La République centrafricaine est composée de plus de 80 groupes eth-niques différents, dont la plupart ont leur propre langue. Cette diver-sité se répartit de manière très inégale : les cinq tribus les plus grandes constituent 90 % de la population. Les tribus donnant plus que 2% des habitants sont les Bandas (33%), les Gbayas (27%), les Mandjias (13%), les Saras (10%), les Mboums (7%), les M’bakas (4%) et les Yakomas (4%). Les populations étrangères les plus importantes sont les Français et les Anglais
556.
555 Smith, David L.: Rapport sur l’Afrique centrale, Numéro 2, septembre 2014, p. 4.
http://www.issafrica.org/uploads/CentralAfricanReport2Fr.pdf (Téléchargé le 25 septembre 2014)
556 https://www.cia.gov/library/publications/the-world-factbook/geos/ct.html (Télé-chargé le mars 2014)
Les importants groupes ethniques de la République centrafricaine (2014)
557http://www.britannica.com/EBchecked/topic/51441/Banda (Téléchargé le 27 sep-tembre 2014)
557 Smith, David L.: Rapport sur l’Afrique centrale, Numéro 2, septembre 2014, p. 3.
http://www.issafrica.org/uploads/CentralAfricanReport2Fr.pdf (Téléchargé le 25 novembre 2014)
Langues et groupes ethniques importants Les Bandas
558La tribu des Bandas est l’unité ethnique la plus grande de la République centrafricaine
559. Son territoire se trouve principalement dans le nord et le centre du pays. Des membres de la tribu vivent aussi dans la Répu-blique démocratique du Congo, au Cameroun et au Soudan du Sud. Leur nombre a été estimé à 1 300 000 au tournant du millénaire. Ils parlent plusieurs langues oubanguiennes qui s’apparentent plus ou moins étroi-tement aux langues des tribus voisines gbaya et ngbandi.
Les membres du groupe exercent une activité principalement agri-cole : ils cultivent le maïs, le manioc, la cacahuète, la batata et le tabac.
Cela constitue la tâche des femmes ; les hommes chassent et pêchent.
Les membres de la tribu vivent dispersés sur un large territoire, dans des petites villes, chacune sous les commandes d’un chef de clan. Ce système s’est probablement formé sous l’influence des colonisateurs européens. Avant l’arrivée des premiers colons, la tribu banda ne cho-sissait de leader qu’en temps de guerre et à titre provisoire. Ainsi, faute de dirigeant et de classe dirigeante, l’État ne pouvait pas se former. De nos jours, la tribu est principalement chrétienne, mais la polygamie est traditionnellement acceptée, pourtant de moins en moins typique
560.
558 D’autres formes : dar banda, gbanda.
http://catalogue.bnf.fr/servlet/autorite?ID=11959075&idNoeud=1.1.1&host=cata-logue
(Téléchargé le 25 novembre 2014)
559 Contrairement aux données de l’Encyclopedia Britannica, le CIA World Factbook considère les Gbayas comme le plus important groupe ethnique, les Bandas arrivant en deuxième position. Du point de vue des rapports entre ethnies, les données du Britannica Encyclopedia confirment celles du Joshua Projet citées par la suite.
https://www.cia.gov/library/publications/the-world-factbook/geos/ct.html (Télé-chargé le 10 mars 2014)
560 http://www.britannica.com/EBchecked/topic/51441/Banda (Téléchargé le 27 sep-tembre 2014)
Les Gbayas
561Le deuxième groupe ethnique du pays est la tribu gbaya. A cause du modèle de délimitation des frontières typique en Afrique, les membres du groupe se trouvent dans le centre-est du Cameroun, dans le Nord de la République du Congo et dans le nord-ouest de la République démo-cratique du Congo. Leur population dans la République centrafricaine a été estimée à 970 000 personnes en 2000. Ce groupe se divise en unités tribales séparées qui sont plus ou moins différentes, des fois même par leur langue
562.
