• Nem Talált Eredményt

Foucault vers la réinterprétation du sujet

In document Le sujet et sa morale (Pldal 65-70)

philosophique à une période donnée. À une période donnée, car il va changer progressivement d’idées et commencer à parler en d’autres termes du sujet et de l’homme.

s’approche de sa philosophie, parce qu’on ne sait jamais où est-ce qu’il se cache et où est-ce qu’il se dévoile, en raison de ses multiples aspects.

Paul Veyne écrit ainsi sur Foucault dans son livre : „Non, Foucault ne fut pas un penseur structuraliste, non, il ne relève pas non plus de cer-taine pensée 1968 ; il n’était pas d’avantage relativiste, historiciste, il ne subodorait pas non plus de l’idéologie partout…Le foucaldisme est, au vrai, une anthropologie empirique qui a sa cohérence et dont l’origina-lité est d’être fondée sur la critique historique”111. Peut-être.

Et, en fin de compte, Foucault pourrait aujourd’hui gagner le pari présenté au début de son livre : „On peut bien parier que l’homme s’ef-facerait, comme à la limite de la mer un visage de sable”. Il est vrai qu’il existe aujourd’hui de grandes menaces quant à l’existence de l’homme sur la terre. Déjà en 1951, Heidegger – en faisant allusion à Kant – disait :

„l’homme n’était jamais si problématique qu’aujourd’hui”. Le grand pro-blème de nos jours est de déterminer si la „mort de l’homme” est seule-ment une thèse philosophique „simple” ou pas. Si non, pourrait-on faire encore quelque chose pour une nouvelle condition humaine et sauver la vie de l’homme sur la terre ? Si non, Foucault aurait raison.

8� Les principes de „l’art de vivre” chez Foucault

Dans un des livres de la République de Platon, le philosophe grec raconte le „Mythe d’Ér” qui évoque le choix du destin de l’homme. L’âme de l’homme est guidée dans ce choix par l’habitude : l’âme choisit toujours sa vie passée et en général elle ne veut pas changer de vie. Et Platon, à ce propos, pose la question : „qui est-ce qui pourrait nous rendre capables et savants afin de reconnaître quelle est la vie bonne et quelle est la mau-vaise, et parmi les vies possibles comment choisir partout et toujours la meilleure ?”.

Oui, la question de Platon est toujours actuelle, et très vraie. C’est justement ce qu’ont cherché dans l’histoire de la pensée, les philosophes

„modernes” comme François Pétrarque, Michel de Montaigne, Francis

111  Paul Veyne: Foucault. Sa pensée, sa personne, Paris, 2008. Albin Michel, p. 9-11.

Bacon, Voltaire, Immanuel Kant, Sören Kierkegaard, les existentialistes et beaucoup d’autres encore.

Foucault, vers la fin de son activité philosophique, s’est intéressé, lui aussi, aux questions liées à „l’art de vivre”, dans son Histoire de la sexua-lité. Au troisième volume de ce livre il estime nécessaire que l’homme forme sa vie avec un très grand soin, et il évoque les termes du latin classiques : se facere, se formare. Sur cette idée classique se base sa conception de la „culture de soi” (cura sui). Foucault (comme Derrida) est convaincu qu’il faut apprendre à vivre et à bien choisir le mode de vie à suivre.

Les principes de vie chez Foucault

Quand il évoque les pensées des philosophes antiques sur les possibili-tés de vivre, à vrai dire, il parle de lui-même, de ses propres principes de vie. Son problème est bien la possibilité pour l’homme de se construire comme sujet moral. Ce sont les règles édictées par la raison qui doivent dominer la vie quotidienne de l’homme, avance-t-il, citant les textes d’Épictète sur ce point. Il faut réserver chaque jour des heures pour la contemplation et nous poser les questions suivantes : qu’avons-nous fait, quels sont nos principes moraux rationnels ? Etc. A ces fins, il faut étudier des livres sur les vérités de la morale. Une de ces vérités est la tempérance comme vertu fondamentale. D’autres vérités de la vie sont la santé et le soin de notre corps et son salut. La suffisance et la présomp-tion sont évidemment des valeurs négatives, tout comme la torpeur. Les buts principaux, donc, pour Foucault sont „le bonheur de l’âme” et „la santé du corps” dont il faut prendre soin. L’homme doit aussi cultiver ses amitiés, car là réside une des sources de son bonheur. Il faut, en plus, être persévérant, et ne jamais faiblir dans ses efforts. L’homme ne doit pas être agité ou excité, mais au contraire : calme et raisonnable.

