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Antoine Godeau

In document Les No�elles Muses (Pldal 142-160)

(1605-1672)

Antoine Godeau est né à Dreux en 1605, d’une famille bourgeoise assez riche.

Il est venu à Paris avec l’intention d’entrer dans les ordres, mais les attraits de la vie parisienne ont retardé sa carrière ecclésiastique.

La description que donne Tallemant de lui est très peu flatteuse : « …pour sa personne c’est une des plus contemptibles qu’on puisse trouver ; il est ex-traordinairement petit et exex-traordinairement laid »263. Toutefois, ses infir-mités physiques ne l’ont nullement empêché de faire une brillante carrière.

Grâce à Conrart, qui était son parent, il a été introduit dans la vie littéraire de l’époque. Membre des Illustres Bergers, sous le nom romanesque d’Er-gaste, admis à l’Hôtel de Rambouillet, aux côtés de Voiture, il mène une vie toute mondaine. C’est dans le salon d’Arthénice qu’il rencontre Malherbe et se prenant d’admiration pour lui, devient un de ses plus fervents disciples.

Sa laideur et sa petite taille lui valent le surnom de « nain de Julie »264, mais il paraît que ce titre ne le déshonore point. Reçu parmi les premiers aca-démiciens, brillant dans la meilleure société, c’est alors qu’il devient, avec Boisrobert, l’amuseur attitré de Richelieu. Grâce à la protection de celui-ci il devient même, sans trop le vouloir, homme d’Eglise. La foi transforme vite l’homme du monde en homme de Dieu et dès lors il met sa plume au service de son ministère. Ses œuvres pieuses ont été très bien reçues par le public, Tallemant en témoigne :

Peu à peu il se mit à travailler aux choses spirituelles, et il falloit qu’il y fut bien né, car je trouve qu’il a fait toute autre chose pour le créateur que pour les créatures. Le Benedicite265 la mit en grande réputation auprès du cardinal de La Valette, et ensuite auprès du cardinal de Richelieu, […]

263 Tallemant des Réaux, Historiettes, t. I., Paris, Gallimard (Bibliothèque de la Pléiade), 1960,p. 550.

264 Il s’agit de Julie d’Angenne, fille de Mme de Rambouillet, destinataire de la célèbre Guirlande

265 Il s’agit de sa paraphrase du Benedicite.

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Ses ouvrages plaisaient si fort à Son Eminence, qu’on disoit chez lui, pour dire : Voilà qui est admirable : « Quand Godeau l’auroit fait, il ne seroit pas mieux266.

C’est grâce à son illustre protecteur que sa carrière ecclésiastique a été pro-mue : Richelieu a décidé de le nommer évêque. Le fait qu'il n’ait reçu que les ordres mineurs n’empêchait point le Cardinal de mettre en œuvre son pro-jet. Godeau a été ordonné prêtre huit jours seulement avant sa nomination à l’épiscopat. Devenu évêque de Grasse et en même temps de Vence267, il a dû renoncer à ses ambitions littéraires et à sa vie brillante au sein de la société mondaine de Paris. Tallemant a cru qu’il avait détruit les vers d’amour qu’il avait composés auparavant, pour se consacrer entièrement à la poésie pieu-se268. Il est devenu un évêque très célèbre, studieux et soucieux de son trou-peau. Il nous reste, comme témoignages de son activité sacerdotale, des lettres spirituelles et des lettres de direction, adressées à Madame de Rambouillet et à ses deux fi lles.

Godeau s’intéresse également aux principes généraux de la littérature.

On lui doit un texte fondamental sur la doctrine malherbienne, le Discours sur les œuvres de M. de Malherbe, où le disciple dévoué s’exprime sur un ton d’admiration.

En bon élève, il propose l’éloge de son maître et, sans prétendre répon-dre à toutes les attaques, il veut contribuer à diffuser les principes de celui dont il reconnaît l’autorité sans réserve269. Il s’acquitte de sa tâche avec un total dévouement. Sous sa plume Malherbe est « l’honneur de son siècle »,

« l’amour des muses », dont « chaque ligne est sacrée ». En aucune façon il ne met en doute l’enseignement de son maître. A ses yeux, ceux qui contre-disent ses principes n’agissent que par envie et sont inaptes de véritables sentiments d’estime.

