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La composition anthropologique du peuple hongrois

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Academic year: 2022

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E X T R A I T

Cinquième Année N" 3 - 4 .

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D J E S / V - t j .

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Juillet-Décembre 1 9 8 7 ,

ETUDES HONGROISE ET FINNO-OUGRIENNE

S O U S L E S A U S P I C E S D E L A C A D E M I E H O N G R O I S E D E S S C I E N C E DIRIGÉE PAR

Z O L T Á N B A R A N Y A I CHARGE DK COURS A L'UNIVERSITÉ DE SZEGED

ALEXANDRE E C K H A R D T PROFESSEUR A L'UNIVERSITE

DE BUDAPEST

S O M M A I R E

Pages LAJOS B A R T U C Z . — La composition anthropologique du peuple >

hongrois 309

FERENC ECKHART. — Introduction à l'histoire hongroise II. . A4A JENŐ GYALÓKAY. — La catastrophe de Mohács (1526) . . . 3A4

VILMOS TOLNAI. — L'eau de la reine de Hongrie 343 JOSEPH CASTAGNE. — Le réveil national carèlien 346

ALEXANDRE ECKHARDT. — L'ogre 36o Chronique : La linguistique hongroise (ISTVÁN SÁGI) 3~6

Notes et Documents : U n o s o u r c e h o n g r o i s e d e l ' o r g a n i s a t i o n n a p o - l é o n i e n n e d e l ' U n i v e r s i t é d e F r a n c e ? (GÏDLA KORNIS). — U n e A n t i - M a r - s e i l l a i s e i m p r i m é e e n H o n g r i e ( A l , ECKHARDT). — U n s o l d a t h o n g r o i s

e n F r a n c e . — C o n f é r e n c e s s u r l a H o n g r i e à l ' U n i v e r s i t é d e S t r a s b o u r g . 3 g 3

Comptes rendus critiques : BERTRAND ADERBACH : L ' A u t r i c h e e t l a H o n g r i e p e n d a n t l a g u e r r e (FERENC ECKHART). — ANDRÉ DE HEVEST : B e e t h o v e n ( H . T . ) . — SÁNDOR KÉHERI : P r o m e n a d e s d ' A n a t o l e F r a n c e ( H . T . ) . — JEAN FALÜDI : A n d r é D u d i t h e t l e s h u m a n i s t e s h o n g r o i s (FRANCK L . SCHOELL). — É t u d e s d e m u s i c o l o g i e h o n g r o i s e . — L e s

t r a d u c t i o n s h o n g r o i s e s d e M o l i è r e 4 o o

P A R I S

L I B R A I R I E A N C I E N N E H O N O R É C H A M P I O N

5 , Q U A I MALAQUA1S ( v ie)

» ya7 Tous droits réservés

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LA REVUE DES ETUDES HONGROISES

La Ilevue des Études Hongroises et Finno-ougriennes, qui paraît sous les auspices de l'Académie hongroise des Sciences, a pour bal de; faire connaître, sous une forme accessible même à ceux qui ne sont pas spécialistes des questions hongroises et finno-ougriennes, les principaux résultats qu'ont atteints la grammaire comparée des langues finno-ougriennes et les recherches historiques et philolo- giques relatives à la Hongrie, au peuple magyar cl aux peuples apparentés et de verser, au moyen d'un organe central de langue française, l'apport de ces études au patrimoine commun de la science.

Nous vouerons un soin tout particulier à l'étude des relations politiques et littéraires entre la France et la Hongrie, relations parfois étroites et intimes, qui intéressent à un égal degré l'histoire diplomatique, l'histoire de la littérature et l'expansion à l'étranger de la politique, des lettres et de la pensée françaises.

Les « chroniques » embrassent les disciplines suivantes : histoire de la littérature hongroise ; histoire, archéologie, ethnographie, folklore, bibliographie de la Hongrie ; histoire de la vie intellectuelle

et spirituelle en Hongrie ; histoire de la musique et des beaux-arts ; anthropologie des peuples finno-ougriens ; rapports préhistoriques, historiques et autres des peuples finno-oug riens (en premier lieu du peuple hongrois) avec leurs voisins; lettres françaises en Hongrie ; revue de la littérature hongroise contemporaine ; gram- maire comparée des langues finno-ougriennes.

