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Quelques considérations finales

In document Le sujet et sa morale (Pldal 134-138)

montre clairement que la tâche de la philosophie moderne devait être la recherche idéale d’une voie nouvelle pour l’humanité.

possibilité de l’action humaine aux fins de la transformation de la société, paraît désuète. L’influence de leurs pensées sur la vie quotidienne n’est plus si prégnante qu’avant, mais tous deux représentent dans l’histoire philosophique européenne (et mondiale) les témoignages d’un temps passé. Mais les problèmes auxquels ils ont cherché une réponse n’ont pas disparu. C’est à d’autres maintenant de trouver une solution aux problèmes, peut-être encore plus complexes que dans le passé.

14� Le „grand survivant” et le „pape de la liberté”

Rompre avec le positivisme issu d’Auguste Comte, rompre avec l’évolu-tionnisme de Herbert Spencer : voici les points de départ de la concep-tion philosophique de la généraconcep-tion révoltée qui a commencé sa carrière au début du 20ème siècle. Elle souhaitait rompre avec l’attente passive d’une époque plus heureuse, et accélérer la marche de l’histoire, par tous les moyens possibles. À cette génération appartenaient Jean-Paul Sartre et György Lukács205.

Le jeune Lukács prit part à la République des Conseils de Hongrie en 1919, comme commissaire du peuple aux affaires culturelles. À cette occasion, il formula ses principes moraux dans Histoire et conscience de classe (1923), dont les protagonistes sont les prolétaires de l’époque, chargés de transformer la société. La classe prolétarienne dans ce cadre devait se servir de la force, de la coercition, afin de mener à bien l’anéan-tissement du capitalisme, la liquidation de l’exploitation et, en même temps créer la société nouvelle, le communisme, porteuse de nouvelles valeurs morales. Mais après les 133 jours de la République des Conseils, il se rendit compte de l’impossibilité d’une entreprise si audacieuse.

Après avoir passé des années dangereuses en Union Soviétique (1933-1945) où il vit de près la pratique despotique stalinienne, il changea d’idées, et dans ses œuvres de la maturité il professa d’autres

205  Certainement, il y avait aussi d’autres personnes importantes dans cette époque.

Parmi eux, il faut mentionner avant tout Antonio Gramsci qui avait à peu près les mêmes idées que Lukács et Sartre. Cfr. Antonio Gramsci: Quaderni del carcere, op.

cit. (édition critique par Valentino Gerratana). Mais chez lui, l’accent est mis dans la transformation socio-politique sur l’hégémonie et sur le consentement du peuple.

principes, différents de ceux de sa jeunesse. Le renouvellement de ses idées morales doit tout d’abord - et paradoxalement- à la connaissance de l’activité, de la pratique morale révolutionnaire de l’époque. On peut se demander si les nouvelles normes morales de conduite promues par Lukács ne sont pas toujours aujourd’hui valables pour l’homme du quo-tidien : la promptitude d’action et la fermeté dans l’accomplissement des idées morales. Lukács resta toute sa vie fidèle à ces concepts en y ajoutant la flexibilité pragmatique, exigée par l’époque tragique pendant laquelle il a vécu. C’est grâce à cette conviction qu’il a réussi à échapper à l’exil, ou même à la mort après la révolution de 1956. Ce n’est pas, donc, par hasard, que Daniel Bell le nomme „le grand survivant” de l’époque. Dans son œuvre tardive, Ontologie de l’être social, Lukács fon-dit sa morale sur l’ontologie sociale. Le „facteur subjectif” de l’histoire doit transformer la société et la vie quotidienne des individus dans la perspective d’une démocratie nouvelle, différente de la démocratie libé-rale, et aussi de la démocratie socialiste réalisée.206 Pour ces raisons, il fut critiqué par divers bords politiques.

