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hélas! il paya cher la faute de fa

In document A propos de ce livre (Pldal 23-34)

2 TESTAMErrr PoLITIQgg varication & de ſon péché. Voyons ce qui en eſt arrivée.

C H A P I T R E I I.

De la puiſſance donnée à l'homme par la Cupidité.

E fut le premier homme for

C

mé à l'image & reſſemblance du Créateur, qui commit le premier crime de leze Majeſté, de rebellion,

& d'infidélité, parce qu'il n’obéit pas à la puiſſance de Dieu fon Créa teur, n'obſerva pas fa loi, & enfin prefera fa propre volonté à celle de fon Souverain Maître, & s'éloignant par là de la droiture de fa raifon, il abuſa du pouvoir de fa volonté.

C'eſt par-là qu'il en courut la juſte fentence de mort; fans perdre ce pendant l'image & refſemblance de Dieu, & retint par conféquent & la droite raifon, & la libre volonté,

& le pouvoir fur les créatures, mais

hélas! il paya cher la faute de fa

* Du PRINCE RAKoczi. . . déſobéiſſance, puiſqu’il fut livré lui même à la puiſſance de fa cupidité,

& ce fut la loi du péché, que com

me il avoit fait en

:

, il

ne peut déformais plus dans la con duite de fa vie, & dans fes oeuvres agir par fes forces naturelles: mais

į:

la fuggeſtion de fa cupidité,

a droite raiſon devoit contenir la

volonté de l'homme fous ces deux loix, de faire aux autres ce qu’il vou droit qui lui fût fait, & de ne leur pas

faire ce qu'il ne voudroit pas qu'ils lui fiffent. Mais cetteloi fi équitable

de la droite raiſon fut tellement obf curcie, par la cupidité qu'il ne s’eſt trouvé après le péché du premier homme qu'un petit nombre de Pa triarches & d’Elus qui l’ayent gardée Par la cupidité cet amour pro pre, & défordonné dont l'hom me commença à s’aimer plus que la juſtice, il s'arrogea le pouvoir, mais un pouvoir illegitime & uſurpé de faire tout pour lui-même, & c'eſt là l’origine

:

ce criminel orgueil qui attaque la puiſſance de Dieu mê

A iiij

'ro TesTAMENT PoLITrque me fon Créateur, à qui feul appar tient de tout faire pour lui, & pour fa gloire. C’eſt ce malheureux pou voir dans l'homme, que la

::

té dépravée fuivant fon funeſte pen chant, après avoir obſcurci les fai nes lumieres de la raifon, étend plus

ou moins felon la meſure de fon

amour propre, mais il eſt illegitime, injurieux à Dieu, & l’homme droit eft tenu d’y réfifter.

Quand donc l’Apôtre dit que toute puiſſance eſt de Dieu, il en tend la puiſſance légitime don née de Dieu aux hommes, & non

l'illégitime que l’orgueil, l'amour

į:

& la cupidité, ce funeſte ruit du péché leur a donnée & à qui le faint Eſprit nous enfeigne par S.

Pierre, & S. Jean, de réfifter , lorf qu'ils difoient devant le confeil d’u ne puiſſance fouveraine: Qu'ils de voient obéir à Dieu plús-tot qu’aux

hommes.

Après avoir ainfi recherché les différentes fources de la puiſſan ce légitime qui vient toujours de

Dieu, & de

r::

qui provient

:

:

-,

:

DU PRINCE RAxocz1. ' I m

de la corruption de la nature, con fidérons l’hiſtoire du genre humain pour y démêler les oeuvres de Dieu, d’avec celles des hommes, delà cou

leront comme de leur fource les prin cipes de la puiſſance légitime felon lefquels l’homme chrétien doit com mander, & obéir.

L'infinie bonté de Dieu n'a pas voulu que le fil des exemples qui peuvent nous les démontrer

:

interrompu, mais fi nous les cher chions dans les hiſtoires propha

nes nous nous écarterions des oeuvres

de Dieu pour rechercher celles des hommes, & nous pourrions nous égarer dans les Ecritures mêmes fi nous ne nous attachions pas exaćte ment à l’hiſtoire & aux exemples des Patriarches, & du Peuple de Dieu.

