vieres
oh la querre des Mécontents. I l l vieres de la Leïtha & de la Mora
va 5 ôc faiioicnt de prodigieufes courfes dans l ’Autriche , dans la Moravie , ôc dans la Silefie ; de forte cju'ils jetterait une li grande terreur dans Vienne , que fo n y rêfolut d enfermer les Fauxbourgs dans un retranchement 9 ôc d'y em
ployer jour & n u it, ôc fans excep
tion de Dimanches ou de Fêtes , 30 mille Pionniers.
Les affaires de l’Empereur etoient réduites à ce point, quand le Prince Ragotzi luy enleva la Fortereflè d 'A gria, qui donna tant de peine aux Turcs pour s’en em
parer , & pour la foutenir. Il prit aufîî le Château fameux dp
Montkats , dans lequel fa mere 9 femme du Comte Tekeli 5 s’y fou-*
tint de fe défendit fi long-temps ,
& que la nature & l’art ont ren
due presque imprenable.
C e fut alors que les Anglois &
F ♦ les
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122 La vie du Prince Rago t ,
k s Holandois , qui s'etoient unis avec l ’Empereur , pour la guerre q u ’il avoit entrqprife contre la France, touchant la fucceffion de Charles IL Roy d'Efagnc,ne cru
rent pas devoir fe taire , & laiiTer FEmpereur embaraffé dans la guer
re contre les Hongrois , qui luy alloient caufer une puiflantc diver-
iîon. Us remontrèrent à l’Empe
reur que cette guerre des Mécon
tents étoit capable de rompre tou
tes leurs melures 9 & feroit une grande diverfion de fes forces y q u ’il feroit difficile , qu’il donnât au D uc de Savoye les iècours qu'il luy avoit promis, ny auPrinde de Bade des troupes fuffifantes pour foûtenir la guerre fur le haut-Rhin, s’il étoit obligé d’avoir une grande armée du côté de la Hongrie. Ils luy remontroient qu’ils étoient chargez non-feulement de la guer
re du côté de la Flandre y mais
ou la guerre des Mécontents. 1 1 3 qu’ils sYtôicnt engagés de foute- mr avec les Portugais, les affaires de T Archiduc en Èfpagne, ce qui
les obligeoit à des dépenfes efFro*
yables. Q u ’outre cela l ’Empereur avoit encore fur les bras une guer
re en Bavière, dont 1 événement n’ étoit pas afluré-. Q u ’il falóit donc à quelque prix que ce f û t , appaifer cette guerre inteftine de H ongrie, pour pouvoir donner an refte toutes fes forces, & toute fon attention. Que la force ne vien
drait jamais à bout de réduire le Prince Ragotzi , & qu’il falóit prendre des mefures tout oppofées à celles qu’on avoit jusqu’ icy te
nues avec ce Prince. Q u ’ils s’o f
fraient pour être les Médiateurs
& les Garan de cette afiaire5 &C d’un accommodement raifonnable*
Q u’ une partie étant Calviniftes 5
& les autres Luthériens 5 ils nt tefuferoient peut - eftre pas ny
• F z leur
1*4 Ld vit du Prince Ragot V j
leur mediation ny leur garantie ,
& qu’ il étoit temps de mettre les fers au feu , avant que les choies fíiífent poulïées plus loin. Q u ’il étoit bien dur à un grand & puif- fant Empereur 5 de careifer un hom
me dont on s’eft crû mortellement offenfé , & traiter comme de pair
avec un S u jet, après l’avoir fait condamner à perdre la telle fur un échafaut comme un rebelle ; mais que la neceflité étoit au delïus de toutes les L o ix , & qu’il falloit quelquefois embrafler ceux que l ’on vouloit étoufer.
Ces confeils politiques trouvè
rent l’efprit de l’ Empereur fort dif- pofé à les écouter & à les applaudir, ces ièntimens fe trouvant confor
mes à fes intentions $ & dés ce moment il fit propofer aux Mécon
tents le prélude d’un accommode
ment , qui ne fut point écouté.
