son voyage157. Pendant les premières semaines, il découvre la ville à l’aide du livre intitulé Paris Guide par les principaux écrivains et artistes de la France, comptant plus de 2000 pages dans 2 tomes158. Mais il doit aussi travailler et rédiger ses chroniques parisiennes : il les écrit sous les titres de Párisi levél [Lettre parisienne] et Levél Párizsból [Lettre de Paris]. Le rédacteur en chef du journal Nemzet [Nation], Imre Visi lui donne des retours concernant ses premières chroniques parisiennes : il est d’accord avec lui concernant son avis sur le roman Bel-Ami de Maupassant. Nous citons ici la lettre de créance de la part du journal, datant du premier juillet 1885 où son séjour parisien commence officiellement :

« La Rédaction du journal Nemzet (bi-quotidien, politique et littéraire) déclare par la présente qu’elle a chargé son collaborateur, M. Zoltán Ambrus, de la représenter à Paris et de lui envoyer les informations et des articles sur les évènements politiques et littéraires en France.

Les autorités et les personnes auxquelles le correspondant du Nemzet s’adressera dans l’interêt de son service sont priées de vouloir bien lui accorder un accueil cordial et de lui faciliter l’accomplissement de sa tâche. Budapest, le 1. Juillet 1885. Maurice Jókai, Directeur. Emerich Visi, Rédacteur en chef »159

Il habite dans un appartement d’un immeuble du Quartier de l’Europe, dans le 8e arrondissement160. Selon la publicité immobilière, il s’agit d’une « Grande maison meublée de l’Europe, Appartement de famille Bresson, Rue de Constantinople Rue de Naples, Quartier de l’Europe, près de la Gare St. Lazare »161. Cet immeuble fournit des impressions fortes à Ambrus : il y règne une vie tourmentée et toujours intéressante162. Le jeune écrivain y est près

156 Notons sur ce point que Zoltán Ambrus parle l’allemand, l’anglais, le français et l’italien.

157 Voir la partie Documents personnels dans le Fonds Zoltán Ambrus : Fonds 471 à la Bibliothèque nationale Széchényi.

158 Voir sur le lien suivant : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k200159t.image (consulté le 15 avril 2021)

159 La lettre d’Imre Visi à Zoltán Ambrus, le 11 juillet 1885, lettre num. 14, in Ambrus Zoltán levelezése [La Correspondance de Zoltán Ambrus], Budapest, Akadémia, 1963, p. 38.

160 Notons que plusieurs auteurs français importants pour Ambrus, comme Émile Zola, Gustave Flaubert ou Guy de Maupassant habitent pendant une certaine période de leurs vies cette partie de Paris rive droite. Voir Gilles Schlesser, Promenades littéraires dans Paris. 500 adresses habitées par les mots, Paris, Parigramme, 2017, 287 p. Françoise Besse, Paris vu et vécu par les écrivains. Paris by its writers, Paris, Parigramme, 2016, 127 p.

Paris sera toujours une fête. Les plus grands auteurs célèbrent notre capitale, préfacé par Danielle Mérian, Paris, Gallimard, coll. Folio, 2016, 125 p.

161 Le texte de l’annonce immobilière est citée par Gizella F. Ambrus – Zoltán Fallenbüchl, op. cit., p. 38.

162 Voir les passages suivants de son roman Midas király [Le Roi Midas] (1891–92, 1906) qui font référence au Quartier de l’Europe : „A Place de l’Europe-on kocsisor kocsisort keresztezett; mintha ez volna a városrész szíve, ahol minden ér összefut, hogy újra szétváljanak. A Rue d’

Amsterdam meg a Rue de Rome, mint két óriási hangyaboly, csupa nyüzsgés volt. Az emberár egyre sűrűbben hömpölygött rajtok. Akármerre nézett, csak vágtató lovakat és siető embereket látott. Az omnibuszok zsúfolva.

És elhatott hozzá a nagyváros zaja.” […] „A Rue de Naples nappal is csöndes és elhagyatott. Ebben a pillanatban

des cafés, des variétés, des théâtres et de l’Opéra de Paris, c’est donc un lieu idéal pour un correspondant qui doit tenir compte de la vie culturelle parisienne163. Il habite d’abord au quatrième étage, puis à l’entresol et y reste tout au long de son séjour parisien, en dehors de ses vacances d’été passées à Trouville.