A B O N N E M E N T S

La; Revue des Etudes hongroises et finno-ougriennes, historiques, linguistiques et littéraires, est une publication trimestrielle.

Le prix d'abonnement est actuellement fixé à 3 5 francs par an.

Pour la Hongrie 1 0 pengős.

Le prix du volume annuel pour l'année écoulée sera porté à 4 0 francs.

La Revue des Eludes hongroises et finno-ougriennes est dirigée par M . Zoltán B A R A N Y A I, chargé de cours à l'Université de Szeged

( 4 , chemin de Miremont, Genève) et M. Alexandre E C K H A R D T ,

prolesseur de langue et littérature françaises à l'Université de liudapest (Báday-utca 3a. III. 4- Budapest IX.). Toute corres- pondance, envoi de livres concernant la rédaction, devra être adressé à l'un des directeurs.

Pour tout ce qui concerne l'Administration de la Revue (Abon- nements. commandes de numéros, changements d'adresse, etc.), s'adresser à la Librairie ancienne Honoré C H A M P I O N, 5, Quai

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LA COMPOSITION ANTHROPOLOGIQUE DU PEUPLE HONGROIS

I. — E X I S T E - T - I L LN T Y P E H O N G R O I S ?

Existe-t-il un type hongrois ? Le Hongrois a-t-il son crâne à lui, son visage à lui, son physique à lui, auxquels on puisse le reconnaître entre trente autres peuples de race blanche ?

Un archéologue hongrois, Ferenc P U L S Z K Y, était d'avis que « le dernier h o m m e de type hongrois a disparu de la surface de la terre il y a bien longtemps, il y a des siècles, tant s'est mêlé, allié, modifié, nivelé le petit peuple émigré de l'Orient qui est la souche des Hongrois d'aujourd'hui. » Bien des anthropologues hongrois de nos jours ne se con- tentent plus d'une simple affirmation mais s'appuient sui- des autorités étrangères c o m m e R I P L E Y D, K O L L M A N N F I S C H E R suivant lesquelles le peuple hongrois serait iden- tique à la race dite de l'Europe centrale (race alpine), les éléments raciaux d'origine orientale parvenus sur le terri- toire de la Hongrie au cours des temps historiques ayant tous été engloutis dans la grande mer du type alpin.

Telle est aussi, essentiellement, l'opinion professée par Otto H E R M A N : bien que dans son ouvrage intitulé A magyar nép arca és jelleme 4 il croie découvrir le signe

t. W . Z. R i p l e y , The races of Europe. L o n d o n , 1900.

2. J . K o l l m a n , Die I ngarn. Z e i l s c h r . f . E l h n . X L 1 Y . 1 9 1 7 .

3. E . F i s c h e r , Rassen und Rassenbildung. H a n d w o r t . d . N a t u r w i s s . iid. 8. l e n a , ' 9 ' 3 .

lt. Le visage et le caractère du peuple hongrois. B u d a p e s t . 1903 ( e n l i o n g r . )

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L A J O S B A B T U C 7 ,

distinetif (in Hongrois dans l'expression des y e u x , d'où é m a n e l'essence d u type tout entier, il déclare que « le visage h o n g r o i s ne présente aucun signe racial frappant...

et le visage des h o m m e s de la bourgeoisie répond, générale- ment parlant, à la notion européenne de la beauté mascu- line. »