Les Saras
563Ce groupe ethnique de 3-4 millions de membres, qui est le plus considé-rable du Tchad
564, est le deuxième le plus nombreux de la RCA qui pos-sède sa propre langue et ses propres dialectes. Ses membres pratiquent principalement des religions locales (culte du Soleil, etc.) et le christia-nisme, et ils exercent des rites nés du mélange de ces deux. Les femmes du groupe portaient des disques en bois dans leurs lèvres inférieures et supérieures. Élargir les lèvres était une particularité de la tribu, afin
561 Autres variantes : Baja, Baya, Bayas, Beya, Bwaka, Gbaja, Bodomo, Gbaya Bokoto, Gbaya Bouli, Gbaya Dooka, Gbaya Kaka, Gbaya Kara, Gbaya Lai, Gbaya Yaiyuwe, Gbayas, Gbea, Gbeya, Igbaka, Bigbaya. http://catalogue.bnf.fr/servlet/auto-rite?ID=11954115&idNoeud=1.1.1&host=catalogue
(Téléchargé le 25 novembre 2014)
562 https://www.cia.gov/library/publications/the-world-factbook/geos/ct.html (Télé-chargé le 10 mars 2014)
563 Autres variantes : Madja Ngai, Madjingay, Madjingaye, Majingai, Majingai Ngama, Majinngay, Midjinngay, Modjingaye, Moggingai, Moggingain, Nadjingaya, Sar, Sara Madjingay, Sara Madjingayé, Sara Majingay, Saras, Sars.
http://catalogue.bnf.fr/servlet/autorite?ID=11945862&idNoeud=1.1.1&host=cata-logue
(Téléchargé le 25 novembre 2014)
564 Besenyő János, Hetényi Soma Ambrus, Jagadics Péter, Resperger István (2010):
Országismertető Csád, Seregszemle kiadvány, Székesfehérvár, pp. 65-66.
que les marchands d’esclaves ne trouvent pas les femmes attirantes. La tradition a disparu vers les années 1920
565.
Le groupe ethnique se divise en 10-12 clans distincts : le ngambaye, le mbaye, le goulay, le madjingaye, le kaba, le sara-kaba, le niellim, le nar, le dai et le ngama. Ils gagnent leur vie dans l’agriculture : ils cultivent le coton, le riz, la cacahuète, le maïs, le millet, le sorgho et le manioc. Au Tchad voisin, ils contribuent considérablement à l’économie du pays.
La tribu appelée « la belle race » par les Français à l’époque de la colonisation, grâce à leur taille et leur bon physique, était la plus nom-breuse à participer à la Deuxième Guerre Mondiale
566. Sous la domi-nation française, elle essaya de profiter des possibilités d’éducation offertes par les colonisateurs – même si d’une manière moins considé-rable que les Tchadiens. Ainsi ses membres maîtrisent mieux le français que la plupart des tribus. François Tombalbaye, premier président du Tchad, était originaire de ce groupe, tout comme Noël Milarew Odingar, qui a renversé son pouvoir par un coup d’État en 1975.
Les M’bakas
567Cette peuplade comptant 300 000 membres et parlant une langue ngbaka et pratiquant pour la plupart le christianisme vit dans le sud-ouest du pays et dans la République démocratique du Congo. Malgré sa population peu nombreuse, elle exerce une influence considérable.
Plusieurs hommes politiques importants de la RCA étaient originaires de cette tribu : David Dacko, premier président (du 14 août 1960 au 1
erjanvier 1966, et du 21 septembre 1979 au 1
erseptembre 1981), l’ancien
565 Anite, Stefan: The People of the Lipplates.
http://archive.news.softpedia.com/news/The-People-of-the-Lipplates-36867.shtml (Téléchargé le 25 novembre 2014)
566 Azevedo, M.J. (1998): The Roots of Violence: A History of War in Chad. Routledge, London/New York pp. 7-8.
567 Autres variantes : Bouaka, Bwaka, Gbaka, Gmbwaga, Gwaka, Limba, Ma’ba, Mbacca, Mbaka, Minangende, Nbaka, Ngabaka, Ngbaka-Ma’bo, Ngbakas.
http://catalogue.bnf.fr/servlet/autorite?ID=11981614&idNoeud=1.1.1&host=cata-logue
(Téléchargé le 25 novembre 2014)
président et empereur Jean-Bédel Bokassa (du 1
erjanvier 1966 au 4 décembre 1976, et du 4 décembre 1976 au 20 septembre 1979) ainsi que Barthélémy Boganda, chef du gouvernement du territorie autonome qui allait devenir la République Centraficaine (du 8 décembre 1958 au 29 mars 1959)
568.
Les Mandjias
569Ce groupe ethnique nomade, principalement chasseur, qui parle la langue adamawa-oubangui et est apparenté aux Bayas, vit dans la par-tie centrale du pays, ainsi qu’au Cameroun et au Tchad. Comme le géo-graphe allemand Friedrich Ratzel l’a déjà noté au XIX
esiècle au sujet des costumes en usage dans la région
570, les femmes mandja ont l’habitude de décorer leurs lèvres. Pourtant, dans leur cas, cela ne se fait pas par l’élargissement de la lèvre inférieure, mais par le percement de la lèvre supérieure où un petit bâton en bois est installé
571.