I/Empereqr propofa d’abord de
* «don*
ou la guerre des Mécontents. 125 donner aux Comtes Bereiini & Ca- roli des Pafle-ports pour venir à Vienne parler de cette négocia tion. Mais Ragotzi, par les vues de fa prudence, leur fit comprendre le
danger auquel ils s’expofcroient Pun & Pautre, de s’aller commet
tre à la foy d’un Ennemi irrécon
ciliable , qui fous diffcrens prétex
tes pourrait trouver des raifonç plauiibles pour les retenir à la Cour,
& les y faire périr. Q u ’ils dévoient fe fou venir de la maniéré dont on traitai Berghes & M on tign i, qui furent en Efpagne députez des Pro
vinces -U nies j qu’ ils y périrent Pun & Pautre , fans en pouvoir échaper. Que quand on à offen- fé un Souverain qui fe croit bleifé, il faut moins s’y fier que fion avoit été mis par lui en chcmife; qiPon ne les regardoit que comme des Sujets rebelles, à qui Pon ne de- voit. pas permettre de dire ce qui
F 3 leur
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12 6 La vie du Prince R/igotz.i)
leur viendrait en peniee , ni leur tenir parole. Que la juftice Sc le rétabliflement des Loix du pays, leur avoit mis les armes à la main.
Qu'en un mot ce n’étoit point fon avis qu’ils y allaitent. En forte que Berefmi & Caroli dedarerent qu’ils ne vouloient point aller à Vienne fous 1 ombre d’aucun Paife-port,
tel qu’il fût , ny fier leur vie au Conieil de l’Empereur. Cepen
dant le Prince faifoit redouter fes armes du cofté de la Teïife , &
s’éto itd 'ja rendu maiftre de quan
tité de Villes qui aifuroient fa rou
te en Tïanifylvanie, d on tlacon - quefte étoit le principal objet de fes deffeins, 6c où l’appelloient fes amis, perfecutez par le Comte Ra-
butin. Mais Ragotzi avant que | d'entreprendre d'y paifer , fit par *
tout débiter un Manifefte qui con- tenoitlesraifons qui Tavoientobli
gé de prendre les armes contre
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bu la guerre des Mécontents. 127 l’Empereur j dans les raifons gene
rales il mit les Loix & les Privile
ges de la Nation Hongroife 5 &
dans l’autre pour fon particulier, il n oublia pas les mauvais traite- mens qu’il avoit foufferts dans fa perfonne, dans fa famille, & dans les amis , par lesquels on l’avoit forcé à une jufte défenfej & finif- foit enfin par le droit legitime qu'il avoit fur: la Transylvanie , où l'a- voiçnt appelle tous les Tranifyl- vains, & par le peu de ioliditcdes droits qu’y avoit l'Empereur, qui
ne devoit qu’à la puiifance de fes armes la poiféiïion dans laquelle il étoit.
Dans ce temps , qui fut avant l'ouverture de la campagne de 170 4 il fit paffer à douze mille H on
grois la Morava , d’où ils s'avan*
cerent à quatre lieues de Vienne ,
& mirent tout à feu & à fang par tout où ils paflerent. Ils ne rai*:
F 4 foient
128 La vie du Prince Ragot zd.
foient point la guerre de pied fer
me , mais en Tartares , par des couries & des retraites Soudaines.
Le General Heifter qui comman- doit contre les Mécontents une ar
mée j eut alors une affaire fâcheu- f e , parce qu’étant entré dans la Hongrie , après avoir promis à,
toute la Cour de Vienne de mer
veilles , & ayant été informé par fes Efpions que le Comte Caroli venoit au devant de luv avec une Armée nombreufe pour le com
battre y il repafla au plus vite la Leïtha, & revint à deux lieiies de Vienne pour la couvrir, ou plutôt pour s'y mettre à couvert avec fon Armée & fon bagage. Il y fut fuivi par les Mécontents qui pafle- rent après luy laLeïtha, & vinrent brûler des Village fi près de V ie n
ne , que des Remparts on en voyoit les flammes. Ils vinrent même fai
re des courfes jusques aux portes - de
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