Mais quelles sont les preuves sur lesquelles s'appuient

R I P L E Y et consorts en p r o n o n ç a n t une assertion qui nous touche, nous autres Hongrois, de si près? Ont-ils e x a m i n é un g r a n d n o m b r e de vieux crânes et squelettes h o n g r o i s d û m e n t authentiques ? Car pour avoir passé rapidement en revue les vieilles collections hongroises — auxquelles il y aurait beau- c o u p à objecter du point de vue de l'authenticité archéo- logique — ou pour avoir eu en sa possession quelques crânes et quelques photographies du type alpin de H o n g r i e , ou m ê m e pour avoir constaté, après des recherches métho- diques, que les individus de type alpin sont n o m b r e u x a u j o u r d ' h u i p a r m i le peuple h o n g r o i s , on n'esl pas encore fondé à décider cette question, puisque rien de tout cela n'en affecte l'essence. Et qui sait s'ils n ' o n t pas procédé c o m m e feu P. B R O C A , le père de l'anthropologie, fit avec les C o m a n s ? Deux vieux crânes — qui se trouvaient être doli- chocéphales — lui ayant été e n v o y é s de K i s k u n h a l a s (Hongrie), en 1870, mais bien entendu sans aucune donnée archéologique qui en attestât l'origine, Broca présenta j o y e u s e m e n t les deux crânes dolichocéphales à une r é u n i o n de la Société A n t h r o p o l o g i q u e de Paris c o m m e les premiers crânes authentiques de C o m a n s h N'était-ce pas de Kiskun- halas qu'il les avait r e ç u s ? Or n o n seulement ce n'étaient pas des crânes de Comans,. mais les h o m m e s auxquels ils avaient appartenu n'avaient j a m a i s vu u n Cornau de leur vie, ayant vécu quelque mille ans trop tôt. Et j e ne crois pas que p a r m i ceux qui ont fréquenté les C o m a n s il se trouve q u e l q u ' u n qui ail vu u n bien grand n o m b r e de vrais C o m a n s dolichocéphales, p o u r la b o n n e raison qu'en réalité il n'en existe pas.

Dans ces conditions, mieux vaudra peut-être laisser à

I. Bull, de la Sor. d'an Ihr. de Paris, 1870. p . 437.

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LA COMPOSITION A N T H R O P O L O G I Q U E DU P E U P L E HONGROIS Á

l'anthropologie hongroise le soin de décider la question du type hongrois, car en fin de compte il est bien probable qu'elle est bien plus compétente en la matière. Olto H E R M A N

a entièrement raison de soutenir que « l'un des plus difficiles problèmes de l'anthropologie consiste à établir les caractères de la race hongroise » et que « la solution de ce problème est en premier lieu un problème h o n g r o i s devant lequel nous n'avons pas le droit de reculer, car c'est nous qui s o m m e s le plus proches de notre propre histoire, c'est nous qui p o u v o n s plonger le plus p r o f o n d é m e n t dans l'âme populaire et j u g e r le plus sûrement de la signification des formations sociales ; en un mot, c'est nous qui sommes le mieux à m ê m e de savoir et de sentir ce que si " i? rrs hongrois. Mais 0 . Herman, c o m m e d'ailleurs L> .« i i,.

se trompait sur un point : ce n'est pas assez de sentir cela, il faut aussi le prouver scientifiquement.

Un fait incontestable est qu'en pays étranger nous autres Hongrois nous reconnaissons entre mille et q u e si un étranger v o y a g e dans notre pays nous reconnaissons tout de suite qu'il n'est pas hongrois. Mais si l'on nous d e m a n d e à quoi se reconnaît et se distingue le Hongrois, ou bien nous s o m m e s e m p ê c h é s de d o n n e r une réponse ou bien chacun de nous en donne une différente. L'un cherche la solution de l'énigme dans l'expression des y e u x , le second dans les traits du visage, le troisième dans la façon de porter la moustache, la barbe, les cheveux, le quatrième dans le costume, le c i n q u i è m e dans la démarche et les gestes, le sixième dans la voix et la manière de parler, etc. Suivant Béla T Ó T H, l'explication du p h é n o m è n e dont il s'agit ici est l'apparition à nos y e u x d'une image familière. Et s o m m e toute c'est lui qui a raison. Mais sur la question de savoir ce qui nous est familier, ce qui est hongrois dans cette image, il se contente de répondre : « Je ne suis pas plus q u ' u n autre capable de f o u r n i r une détermination scien- tifique du type hongrois. »

Si nous e x a m i n o n s la question du point de vue scientifique, nous s o m m e s forcés de c o n v e n i r q u ' u n e i m a g e f r é q u e m m e n t aperçue a effectivement un g r a n d rôle dans la formation des types tels que nous nous les représentons. L ' œ i l h u m a i n ,