Nous defcendrons

:

comme par dégré juſqu’à l’avenement de

no-tre Sauveur, au commencement ,

à la propagation & pour ainfi di re à l’établiſſement temporel de

fon Rovaume nous verrons les

oeuvres de la puiſſance l'égitime, &

- A vj

il Testament Politique. donnée de Dieu, & celles de là puissance illégitime, qui ne finira qu’avec l’esprit du monde, & la des­

truction du régné de l’Ante-Christ à la fin de siécles, où la véritable puissance du Roi des siécles triom­

phera sur ses ruines, & tous ses en­

nemis lui serviront de marchepied.

CHAPITRE III.

De la liberté de l'homme.

N

E craignons pas de dire, des choses contraires d’abord en apparence, mais cependant vraies,

& conformes , & disons qu’il n’y a point de légitime puissance sans li­

b

erté & que la vraie liberté ne peut subsister sans puissance quelle ne dé­

genere en licence. Nous avons vûe dans les articles précédens , que le Créateur a ordonné à la créature for­

mée à son image & ressemblance la puissance de la droite raison pour ré­

gir sa volonté & la puissance de la

nu Prince RAxocz. 13 même volonté, mais quoique favo lonté ait été filibre qu’elle ait pû ou tre-paſſer les bornes de la loi,ce n’eſt qu’en excédant la meſure de la vraie liberté qu’elle fe feroit chan gée en licence, puiſqu’en fuivant es impreſſions de fa raifon, elle au

roit touiours dû reconnoître la Sou

veraine puiſſance du Créateur, & par conſéquent de fa Loi, mais après qu'en s'éloignant de Dieu par une licentieuſe rebellion il eût perdu fa.

véritable liberté; au lieu de la jouiſ.

fance de la droite raiſon à qui il au roit dû être foumis, il tomba lui

même fous le joug de fa cupidité.

La vérité de cette propofition avan cée au commencement de ce Chapis tre paroît en Dieu même; car cet

être fouverainement libre dans fon

incompréhenfible & immenfe liber té eſt tellement limité, & pour ainfi

dire reſtreint dans les bornes de la

juſtice, que s’il pouvoit agir injuſte ment il ne feroit pas Dieu; mais par ee qu'en Dieu, la juſtice de Dieu n'eſt pas distinguée de Dieu même,

Y 4 TESTAMENT PoliTIQUE, Dieu eſt un Etre libre, parce qu'il n'eſt affujéti qu’à la juſtice, qui n’eſt autre que lui-même, & cepen dant il ne lui eſt pas foumis parce qu'il eſt celui qui eſt, mais il n’en eft pas de même de la créature, qui ne tenant d’elle-même, ni fon être,

ni fa juſtice propre & particuliere, mais la recevant de Dieu, eft fou miſe à fa juſtice originale & incréée;

car s’il vient à s’en éloigner fa juf

rice fe convertit en

:

, & en

un péché énorme qui oppofe la

créature au Créateur; maís dans cet

te fauſſe liberté même, elle ne peut fe fouftraire à la juſtice de Dieu, &

-c’eſt-là la fuprême & inévitable

uiffance fur toute créature, dont les voies feront manifeſtées dans ce

grand jour, où toute créature fera citée au jugement de Dieu; quoi ue la nature humaine fe foit oppo

?:

à la juſtice de Dieu, comme on a dit , elle n’a pû s’exempter de fa puiſſance; mais parce qu’elle s’eſt

cartée de la droite raifon, & de la

fuprême volonté incréée,Pour re-

?

