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1.4. Vanuatu

Il y a environ 5500 ans, les Austronésiens commencent à migrer de Taiwan vers la Chine du Sud, les Philippines, l’archipel Bismarck et ils s’installent aux îles Vanuatu pendant la migration Lapita laissant des vestiges qui datent du IIe millénaire avant J.-C.101 En 1606, Pedro Fernández de Quirós traverse les îles Vanuatu et baptise l’une des îles les plus importantes « La Australia del Espíritu Santo »102.

Bougainville redécouvre l’archipel en 1768 et le nomme

« Grandes Cyclades »103. Cook fait le tour de l’archipel en 1774 le baptise « Nouvelles-Hébrides »104. À la fin du XVIIIe et au début du XIXe siècles, le commerce des perles, des carapaces de tortue, de l’huile de coco et l’industrie baleinière attire de nombreux Européens dans le Pacifique.105 Les îles néo-hébridaises étaient riches en bois de santal et cette nouvelle source d’approvisionnement a attiré des négociants et de nombreux travailleurs polynésiens.106 En 1830, un navire du roi des îles Sandwich (Hawaï actuel) arrive à Erromango et essaie de l’annexer pour permettre à l’aristocratie hawaïenne de

« vivre dans le luxe grâce aux bénéfices du commerce du bois de santal »107 car les ressources de la Polynésie avaient déjà été pillées mais cette tentative hawaïenne de prise de possession échoue.

La christianisation de l’archipel commence à partir de la fin des années 1830 et se fera par des catéchistes polynésiens, des missionnaires presbytériens, anglicans, catholiques et locaux. 108 L’établissement des comptoirs de commerce a renforcé et multiplié les échanges entre commerçants et indigènes.109 Dès 1865, les réserves en bois de santal commencent à s’épuiser, son commerce cesse d’être rentable et les commerçants se tournent vers d’autres activités : c’est le commencement de la période des plantations et du trafic de main-d’œuvre.110

108 John Williams et James Harris, missionnaires de la London Missionary Society sont tués lors du débarquement sur l’île Erromango. Eriksen 2014 : 133-140.

109 Lightner 2010b : 36.

110 Ibid., 36-40.

Pendant la période du recrutement forcé (« blackbirding »), du commerce des travailleurs du Pacifique Sud, plusieurs dizaines de milliers de personnes en provenance de l’archipel vanuatais étaient déplacés en tant que travailleurs sous contrat sur les plantations sucrières du Queensland, dans les mines de nickel néo-calédoniennes, aux Fiji, Hawaï et Samoa.111 Ces travailleurs mélanésiens sont rapatriés aux Salomon et au Vanuatu suite à la signature de la loi sur l’immigration en Australieau début du XXe siècle .112

En 1887, les Nouvelles-Hébrides reçoivent le statut de commission navale mixte (franco-anglaise) pour maintenir l’ordre dans l’archipel et pour veiller aux intérêts des deux pays colonisateurs.113 Le régime colonial définitif est signé en 1906 et l’archipel devient le condominium des Nouvelles-Hébrides.114 Le siècle entre 1820 et 1920 peut être caractérisé comme une période de dépeuplement pendant laquelle des épidémies, ayant un taux de mortalité très élevé, ont causé un déclin très considérable de la population.115 Dans la Seconde Guerre mondiale, les Nouvelles-Hébrides rallient la France libre et deviennent une base militaire navale des Américains qui construisent des quais, des tours de radio, un réseau téléphonique, des terrains d’aviation, une base navale.116

111 Il s’agit surtout de la période entre 1863-1908. Jolly 2012 : 22-30. « This led to a massive recruiting campaign, often referred to as “blackbirding”, for between 1863 and 1907 more than 100,000 Pacific islanders, speaking literally hundreds of different languages and dialects, were recruited, often against their will, for contract periods of three years. This had a tremendous social impact on individual island states. In 1882, for example, there were some 14,000 New Hebrideans working abroad, out of a total estimated population of about 100,000, of whom 7,000 were in Queensland, 3,000 in Fiji, 2,800 in New Caledonia, 1,000 in Samoa and Hawaii, plus an unknown number working on ships. These numbers represent a huge social upheaval on the islands which provided the indentured labour, for many societies were stripped of the majority of their most active members. […] There were many misunderstandings because of language difficulties, and some recruits were signed up by their chiefs, for a fee, while others were actually kidnapped and taken off by force ». Tryon 2004 : 173-174., 180.

112 Il s’agissait en fait de travailleurs originaires de plus de 80 îles dont les descendants australiens sont désignés aujourd’hui comme la diaspora des Australian South Sea Islanders (ASSI). Dick 2015 : 111-131.

113 Van Trease 1995 : 3-12.

114 Borofsky 2000 : 185-188.

115 Variole, grippe, rougeole, diphtérie, coqueluche et dysenterie apportées par les commerçants et missionnaires européens. Lightner 2010b : 93-102.

116 Lightner 2011 : 61-71.

Le mouvement Nagriamel naît au milieu des années 1960 pour protester contre l’aliénation des terres autochtones, pour réclamer des droits fonciers.117 Les années 1970 étaient marquées par des manifestations et des protestations : le Vanua’aku Pati proclame en 1977 le Gouvernement Provisoire du Peuple.118 Une rébellion éclate en mai 1980 et elle est suivi par l’intervention armée de la milice britannique119 et plus tard des troupes papoues arrivent pour mettre fin à la rébellion de Santo.120 L’indépendance est proclamée le 30 juillet 1980 et la nouvelle nation est désormais appelée Vanuatu.121

117 Ibid., 115-119.

118 Ibid., 135.

119 Ibid., 139.

120 Ibid., 140-147.

121 Ibid., 148-150.

Histoires et engagements bonheurs, tendresses, larmes, colères et chagrins, les histoires de la grand-mère, de la mère, des grands-tantes, de la servante-nourricière et de soi-même. Une existence mouvementée, de déplacements et de relocalisations, de réarticulations identitaires constantes dont l’empreinte textuelle dans le roman encadre les dynamiques mentales d’une conscientisation mémorielle qui est une analyse poétique de l’imaginaire et de l’identité polynésiens, d’histoires et de tragédies personnelles et collectives.

Au lieu de la présentation d’une structure linéaire et hégémonique de l’histoire125, nous sommes témoins d’une multivocalité, d’un enchevêtrement poético-identitaire. 126 À travers ce processus, l’auteure se narrativise dans une succession de transformations, les microrécits de type personnel s’unissent dans un macro-récit127 qui est censé devenir le texte/lieu d’accueil de la conception, de la genèse du sujet. On trouve une remémoration rétroactive fusionnée avec la constitution/narrativisation de soi proactive à la source de l’écriture auto-constitutive de Chantal Spitz où la conscientisation d’éléments mémoriels constituent « la dimension d’incarnation du sujet »128.

« Longtemps mes mémoires sont restées vierges.

Pour survivre j’ai invalidé tous mes souvenirs je les ai minutieusement endigués enrayés engourdis »129

126 Les « réalités déclinées » de l’auteure, ses deuils, blessures et exils sont décrits dans un fleuve de revitalisation des « mémoires pulvérisées » dans lequel l’auto-fiction prend forme dans une thématisation narrative hautement poétique de la conscience et du corps. Spitz 2011a : 12., 14. et Lévy 2008 : 79-112.

127 Odin 2000 : 26.

128 Lévy op. cit., 79.

129 Spitz 2011a : 11.