SZTE Klebelsberg Könyvtár

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1 2 5 9

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4 L A J O S l î A R T U C Z

le cerveau h u m a i n sont pareils à la plaque sensible du photographe. Toute image perçue par eux laisse dans les cellules cérébrales u n souvenir plus ou moins persistant. Si nous v o y o n s f r é q u e m m e n t la m ê m e i m a g e ou les copies de cette i m a g e , les caractères entièrement concordants s'accen- tuent les uns les autres, les caractères divergents se neutra- lisent, et l'image du type c o m m u n finit par se former en notre cerv eau. Peut être sommes-nous incapables d'en d o n n e r une description scientifique, mais si quelque part nous en apercevons le double, il nous semble familier.

A proprement parler, c'est aussi la méthode suivie par la science dans les examens dits m o r p h o l o g i q u e s , mais cons- c i e m m e n t et en v u e d'un bul déterminé. C o m m e n t procède- t-elle en effet ? Elle regarde attentivement et un grand nombre de fois, elle photographie et compare un g r a n d n o m b r e d'individus, un g r a n d n o m b r e de caractères. Après de mulliples comparaisons elle établit ce qui est constant ou ce q u i est le plus fréquent, en u n mot ce qui est carac- téristique, et ce qui, au contraire, est variable, rare, divergent : ce qui n'est pas caractéristique. Car à propre- ment parler le type n'est pas autre chose q u ' u n e combinaison identique et f r é q u e m m e n t répétée de caractères.

Certains h o m m e s se contentent de cette méthode j u s q u e dans la science et c est de leurs y e u x , exercés à ces examens m o r p h o l o g i q u e s , qu'ils attendent la détermination des types.

D'autres, plus n o m b r e u x , savent au contraire c o m b i e n de pareilles observations sont subjectives et quel c h a m p large elles ouvrent aux erreurs. En effet l'image-type qui se formera dans notre cerveau ne dépend pas seulement de la capacité de perception de cet organe ou, si l'on préfère, de l'acuité de notre vision, mais aussi du n o m b r e et de la qualité de nos expériences précédentes ainsi que d'autres facteurs : q u a n d , à quels intervalles, combien d ' i m a g e s , de figures avons-nous aperçues, et par rapport à c o m b i e n de caractères les avons-nous e x a m i n é e s ? Mais l'antipathie et la sympathie, l'état d ' â m e , l'expression du visage, l'ambiance, le costume, le m o u v e m e n t , la mode, etc. j o u e n t é g a l e m e n t un rôle ici. Ce sont autant de sources d'erreurs. Un exemple : le spirituel 0 . Herman s'est plu à dessiner Ferenc

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LA COMPOSITION A N T H R O P O L O G I Q U E DU P E U P L E HONGROIS 5

D E Á K, l ' h o m m e d'Etat h o n g r o i s , avec la chevelure et les favoris de Lord D E R B Y, naturellement sans moustache. Et j e ne crois pas qu'il y ait, des veux, si exercés soient-ils dans les examens m o r p h o l o g i q u e s , capables de reconnaître en cette image un seul trait hongrois, ou à plus forle raison F. Deák. Or rien ne s'est produit ici q u ' u n petit c h a n g e m e n t de milieu, un é c h a n g e de système pileux entre deux indi- vidus. Mais si l'œil exercé aux examens m o r p h o l o g i q u e s appelle à son secours les instruments de mensuration et contrôle l'observation m o r p h o l o g i q u e au m o y e n de la cri- tique pénétrante et objective que fournissent les diverses méthodes de mensuration et d'interprétation, nous arrive- rons à un résultat beaucoup plus sur. Et c'est ce que fait l'anthropologie moderne des races.

