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faut noter egalement que Ja personnalite de Mathias Corvin, et surtout sa fameuse bibliotheque, ne seront connus, en dehors des grands

In document Matthias Corvinus and (Pldal 25-40)

personnages politiques et des ambassadeurs des puissances occidentales, qu'une generation apres. Le coup de tonnerre. de Mohacs en 1526,66 et Ja concretisation de Ja menace turque sur la • Respublica Christiana •, feront beaucoup pour la connaissance - meme retrospective - de l'humanisme hongrois, ou plut6t de ce premier humanisme.

Deux exemples pris, un peu au hasard, au XV" siede, nous suffiront.

Le premier est celui d'Erasme. 11 paraltrait - mais le fait n'est pas confirme

61 Voir tous !es travaux de CSAPODI, CSAPODI-GARDONYI, op. cit. (Csapodi 1

a

XXXIII), pp. 319-320.

65 II n'est cite ni dans la Bibliotheca Coroiniana, ni dans aucun des livres consacres

a

la Renaissance en Hongrie.

66 Malgre la dispersion des livres de la bibliotheque Corvina, qui avait commence sous Vladislas II, ce fut, de l'avis quasi-unanime, Ja catastrophe de Mohäcs et l'entree des Turcs

a

Buda, qui fut fatale

a

ce tresor de bibliophilie. Voici deux temoignages (cites par CsAPODI, CsAPom-GARooNYI, op. cit., pp. 31 et 32): l'un du Sultan lui-meme, l'autre du chroniqueur Nicolas Oläh. On lit en effet dans le journal officiel du sultan Soliman (voir J6zsef THURY, Documents de l'epoque turco-hongroise III!. Historiens turcs, trad. du hongrois, Budapest, 1893, pp.

317-319): ·On saisit sur son ordre !es richesses innombrables, l'installation interieure, !es bouches

a

feu et !es boulets de canon qui avaient appartenu au miserable roi. • On sait que de nombreux livres portant le blason de Mathias apparurent bientClt

a

Constantinople. A l'automne de 1527 (Mohäcs date du 29 aoät 1526), Oläh, qui avait passe quinze jours

a

Buda aupres de Ja veuve de Louis II, la reine Marie, ecrivait : • Apres la mort du roi Louis, survenue le 29 aoät sur Je champ de bataille de Mohäcs, !es Turcs, ayant occupe Buda le 8 septembre suivant, ils !es (!es livres) mirent en pieces, pour certains, ou !es disperserent

a

d'autres usages, apres en avoir arrache les ferrures d'argent, pour Je reste. • (Nicolas OLAH, Hungaria, ed. Mathias Bä , Adparatus, Parma, 1735, pp. 8--9).

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dans la belle bibliographie de la Bibliotheca Corvina de Cs. Csapodi67

-qu'Erasme avait eu entre les mains, pour la seconde edition de sa traduction du Nouveau Testament - celle de 1519 - un manuscrit latin des Evangiles - le Codex Aureuf18 - qui aurait appartenu

a

Mathias Corvin et que la regente Marguerite d'Autriche avait recemment confie

a

sa

bibliotheque de Malines.69 Je serais heureux d'avoir confirmation ou infirmation de ce fait de la part d'un erasmien hongrois ou d'un specialiste des manuscrits de la Coroiniana.7

°

Ce qu'il y a de sfü, ~n taut cas, c'est qu;Erasme connaissait de reputation le roi Mathias. Dans une lettre du 19 novembre 153371 au theologien Juan Vergara, ne fait-il pas l'eloge de ce roi, dont il apprecie "le jugement parfait '" avant de parler de

67 Op. cit. (l'edition originale hongroise date de 1967, Budapest, Magyar Helikon).

Meme absence dans Tbe Corvinian Library, op. cit. .

