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La majeure partie du fonds de Zoltán Ambrus est gardée dans le Département des Manuscrits de la Bibliothèque nationale Széchényi sous la cote Fonds 471776. Les documents de ce fonds d’archives sont entrés progressivement dans la collection de la bibliothèque nationale hongroise, car Zoltán Fallenbüchl y fut collaborateur pendant des décennies (1947–

1984) et c’est lui qui y déposa ce fonds de 1945 jusqu’à la fin de sa vie (2016).

L’inventaire détaillé et précis du fonds est réalisé par les chercheurs et historiens de la littérature Zsuzsanna Rózsafalvi et Attila Buda à partir de 2018777. Nous voudrions souligner que leur travail précieux apportait beaucoup à la réalisation de nos recherches. Quant à notre travail d’exploration, il est important de noter que dans l’Annexe, nous donnons une sélection des documents les plus importants consultés de et sur Zoltán Ambrus lors de nos recherches en 2018–2020, principalement en rapport avec la présence de la culture française et avec les relations littéraires franco-hongroises dans son œuvre.

En faisant des recherches dans ce fonds, nous pouvons donc dévoiler plusieurs détails importants et intéressants du point de vue des relations culturelles franco-hongroises. Ce fonds d’archives, gardé originellement dans plus de soixante boîtes, contient essentiellement des manuscrits et des notes autographes, des documents personnels, des découpages de journaux et d’autres documents précieux qui éclairent davantage la pratique d’écrivain, de journaliste et de directeur de théâtre de Zoltán Ambrus. Et c’est encore sa correspondance inédite, officielle et privée, avec des lettres écrites par et à Ambrus, qui occupe une place importante dans ce fonds riche et fort intéressant778. A l’origine, l’ensemble du fonds était gardé dans l’appartement de la rue Üllői et dans la maison familiale des Ambrus de Gödöllő, mais malheureusement, la majeure partie en a été détruite en 1944, lors de la Seconde Guerre mondiale et tout ce qui a pu être gardé a été donné par Zoltán Fallenbüchl à la Bibliothèque nationale Széchényi, comme Attila Buda en parle aussi dans son étude779.

776 Voir la liste des documents du Fonds Zoltán Ambrus dans l’Annexe.

777 Actuellement, la division du Fonds Zoltán Ambrus est élaborée par Attila Buda et sera publiée dans l’introduction du recueil suivant : Mije lehetek én önnek? Ambrus Zoltán és Jászai Mari levelezése 1885–1926 [Qui suis-je pour vous ? La correspondance de Zoltán Ambrus et de Mari Jászai 1885–1926], éd. cit. [avant parution]

778 Voir Attila Buda, « Háborús jegyzetek a Nyugatban és más lapokban 1914–1917 [Notes de guerre dans Nyugat et dans d’autres journaux 1914–1917] », in id., Milyen a nyár Amherstben, Budapest, Ráció, 2017, p. 255–256. ; Attila Buda, « Ambrus Zoltán Háborús jegyzetei a Nyugat-ban (1915–1917) [Les Notes de guerre de Zoltán Ambrus dans Nyugat (1915–1917)] ». http://real.mtak.hu/33328/1/BUDA_ambrus.pdf (consulté le 8 mai 2020)

779 Voir Attila Buda, « Korkülönbség nem akadály – Ambrus Zoltán és Jászai Mari levelezése [Différence d’âge

Concernant la vie et l’œuvre de Zoltán Ambrus, c’est d’ailleurs la monographie rédigée et publiée par sa fille, Gizella Ambrus et son petit-fils, Zoltán Fallenbüchl en 2000 à Debrecen qui dresse un panorama détaillé de l’ensemble de l’œuvre de l’écrivain780. Plusieurs versions précoces, manuscrites et dactylographiées, et aussi plusieurs exemplaires de cette monographie peuvent être consultés dans le fonds et il serait sans doute intéressant, dans les recherches à venir, de les fouiller et publier les détails inédits de ces versions prématurées781 qui pourraient encore modifier l’image que nous avons de Zoltán Ambrus.

D’après nos recherches, nous pouvons constater que le fonds de Zoltán Ambrus présente un document d’ensemble très varié. Manuscrits, lettres inédites, carnets de notes, documents personnels nous parlent de son fort dévouement pour les lettres françaises. Dans cette approche, un carnet de 1879 contenant ses notes de lectures (du 3 septembre au 31 octobre 1879) joue un rôle primordial. Nous asssistons à la pratique de lecture du futur écrivain en découvrant ses pensées et ses remarques critiques concernant ses lectures, majoritairement françaises. En automne 1879, Zoltán Ambrus a 18 ans et il lit énormément : dans son carnet, il traite Les Misérables (1862) de Victor Hugo sur 7 pages et s’intéresse avant tout à la figure du gamin parisien ; il lit aussi Balzac et note ses impressions concernant ses romans Eugénie Grandet (1833), Le Père Goriot (1835), Ursule Mirouët (1841), la Physiologie du mariage (1829), La Peau de chagrin (1831), Louis Lambert (1832), Séraphîta (1834) ou La Femme de trente ans (1842) ; il lit aussi Voltaire (Pensées sur l’administration publique, 1753), Hernani (1830) et Ruy Blas (1838) de Victor Hugo, le Mariage de Figaro (1784) de Beaumarchais, les légendes autour de la Chanson de Roland, les pièces populaires de l’époque et donne aussi des critiques des représentations théâtrales de Gustave Planche, d’Henri Meilhac et de Ludovic Halévy, de Théodore Barrière, d’Edmond Gondinet des théâtres budapestois. Il donne en marge les mots clés pour les citations originales consciencieusement notées, comme s’il aspirait à une sorte de recueil d’aphorismes.