Godeau affirme que Malherbe en tant que poète est excellent, même si sa façon d’écrire s’éloigne un peu de celle des anciens. D’après lui, ceux qui

266 Tallemant des Réaux, Historiettes, éd. cit. p. 550.

267 Quelque temps après sa nomination, un bref du Saint-Siège a interdit le cumul des bénéfices, ce qui l’a obligé d’abandonner Grasse.

268 En réalité, plusieurs de ces pièces ont été redécouvertes dans les recueils manuscrits de Conrart.

269 « …sans m’amuser à rendre raison de toutes les choses que l’on blasme dans nostre autheur, proposer seulement ce que contiennent ses œuvres, découvrir la conduite qu’il a observée, et élever ma voix, pour faire ouïr à tout le monde ces légitimes eloges. » in Discours sur les œuvres de Mr de Malherbe, p. 5-6.

font l’éloge des prédécesseurs, sont plutôt dégoûtés des choses présentes que convaincus de l’excellence du passé. Il élève sa voix contre les censeurs sévères,

« persécuteurs » jaloux de Malherbe qui ont mis en doute ses mérites en tant que poète. Le disciple dévoué évoque les qualités du style de son maître et ses propos constituent un sommaire de la fameuse doctrine. Il formule les condi-tions de la composition parfaite telles que l’ordre, la liaison et le nombre :

L’ordre ne range pas seulement les mots selon les regles de la grammaire ; il dispose les matieres, donne la place aux raisons, selon qu’elles sont plus fortes ou plus foibles, et retranche ce qui est superflu, ou adjouste ce qui peut estre necessaire pour l’éclarcissement du sens270.

La liaison unit toutes les parties du discours, et fait que celuy qui lit ou écoute, estant conduit d’un point à l’autre par un methode facile, imprime si parfaite-ment les choses dans sa memoire, qu’elles n’en peuvent plus échapper271.

Le nombre chatoüille les oreilles par la cadence agréable des periodes, les-quelles n’estant ny coupées, ni trop étendües, ny mesurées avec trop de soin, ny tout à fait negligées, forment une certaine harmonie, sans laquelle il n’y a point de pensées qui ne dégoustent incontinent272

Ces remarques correspondent parfaitement à l’enseignement de Malherbe sur la langue, sur le style et sur la versifi cation. Il n’y a qu’un seul domaine où le disciple se permet de ne pas suivre son maître : le jugement des prédéces-seurs. Il évite soigneusement de se prononcer contre Ronsard, cible si chère à Malherbe. Loin de le condamner, il parle du chef de la Pléiade avec respect et admiration :

Les noms de ces grands hommes, Ronsard et Du Bellay, ne doivent jamais estre proferez sans imprimer dans l’esprit de ceux qui les écoutent, une se-crette reverence, et il faut advoüer que jamais hommes n’apporterent une plus excellent nature…273

Évidemment cela aurait été de contredire son maître, il ajoute donc quelques jugements critiques :

270 Godeau, Discours sur les Œuvres de Mr de Malherbe, Paris, Sommaville, 1642, p. 17.

271 Godeau, ibid., p. 17.

272 Godeau, ibid., p. 17.

273 Godeau, ibid.. p. 16.

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…mais il est certain aussi qu’ils n’ont pas eu tout le soin que l’on pouvoit desirer de cette partie de la poésie dont nous parlons, soit qu’ils la negli-gassent, ou que les oreilles de leurs temps fussent plus rudes que les nos-tres, les juges moins severes, et la langue moins raffinée. La passion qu’il avoient pour les anciens, estoit cause qu’ils pilloient leurs pensées plus-tost qu’ils ne les choisissoient, et que mesurant la suffisance des autres par celle qu’ils avoient acquise, ils employoient leurs epitetes sans se donner la peine de les déguiser pour les adoucir, et leurs fables sans les expliquer agreablement…274

On dirait qu’il prétend disculper l’école de la Pléiade. Ils n’ont pas pu atteindre la perfection artistique d’un Malherbe, par la force des circonstances. Leur admiration pour le passé les a empêchés de connaître le goût de leur siècle et encore, ce siècle était trop rude pour une poésie de politesse.

