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CARAÏBE : CONTEXTE HISTORIQUE

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III.

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1680189. La domination et la supériorité technologique européennes étaient incontestables190. Le territoire amérindien est presque entièrement conquis dans la première moitié du XVIIe siècle191. Les premières décennies de la colonisation (1620-1660) étaient marquées par un peuplement d’origine africaine dominant192. Les siècles à venir étaient marqués par les guerres des principales puissances européennes193, par des traités qui redessinent de temps en temps les cartes. Les effets bouleversants de colonisation de Saint-Christophe, de la Guadeloupe, de la Martinique, de la Grenade et des autres îles étaient renforcés par la rivalité et les conflits armés194 entre les pouvoirs européens, par les efforts d’évangélisation et d’uniformisation religieuse195, par le génocide des Amérindiens196. Les îles et archipels antillais, les territoires colonisés « de la Jamaïque au Suriname en passant par Haïti, la Dominique ou Saint-Vincent »197 sont marqués par le marronnage, par les mêmes oppositions

189 SAINTON, Jean-Pierre, « Introduction au XVIIe siècle antillais », SAINTON, Jean-Pierre (dir.), Histoire et civilisation de la Caraïbe : Guadeloupe, Martinique, Petites Antilles, Paris, Karthala, 2012, p. 21-29. (p. 25. pour cette référence)

190 Les colonisateurs ont conquis les îles et archipels des Petites Antilles : Sainte-Croix, Saba, Barbuda, Saint-Christophe, Niève, Antigua, Montserrat, Guadeloupe etc. VERRAND, Laurence, La vie quotidienne des Indiens Caraïbes aux Petites Antilles (XVIIe siècle), Paris, Karthala, 2001, p. 23-36. (ici p. 30-33.)

191 VERRAND, Laurence, op. cit., p. 30.

192 SAINTON, Jean-Pierre, op. cit., p. 25.

193 Notamment pendant la guerre de succession d’Autriche (1740-1748), la guerre de Sept Ans (1756-1763). Le traité de Paris (1763) restitue à la France ses principales possessions mais les Anglais occupent la Dominique, Saint-Vincent, la Grenade, Sainte-Lucie et Tobago. La bataille navale des Saintes (1782) voit affronter les Anglais et les Français. Sainte-Lucie et Tobago deviennent français suite au traité de Versailles (1783). La Dominique, Saint-Vincent, Grenade, Montserrat, Saint-Christophe-et-Nièves sont remis aux Anglais. Voir REY, Nicolas, Quand la révolution, aux Amériques, était nègre… : Caraïbes noirs, negros franceses, et autres

« oubliés » de l’Histoire, Paris, Karthala, 2005, p. 73-81.

194 MOREAU, Jean-Pierre, Les Petites Antilles, de Christophe Colomb à Richelieu, Paris, Karthala, 1992, p. 6-17.

195 À cela s’ajoute la lutte entre les ordres monastiques (capucins, dominicains, jésuites, carmes) et l’uniformisation religieuse des îles, l’activité d’un courant de l’ultra-catholicisme et l’expulsion des juifs des Antilles françaises (1683) aussi. Cf. LAFLEUR, Gérard, « L’Église dans la société du XVIIe siècle aux Antilles françaises du Vent », HURBON, Laënnec (dir.), Le phénomène religieux dans la Caraïbe : Guadeloupe, Martinique, Guyane, Haïti, Paris, Karthala, 2000, p. 23-40.

196 Avant la colonisation française et anglaise, l’esclavage était introduit aux Petites Antilles par les Espagnols. Les affrontements armés et les maladies ont également contribué à l’affaiblissement de la population avant la colonisation. ADÉLAÏDE-MERLANDE, Jacques, op.

cit., p. 9.

197 CRUSE, Romain, Géopolitique et migrations en Haïti, Paris, Publibook, 2012, p. 25-33. (p.

31. pour la phrase citée)

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à l’esclavage. Grâce aux « mouvements migratoires inter-îles »198, aux flux de population antérieurs à l’implantation européenne, on trouve une complexité très considérable même au niveau du noyau ethno-historique qui servait de base aux métissages et diversifications postérieurs. Les phénomènes de migration étaient très complexes et diversifiés comme l’essor démographique était enrichi de plusieurs vagues migratoires d’origine diverse et s’étendait sur plusieurs siècles199. L’exploitation sucrière contribuait également à l’évolution démographique, à la complexification200 ethnique, identitaire.

1.2. Grandes Antilles

Les îles et archipels des Grandes Antilles ont également une histoire d’appartenances multiples définie par l’autorité française201, anglaise202, espagnole203. Ces contacts de populations étaient à l’origine des premiers

198 ABENON, Lucien René, « Les mouvements migratoires inter-îles dans le peuplement des Petites Antilles françaises, des origines à la Révolution », BOURAC, Maurice (dir.), Guadeloupe, Martinique et Guyane dans le monde américain, Paris, Karthala, 1994, p. 103-112.

199 À partir des îles vers les dépendances et les îles voisines. ABENON, Lucien René, op. cit., p. 104.

200 Les Hollandais, chassés du Brésil en 1654 s’installent sur les dépendances hollandaises, anglaises, françaises etc. (Curaçao, Aruba, Bonaire, Saint-Eustache, Saba, Barbade). Ibid., p.

106. De nombreuses îles ont servi de refuge aux huguenots français aussi comme la Barbade, Montserrat, Antigua, la Dominique, la Guadeloupe, Saint-Thomas, les Bermudes. Ibid., p. 108.

