• Nem Talált Eredményt

44 La vie du Prince Ragotzji ,

In document F rançois R agotzi , (Pldal 67-77)

fans qu’ils fuífent encore en âge de connoître ce qu’ils fouflfroient.

U n Religieux qui pour confo- ler ce Prince dans fa prifon avoit eu avec luy quelque relation de lettres , fut accufé de luy avoit é-

crit 5 il Pavoiia , 6c fans aucune \ conviction devoir aide fon évafion il fut condamné à une prifon per­

pétuelle , comme fi c’étoit un cri­

me de conioler un prifonnier en luy écrivant.

La vengeance fut encore pou- fée plus loin , & quoy que le M aî­

tre des Poftes de J avarin n?eût pas reconnu le Prince à fon palfage ,

ce qui étoit ii juftification ÔC fon exeufe , il fut arrêté ; & pour à- . voir donné des Chevaux à un in­

connu , fans avoir aucunes défen­

d s d'en fournir, on luy fit ion

procès , & on le condamna à un <

banniffement hors des Etats de j ’Empereur.

: " ' En*

\ é

'- ' /

é \

m in guerre des Mécontents9 45 Enfin pour comble de rigueur l’on arrêta le Capitaine le Heman, qui avoit fourni au Prince un ha­

bit de dragon , il avoiia qu'il en avoit reçu cinq cent Schequintsou Ducats , & après avoir eu la tor­

ture la plus rude , il fut condam­

né à avoir la tête tranchée, le poing coupé auparavant, & ion corps mis en quartiers fur quatre poteaux le long du chemin de Neuftat, & fon Lieutenant qu’on 11e put convain­

cre que d’un peu de negligence, fut condamné à avoir fon épée rompue fur la tête , & à un banniifement;

ce qui fit retarder l’exécution du Capitaine jufqu’au 24. Décembre, que le Heman fut exécuté avec la

derniere rigueur.

Voilà de quelle maniéré le Con- feil de Vienne entroit dans la paf- ü on de T E m preur, & traita ceux

que l’on croyoit avoir eu part à l’ç- vafion du Prince. Les fuites ont

bien

4# La vie du Prince Ragot zi.

bien fait voir que cette dureté n'e- ftoit pas fondée fur la prudence,

& que le Confeil de V ienn e, qui prétend que tout doit plier fous Tes Volentez , s’imagina avec trop de préfomption qu'il n’y auroit jamais de retour pour ce Prince. Cepen­

dant l'Empereur & fon Confeil ne tardèrent pas long-temps , fans fe ïependirdes’eftre abandonnez trop

facilement à une fi grande p e rfe c ­ tion. Car cette rigueur outrée,

loin de difpofer les cnofes à un ac­

commodement , qui fut bien - tôt défilé, & loin d'être utile à l’Emr-

pereur, acheva d'augmenter le mé­

contentement des Hongrois. Le Prince Pagótzi alors piqué de la maniéré dont on le traitoit fi in­

dignement à Vienne, au lieu d’é­

couter les propofitions, aigrit foh couroux S' fon indignation , 8c étant reparte de Pologne en H on ­ grie,il y fut fi agréablement reçu ,

que

ou la guerre des Ale contents. 4 7 que d'une voix commune on le re­

connut pour le C h e f de tous les Mécontens, & le principal des Comtes Hongrois , qui avoit pris les armes pour la défenfe de la li­

berté , & des privileges de fa Pa«*

trie. Et c’eft luy qui depuis ce mo­

ment à conduit une guerre dont l’Empereur fe trouva fort emba-

raifé. Il efl pourtant vray qu’il fouhaitoit de rentrer dans fes bon­

nes graces ,* mais la neceffité de fe mettre à couvert des perfections qu'on luy faifoit à V ienn e, luy fit prendre un parti contraire aux pro­

jets de la maifon d'Autriche. Il entreprit donc de délivrer tout de bon fa Patrie des fers de cette Maifon , & d’y rétablir l’ancienne autorité des loix fondamentales qui régloient le Gouvernement, & qui établiifoient le pouvoir des C om ­ tes, & la liberté de l’éle&ion vo ­

lontaire d'un Roy choiii par lés

fuf-48. La vie du Prince Ragotzj.

iuffrages de la Nation. D e forte que ie voyant perfecuté par le Con- feil de Vienne , & dépouillé de tout, il ne balança pas fur le feul parti qu'il avoit à prendre, & que les rigueurs outrées de Vienne le forçoicnt d’embralfer. C e Prin­

ce voyant d'ailleurs les Hongrois très bien difpofés à rendre juftice à fes vertus, à fon malheur, & à fa qualité, il accepta le choix qu’ils firent de luy pour eftre leur Chef.