Quant à Malherbe, il a su éviter les licences de ses prédécesseurs. La ri-gueur et la modération qu’il a observées dans sa façon d’écrire en font un excellent poète :

…le stile est si éclattant par les figures qui l’embellissent, lors que son su-jet le demande, et si délicat quand il ne luy permet pas de s’élever beau-coup, qu’il faut advoüer que jamais homme ne modera la chaleur de son esprit avec plus de jugement, et ne merita mieux la qualité d’excellent poete lyrique275.

Cet admirateur dévoué de Malherbe est indignement oublié par la posté-rité. Or il avait beaucoup écrit, et la qualité de ses œuvres fait de lui un des meilleurs poètes lyriques de son temps. Il connaissait très bien son métier et avait souvent de l’inspiration. La variété de ses thèmes, sa sensibilité et son ingéniosité le vouent tout légitimement à quitter le rôle de « nain de Julie ».

Au moment de la publication des Nouvelles Muses, il est en pleine carrière mondaine. Son Ode au Roy constitue une pièce par excellence de la poésie encomiastique.

274 Godeau, ibid., p. 16.

275 Ibid. p. 32.

[Godeau] : ODE AU ROY.

Éditions : A. Le Parnasse royal, ou les immortelles actions du tres-chrestien et tres-victorieux monarque Louis XIII sont publiées. Par les plus celebres Esprits de ce temps., Paris, Sébastien Cramoisy, in-4º, 1635 (Ars 4ºBL 3965), p. 1.

Éditions séparées : B. Ode au Roy, Paris, Jean Camusat, 1633. On possède deux états diff érents du texte dans le manuscrit 2945 de l’Arsenal : le premier état qui compte 39 dizains d’octosyllabes se retrouve également à la Bibliothèque Nationale (YE-1366 – signé Godeau, s. d., s. page de titre), le deuxième qui ne compte plus que 35 dizains (BNF YE-2970) est celle qui est publiée dans les Nouvelles Muses.

Nous reproduisons le texte de la première version en annexe.

Divines sources de la gloire, Str. 1.

Enchanteresses de nos sens, Illustres filles de Memoire1, Delices des cœurs innocens, 5 Amour de mes jeunes années,

Belles Reynes des destinées, Chastes Deesses que je sers, Muses, venez sur nos rivages, Pour rendre vos justes hommages 10 Au plus grand Roy de l’univers.

Race des Dieux, doctes Pucelles, Str. 2.

Vous ne verrez point dans sa cour Luire les flâmes criminelles D’un aveugle et volage amour, 15 Ses vertus en ont fait un temple,

Et bien que l’on vous y contemple Brillantes de feux et d’attraits, Vos beautez de tous desirées, N’y seront pas moins asseurées, 20 Que dans vos plus sombres forests.

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Tous les Rois ont une couronne, Str. 3.

Tous ne la sçavent pas porter, Tous au pouvoir qu’elle leur donne Ne sçavent pas bien resister ;

25 Souvent leur grandeur les tourmente, Le sceptre dans leur main tremblante, Est souvent un pesant fardeau, Souvent leurs soins sont inutiles, Et souvent pour leurs yeux debiles 30 Le diadéme est un bandeau.2

LOUYS, dont l’univers admire Str. 4.

La sagesse et la Pieté,3 Ta puissance dans ton Empire Est conduite par l’equité

35 Le sceptre dans ta main vaillante, N’est point une charge pesante, Tes soins nous sauvent du trespas, Tu jouys tousjours de toy-mesme, Et ton superbe diadéme

40 Te pare, et ne t’aveugle pas.

Que dessous une loy severe Str. 5.

Tu sçais bien ranger tes desirs, Et que ton cœur demeure austere Parmy les plus chastes plaisirs, 45 La molle oysivité t’offence4,

La volupté craint ta presence, La vertu luit dans tes regards, Elle reigle tes exercices, Et tu ne trouves tes delices 50 Qu’en ceux de Diane et de Mars.5

Quand pour le mal-heur de la terre, Str. 6.

On veit un Demon furieux De Henry, ce foudre de guerre, Borner les ans victorieux6, 55 Chacun se plaignit que la Parque

Soumist si tost ce grand Monarque A la loy commune du sort, Et pensa que le parricide

Du coup qui blessa nostre Alcide7, 60 Avoit blessé la France à mort ?

Mais tu nous fis bien-tost cognoistre, Str. 7.