201 HAÏTI : Haïti appartenait à la France après la domination espagnole qui se termine par le traité de Ryswick en 1697. Après la bataille victorieuse des troupes haïtiennes (commandées par Jean-Jacques Dessalines) contre l’armée napoléonienne (Vertières, le 18 novembre 1803), l’indépendance haïtienne est proclamée en 1804. L’occupation américaine a duré de 1915 à 1934. WAINWRIGHT, Edith, Culture haïtienne à travers des textes choisis, Coconut Creek, Educa Vision, 2001, p. 18-24.

202 JAMAÏQUE : L’annexion espagnole (1494) marque le début de l’histoire coloniale de la Jamaïque. L’île devient une colonie anglaise en 1670. La traite esclavagiste et plusieurs vagues d’immigration française ont contribué à la sédimentation ethno-sociale. La Jamaïque obtient l’indépendance en 1962 mais continue à faire partie du Commonwealth. CARTER, E. H. et al., History of the West Indian Peoples : The Story of Our Islands, Cheltenham, Nelson Caribbean, 1967, p. 39-49. et KELLY, Kenneth G. et al., « Identity and Opportunity in Post-Slavery Jamaica », DELLE, James A. et al. (éds.), Out of Many, One People : The Historical Anthropology of Colonial Jamaica, Tuscaloosa, University of Alabama Press, 2011, p. 243-257.

203 PORTO RICO : Porto Rico était un port et un territoire important de l’empire espagnol.

CADIZ, Gerardo M. Piñero, « La hegemonía norteamericana en el Caribe y el estatus político de Puerto Rico », COLÓN, Pablo García et al., Tras las huellas del pasado : Mosaico de historia de Puerto Rico (Siglos XIX y XX), Humacao, Recinto de Humacao, 2000, p. 85-98.

CUBA : Après la découverte de l’île par Christophe Colomb (1492), Cuba appartient à l’empire espagnol. L’île est rendue à l’Espagne à l’issue du traité de Paris (1763) après une brève conquête britannique. L’indépendance est proclamée en 1868. La fin du XIXe et le début du XXe

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brassages, de la formation des « cultures syncrétiques mélangées de modèles africains, européens, amérindiens, asiatiques et indiens »204. L’interpénétration linguistique, religieuse et identitaire a formé des entités historico-culturelles particulières qui se sont singularisées au niveau socio-économique et politique également. Les formations identitaires s’inscrivent dans un jeu de déconstructions, de transactions et de reconstructions ayant comme catalyseur majeur la pluriethnicité et comme marqueur identitaire l’amalgame culturel. La recontextualisation identitaire renouvelé selon les dynamiques culturelles prépondérantes était toujours une forme de la réappropriation et de la réaffirmation continues.

siècles étaient marqués par deux occupations américaines (1898-1902, 1905-1909). Cette mosaïque très riche issue de l’esclavage et des influences et migrations complexes était également complétée par l’arrivée des travailleurs engagés : « Existían también varias decenas de miles de coolíes chinos y de yucatecos que habían sido importados desde mediados del siglo como trabajadores « contratados » […] » (« Ils existaient aussi des dizaines de variétés de coolies chinois et yucatèques qui avaient été importés à partir du milieu du siècle comme travailleurs contractuels (recrutés, engagés) », traduction par K. S. Pallai). DE LA FUENTE, Alejandro, « Esclavitud, 1510-1886 », OROVIO, Consuelo Naranjo (dir.), Historia de Cuba, Madrid, Doce Calles, 2009, p. 147-152. et FERNÁNDEZ, José Cayuela, « El nexo colonial de una transición : Élite antillana y capitanes generales de Cuba », OROVIO, Consuelo Naranjo et GUTIERREZ, Mallo Tomás (éds.), Cuba, la perla de las Antillas, Madrid, Doce Calles, 1994, p.

239-248.

RÉPUBLIQUE DOMINICAINE : La République dominicaine (Saint-Domingue) était le lieu des premières colonies européennes en Amérique. L’arrivée de Christophe Colomb (1492) marque le commencement du règne espagnol qui dure jusqu’à la proclamation de l’indépendance (1821). Les troupes françaises ont occupé le territoire dominicain au tournant du XVIIe et du XVIIIe siècles (1795, 1804), mais il était rapidement repris par les Haïtiens (1801, 1805, 1821).

La République dominicaine devient indépendante en 1844. Voir MARTE, Roberto, « Sociedad y economía en Santo Domingo, 1795-1844 », PONS, Frank Moya (dir.), Historia de la República Dominicana, Madrid, Doce Calles, 2010, p. 133-145. ; CAMBEIRA, Alan, Quisqueya la Bella : The Dominican Republic in Historical and Cultural Perspective, New York, M. E. Sharpe, 1997, p. 141-147. ; SAN MIGUEL, Pedro L., Imagined Island : History, Identity and Utopia in Hispaniola, Chapel Hill, University of North Carolina Press, 2005, p. 8-21. et BAKER, Patrick L., Centring the Periphery : Chaos, Oder and the Ethnohistory of Dominica, Montréal, McGill-Queen’s University Press, 1994, p. 49-61.

204 CÉCILE, Christian, « Les « mas po » en Guyane française : l’exemple d’une recontextualisation culturelle », CHIM, Paul Roselé et RABOTEUR, Joël (dir.), Le Carnaval et la folie imaginaire des peuples, Paris, Publibook, 2012, p. 281-298. (p. 281. pour la citation)

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IV.