l’Etre des Etres eſt libre,
& la foi confirme cette vérité : d’où il s’enfuit, qu'il ne doit rien Paş
- Hiij
174 TrsTAMENT Polrrroge, juſtice qu’à fa gloire ; & parce que depuis qu’il eſt, il connoît fon
exiſtence dans la vérité.
De toute éternité il s’aime foi
même, & la vérité dans la chari té : d’où il arrive, que , ce qui exiſte de toute éternité par lui-mê me & de lui-même, eft le Pere ; la vérité qu'il a engendré de toute éternité par la connoiffance de lui
Ymême , eſt le Fils , & l’amour dont ces deux Perſonnes s’aiment de tou te éternité, & qui procéde de l’un
& de l'autre , eſt le Saint-Eſprir.
Et ainfi Dieu qui eſt, eſt vérité &
charité , mais, il eſt un dans la Trinité de Perſonnes. C'eſt pour quoi la charité a excité Dieu, par la vérité à la création, afin que ce u'il a toujours eu en fa puiſſance, ût réduit en exiſtence, donnant à ce qu’il devoit créer, l'être par la parole de la vérité. Tout ce qu'il eréa fut donc bon, & parce qu’il vit qu'il étoit bon, il l'aima ; mais parce qu'il créa l'homme à fon ima
ge & reſſemblance, non-feulement,
» , **
du Patncë Rakoczi, 17 f.
il voulut qu'il commandât à toutes
les créatures pour fa gloire, mais
encore, qu’il fût uni avec lui pourl’éternité.
-Dieu par rapport à lui, le voulut par juſtice, parce qu’il étoit juſte, que l'image fut unie à fon Origi nal , mais par rapport à l’homme, ce fut par une bonté pleine de mi féricorde, parce que ce qu'il a fait, il ne le devoit pas par juſtice à la créature, mais à lui-même & à fa
gloire. -
-Cette union mutuelle de Dieti
avec l'homme, par la charité réci
:
, fut la puiſſance parlaggel e Dieu poſſéda l'homme, & ITīõm me poſſéda Dieu; & ç'a été là l’é tat d'innocence, dans lequell'hom me ne connoiſſoit , point d'autre amour ; mais il perdit par le:
cet état d’innocence & de félicité, parce que par la prévarication du peuple, il s'affujettit à fa cupidité
ou amour propre, comme nous
avons déja dit, dans les précédens
Chapitres.
-Hiiij
173 TrsTAMENT Politique,
» Nous avons établi que la droite
raifon avoit été donnée à l’homme
:
gouverner fa volonté ; mais a charité auroit dû régir la droite raifon, comme étant la puiſſance de l’union entre Dieu & l’homme ;mais il l'a perdue par le péché, c'eſt pourquoi cette privation de la
charité a rendu la mature humaine abſolument incapable d’union avec
Dieu, & ç’a été
:
mort de la morr, fous peine de laquelle Dieu avoitdéfendu de manger dufruit de l’ar
bre de Science du bien & du mal;
c’eſt pour celà, que la charité a porté Dieu à réparer la nature hu
maine, & à rendre l'homme capa
ble de remplir fa fin , qui est l’u nion avec Dieu, par rapport à fa gloire propre & fon amour pour une créature formée à fon image
& refſemblance, mais cette charité même de Dieu a été une oeuvre de fa miféricorde par rapport à la créa ture, à qui il ne devoit nullernent;
ce qu'il a fait par fa charité pour lui-même , & en conféquence de
DU PRINCE- Rakoczi, ... 177 ce décret juſte & miféricordieux.
La feconde Perfonne de l'adorable Trinité, la Vérité , le Verbe, la Sagelle éternelle, où le Fils s’eſt chargé du grand oeuvre de la répa ration de la nature humaine, afin qu’elle fût conduite par la Vérité à la connoiffance de la vérité, & fanc tifiée par l’amour de la vérité, qui n’eſt autre chofe que la charité;
mais les oeuvres de Dieu nous ont
fait voir que trois chofes font né
ceffaires pour cette fin. Premiere
ment, la réparation de la natute humaine, pour recevoir la vérité.Secondement,fa purification,troifié mement, l’effufion de l’Eſprit de Dieu, pour aimer la vérité. Le Pere a donc envoyé fon Fils, la Vérité éter nelle, dans le monde pour dif pofer par fon Incarnation la na
ture humaine , & comme véri table Pontife , Dieu & vérité , il offrît véritablement & réellement , l'Homme tout entier en fatisfac tion , & par l'effufion de fon Sang il purifiât la nature hnmaine,
H v
378 TesTAMENT PoLITroge ; étantainfi purifiée & éclairée,l’hom me vît la lumiere , qu’il étoit in eapable de voir auparavant : & de eette forte les Myſteres de la Ré demption humaine opérés réelle
ment & viſiblement, ont eu des té moins de la Paffion & de la Réfur
rećtion, qui n’ont cru que ce qu’ils ont vû, juſqu’à ce que l’Eſprit de Dieu répandu dans leur corur par la charité, leur a enfeigné dans l'a mour de vérité tout ce qu’eux-mê mes ont enfuite appris aux autres,
& tranſmis par leurs paroles & par
leurs oeuvres, écrit ou non écrit , à
quoi l'Eſprit de Jeſus-Chriſt, ou de la vérité qui eſt répandu dans les
coeurs des Fidéles , rend & rendra toujours témoignage, & ainfi s’eſt accompli l’ouvrage de la réparation, rédemption & fanćtification de la
nature humaine : car tout homme
a été véritablement rendu capable
de ces bienfaits , mais ils ne font :
réellement appliqués qu’aux appel lés à la foi, dont eſt compoſé le