Par des triomphes inoüys, Que le Destin faisoit renaistre, Cent Alcides en un LOUYS : 65 Les Titans8 qui se souleverent,

Par un juste coup éprouverent L’effort de ton bras valeureux, Chacun adora ta puissance, Et connut que l’obeyssance 70 Estoit l’art de se rendre heureux

Alors que dans la fantaisie Str. 8.

D’un peuple en sa foy chancelant, L’aveugle et superbe Heresie9 Jetta son venin violent, 75 Les Eumenides10 forcenées,

De leurs torches empoisonnées Vindrent les esprits enflammer, Et Bellonne11 pleine de rage,

Excita par tout un orage, 80 Que nos Rois ne pûrent calmer.

Dessus les rivages de Loire, Str. 9.

On veit ce Monstre audacieux Attaquer sans crainte la gloire De nos plus vaillans demy Dieux ; 85 En vain pour vanger leurs injures

Ils luy firent mille blessures Dans les plaines de Moncontour12 ; Il en guerit dans la Rochelle13, Et ceste fameuse Rebelle 90 Fut son Arsenal et sa Cour.

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Alors des Puissances supresmes Str. 10.

Le saint respect en fut chassé, On fit vanité des blasphemes, Le vice fut recompensé ;

95 Le Throsne et les Temples tomberent, Les plus innocens succomberent Souz une injuste authorité, Le zele fut une manie, Et l’insolente Tyrannie 100 Y prit le nom de liberté.

Enfin ce Monstre épouvantable Str. 11.

Brulant d’une noire fureur, Voulut d’un effort detestable Faire triompher son erreur, 105 Les fiers Peuples de la Tamise

Pour seconder son entreprise14 Accoururent de toutes pars, Et pleins d’une vaine esperance, Crurent que les lis de la France 110 Couronneroient leurs Leopards15.

Ta langueur en ceste avanture Str.12.

Où la mort s’offroit à nos yeux, Estoit un favorable augure Pour les desseins des factieux ; 115 Mais la santé te fut renduë,

La Revolte toute éperduë

Laissa cheoir son triste flambeau, Et dans ceste orgueilleuse ville Dont elle faisoit son azyle, 120 Elle rencontra son tombeau.

Henry qui de sa renommée Str. 13.

Vid les Sarmates16 amoureux, Et dont la grandeur opprimée Meritoit un sort plus heureux, 125 Flatté du gain de deux batailles

Crût que bien tost sur ses murailles, Il feroit les Lis refleurir,

Mais son attente fut trompée, Dieu reservoit à ton espée, 130 L’honneur de la faire perir17.

Toy seul as sceu jetter la foudre, Str. 14.

Dont les efforts plus que mortels Reduisant ses rempars en poudre Ont en fin vangé nos Autels ; 135 La Discorde aux crins de viperes,

Qui jadis estonna tes Peres18, Vois par toy son trouble finy, Et par toy malgré son audace, Le redoutable Dieu de Thrace19 140 Est de nos Provinces banny.

Que par un miracle visible Str. 15.

Le Ciel seconda ton dessein ! Que d’une constance invincible Il arma ton genereux sein ! 145 L’Enfer qui d’un Peuple infidelle,

Soutenoit l’injuste querelle En vain s’esleva contre toy, Et ne put avec ses Furies20 Parmy tes troupes aguerries 150 Semer la revolte et l’effroy.

Neptune qui d’une parole Str. 16.

Appaise les flots courroucez, Et par qui les sujets d’Aeole21 Dans leurs antres sont repoussez, 155 Sortit de ses grottes profondes

Dans ce beau char souz qui les ondes Ont la fermeté du crystal,

Et vint luy-mesme avecque joye De ces mains qui batirent Troye 160 Fermer son superbe canal.

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Apres ce siège memorable Str. 17.

Qui combla tes armes d’honneur, Dedans un repos favorable Tu pouvois gouster ton bon-heur, 165 Mais si tost que Themis22 t’appelle

A quelque entreprise nouvelle, Tu ne crains ny soins, ny dangers, Tu vas reprimer l’insolence, Et tu fais voir que ta vaillance 170 Est le salut des estrangers.

Suze fut bien tost emportée, Str. 18.

Tu vins, tu veis, tu fus vainqueur23 ; L’Espagne autresfois redoutée A ton abord perdit le cœur ; 175 Ainsi le Prince dont l’Eglise

Receut autresfois sa franchise, Forcea ces orgueilleux rempars, Quand par une juste vengeance, Contre le perfide Maxence24 180 Il déploya ses estendars.