Son emploi du temps parisien est agréable pendant l’été. C’est dans sa lettre inédite, adressée à sa famille le 8 août 1885 qu’il en parle en utilisant plusieurs expressions françaises :

« ...lever du jour à 11 heures, jusqu’à 13 heures, le grand lever de Monsieur. 13–14 heures : Duval chapon rôti, salade de laitue avec vents, une ambiance gaie, dessert, rêverie vers la patrie, café noir. 14–18 heures : promenade et bibliothèque, parfois le Bois de Boulogne.

Rêverie longue, fumer du tabac (10 cents), projets de jeunesse, café au lait, souvenirs heureux.

19 heures : déjeuner de 4 francs dans l’avenue de l’Opéra. 20–23 heures : ramasser de la matière pour les chroniques dans les cafés L’Alcazar, Les Ambassadeurs et L’Horloge, chanter ensemble des refrains des chansonnettes, flirtation avec une petite noire aux yeux rêveurs, rédaction des chroniques. 23–24 heures : café, journaux, correspondance. 24 heures : à la maison, petit appartement sombre qui va être remplacé par un plus lumineux. Jusqu’à 2 heures du matin : science, littérature, quelques idées et beaux rêves »164.

Hormis cette lettre, gardée dans son fonds à la Bibliothèque nationale Széchényi, il y a aussi quelques documents (factures d’hôtel) qui montrent bien les habitudes et les préférences parisiennes d’Ambrus. Ainsi, la facture de 53 francs de l’Hôtel de l’Orient (6 et 8, Rue Daunou) datant des 15–19 septembre 1885 nous renseigne sur les plats et les boissons qu’il prenait. Nous savons aussi que l’actrice Mari Jászai logeait au même hôtel lors de ses visites parisiennes, il y a une facture datant des 22–26 juillet 1885 qui en témoigne165.

En effet, ce mode de vie n’est pas tenable pendant longtemps, mais Ambrus n’a que 24 ans et il sait très bien qu’il n’aura pas bientôt l’occasion de revenir à Paris. Il veut donc tout voir, ce sont avant tout les théâtres qui l’intérèssent. Sur ce point, c’est sa correspondance qui nous renseigne de nouveau : il assiste à onze actes le même jour au Théâtre de la Renaissance et à l’Odéon, pour les opérettes il fréquente l’Opéra Comique et le Théâtre de la Gaité166. Il

csupa feketeség volt az egész utca.” Voir sur ce lien : https://mek.oszk.hu/05200/05286/05286.htm

163 Pour les ateliers d’artistes dans son entourage (par exemple celui de Nadar au 35 boulevard des Capucines), voir Jean-Claude Delorme – Anne-Marie Dubois, Ateliers d’artistes à Paris, photographies de David Boureau, Paris, Parigramme, 2015, p. 40. et p. 54–57.

164 Voir ibid., p. 39. Voir le texte intégral de cette lettre inédite, dont les expressions françaises sont en italique dans notre texte, dans le recueil suivant : Mije lehetek én önnek? Ambrus Zoltán és Jászai Mari levelezése 1885–

1926 [Qui suis-je pour vous ? La correspondance de Zoltán Ambrus et de Mari Jászai 1885–1926], recueillie, rédigée, annotée et introduite par Attila Buda et Rita Ackermann, traduction hongroise des passages français par Enikő Bauernhuber, Budapest, Ráció, 2021. [avant parution]

165 Voir la partie Documents personnels dans le Fonds 471 à la Bibliothèque nationale Széchényi de Budapest.

166 Voir sa lettre adressée à Mari Jászai, le 27 septembre 1885, in Ambrus Zoltán levelezése [La correspondance de Zoltán Ambrus], éd. cit, lettre num. 19, p. 43.

visite aussi les musées, les galeries et les bibliothèques, avant tout la Bibliothèque Nationale, et fréquente les cours de la Sorbonne et du Collège de France.

En automne 1885, il commence déjà à penser à ses études de droit à Budapest, mais il s’intéresse aussi à la vie sociale de Paris. Une importante colonie hongroise vit à l’époque dans la capitale française : peintres, intellectuels, scientifiques, hommes d’affaires et voyageurs. Parmi les amis parisiens d’Ambrus, nous trouvons encore le peintre János Temple167, l’historien Lajos Thallóczy, l’historien de littérature et professeur du Collège Rollin, Ignác Kont, le sous-lieutenant Imre Greguss, un certain Jules Lichter, l’homme politique Géza Papp, le député Pál Ruffy, Attila Szemere et Ignác Weingruber qui sont les personnes dont les noms figurent dans sa correspondance parisienne, encore inédite d’après nos recherches. Il rencontre aussi son beau-frère, le professeur József Mihályi qui passe quelques semaines à Paris lors de son voyage européen168. Mais parmi ses amis, nous trouvons majoritairement des peintres, ce qui forme sa vision du monde et exerce une influence décisive sur son art d’écrire. Essentiellement, c’est la correspondance journalière qui assure un contact sûr et perpétuel avec Budapest : il est au courant de tout, grâce aux lettres de sa famille et à celles de l’actrice hongroise Mari Jászai.