68 Cette information est donnee par Percy Stafford ALLEN lui-meme, Je celebre editeur de Ja Correspondance d'Erasme (notice de Ja lettre 373, t. II de !'Opus Epistolarum Erasmi, qui est Ja preface au lecteur de l'edition princeps du Nouveau Testament, Novum lnstrumentum, p. 165). Les renseignements de ce grand erudit sont presque toujours sdrs. II ecrit : • He had the loan of the Aureus Codex (pour Ja seconde cdition, celle de 1519) a Latin Ms. (XI.) of the Gospels, which had belonged to Matthias Corvinus, King of Hungary, and had recently come into the hands of the Regent Margaret, who had placed it in the Royal Library at Mechlin.

lt is now in the Escurial. " Aucun ouvrage consacre a Marguerite d'Autriche ou a

Erasme, parmi ceux que j'ai consultes, ne signale ce fait. On notera toutefois que dans sa monographie de 1935 (Marguerite d'Autriche, une princesse beige de la Renaissance, Paris, B. GRASSET) Je Comte Carton de Wiart ecrit : " . . . Je codex Aureus, qui est aujourd'hui ä l'Escurial „. Cela est d'ailleurs parfaitement exact, mais aucun temoignage en provenance d'Erasme, de Marguerite d'Autriche ... ou des specialistes de Ja bibliotheque de Mathias n'a signale que ce codex etait passe de Buda

a

Malines, puis entre !es mains d'Erasme. Les rapports de ce dernier avec Ja princesse, gouvernante des Pays-Bas, Ja cour de Malines et sa vie intellectuelle, etaient d'ailleurs excellents.

69 Outre l'ouvrage de Carton de Wiart, voir Ghislaine de BooM, Marie de Hongrie (Bruxelles, 1956); jane De joNGH, Marguerite d'Autriche, Bruxelles, 1944; et surtout Josef STRELKA, Der Burgundische RenaiSsancehof Margarethes von

Öster-reich und seine literarhistorische Bedeutung, Vienne, 1957, qui consacre de nombreuses pages au!>!: rapports entre Marguerite et !es humanistes de son temps, en particulier Erasme.

70 Si de nombreux incunables et manuscrits en provenance de Ja Corviniana, passes entre !es mains de Charles-Quint et de Philippe II, portent !es armes espagnoles qui recouvrent celles de Mathias, il n'en est rien en ce qui concerne Je codex Aureus (renseignements obtenus par une lettre du 23 octobre 1990 du conservateur des manuscrits de l'Escurial).

71 ALLEN, Op. Epist. X, ep. 2879, p. 320, lignes 88-89 (• ... Regem excussi judicii •).

l'empereur Frederic III (bisa!eul de Charles-Quint) et son fils Maxirnilien.

On peut supposer que c'est avant taut dans les • travaux • de paix du roi de Hongrie qu'Erasme admire l'activite du monarque, car on connait son aversion pour la guerre (et Mathias dut en entreprendre un certain nombre,

a

l'Est comme

a

l'Ouest).

Le second temoignage est celui de Pierre Boaistuau,72 dans la preface de l'edition des Aventures des Amants fortunes.73 Pour justifier aupres de sa dedicataire le premiere edition des Nouvelles de Marguerite de Navarre, il en vient

a

faire allusion

a

quelques grandes et illustres bibliotheques,

• la memorable Libraif"ie de ce grand Roy d'Egypte Ptolemee Philadelphe • ou celle • de Constantinople alleguee par Zonara •, et enfin • celle du roi Mathias de Hongrie •. 71