Il jura d’ eftre inviolablcment atta­

ché à leurs intérêts, & de mourir plûtoftque de mettre les armes bas,

& que leurs Privileges ne fuflent rétablis. Ce fut dans ce temps-là que les Mécontents commencèrent à donner de l’inquiétude à V ien - (qui juiquçs-là les avoit méprifés)

& à faire tête aux Troupes de l’Em ­ pereur, qui avoit toujours crû qu’il luy férőit facile de les mettre à la

raifon.

r L e

ou la guerre des Mécontents. 49 L e Prince voyant donc qu'il n'y avoit pour luÿ aucun efpoir de re­

tour vers l’JEmpereur, que fa vertu

& fa perfonne étoient odieufes au Confeil A u liq u e, que l’on y pre- noit fes fou million s exceffives pour

des crimes, & que fes ennemis re­

vêtus & enrichis des biens confié qués fur fa M aifon , y triomphoi- ent, préfera fes fûretez & fa gloire aux premiers empreifemens qu'il qu’il avoit témoignez de rentrer dans les bonnes graces de la maifon d’Autriche , & fe déclara le C h e f des Mécontents de Hongrie, & de ne point fe réconcilier , que l'on n'eut donné une pleine fatisfaétion aux peuples fur tous leurs griefs.

Pour cet effet, éclairé des veritez Catholiques , il changea de Reli-«

gion, quitta la Luthérienne, em- brafla la Catholique , & ne le fut pas plûtoft, qu'il fe vit proclamer Prince ou Vaivoide de

Transfil-C » vame.

j o La vie du Vrince Ragotnîy

vanie y dans une AiTemblée gene­

rale qui ie tint pour ce fujet. Il en prit en 1703. le T itre de Sou- yerainj& fit entendre à la Cour de Vienne y que jamais il n’y aurait d’accommodement avec l u i , que l’on ne luy cédât la poffcffion ab- foluë & indépendante de cette Pro­

vince y fur laquelle il prétendoit . que la marfon d’ Autriche n’ avoit aucun droit que la force , & que celuy des armes contre toutes les

Loix.

Fin du premier Livre.

>

K M ' *

1

J *

r*

O O O O O ~v O O O • €B

A y

D U P R I N C E

R A G O T Z I .

L I V R E S E C O N D .

^ /

a r g u m e n t d u s e c o n d l i v r e »

Ce Livre contient une exafte defcrip- tion du cours du Danube, depuis Vienne jufquk Belle grade ; C*

Fleuve partegant en deux le Roy-

^ Hongrie 9 & le d ivi

Jîwf Defcrip

-tion ées Rivieres qui Je jettent dans ce Fleuve à droit &

the de la Jituation des prin­

cipales Places de la Hongrie.

| Omme la Géographie eft la BoufFoîe de l’H iftoi-

re , & que l’on ne peut que difficilement con v

C z pren**

%

j 2 Ltf w afw Prince Ragotzi.

prendre une guerre qui fe fait dans un Pais 5 fi Ton ne le connoît par­

le cours des Rivieres, & par la fi­

liation des Places ; celle que je veux décrire, ayant pour Theatre la Hongrie ;je fuis obligé d'en fai­

re une defeription depuis V ienne jufqu’à Bellegrade, le Danuble cou­

rant du couchant au levant, depuis l ’une jufqu’à l'autre, & coupant en deux la H ongrie, dont il laiffe la haute fur fa rive gauche, & la baffe

fur la rive droite.

Le Danuble eft fe feul fleuve de la Hongrie , qui ait l ’honneur de porter fon nom & fes eaux jufqu’à

la mer. Il fe dégorge dandk Pont- Euxin par quantité de bouches dif­

ferentes, & ramaffe en chemin tou­

tes les autres riviers, qui à droit &

à gauche viennent luy rendre leur tribut, & il les porte comme je l ’ai d i t , dans la mer Noire. C ’eft le 7 plus beau & le plus grand fleuve

de

,

ou la guerre des Mécontents. 5 3

„ de l’Europe', il eft large audeflfous de Vienne au moins d’une demie lieuë, & d’une lieuë en beaucoup d’endroits. A in ii, il fuffit d’ap­

prendre depuis Vienne jufqu’àBel*

legrade le cours de ce fleuve , &

des Villes qui en font arrofées, &

le cours des autres rivieres qui s’ y jettent ; on fçait parfaitement cc

qu’il faut fçavoir de la Hongrie.

J*ay donc dit, que le Danube cou- poit en deux parts la H ongrie, la haute du côté gauche, & labalfe du côté droit.

Il

faut pourtant en ex­

cepter Presbourg Capitale de la bafle Hongrie,& qui ie trouve neanmoins fur la gauche de ce fleuve. Lors qu’on part de Vienne & qu’on le defeend, le premier objet qui fe pre- fente à la vue, c’eft l’embouchure de

la Morava fur le côté gauche. C et­

te riviere fépare la Hongrie de la Moravie, & de la haute Autriche j

& c’eft en la paflant, que les H

on-C 3 grois

\

In document F rançois R agotzi , (Pldal 67-77)