Du temps de la colonisation française, on a interdit la chasse aux membres de la tribu, ainsi, étant donné qu’ils ne cultivaient pas les terres et ils ne pêchaient pas non plus, ils étaient contraints de travailler dans les plantations de coton des colonisateurs, pour assurer leur subsistance
572.
568 Appiah, A.-Gates, H.L.,Jr. [dir.]: Africana: The Encyclopedia of the African and African American Experience. Basic Books, New York, 1999, p. 1278.
569 Autres variantes : Mandija, Mandja, Manja, Manza.
http://catalogue.bnf.fr/servlet/RechercheEquation;jsessionid=61D78E411D21E4B- 2733D314FA15F8C0D?TexteCollection=HGARSTUVWXYZ1DIECBMJNQLOKP&Tex-teTypeDoc=DESNFPIBTMCJOV&Equation=IDP%3Dcb11963540f&host=catalogue (Téléchargé le 25 novembre 2014)
570 Ratzel, Friedrich: The History of Mankind, New York, USA, The Macmillan Company, 1898 p. 8., 74.
http://archive.org/stream/historyofmankind03ratzuoft/historyofmankind03rat-zuoft_djvu.txt
(Téléchargé le 25 novembre 2014)
571 http://thisisafrica.me/africans-ashamed-kiss (Téléchargé le 25 novembre 2014) 572 Perelman, Michael: The Invention of Capitalism: Classical Political Economy and the
Secret History of Primitive Accumulation, Duke University Press, Durham / London, 2000, p. 52.
Le vingtième premier ministre du pays, Élie Doté (13 juin 2005 -22 janvier 2008) est natif de cette tribu
573.
Les Mboumas
574Une partie considérable de la tribu donnant 7% de la population de la RCA vit au Cameroun voisin. Ils parlent une langue adamawa, mais le fufulde est en train de devenir une seconde langue. En ce qui concerne leur appartenance religieuse, l’islam est aussi présent à côté du christia-nisme et des religions locales.
575Les Yakomas
Outre le territoire situé près de l’Oubangui, dans le sud de la République Centrafricaine, une population de 10000 têtes appartenant au groupe comptant au total 100000 membres vit sur le territoire de la République Démocratique du Congo
576. Cette tribu, dont les origines remontent aux Bantous, a sa propre langue, le yakoma, qui est proche du sango, langue nationale du pays.
577La commune Les Abiras se trouve sur le territoire des Yakomas.
Elle était fondée par les Français à l’ère de la colonisation, et plus tard, entre 1903 et 1906
578, elle était le centre de la colonie Oubangui-Chari,
573 Smith, David L.: Rapport sur l’Afrique centrale, Numéro 2, septembre 2014, p. 11.
http://www.issafrica.org/uploads/CentralAfricanReport2Fr.pdf (Téléchargé le 25 novembre 2014)
574 Autres variantes : Buna, Mbum, Mboumtiba, Wuna.
http://catalogue.bnf.fr/servlet/autorite?ID=13745154&idNoeud=1.1.1&host=cata-logue
(Téléchargé le 25 novembre 2014)
575 http://www.ethnologue.com/language/mdd (Téléchargé le 27 septembre 2014) 576 http://www.ethnologue.com/language/yky (Téléchargé le 27 septembre 2014) 577 http://www.refworld.org/cgi-bin/texis/vtx/rwmain?docid=3f7d4d6515
(Télé-chargé le 27 septembre 2014)
578 http://www.worldstatesmen.org/Central_African_Republic.html (Téléchargé le 27 septembre 2014)
prédécesseur de la République centrafricaine. Le quatrième président du pays, André-Dieudonné Kolingba (du 1
erseptembre 1981 au 1
eroctobre 1993) était originaire de cette tribu.