C'est donc de la fameuse Bibliotheca Coroina - ou Coroiniana - (les deux formes se rencontrant) qu'il me faudra parler pour achever ce tour d'Europe de la seconde moitie du XV' siede, sur les chemins de l'humanisme, en retournant, comme je l'avais commence,

a

la cour royale de Buda. Bien qu'elle soit connue75 depuis longtemps de taut mon auditoire, il n'est pas possible, en un pareil sujet, de ne pas la considerer comme la plus durable des creations de Mathias. Ne symbolise-t-elle pas

a

la fois le go-öt et les preoccupations culturelles d'un roi et d'un mecene, aussi la synthese de l'humanisme dans sa plus haute expression ? Et tout en meme temps, un acte d'une haute portee politique. La beaute rejoint ici la science, le travail artisanal le faste des hauts seigneurs, l'un1versalite de la culture la singularite ou l'idiosyncrasie d'un collectionneur, les joies de la contemplation et de la possession solitaires et celles, superieures, du partage et de la donation. Le regrette Tibor Kardos remarquait, dans ses Studie ricerche umanistiche italo-ungheresi,76 que cette bibliotheque royale etait digne des collections rassemblees dans les bibliotheques des

72 On consultera notamment !es editions critiques du 1beatre du Monde (Geneve, Droz, 1981) et du Brief Discours de l'Excellence et Dignite de l'homme (Geneve, Droz, 1983) de Michel SIMONIN, et surtout, du meme auteur, l'article de BHR XXXVIII(1976), pp. 323-333, • Notes sur Pierre Boaistuau •.

73 Sur 1·. affaire. de son attribution - notamment

a

Marguerite de Navarre -, voir l'article cite

a

Ja note precedente, pp. 328-329.

71 Texte cite par M. SIMONIN dans une etude sur Pierre BOAISTUAU, publiee

a

Geneve

(Droz) en 1992.

75 II faut renvoyer une fois de plus aux admirables travaux bibliographiques de Csaba CsAPoDI et de Klara CsAI'ODI-GARooNY1.

76 KARDos, Studi e ricercbe umanisticbe italo-ungheresi op. cit.

24

Medici, des Este, des Aragonesi et de Montefeltro ( encore l<; modele italien qui a joue, il faut bien le dire, un n~le preponderant). Le meme historien de l'humanisme souligne, dans l'etude qu'il avait intitulee en 1940 "Mattia Coroino, re umanista ·,77 et dans une autre de l'annee suivante, intitulee "L 'epoca dell'umanesimo in Ungheria ,,78 (toutes deux publiees dans la revue La Rinascita), qu'en creant cette bibliotheque, le roi Mathias avait voulu fonder un centre de caractere typiquement humaniste, comme l'Academie de Florence saus l'egide de Laurent de Medicis. Centre vital, centre vivant pour le nouveau cenacle qui l'entourait et dont il se voulait l'animateur : rassemblement de textes, incunables ou manuscrits, enluminures et miniatures que de tres beaux ouvrages79 ont su reproduire avec un soin jaloux, discussions sur des questions philosophiques, morales et litteraires, et sur d'innombrables questions d'ordre scientifique, auxquelles le roi s'interessait personnellement, notamment celles qui touchaient a l'astronomie/astrologie. "La persona de! re, ecrit Kardos dans ses Recherches et etudes italo-hongroises, diventa dappertutto, a casa, in villa, al campo, il centro focale di una vita intellettuale dello stesso tipo

.„

80 ä savoir celle qui caracterisait le cenacle florentin, au beau temps de Laurent, de Politien et de Ficin, c'est-ä-dire

a

l'epoque de la plus florissante moisson de l'humanisme de Buda.

Dans son important ouvrage entierement consacre a Ja " Corvina • et datant de 1967,81 Csaba Csapodi s'interesse particulierement, parmi !es nombreux problemes historiques souleves par la constitution et Je developpement de cette bibliotheque fameuse entre toutes, ä son aspect quantitatif. Ce qui ne l'empeche pas de decrire chacune des pieces de cet ensemble avec une remarquable minutie bibliographique, eliminant dans son analyse !es ouvrages pseudo-corviniens, s'attachant

a

l'histoire ulterieure de ces exemplaires, dans taute Ja mesure ou elle peut etre connue, s'appuyant aussi sur les travaux d'identification des scribes des nombreux manuscrits et des miniaturistes, sans compter !es recherches

77 "La Rinascit:l •, Florence, 1940. Titre original hongrois: Matyas kiraly es a humanizmus, Budapest, 1940, pp. 9-106.