En ce qui concerne l’autre „maître-penseur” du 20ème siècle, Jean-Paul Sartre, dès le début des années Trente il formulait ses principes moraux dans le cadre de la philosophie de l’existentialisme. Dans L’Être et le Néant (1943), son chef d’œuvre de jeunesse, Sartre soutenait la thèse que „l’existence précède l’essence”, l’homme devant se créer lui-même à partir de ses actes. Selon lui, l’homme est „totalement libre”, libre de choisir sa vie, sa morale et son sort, indépendamment des circonstances, de la „situation” qui l’entoure. Autonomie du choix, et également de „la capacité d’obtenir les buts choisis”. Le trait caractéristique de l’existence humaine, de la „réalité humaine” est la praxis ; il revient à l’homme de créer sa vie par ses actes dans un monde sans Dieu. L’homme connaît le sentiment d’angoisse, mais il est responsable de ses actes, il ne peut pas ne pas être engagé. L’engagement est un principe moral important même de nos jours, engagement différent de nos prédécesseurs.

Le philosophe français, dans La critique de la raison dialectique (1960) souligne également l’importance de la „dimension de la praxis”, car l’homme n’est autre que l’agent social et historique. Sartre est ferme

206  Cfr. György Lukács: Socialisme et democratisation, Paris, 1989. Messidor/Éditions sociales.

sur ce point ; et de répéter que l’homme „n’est rien d’autre que ce qu’il fait”. Dans la morale, cela signifie que chacun est responsable de ses actes devant l’histoire. Et dans la situation actuelle du monde, avec la crise financière et économique, l’appauvrissement des masses, la crise écologique mondiale, les problèmes énergétiques, en raison de l’insta-bilité207, de l’incertitude croissante, les normes et les idées morales de Sartre sont peut-être plus actuelles que jamais.

Les deux philosophes, Lukács et Sartre, dans les années soixante, croyaient dans la possibilité d’une transformation radicale soit du socia-lisme (Lukács professait la „renaissance du marxisme”), soit du capita-lisme (Sartre : un des principaux inspirateurs de „Mai ’68”). Ils croyaient qu’à l’aide de l’activité consciente de l’homme, les sociétés qui oppri-ment les gens par la manipulation soit brutale (comme le stalinisme), ou raffinée (comme la société de consommation) pourraient arriver à un stade de crise où les gens pourraient jouer un rôle important. Mais la transformation de la société, dans les années soixante ou soixante-dix n’était pas possible. Avec la chute du Mur de Berlin, la société unipolaire entra en vigueur partout dans le monde. En plus, aujourd’hui, le monde ne peut être contrôlé par n’importe qui ou par n’importe quelle orga-nisations ou institution. Il est devenu – comme le dit Zygmunt Bauman – totalement „fluide” ; l’instabilité y règne208.

On peut constater aussi une différence significative entre les deux philosophes en ce qui concerne l’ampleur de la transformation espé-rée. Lukács s’inscrivait dans le cadre du socialisme et il ne voulait que des réformes économiques et sociales, tandis que Sartre, au faîte de sa radicalité était devenu sympathisant du maoïsme. Mais tous les deux – faisant abstraction de leurs différences – refusaient la manipulation de la société capitaliste. Cette idée est encore plus importante aujourd’hui, dans l’ère du „nouveau capitalisme” (Richard Sennett)209 quand – en raison de cette manipulation constante – les « surnuméraires », selon le terme de Robert Castel, les „superflus”, constituent la grande partie de

207  Cfr. Közösség és instabilitás (Communauté et instabilité), (rédigé par Sándor Karikó), Budapest, 2008. Éd. Gondolat.

208  Zygmunt Bauman: Modus vivendi. Inferno e utopia del mondo liquido, Bari, 2007.

Laterza.

209  Richard Sennett: The Culture of the New Capitalism, New Haven-London, 2006. Yale University Press.

la société mondialisée, tandis qu’un groupe restreint jouit de la richesse économique et financière. Le monde, aujourd’hui, est devenu le „club des riches” (Noam Chomsky)210 et les vertus morales professées par Lukács et Sartre sont de plus en plus – malheureusement – en train de disparaître.

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