Les groupes ethniques de la République centrafricaine et leurs caractéris-tiques importantes
579Nom du groupe
ethnique Population
du groupe Langue principale Religion principale
ali 47 900 ali christianisme
arabe, shuwa 105 000 arabe (tchadien) islam
arabe, turku 4 700 arabe (créole soudanais) islam
azande, zande 84 800 zande christianisme
baggara, fertit 23 500 arabe (soudanais) islam banda, togbo-vara 16 400 banda, togbo-vara religion tribale banda-bambari, linda 247 000 banda-bambari christianisme banda-banda, banda-ndi 134 000 banda-banda christianisme banda-dukpu, yakwa 127 000 banda (centre-sud) christianisme banda-langba 75 300 banda (centre-sud) christianisme banda-langbashe, langwasi 54 700 langbashe christianisme
banda-mbres 58 100 banda-mbres christianisme
banda-ndele 48 600 banda-ndele christianisme
banda-ngbugu 122 000 banda (centre-sud) christianisme banda-wojo, dakpa 6 160 banda (centre-ouest) christianisme
banda-yangere 36 300 banda-yangere christianisme
bangi 9 600 bangi christianisme
baya, gbaya 268 000 gbaya (nord-ouest) christianisme
benkonjo 2 740 ukhwejo christianisme
birri 6 080 birri christianisme
579 http://joshuaproject.net/countries/CT (Téléchargé le 27 septembre 2014)
Nom du groupe
ethnique Population
du groupe Langue principale Religion principale
bofi 32 200 bofi christianisme
bokoto 169 000 bokoto christianisme
bomitaba 370 bomitaba christianisme
dagba 36 800 dagba religion tribale
dendi 13 700 dendi christianisme
fulani, bagirmi 207 000 fulfulde, bagirmi islam fulani, nigérian 58 700 fulfulde (nigérian), islam
furu 5 470 furu islam
gbanu, banu 122 000 gbanu christianismen
gbaya (sud-ouest) 252 000 gbaya (sud-ouest) christianisme gbaya-bossangoa 235 000 gbaya-bossangoa christianisme
gbaya-bouzum 44 500 gbaya-bozoum christianisme
gbayi 6 840 gbayi christianisme
geme, jeme 680 geme christianisme
gobu 2 350 gobu religion tribale
gula, kara 17 800 gula islam
hausa 33 400 hausa islam
kaba 95 800 kaba religion tribale
kaba dunjo, sara 5 470 sara dunjo religion tribale
kabba-laka, laka 2 800 laka christianisme
kaka, yaka 14 200 kako religion tribale
kara, fertit 6 570 kara islam
kari, karre 120 000 kare christianisme
kpagua 4 850 kpagua religion tribale
kpatili 6 160 kpatili christianisme
kresh 970 gbaya islam
lingala 13 800 lingala christianisme
Nom du groupe
ethnique Population
du groupe Langue principale Religion principale
lutos 23 300 lutos religion tribale
manja, mandja 291 000 manza christianisme
mayeka 2 820 mayeka christianisme
mbangi 3 760 mbangi christianisme
mbanza 2 080 mbandja christianisme
mbati, isongo 82 100 mbati religion tribale
mbimu, mbyemo 32 800 mpiemo christianisme
mbum 17 100 mbum christianisme
monzombo 2 190 monzombo religion tribale
ngala, bangala 14 100 bangala christianisme
ngam, ngama 24 200 ngam christianisme
ngando, dingando 6 840 ngando christianisme
ngbaka gbaya 3 650 ngbaka christianisme
ngbaka mabo, bwaka 117 000 ngbaka ma’bo christianisme
ngbaka manza 39 700 ngbaka manza christianisme
ngbandi 350 ngbandi (nord) christianisme
ngombe, ngombe-kaka 1 980 ngombe christianisme
ngundi 15 000 ngundi religion tribale
nzakara, sakara 68 400 nzakara christianisme
pana 112 000 pana christianisme
pande 13 300 pande religion tribale
pygmy, banziri, ganzi 1 910 ganzi christianisme
pygmy, bayaka, binga 20 500 yaka religion tribale
pygmy, buraka 3 420 buraka religion tribale
pygmy, gbanziri 19 800 gbanziri religion tribale
pygmy, gundi 15 000 gundi religion tribale
runga 29 400 runga islam
Nom du groupe
ethnique Population
du groupe Langue principale Religion principale
sango 442 000 sango christianisme
sango riverain 41 000 sango (riverain) christianisme
sara kaba 18 600 sara kaba religion tribale
sara majingai-ngama, sar 2 330 sar christianisme
sara mbai 11 400 mbay christianisme
suma 68 400 suma christianisme
vale 7 390 vale religion tribale
yakoma 127 000 yakoma christianisme
yulu, youlou 5 470 yulu christianisme
Malgré l’extraordianire variété des langues énumérées, le français et le sango (sangho) sont les langues officielles de la République centrafri-caine. Cependant, d’après les sondages, seulement 22% de la popula-tion parlent français. Le sangho est devenu langue napopula-tionale en 1963, et langue officielle en 1991. Plus de 90% des habitants parlent le sangho ; il sert alors de véritable lingua franca
580.