78 La Rinascita

·„

1941.

79 Outre l'ouvrage, souvent cite, de CsAPom. CsAPom-GARDONYI, op. cit„ et Je Catalogue Matthias Coroin de Schallaburg '82 ; on peut citer encore : Ilona BERKOVITS, Illuminated Manuscripts from the Library of Matthias Corvinus, Budapest, 1964.

80 Op. cit„ p. 17.

81 Op. cit. Nous utilisons Ja traduction fram;:aise de 1982.

sur les reliures, !es ex-libris, etc. Bien entendu, la diffusion des manuscrits et des incunables ä travers un grand nombre de bibliotheques rend a Ja fois difficile et passionnante Ja tache des savants qui se sont atteles ä ce travail d'identification. Elle est indispensable pour reconstituer Je tresor bibliophilique et humanistique de Mathias Corvin.

On a pu dire que !es versions des textes anciens rassembles dans Ja Corvina n'etaient pas toutes !es meilleures, surtout par comparaison avec des editions preparees dans !es decennies ulterieures, et que Ja valeur des reliures ou Ja qualite des illustrations (des manuscrits ou des livres) etaient souvent superieures ä Ja qualite philologique des textes. On ne peut evidemment pas generaliser, mais il faut reconnaitre que, etant donne · I'epoque ou ces textes ont ete composes ou transcrits, et rassembles pas I'equipe de savants rassembles par le Roi et ses plus proches conseillers, la qualite philologique ne pouvait pas etre celle des textes edites par Erasme, Beatus Rhenanus Oll Juste Lipse.

Quels sont les principaux enseignements que nous pouvons tirer des recherches de Csaba Csapodi? L'auteur a commence par examiner tous les manuscrits et tous !es livres en provenance non seulement de la cour de Mathias, mais aussi de .celle de Vladislas II ; tous les ouvrages qui ont ete faits sur !'ordre du Roi, meme ceux qu'il n'avait pas l'intention de conserver par devers lui, mais d'offrir comme presents ; toutes les pieces simplement presumees Oll douteuses, qui Se reveleront peut-etre comme des • pseudo-corviniennes •, mais dont il prefere conserver la description tant que des preuves formelles n'auront pas ete fournies de leur non-provenance corvinienne ; toutes !es cruvres dont on sait par divers documents, qu'elles ont existe uri jour dans la bibliotheque royale, mais dont !es exemplaires n'existent plus ou se trouvent dans quelque lieu non encore decouvert ; toutes !es cruvres dont Ja presence dans la bibliotheque n'est pas attestee par quelque signe indubitable, mais dont on pense qu'elles s'y sont trouvees ä un moment ou ä un autre, comme celles qui portent une dedicace adressee au roi Mathias ou ä Beatrice, ou encore ä leurs successeurs, jusqu'a la bataille de Moh:ics en 1526.

L'auteur, " ratissant !arge

.„

comme on voit, inclut egalement dans son evaluation des "Corviniana •, toutes les cruvres ·qui n'ont pas appartenu ä Ja Bibliotheque Royale, mais qtii faisaient partie integrante des autres collections contenues au Palais de Buda, Oll qui etaient utilisees personnellement par des rois et des reines. Travail de derection minutieux, comme on voit, mais qui a le grand merite d'eviter !es generalites et les deductions trop hatives, comme ce fut trop souvent Je cas dans l'histoire anterieure de Ja Bibliotheque Corvine.