L’Eridan25 crut lors que ses rives Str. 19.

Par un changement glorieux, Se verroient pour jamais captives Souz ton pouvoir victorieux ; 185 Milan jadis si redoutable

Vid de sa perte inevitable, Les tristes presages dans l’air, Mais au lieu de le mettre en poudre, Pour luy faire craindre la foudre, 190 Tu ne luy fis voir que l’éclair26.

Ce fameux Heros dont les larmes Str. 20.

Pûrent à peine se tarir,

Alors qu’il apprit que ses armes N’avoient qu’un Monde à conquérir, 195 Alexandre, de qui les Perses

En tant de rencontres diverses, Sentirent le bras indompté, Eust apres de longues tempestes Jouy du fruit de ses conquestes, 200 S’il eust vaincu sa vanité.

Tu sçais jouyr de ta victoire, Str. 21.

Et la juste Posterité

N’accusera point ta memoire D’orgueil, ni de temerité, 205 Tousjours la raison te modere,

Tu commandes à la cholere, Tu resistes à la douleur, Et quelque dessein qui te flate, Tu veux que ta justice éclate 210 Avant que montrer ta valeur.

Docte et genereuse Italie, Str. 22.

Feconde nourrice des Ars, Beau sejour, où la Muse allie, Ses lauriers aux lauriers de Mars, 215 Pignerol27 maintenant t’asseure

Contre cét ennemy parjure Dont tu sentois la cruauté, C’est l’écueil de son arrogance, C’est le tombeau de sa puissance, 220 Et l’autel de ta liberté.

Mais sans commettre une injustice, Str. 23.

Puis-je bien parlant de ce lieu, Ou le Ciel nous fut si propice, Ne parler pas de RICHELIEU ? 225 Là cét Heros incomparable,

Qui souz un Prince inimitable, Fait des miracles aujourd’huy, Forcea les Alpes estonnées D’avoüer que leurs Salmonées28 230 Trouvoient leur Jupiter en luy.

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LOUYS, permets moy de le dire, Str. 24.

Tu receus un grand don des Cieux, Lors qu’ils te donnerent l’Empire Qu’avoient possedé tes Ayeux, 235 Mais c’est une grace plus rare

D’avoir aujourd’huy pour ton Phare, Un RICHELIEU dans tes Estats, Ses conseils te donnent le tiltre D’Appuy de Vangeur, et d’Arbitre, 240 Des euples, et des Potentats.

Ce n’est pas te faire un outrage Str. 25.

Que de joindre son nom au tien, On n’obscurcit pas ton courage, Lors qu’on fait éclater le sien ; 245 On peut dire que ses espaules T’aydent à soustenir les Gaules, Sans qu’on t’accuse d’estre las, Rien n’est si lourd qu’un diadesme, Et nous sçavons que le Ciel mesme 250 Eut besoin d’Hercule29 et d’Atlas30.

On ne peut porter envie Str. 26.

Sans hayr ta prosperité, On ne peut condamner sa vie Sans blesser ton authorité, 255 Faire un injurieux meslange

De son blasme et de ta louange, C’est noircir ton nom immortel, Et par un detestable crime Feindre d’offrir une victime 260 Au Dieu dont on brize l’autel.

Quelle ruse le peut surprendre ? Str. 27.

Soubs quels maux est-il abbatu ? Quel ennemy se peut defendre D’aymer sa divine vertu ?

265 La France à ses mains secourables Des maux qu’on jugeoit incurables Doit-elle pas sa guerison ? Et ses exploits font-ils pas croire, Que la Fortune et la Victoire 270 Sont esclaves de la raison ?

N’est-il pas ton Ange visible ? Str. 28.

Et par un bon-heur nompareil, Est-il pour toy rien d’impossible, Alors que tu suis son conseil ? 275 Ne t’inspira-il pas dans l’ame

Le dessein d’estouffer la flâme De l’aveugle Rebellion31 ? Et fut-il pas dans ceste attaque, Ce que fut le Prince d’Itaque, 280 Au fameux siege d’Ilion32 ?

Quel autre au milieu de l’orage Str. 29.

Qu’excita le Demon de Nort,

Qu’excita le Demon de Nort,

In document Les No�elles Muses (Pldal 142-160)