D’après les recherches linguistiques, le nombre des langues dis-tinctes dans le pays est de 72, dont deux sont officielles et institutionna-lisées, 17 en développement, 48 utilisées à titre permanent par un grand nombre de locuteurs, 3 en disparition et deux en voie d’extinction
581.
L’illettrisme est un problème sérieux dans la République centrafri-caine. D’après l’enquête de l’UNESCO réalisée en 2010, le taux d’alpha-bétisation n’est que de 43% ; selon le CIA World Factbook, ce taux est un peu plus favorable, et monte à 56,6%
582.
580 National African Language Resource Center – Sango
http://www.nalrc.indiana.edu/brochures/Sango.pdf (Téléchargé le 27 septembre 2014)
581 http://www.ethnologue.com/country/cf/default/***EDITION*** (Téléchargé le 27 septembre 2014)
582 http://www.ethnologue.com/country/cf/default/***EDITION*** (Téléchargé le 27 septembre 2014)
https://www.cia.gov/library/publications/the-world-factbook/geos/ct.html (Télé-chargé le 27 septembre 2014)
Religions
Comme dans d’autres domaines, la République centrafricaine montre une diversité importante du point de vue de la religion. La communauté religieuse la plus nombreuse est celle des chrétiens. Environ 50% de la population – 25% protestants, 25% catholiques romains – appar-tiennent à ce groupe civilisationnel et culturel. La deuxième unité cultu-relle est celle des pratiquants des religions tribales qui donne 35% de la population. Les tributaires de la culture islamique ne constituent que 15% des habitants. Si l’on analyse les chiffres précités, on ne devra pas ignorer le mélange et la déformation des religions locales, tradition-nelles et tribales et du christianisme
583.
Les manifestations locales de la religion chrétienne se caractérisent également par la diversité à cause du nombre élevé des missions euro-péennes et américaines. Les importantes communautés protestantes, évangéliques et pentecôtistes de la République Centrafricaine
584:
• Alliance des Églises Baptistes Centrafricaines : l’organisation comptant 150 églises et 37 500 membres est née en 1973, à cause d’un schisme.
• Comité Baptiste : il est aussi est né d’un schisme, en 1956, quand une partie des Mandjas ont quitté l’Église Baptiste Mid-Missions. Il comprend 3000 membres environ en cinq congrégations.
• Église Baptiste de l’Ouest de la République Centrafricaine : elle a été fondée par la mission suédoise Orebro en 1923. Elle compte 712 églises et 95 400 membres dont 90% sont des Bayas et 10%
des Mpimos.
• Églises Baptistes de la République centrafricaine : l’organisa-tion regroupant plusieurs Églises a été créée par l’Église Baptiste Mid-Missions en 1920. L’Église comprend 118 congrégations et 100 000 membres dont 70% sont issus de la tribu banda et 20%
des Mandjas.
• Coopération Évangélique Centrafricaine : la communauté des Pentecôtistes indépendants africains, constituée de 288 églises et
583 https://www.cia.gov/library/publications/the-world-factbook/geos/ct.html (Télé-chargé le 27 septembre 2014)
584 http://worldmap.org/country.php?ROG3=CT&QryHead=Christian%20Reli-gion&QryFld=CP_Religion_ Christian (Téléchargé le 25 novembre 2014)
54 900 membres, a été fondée en 1956 par le Comité Évangélique Mondiale, dont le siège se trouve en Suisse.
• L’Église Centrafricaine est une communauté fondée par un pasteur banda en 1960 qui n’avait que 100 membres et est actuellement en disparition.
• Église Évangélique Centrafricaine : cette Église protestante-évan-gélique a été fondée en 1924 par l’organisation américaine Africa Inland Mission. Elle comprend 267 congrégations et 40 000 membres dont 90% sont originaires du groupe ethnique zande, 3% du karre, mais des réfugiés soudanais assistent également aux services.
• Église évangélique des Frères : l’Église fondée en 1921 compte 610 congrégations et 290 000 membres dont 70% sont d’origine baya, 20% d’origine mandija et 10% d’origine karre.
• Église évangélique-luthérienne de la République centrafricaine : l’Église fondée en 1923 réunit aujourd’hui 22 000 membres en 215 congrégations dont 90% sont des Bayas.