26

11 faut se rappeler - et Csaba Csapodi y insiste beaucoup82 - que la Corvina n'a jamais consiste en une bibliotheque au nombre de manuscrits ou de livres bien determine, comme s'il se ffit agi d'un dep6t ou d'un legs : c'etait un organisme vivant, dont les membres ou les pieces se developpaient constamment, et dont la taille atteignit son degre maxi-mum

a

la mort de Mathias Corvin. 11 n'est pas exagere de dire que ce fut la presence active et attentive du roi Mathias qui assura la plus grande valeur artistique et humanistique

a

cette collection en perperuel accrois-sement et en continuelle modification. Ce qu'il faut dire, c'est que trente-six ans apres la mort du Roi, au moment du desastre de Mohäcs qui marqua pour la vie nationale et culturelle hongroise une rupture tragique, la plupart des ouvrages etaient toujours en place dans la Bibliotheque. 11 n'empeche que, des les premieres annees du regne de Vladislas II, les ateliers de reliure, comme ceux des copistes, ou les ateliers de presse, voyaient leur activite decliner. L'impulsion centrale manquait.83

La preparation des manuscrits destines

a

Ja Corvina est un bon exemple de cet humanisme europeen que nous essayons d'evoquer ici:

car les ateliers des copistes et des miniaturistes n'etaient pas seulement situes

a

Buda, mais aussi - et principalement -

a

Florence et

a

Vienne.

Taus les manuscrits commandes par Mathias n'arriverent d'ailleurs pas

a

leur destination finale, soit qu'ils n'aient pas ere acheves

a

la mort du roi, soit que son successeur ait neglige de poursuivre cette politique d'achat et de conservation. 11 y aurait eu alors, dans la seule ville de Florence, quelque 150 pieces dfunent ordonnees, qui ne furent jamais livrees

a

Buda.84 On peut considerer que ces manuscrits, dont beaucoup sont conserves aujourd'hui dans quelques bibliotheques

a

travers le monde, font partie de la Corvina. Un exemple en est le breviaire c01vinien du Vatican,85 qui fut copie en 1487, mais dont les enluminures ne furent pas achevees avant 1492, soit deux ans apres Ja mort de Mathias; il devint Ja possession du pape Benolt XIV (dont les armes furent peintes

82 Op. cit„ pp. 9-10.

83 Voir plus haut, p. 21. et n. 63. CSAPODI, op. cit„ pp. 57-62.

84 CsAPoDI, op. cit„ p. 57 (voir correspondance entre Vladislas et Florence, et l'etude de L. Bernat KuMOROVITZ sur ces ouvrages • corviniens • retenus :l Florence, II.

Ulasz/6 levelvaltasa Firenzevel a Matyas batala utan ott rekedt Corvinak ügyeben in• Magyar Könyvszemle

LXXII(1956), pp. 294-296.

85 Ibid„ p. 57. Note de l'auteur: • This is probably Cod. Urb. Lat. 112 du Vatican. • Voir Ja notice 725 de CSAPODI, op. cit„ p. 402.

par-dessus celles de Mathias sur la couverture) : il est certain que l'ouvrage etait entre d'abord dans la collection royale de Buda.

Dans ces conditions, et apres avoir rappele quelques-unes des exigences methodologiques de l'auteur de cette belle bibliographie, je puis fournir, sous sa propre autorite scientifique, quelques chiffres. Le catalogue, döment etabli et ordonne suivant un classement alphabetique par noms d'auteurs (d'Acciaolus Donatus, humaniste florentin, ä Wilhel-mus de Conchis - Guillaume de Conches, philosophe scolastique frarn;:ais du

:xne

siede) ne comporte pas moins de 1040 rubriques. Cette classification a le merite d'exarniner tres rapidement !es auteurs qui etaient entres dans cette collection, avant de se pencher sur la qualite meme de Ja piece consideree en tant qu'objet d'art ainsi que sur toutes ses caracteristiques (provenance, nom de l'atelier, eventuellement du scribe qui a copie Je manuscrit, etc.). C'est ce qui nous interesse au premier chef dans l'etude des rapports entre l'humanisme europeen, l'humanisme hongrois et le mecenat humaniste de Mathias. Nous ne pouvons etre que tres fortement impressionnes par la quantite d'auteurs anciens et modernes, pa'iens et chretiens, hongrois et etrangers, qui figurent dans cet enorme catalogue. Sur les 1040 ouvrages recenses, environ 650, qui representent quelque 350 auteurs, sont encore connus et accessibles de nos jours, ce qui est une grande chance pour !es chercheurs et pour notre civilisation en general, campte tenu des multiples peripeties, si souvent tragiques, de l'histoire de la Hongrie.