Il rédige assidûment ses chroniques parisiennes169, mais cela lui demande aussi de mener une vie coûteuse. Il doit donc se décider concernant sa carrière : pratiquer l’écriture ou continuer ses études. Du point de vue financier, il est obligé d’écrire, car cela lui assure une certaine existence, mais pour pouvoir rédiger ses chroniques, il a besoin de fréquenter les théâtres et connaître les actualités de la vie littéraire parisienne. Même s’il écrit et envoie régulièrement ses articles au journal Nemzet [Nation], son salaire n’arrive pas à temps, et c’est seulement sa famille qui peut l’aider : le soutien financier de son oncle, Gyula Spett lui compte beaucoup. Du fait de cette situation incertaine, sa quinzième et dernière chronique parisienne paraît le 4 décembre 1885 dans le journal. C’est un travail de six mois qui arrive ainsi à sa fin. Mais cette période lui offre de nouvelles amitiés, et beaucoup de nouvelles connaissances littéraires et artistiques. Il passe le réveillon de la Saint Sylvestre de 1885 à Paris. Curieusement, d’après sa correspondance, il est difficile de préciser jusqu’à quand il reste à la capitale française. Selon l’article de sa fille, Gizella Ambrus, il retourne en Hongrie

167 D’après nos recherches, voir une carte postale inédite du peintre János Temple (1857–1931) adressée à Zoltán Ambrus qui se trouve dans son fonds d’archives et qui prouve leur amitié : „Monsieur Ambrus Zoltán / 14 rue Constantinople / Paris / Kedves Barátom / Igen örvendenénk, ha holnap (szerdán) ½ 8 óra tájban megszerencséltetnél. Egy parti tarok, egy csésze thea. Ölel barátod, Temple”. Voir Fonds 471, à la Bibliothèque nationale Széchényi.

168 Voir Gizella F. Ambrus – Zoltán Fallenbüchl, op. cit., p. 40.

169 Concernant ses expériences parisiennes, voir la monographie rédigée par sa fille et son petit fils, ibid., p. 38–

45.

en février 1886170. Ce qui est sûr, c’est qu’il est de nouveau à Budapest au tournant des mois de mars–avril 1886 et passe les fêtes de Pâques avec sa famille171. D’après nos recherches dans le Fonds Zoltán Ambrus, il arrive déjà à la fin du mois de janvier à Budapest, le lundi 25 janvier 1886, selon une lettre familiale encore inédite172.

Il est important de noter que Ambrus visite Paris pour la deuxième fois lors d’un voyage en janvier 1907. Selon la monographie de l’écrivain, il s’agit de son ancien projet de revisiter Paris car il y a été il y a plus de 20 ans173. Pendant les 6–8 semaines qu’il y passe, il habite dans un hôtel modeste, dans l’Hôtel Adelphi de la rue de Taitbout. Il y travaille, rédige ses articles pour les journaux de Budapest, mais avec le temps froid, il attrape un rhume ce qui l’oblige de se reposer dans sa chambre d’hôtel174. Dans ses lettres adressées à sa famille, il constate que Paris a beaucoup changé. En janvier 1907, il envoie également quelques lettres à sa deuxième femme, la cantatrice Etelka Benkő qui sont publiées dans sa correspondance en 1963. Il fréquente des brasseries parisiennes pour rédiger ses articles pour le journal Fidibusz, afin decorriger ses écrits pour l’éditeur Révai pour ses œuvres complètes175 et pour écrire ses lettres à sa famille. Dans sa lettre datée du 29 janvier 1907 du Café Restaurant de la Paix (5, Place de l’Opéra Paris), il donne quelques nouvelles concernant son retour : il fera son voyage via Munich et Vienne où il se reposera176. D’ailleurs, il y a un seul récit court qui résulte de ce deuxième voyage parisien qui a pour titre A határállomáson [A la frontière] (1907). Il y

170 Voir Gizella F. Ambrus, « Ambrus Zoltán [Zoltán Ambrus] », in Irodalomtörténet, 1961, p. 143.

171 Selon les notes biographiques rédigées par son petit-fils, Zoltán Fallenbüchl, et gardées dans le Fonds Zoltán Ambrus à la Bibliothèque nationale Széchényi : „Kintmaradása eredetileg két évre volt tervezve. Tanulni ment ki; ott készült a jogi doktorátusra. Csak vizsgázni akart hazajönni, azután megint visszament volna. Hogy hamarabb jött haza, annak valószínűleg az volt az oka, hogy a Nemzet-tel, amelynek munkatársa volt, ellentétei támadtak. Nem kapta meg tárcáiért a honoráriumot, ezért megszakította az összeköttetést a lappal. Otthonról nem kaphatott annyit, amennyiből megélhetett volna – ezért kellett hazajönnie.”