A part la littérature française, il lit aussi de la littérature allemande (Goethe, Lessing), anglaise (Shakespeare, Dickens), italienne (Boccaccio) et espagnole (Cervantes). Il note ses impressions continuellement même plus tard et un dossier renferme ses notes de lectures de toutes sortes dans son fonds : les notes tirées des œuvres de ses contemporains hongrois comme István Tömörkény (1866–1917), Tamás Kóbor (1867–1942), Viktor Cholnoky (1868–

1912), Sándor Bródy (1863–1924) ou Béla Tóth (1857–1907) figurent à côté des passages

n’est pas un obstacle – La correspondance de Zoltán Ambrus et de Mari Jászai] », in éd. cit., p. 85–96.

780 Voir Gizella F. Ambrus – Zoltán Fallenbüchl, op. cit.

781 Voir les notes biographiques numérotées (530) par Gizella Ambrus et par Zoltán Fallenbüchl dans son Fonds.

notés d’une histoire littéraire de François Nisard, des œuvres de George Sand, d’Honoré de Balzac (Ursule Mirouët, 1841), de Théophile Gautier (Mademoiselle Maupin, 1835), d’Henry Beyle (De l’amour, 1822), d’Émile Zola (Une campagne, 1882), de Voltaire, d’Hippolyte-Adolphe Taine (de ses Essais de critique et d’histoire de 1866 sur Stendhal), de Gustave Flaubert (L’Éducation sentimentale, 1869 ; Bouvard et Pécuchet, 1881), d’Anatole France, de Jules Lemaître, d’Arthur Rimbaud ou de Sully Prudhomme.

Du point de vue de notre sujet, ce sont encore les documents liés à la traduction littéraire qui sont importants dans ce fonds. Comme nous avons déjà accentué, les œuvres d’Ambrus ont été traduites dans plusieurs langues, en allemand, en anglais, en italien, en français et même en espéranto. Les lecteurs de son temps pouvaient lire ses récits courts en allemand dans les journaux de Vienne, de Zürich, de Budweis, de Prague ; en anglais à New-York ; en italien à Fiume ; en français à Paris ; en espéranto à Stockholm. Son œuvre a donc franchi les frontières, comme les découpages de journaux en témoignent dans son fonds782. Ses traductions (les pages manuscrites de sa traduction de La Physiologie du goût de Jean-Anthelme Brillat-Savarin de 1912, un fragment de traduction de L’aîné de Jules Lemaître, sans date) ou bien ses notes concernant les traductions qui lui étaient chères (Germinal d’Émile Zola, 1907) sont également présentes avec les détails fort intéressants que nous avons déjà traités auparavant dans notre thèse et qui méritent d’être analysés encore davantage.

Dans son fonds, la majeure partie des documents est consitutée des coupures de journal, essentiellement français (Candide, Le Gringoire, L’Illustration, Le Magazine littéraire, Feuilleton du Temps). Les coupures de ses propres articles s’y trouvent également : ses premiers articles de Fővárosi Lapok [Feuilles de la Capitale], de Függetlenség [Indépendance], de Egyetértés [Accord], ses chroniques de Nemzet [Nation], ses comptes rendus de Pesti Napló [Journal de Pest]. L’autre grande partie est représentée par sa correspondance inédite, les lettres écrites à et par Ambrus : il s’agit majoritairement des lettres de famille, des cartes postales de ses voyages, des lettres adressées à ou reçues de ses amis-artistes, mais aussi de sa correspondance officielle liée à la publication de ses œuvres, à l’édition de ses traductions ou à la traduction possible de ses propres textes ou encore des lettres en relation avec sa période de la direction du Théâtre National de Budapest (1917–

1922). Un important ensemble de documents officiels (bons de commande, factures d’achats de livres) et personnels (son passeport, les documents de ses voyages en Europe) peut également y être consulté, montrant ses voyages européens ou son séjour parisien sous un

782 Voir les traductions de ses œuvres dans des périodiques étrangers de l’époque en détail dans l’Annexe.

éclairage nouveau783. Comme par exemple son passeport bilingue français-hongrois (num. 19330), daté du 3 juin 1885, avant son voyage pour Paris cette même année. Selon la description, le voyageur, qui est employé de bureau, travaillait chez Földhitelintézet [Crédit Foncier] à l’époque, était de taille moyenne, de visage ovale, aux cheveux blonds et aux yeux bleus. A part cela, le document ne contient pas d’autres données concernant ses voyages.