Songez que sur les quelque 450 ou 500 ouvrages de la bibliotheque personnelle d'Erasme,86 ä peine une douzaine d'entre eux ont survecu aujourd'hui, ä moins que, par une chance extraordinaire, comme ce fut le cas il y a quelques annees ä la bibliotheque frisonne de Groningue,87 des chercheurs ou des bibliothecaires curieux et obstines, decouvrent deux ou trois exemplaires non encore identifies !

A propos du chiffre de 1040 pieces fourni par le catalogue,88 le bibliographe fait remarquer tres justement que les unites bibliophiliques ou bibliographiques sont au moins quatre ou eing fois plus nombreuses,

86 Voir l'etude de Fritz HusNER, Die Bibliothek des Erasmus, in Gedenkschrift zum 400. Todestage des Erasmus von Rotterdam, Braus-Riggenbach, Benno Schwabe

& Co., Bäle, 1936, pp. 228-259.

87 Renseignements qui m'ont ete gracieusement foumis par Monsieur ). Engels, bibliothecaire de Ja Bibliotheque de Groningue. II ne faut pourtant pas trop compter sur des decouvertes de ce genre !

88 CsAPODI, op. cit., pp. 111-465.

28

car il arrive tres souvent, et notamment dans des opera omnia, qu'un seul chiffre (un seul numero) corresponde

a

une cruvre comportant cinq ou 10 volumes. Quand on songe, d'autre part, au stock total de la litterature ecrite

a

travers l'Europe dans la seconde moitie du XV" siede, on peut avancer, sans craindre d'etre contredit, que la Corvina,

a

son

point de developpement maximum, contenait une grande partie du tresor litteraire de l'humanite : n'est-ce pas !'ideal humaniste dans son expres-sion la plus pure? Politien, dans une lettre au roi Mathias, s'extasiait sur la qualite et la quantite de volumes et de manuscrits de cette bibliothe-que : • Je constate, ecrivait-il, bibliothe-que vous avez ere engage depuis longtemps dans l'erection d'une bibliotheque, qui va devenir, comme nous l'espe-rons tous, la plus riche et la plus magnifique de toutes. •89 Quant

a

Bartolomeo della Fonte9<> (Bartholomxus Pontius), le propre bibliothe-caire du roi Mathias, il ecrivait de son c6te (dans une lettre en date du 16 septembre 1489): • Pour moi, jene cesserai de l'affirmer en tous lieux:

Votre Majeste surpassera tous !es autres par la constitution de cette bibliotheque, exactement comme vous avez accompli toutes choses avec bravoure et sagesse dans Ja paix comme dans Ja guerre .• 91 Ce texte, ecrit par un temoin presque quotidien de Ja vie du roi, est tres symptomatique de cet accomplissement politique et culturel du souverain, meme si nous devons tenir campte d'une certaine dose de flatterie92 dans !es propos de ce fonctionnaire

a

son puissant maitre : Je parallele qu'il etablit entre

!es • travaux • pacifiques et guerriers du roi et l'erection d'une immense bibliötheque pourrait se resorber en une figure allegorique de Ja Renaissance, celle des travaux d'Hercule, qui fut si heureusement appliquee au pacifique et pacifiste Erasme de Rotterdam.93 En effet Ja

!es • travaux • pacifiques et guerriers du roi et l'erection d'une immense bibliötheque pourrait se resorber en une figure allegorique de Ja Renaissance, celle des travaux d'Hercule, qui fut si heureusement appliquee au pacifique et pacifiste Erasme de Rotterdam.93 En effet Ja

In document Matthias Corvinus and (Pldal 25-40)