172 Notons que selon une lettre encore inédite qui se trouve dans le Fonds Zoltán Ambrus à la Bibliothèque nationale Széchényi, Ambrus arrive à la fin du mois de janvier 1886 à Budapest : Ambrus Mária – [Ismeretlen]

Irénnek; Budapest, [1886.] január 28., voir OSZK, Fond 471. Fonds Zoltán Ambrus. Le 28 janvier 1886 tombe sur un jeudi, Ambrus arrive donc le lundi 25 janvier 1886 de Paris à Budapest. Voir dans le recueil suivant : Mije lehetek én önnek? Ambrus Zoltán és Jászai Mari levelezése 1885–1926 [Qui suis-je pour vous ? La correspondance de Zoltán Ambrus et de Mari Jászai 1885–1926], éd. cit. [avant parution]

173 Voir encore concernant son deuxième voyage à Paris en 1907, le carnet « Életrajzi adatok [Données biographiques] » en manuscrit, rédigé par sa fille Gizella Ambrus, dans le Fonds 471 à la Bibliothèque nationale Széchényi et les propos de la lettre de Zoltán Ambrus : „Páris most is elszédített – mintha most látnám először.

(Különben megváltozott azóta, hogy itt voltam.) Annyira elszédített, hogy még most sem győztem betelni a bámészkodással és barangolással. Egész nap az utcán járok s ez annyira elszórakoztat, hogy minden nap úgy múlik el, mint egy rövid óra, (Képzeljétek! Még Lemallier bácsinál és Gougy bácsinál se voltam, csak messziről láttam a boltjaikat!) és még sokfelé nem jártam. Egy hétbe kerül, míg bejárom ezt a várost. […] Nagyon örülök, hogy ide jöttem és nem mentem máshová. Azt remélem, az író hasznát fogja látni ennek a kirándulásnak. […]

Hogy töltöm az időmet? majd elbeszélem. Sokkal több az elbeszélnivalóm, semhogy leírhatnám.”

174 Voir ibid., p. 118.

175 Notons que 4 tomes de ses œuvres complètes sont publiés cette année.

176 Voir les lettres num. 180 et 181, in Ambrus Zoltán levelezése [La correspondance de Zoltán Ambrus], éd. cit., p. 159–160. Cité également part Attila Buda, Milyen a nyár Amherstben. Esszék, tanulmányok források, Budapest, Ráció, 2017, p. 258–259.

raconte, à travers l’exemple d’un professeur âgé, le fait qu’il est difficile de faire ses bagages pour un voyage. Il est intéressant de remarquer que Zoltán Ambrus part avec une seule valise et rentre avec deux à Budapest : même s’il n’achète pas tant de choses à Paris, il n’arrive pas à mettre ses affaires dans une seule valise.

1. 3. 1. La correspondance parisienne de Zoltán Ambrus

Dans la correspondance de Zoltán Ambrus, publiée par la maison d’édition de l’Académie des Sciences de la Hongrie en 1963177, nous pouvons lire effectivement plusieurs lettres qu’Ambrus a envoyées de Paris à Budapest, lors de son premier séjour parisien. Il entretenait une correspondance essentiellement avec sa famille, ses amis et la rédaction du journal Nemzet [Nation].

Dans cette correspondance parisienne publiée (mai 1885–janvier 1886), contenant quelques lettres, nous pouvons lire des lettres de la part de son oncle Gyula Spett (le 26 mai 1885, encore avant le voyage)178 et de son ami Andor Kozma (4 juillet 1885)179. La majeure partie de cette correspondance parisienne est constituée des lettres échangées avec l’actrice hongroise, Mari Jászai (1850–1926). Dans la correspondance publiée en 1963, il s’agit de huit lettres envoyées par Zoltán Ambrus à Mari Jászai et sept lettres adressées par Jászai à Ambrus dont seulement trois lettres180 ont été rédigées par Jászai et dont quatre lettres181 ont été envoyées par l’écrivain à l’actrice lors du séjour parisien d’Ambrus. En effet, dans le fonds d’archives de Zoltán Ambrus, gardé à la Bibliothèque nationale Széchényi, nous pouvons consulter une correspondance inédite très passionnante entre eux dont quelques lettres ont déjà vu le jour en 2019, grâce au travail de chercheur d’Attila Buda182. Du point de vue des expériences parisiennes de Zoltán Ambrus, ses lettres envoyées à l’actrice Mari Jászai sont les plus informatives : il y parle de ses soirées de théâtre, de ses sorties culturelles, de ses visites de musées et de galeries, de ses grandes promenades parisiennes, de ses lectures etc.