Mais il y a aussi une circonstance que bien peu de g e n s considèrent et qui pourtant est j u s t e m e n t l'origine des c o m p l i c a t i o n s inhérentes à la conception d u problème. En efl'et la question que l'en pose ordinairement est celle-ci : existe-l-il un type h o n g r o i s ? Mais la question contient déjà la réponse, les prémisses, la c o n c l u s i o n , à savoir : ou bien q u ' i l n'existe pas de type h o n g r o i s , ainsi que le disait PULSZKY, ou bien que, s'il en existe u n , ces deux notions :

« type » et « h o n g r o i s » doivent correspondre exactement l ' u n e à l'autre. Et c'est justement ici qu'apparaît l'absurdité de la question. Car s'il existe un type h o n g r o i s il doit être tel que, en tant que type caractéristique, il ne puisse se rencontrer nulle part ailleurs dans le m o n d e . En effet, ce qui est exprimé, en tant qu'unité, par ce m o t « h o n g r o i s » est dans le m o n d e quelque chose de proprement et exclusi- vement u n i q u e . Si par conséquent le type que nous attache- rions à la notion de « h o n g r o i s » se rencontrait aussi ailleurs, et d'une manière caractéristique, il ne pourrait être exclusi- v e m e n t h o n g r o i s .

Supposons par exemple qu'à une époque antérieure à la conquête de la Hongrie une partie du peuple h o n g r o i s se soit détachée de la souche primitive — c o m m e l'écrivent les c h r o n i q u e u r s — et ait émigré vers l'est. Supposons encore que ces Hongrois émigrés vers l'Orient aient eu exactement le m ê m e type que ceux qui occupèrent le territoire de la

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6 L A J O S B À R T U C Z

Hongrie actuelle. Si l'on découvrait a u j o u r d ' h u i , quelque part en Orient, ce peuple h o n g r o i s détaché de la souche c o m m u n e , et qu'il présentât le m ê m e type que les Magyars de la Hongrie — en admettant, bien entendu, que les Hongrois d ' a u j o u r d ' h u i offrent u n type u n i f o r m e , et iden- tique à ce qu'il était à l'époque de la conquête — l'expres- sion de « type h o n g r o i s » pourrait-elle s'appliquer à ce n o u - veau peuple ? E v i d e m m e n t n o n . Car cette population hongroise émigrée en Orient, v i v a n t dans u n autre milieu, mêlée à d'autres éléments, et cela pendant plus de m i l l e années, aurait fini par f o r m e r un ensemble ethnique entièrement différent. Elle parlerait u n e autre langue, aurait d'autres costumes, une autre histoire, une autre civilisation, etc. Par conséquent, et m a l g r é la concordance des types physiques, on ne saurait parler d'un type h o n g r o i s dans le cas de cette population, si l'on s'en tient au sens étroit des

mots.

Or les cas de m i g r a t i o n s , de croisements, de colonisations de ce genre, de transformations ethniques ont été extrême- m e n t n o m b r e u x au cours des âges. L'histoire atteste m ê m e que les peuples, les ensembles ethniques sont soumis à des lluctuations, des transformations, des c h a n g e m e n t s con- tinuels. Quel est celui des peuples d ' a u j o u r d ' h u i qui existait il y a 2 - 3 O O O ans sous sa f o r m e e t h n i q u e actuelle ou tout au m o i n s sous u n e f o r m e approchante ? Il n'en est pas de m ê m e des types physiques. A u témoignage des descriptions, des dessins, des images, des statues, des bas-reliefs que nous a légués l'antiquité ainsi que des crânes et des squelettes que l'on a trouvés dans les anciens t o m b e a u x , les types h u m a i n s actuels remontent à plusieurs milliers d'années.

Au milieu de vicissitudes millénaires les peuples ancestraux ont disparu ou se sont transformés en toutes sortes de grou- pes ethniques, — les types ancestraux, au contraire, son!

demeurés, mais dispersés et mêlés entre eux. De telle sorte que le type, p r i m i t i v e m e n t u n i f o r m e , de tel ou tel peuple ancestral se retrouve a u j o u r d ' h u i dans les croisements les plus divers, souvent m ê m e chez des peuples entièrement étrangers. A u point de vue a n t h r o p o l o g i q u e , les peuples d ' a u j o u r d ' h u i sont donc des mosaïques, des m é l a n g e s de

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LA COMPOSITION ANTHROPOLOGIQUE DU PEUPLE HONGROIS 7

types, de races, et souvent la différence dans l'aspect, anthro- pologique de deux peuples est le résultat non pas de la différence des types, des races qui se sont mélangés en eux, mais de la proportion diverse dans laquelle s'est opéré le mélange des mêmes éléments.