Il est important de souligner qu’une base de données récente portant sur les relations littéraires entre le France et la Hongrie784 met au jour quelques lettres du fonds d’archives qui sont en rapport avec les références françaises de l’œuvre de Zoltán Ambrus : une lettre de Louis de Vienne de 1928 en relation avec sa décoration française, une autre d’Henri Corbière de 1923 pour lui demander une maxime de vie, un échange de lettres (3) avec Henri Baudin de 1929 concernant sa nouvelle Le pêcheur et le marin et la possibilité de son adaptation cinématographique, un message amical de l’écrivain hongrois Ferenc Molnár de 1928 avec un ruban de Paris pour le féliciter pour sa décoration de la croix de Chevalier de la Légion d’Honneur, figurent parmi les lettres publiées. Il s’agit donc de quelques lettres importantes qui montrent les rapports français de l’œuvre de Zoltán Ambrus.

En présentant son fonds, il est aussi important de regarder de plus près l’opinion de ses contemporains et leurs avis sur Ambrus à l’occasion de son 70e anniversaire en 1931, une année avant sa mort. Ces hommages sont aussi recueillis dans un dossier dans son fonds785. Plusieurs écrivains-journalistes hongrois rendent hommage à Ambrus et soulignent différents côtés de son caractère et de son œuvre dans les colonnes des journaux hongrois prestigieux.

L’hommage le plus beau, c’est sans doute celui de l’écrivain Dezső Kosztolányi (1885–1936) qui le loue dans les colonnes de la revue Új Idők [Temps nouveaux] : il le nomme le maître du goût, le champion de la pensée, l’artiste pur des lettres qui a ciselé son caractère grâce à l’esprit français. Il en apprend tout ce qui est propre à la culture latine : la raison créatrice, la mesure, la sévérité modérée, la noblesse – en somme, tout ce qui est impossible à apprendre, donc tout cela fut en lui, il en a juste pris conscience, selon Kosztolányi786. Dans le journal A Toll [Le Stylo], Zoltán Ambrus est considéré comme le dernier grand gardien de la culture hongroise, une personne saisissante avec une œuvre saisissante et une vie frappante par sa

783 Voir en détail dans l’Annexe.

784 Voir Les relations littéraires entre la France et la Hongrie au XXe siècle, base de données éditée par Anna Tüskés. Institut d’Etudes Littéraires de l’Académie Hongroise des Sciences, 2016–2020.

https://frhu20.iti.btk.mta.hu/levelek/ambrus-zoltan/ (consulté le 7 mai 2020)

785 Voir en détail dans l’Annexe.

786 Cf. „az ízlés mesterének, a gondolat bajnokának, a betű tiszta művészének tisztelünk” ; „A francia szellemen csiszolódott.” ; „Azt tanulta meg, ami a latinság mély mivolta: az alkotó értelmét, az arányt, az önfékező szigort, az előkelőséget, azt, ami voltaképpen megtanulhatatlan, azt, ami már benne volt s ott csak öntudatra ébredt.”, in Dezső Kosztolányi, « Zoltán Ambrus », in Új Idők [Temps nouveaux], le 22 mars 1931, p. 388.

sensibilité artistique787. Dans le journal Ország-Világ [Pays et Monde], on parle du concept du roman Midas király [Roi Midas] en tant que valeur équivalante de Madame Bovary en traduction hongroise788. L’œuvre littéraire et la traduction les plus importantes à retenir se rejoignent donc dans cet hommage important. Dans le quotidien Népszava [Mot du Peuple], on compare Ambrus à Anatole France et on parle de lui comme de son seul frère dans la littérature mondiale789. Dans le journal Pesti Futár [Courrier de Pest], on le nomme même le Anatole France hongrois qui peut être mesuré seulement avec Stendhal ; on le prend pour l’homme le plus cultivé, le critique le plus grand et un classique ancien de l’école de Brunetière et de Sarcey790. Dans Az Est [Le Soir], on le salue pour son 70e anniversaire et pour le 50e anniversaire de sa carrière d’écrivain sur la une du numéro du 8 mars 1931. L’article met en relief avant tout la pureté suprême de son style et de sa personnalité, il s’agit donc d’un bel hommage pour cet événement important de sa vie. Aurél Kárpáti, dans les colonnes de Pesti Napló [Journal de Pest] où Ambrus publiait ses comptes rendus dans les années 1920, loue l’écrivain avant tout pour la vitalité de ses écrits et saisit bien l’importance et le caractère de son activité de prosateur hongrois791. Une année plus tard, plusieurs articles paraissent pour annoncer son décès avec de beaux hommages792.

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