Il faut, de toute façon, éviter et vaincre les passions négatives, car seule-ment de cette manière l’homme peut rester „patron de soi-même”. En plus, l’homme doit aussi éviter l’ambition qui gâte sa sérénité. En ce qui concerne la joie de vivre comme une des valeurs majeures, Foucault éta-blit la distinction suivante : le mot latin gaudium signifie que l’homme peut être tranquille, car sa tranquillité dépend seulement de lui-même ;

l’autre concept, la voluptas décrit une source de joie se trouvant hors de la personne, et cette joie est toujours incertaine. La chose la plus impor-tante dans la vie, selon Foucault est la joie sereine, et à ce propos, il cite Sénèque: „disce gaudere”. Mais la joie, la satisfaction, ne sont pas des vertus que l’homme possède déjà prêtes ; il faut les conquérir tous les jours. Ce qui est encore plus difficile dans la vie est qu’il faut obtenir ce bonheur serein, même si les temps ne sont pas favorables pour un pareil sentiment. En somme, dans tous les cas, l’homme doit être capable de disposer de la maîtrise de soi, dont la pré-condition est le „pouvoir sur soi-même” (potestas sui). Pour obtenir cette maîtrise, il faut s’exercer sans cesse et s’entraîner physiquement et psychiquement.

Les techniques de l’art de vivre

Ainsi préparé l’homme peut s’exercer à ces techniques de l’art de vivre.

Dans les sociétés antiques il existait déjà des spécialistes qui s’occu-paient justement de guérir les gens, grâce à ce savoir. Ces spécialistes fonctionnaient comme des guides psychiques et moraux à la fois. Ils étaient des philosophes et des docteurs en même temps. Le mot grec pathos (comme celui latin affectus) se réfère à la fois aux passions, et aux maladies physiques, aux troubles du corps et aux passions de l’âme.

Les stoïciens, par exemple, traitaient des mêmes choses : l’éducation de soi-même et le traitement curatif médical de soi-même. Pour Foucault, leur vision était pertinente parce que ces deux priorités appartiennent à la „cura sui”.

Et le philosophe français ne se borne pas à l’individu, dans ce livre.

Selon Foucault, l’auto-analyse ne veut pas dire que l’homme devrait s’en-fermer, et délaisser les autres et les problèmes de la société. Au contraire,

„l’échange des idée avec d’autres personnes” et l’éducation des gens font partie de l’art de vivre. La „culture de soi” signifie aussi que l’homme s’intéresse tout d’abord à sa propre famille, à la famille en général, et également à la vie publique. Quant à la famille, Foucault soutient la thèse que – malgré l’inégalité des rapports de force en son sein – les parties doivent l’équilibrer selon une volonté réciproque. En ce qui concerne la vie politique, elle n’est pas un „champ de séjours” mais qu’elle exige un

„engagement durable” pour ceux qui choisissent ce modèle de vie. Il est

ainsi, parce que la „politique est vie et praxis” à la fois, comme le disait Plutarque : „bios kaï praxis”.

Quelles sont les vertus de l’homme politique, selon Foucault ? Il s’in-téresse beaucoup au sujet. Il en énumère plusieurs : il faut éviter la pompe superflue, la vanité, les éclats de fureur, la vengeance, la violence et l’insinuation malfaisante. L’homme politique doit tenir éloigné les flat-teurs, exercer l’abstinence dans les affaires politiques, ne jamais laisser en suspens n’importe quelle affaire, et en même temps être constant et persévérant. Parmi les dirigeants et les subordonnés, la raison doit toujours décider, et non pas les sentiments ou les passions. En outre, l’homme politique (mais l’homme ordinaire aussi) doit tenir compte du tourbillonnement, de la rotation incalculable de la fortune. Les résultats de l’agir politique dépendent d’une part de la bonne ou de la mauvaise fortune des événements, mais aussi du comportement des individus qui se trouvent autour de l’homme politique. Quand Foucault dit qu’en géné-ral les gens sont mobiles et incalculables, il ne s’agit pas de les considé-rer comme des ennemis ; au contraire, il faut obtenir leur consentement pour les affaires d’état ; cette idée ressemble beaucoup aux thèses de Machiavel112.

Ces pensées de Foucault sur les vertus et le comportement de l’homme politique (et on pourrait dire : de l’homme ordinaire aussi) font voir que seul l’homme qui possède déjà la puissance et le pou-voir sur soi-même peut devenir un homme qui connaît le sapou-voir-vivre.

Mais l’homme chez Foucault est toujours seul dans le monde. Est-ce que les individus comme individus peuvent se sauver ? Foucault parle seulement du sujet singulier, mais si „l’homme meurt”, comment pour-raient survivre les individus ? Reste-t-il un minimum d’espérance pour l’homme dans le monde ?

112  Sur Machiavel voir mon essai: Il monarca di Dante e il principe di Machiavelli. Un’ana-lisi comparata. – in: New Studies on Machiavelli and Machiavellism. Approaches and Histroriography, (édité par Georghe Lencan Stoica – Sabin Dragulin), Bucarest, 2014.

Éd. Ars Docendi, p. 137-146.

Le débat entre Sartre et Lukács sur le sujet

In document Le sujet et sa morale (Pldal 65-70)