• Mission évangélique : la Mission pionnière a fondé la communauté en 1937. Son siège se trouve à Carnot, et elle compte 50 temples et 6000 membres.
• Église évangélique du Réveil : l’Église fondée par la Mission pen-tecôtiste suisse vers 1960 dessert 5000 personnes en 50 congré-gations.
• Église protestante du Christ-Roi de Centrafrique : la communauté composée principalement d’étrangers émigrés comprend 700 croyants.
• Église adventiste du septième jour : l’organisation des congré-gations locales a commencé en 1960 dont 40 fonctionnent aujourd’hui avec 4180 membres, dont 60% sont des Mbougous, 15% des Baguiros et 15% des Bayas.
• Union des Églises évangéliques Élim : l’Église a été fondée par la Mission pentecôtiste suisse en 1927. Le siège de la communauté se trouve à Alindao. Elle a 400 temples et 70 300 adeptes dont 9%
sont des Bandas.
• Union Fraternelle des Églises baptistes : l’Église s’est formée en
1978 suite à une schisme avec l’Église baptiste de la République
centrafricaine. Elle comprend 141 temples et 22 500 membres.
Les 900 000-1 000 000 adeptes catholiques romains pratiquent leur religion dans le cadre de neuf diocèses dirigés directement par Rome
585. La situation de la religion chrétienne dans la Républiqe centrafricaine
586585 Les neuf diocèses : Bangui (archidiocèse), Alindao, Bambari, Bangassou, Berbérati, Bossangoa, Bouar, Kaga–Bandoro, Mbaïki.
http://www.catholic-hierarchy.org/country/dcf.html (Téléchargé le 25 novembre 2014) 586
http://worldmap.org/maps/prepared/churchstatus/central%20african%20repu-blic/cent_african_republic_sge. pdf (Téléchargé le 25 novembre 2014)
La population musulmane presque exclusivement sunnite vit au nord-est du pays, à côté de la frontière avec le Tchad et le Soudan. La religion a apparu avec l’arrivée des marchands d’esclaves arabes au XVI
esiècle, qui sont venus dans le territoire actuel de la République centrafricaine par l’extension des chemins du Nil et du Sahara, grâce à l’élargissement de l’espace économique de l’islam, suivant les rivières Congo et Ouban-gui
587. De nos jours, les musulmans sont souvent discriminés à cause de leur religion, notamment par la bureaucratie de l’État où la gestion des documents d’État civil est souvent entravée sous certains prétextes.
Dans de nombreux cas, ils sont traités comme étrangers à cause de leur situation financière supérieure à la moyenne
588.
En 2013-2014, des centaines de milliers d’habitants de confessions diverses ont quitté le pays à cause des hostilités et des conflits armés entre chrétiens et musulmans, ainsi les proportions précitées pouvaient se modifier considérablement.
D’après le document intitulé International Religious Freedom Report 2010 publié par le Département de l’État des États-Unis, la liberté du culte n’est pas totale dans le pays, malgré les garanties de la Constitu-tion. Le retard des mentalités culturelles est aussi prouvé par le fait que la sorcellerie constitue encore un délit
589. Cela acquiert d’importance lorsque, en cas de conflits personnels, on déconce l’autre pour sorcelle-rie, et la personne peut être stigmatisée et discriminée par la suite. D’ail-leurs, des femmes célibataires âgées sont souvent traduites en justice à cause d’une fausse accusation de sorcellerie
590.
587 Central African Republic Foreign Policy And Government Guide, vol. 1, International Business Publications, USA, 2008, p. 47.
588 http://www.state.gov/j/drl/rls/irf/2010/148671.htm (Téléchargé le 27 septembre 2014)
589 Selon l’ancien code pénal, les « sorcières » devaient être condamnées à mort, mais le nouveu code de 2009 prescrit des peines moins graves : en cas de blessure grave ou pertinente causée par la sorcellerie, la peine prévue pourra être 5-10 ans de travaux forcés, et, en cas de mort, des travaux forcés à perpétuité avec le paiement d’une amende équivalant à 200-2000 dollars américains (USD).
http://www.state.gov/j/drl/rls/irf/2010/148671.htm (Téléchargé le 27 septembre 2014)
590 Selon des estimations 50-60% des femmes détenues à la prison de Bangui en 2009 y ont été pour des accusation de sorcellerie.
http://www.state.gov/j/drl/rls/irf/2010/148671.htm (Téléchargé le 27 septembre 2014)