Pour ce qui est plus précisément du contenu de ses lettres, Ambrus lui parle d’une représentation de Macbeth à l’Odéon (lettre du 9 septembre 1885)183 et loue le jeu de

177 Voir la version en ligne de sa correspondance sur ce lien : https://mek.oszk.hu/05900/05974/05974.htm (consulté le 15 avril 2020)

178 Voir la lettre de Gyula Spett adressée à Zoltán Ambrus, le 26 mai 1885, in Ambrus Zoltán levelezése [La correspondance de Zoltán Ambrus], éd. cit., lettre num. 12, p. 35–36.

179 Voir la lettre d’Andor Kozma adressée à Zoltán Ambrus, le 4 juillet 1885, in ibid., lettre num. 13, p. 36–38.

180 Voir les lettres de Mari Jászai dans la correspondance citée : lettres num. 15, 17, 20.

181 Voir les lettres de Zoltán Ambrus dans sa correspondance citée : lettres num. 16, 18, 19, 21.

182 Voir Attila Buda, « Korkülönbség nem akadály – Ambrus Zoltán és Jászai Mari levelezése [Différence d’âge n’est pas un obstacle – La correspondance de Zoltán Ambrus et de Mari Jászai] », in Kortárs [Contemporain], 2019/9, p. 85–96. Cet article publie une correspondance de six lettres entre Ambrus et Jászai.

183 Voir la lettre num. 16 dans La correspondance de Zoltán Ambrus, éd. cit., p. 40.

plusieurs acteurs de l’époque : Sarah Bernhardt, Thiron, Mauban dans Ruy Blas de Victor Hugo et Duflos dans Don Juan de Molière (lettre du 16 septembre 1885)184. Il y a des jours où il assiste à quatre actes au Théâtre de la Renaissance (Le sous-préfet de Nanterre, Procès Vauradieux), à sept actes à l’Odéon (Le Médecin malgré lui de Molière, La Nuit des rois, ou Ce que vous voudrez de Shakespeare) (lettre du 27 septembre 1885)185. Jászai, à son tour, lui raconte ses soirées de Budapest (lettre du 2 octobre 1885), lui parle par exemple du grand écrivain Mór Jókai et des pièces dans lesquelles elle joue (Antoine et Cléopâtre de Shakespeare)186. Ambrus lui décrit son hébergement dans sa lettre du 13 novembre 1885187 :

« J’habite dans une petite chambre splendide (elle est deux fois plus grande que l’ancienne) – elle est solenellement décorée et se trouve à l’entresol... »188.

En fait, ces lettres publiées ne dévoilent pas le caractère de cette correspondance en entier. En lisant les lettres inédites du fond d’archives, c’est probablement à la fois une amitié et un amour qui s’esquissent devant nos yeux, une histoire tourmentée de sentiments profonds, mais aussi de malentendus et d’intentions pas toujours réciproques. Il serait très intéressant de voir l’ensemble de ses lettres publiées avec des notes et des remarques précises, car cette correspondance pourrait apporter de nouvelles approches pour l’analyse de l’œuvre de Zoltán Ambrus, surtout pour mieux connaître ses centres d’intérêts, ses vues personnelles et son caractère. Les lettres de l’été 1885 nous informent d’ailleurs de leurs activités communes à Paris : ils se promènent ensemble dans des parcs et vont aussi au théâtre (aux

En fait, ces lettres publiées ne dévoilent pas le caractère de cette correspondance en entier. En lisant les lettres inédites du fond d’archives, c’est probablement à la fois une amitié et un amour qui s’esquissent devant nos yeux, une histoire tourmentée de sentiments profonds, mais aussi de malentendus et d’intentions pas toujours réciproques. Il serait très intéressant de voir l’ensemble de ses lettres publiées avec des notes et des remarques précises, car cette correspondance pourrait apporter de nouvelles approches pour l’analyse de l’œuvre de Zoltán Ambrus, surtout pour mieux connaître ses centres d’intérêts, ses vues personnelles et son caractère. Les lettres de l’été 1885 nous informent d’ailleurs de leurs activités communes à Paris : ils se promènent ensemble dans des parcs et vont aussi au théâtre (aux

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