DU , PRINCE RAxoczi. , 1 ;

venir à fa volonté, à elle-même,

& que pour ainfi dire l’homme fe

détournant vers l’homme s’eſt li

brement foumis à lui-même, l’hom me par le péché a obtenu la

:

fance fur l’homme, & c’eſt-là l’ori gine de la puiflance qui repréfente Dieu fur la terre, qui pour être lé itime doit être reconnue par la li

:

volonté de l'homme , comme nous verrons dans les exemples rapportés ci-après , car l’homme a reçu une fi grande liberté par la quelle il eſt véritablement fembla ble à Dieu, que cet Etre fouverain ne la contraint point, mais il la tour ne à fon gré par le pouvoir de fa grace, de forte qu'il eſt toujours vrai đe dire que Dieu dirige où il veut le coeur de l'homme, & qu’il fait tout ce qui lui plaît; mais ce pendant l’homme n’eſt jamais con traint de telle façon qu'il ne puiffe réfifter , & combien de fois hélas !

ne réfifte-t-il pas au Saint Eſprit,

fuivant le témoignage de l’Ecriture

même. Il y a de la folie à dire que

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TESTAMENT, PoLITIQUE ; l’homme a perdu fa liberté. Car la juſtice de Dieu ne feroit pas juſtice,

& par conſéquent il ne feroit pas Dieu s'il punifloit l’homme pour un péché auquel il s’efforceroit lui-mê me, ou s'il récompenſoit de bon nes oeuvres, qu’il auroit faites mal gré lui , & contraint par la grace plûtôt qu'attiré par fa douceur : car fon attrait n’eſt pas un joug

:

rieux ; mais une douce impreſſion du coeur; reconnoiffons donc avec l'Eglife la liberté de l'homme qui, dans l'état de la nature corrompue par une funefte & naturelle pente

tend toujours vers le mal. . . . . Cettepartiedema propofition fuffira pourleſujetque nous avonsentrepris de traiter, plůtôt d’une maniere tem porelle, que ſpirituelle: c'eſt pour quoi nous rapporterons tout ce qui fera dit dans cette premiere Partie du traité à la liberté requife pour les aćtions purement morales, d’où eut-être nous étendrons le mot de

į:

celles qui font bonnes pour

la vie temporelle , autant qu'elles

DU PRINCE RAkoczi. 17

font faites par la raiſon naturelle;

mais qui ne font jamais bonnes, &

n’ont aucun prix ni efficace en ce qui concerne le falut, & la vie ſpi

rituelle.

Les malheureux effets de la li

berté humaine corrompue par le éché paroiffent dans les paroles

:

l'Ecriture : il y eſt dit que Dieu fe repentit d’avoir créé l’homme,

& qu'il n’y eut que Noë, qui fut

trouvé

:

fur la terre ; il nous fuffit de favoir que Dieu fut irrité parce que la chair avoit corrompu fa voie, c’eſt-à-dire que perſonne ne fuivoit les impreſſions de la droite raifon, mais les ſuggeſtions

de la chair, Voilà un abregé bien court de l'hiſtoire du

:::::::

juſqu’au déluge ; après lequel un nouveau monde fortit pour ainfi di

re des eaux ; les forces de la chair commencérent à diminuer, & par

confequent la vie de l’homme à été

abregée ; le feul Noë reſta Monar

ue & Vicaire de Dieu fur la terre.

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commandé dans l'Arche

18 TesTAMENT PottTIQUE, aux animaux qu'il avoit confer vés ; & fes fucceſſeurs guidés par

la droite raiſon reſtés fidéles à

Dieu, dans la ligne direćte de Sem, ne furent affujettis à aucune puiſ fance humaine , tandis que la cupi dité regnoit dans les autres.

-Peut-être ne feroit-il pas con

venable à un Chrétien de tirer

des principes fur les faits de ceux qui en font venus à cet excès de fo

lie d’adorer des idoles formées de la

main des hommes, au mépris du Culte de Dieu. L'Ecriture nous ap prend qu’Abraham , & fa poſtérité ont vécus libres, riches & puiſſans dans leur pelérinage, & perſonne ne peut douter que ce ne foit la loi de nature , ou de la droite raifon qùi a formée leur légitime gouver

Ilemellt.

6:3

DU PRINcE RARocz1. 19

C H A P I T R E IV.

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