Cela dit, je crois inutile d'insister sur ce point que des expressions c o m m e : type hongrois, race hongroise, visage hongrois, sont incorrectes, propres à induire en erreur, et même qu'elles n'ont rien de scientifique. Rendons-nous bien compte une fois pour toutes que ce qui est hongrois ce n'est pas le type physique, ce n'est pas le crâne ou la stature, ce n'est pas non plus la couleur des cheveux, des yeux, de la peau ou la forme de la figure. Ce qui est hongrois, c'est la langue que les mères hongroises ont apprise à des générations, ce sont les coutumes qui règlent la vie, c'est la tradition que les Hongrois ont héritée de leurs ancêtres, c'est le sentiment et la conscience de la solidarité qu'ont développés dans les Hongrois le bon et le mauvais sort vécus ou supportés en c o m m u n à travers une longue série de générations. Le sentiment de la conscience nationale hongroise, de la qualité de Hongrois peut être le résultat de l'éducation familiale ou sociale, il peut être l'action com- pliquée du milieu, il peutêtre un héritage de famille si l'on entend par là l'éducation et la tradition, mais il ne saurait être un héritage de chair et de sang et qui passe de père en Iiis selon la loi naturelle. Car autrement c o m m e n t les descendants de vieilles familles de la noblesse hongroise auraient-ils pu devenir Roumains de corps et d'âme c o m m e 011 l'a vu dans bien des cas, jadis, en Transylvanie et sur les confins sud-orientaux de 1'Alföld 1 ?

Ou devons-nous douter du patriotisme hongrois de tous ceux dont le nom, souvent même sous sa forme magyarisée, trahit sans aucun doute possible que leurs pères, leurs aïeuls ou leurs bisaïeuls, etc., se sont jadis détachés du groupe ethnique roumain, serbe ou allemand, etc, et sont devenus

I. L . l i a r l u c z , Aradmrgye népének anlhropologiai vázlata• A r a d v á r m e g y e és A r a d szab. k i r . v á r o s m o n o g r a p h i á j a . ( E s q u i s s e a n t h r o p o l o g i q u e de la p o p u l a t i o n d u c o m i t a t d ' A r a d . M o n o g r a p h i e d u c o m i t a t d ' A r a d e t d e l a v i l l e l i b r e d ' A r a d . ) t. III. A r a d , 1 9 1 2 .

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8 L A J O S lîARTUCZ

des m e m b r e s du corps national hongrois ? Si le sentiment national était héréditaire, il faudrait, m ê m e après des siècles écoulés, douter que ces h o m m e s soient véritablement hon- grois, car les caractères hérités ne se perdent pas en quel- ques siècles, m ê m e dans les croisements les plus complexes.

Et d'ailleurs c o m m e n t s'expliqueraient cette foule de trans- formations, de fusions ethniques dont témoigne chaque page de l'histoire ?

Nous connaissons m ê m e des cas où des enfants nés de parents h o n g r o i s , sur le sol hongrois, mais qui dès leur bas âge se sont trouvés au milieu d'un groupe ethnique étranger et y ont été élevés, sont devenus roumains, serbes ou allemands, et g r a n d s m a g y a r o p h o b e s . Ici, la métamor- phose ethnique ne s'est pas a c c o m p l i e au cours des siècles mais au cours d ' u n e génération. La loi de l'hérédité p h y s i o - logique ne c o n n a î t pas de cas analogues.

Il existe, il est vrai, une hérédité p s y c h i q u e , et aussi des caractères p s y c h i q u e s de race mais ces derniers sont du d o m a i n e de la notion de race tout aussi bien que les carac- tères physiques, et c h a n g e n t aussi difficilement, de sorte qu'ils ne sauraient en aucune manière être rangés sous la notion de peuple ou de nation.

Mais pas plus qu'il n'existe pour la science une race hongroise, u n type h o n g r o i s , il n'existe une race euro- péenne, u n e race allemande, un type r o u m a i n , une chevelure serbe, des y e u x anglais, un nez français, un crâne turc, une stature espagnole, etc., mais il y a, d'une part, des peuples, des nations, des langues, des groupes ethniques, d'autre part, et mêlés à ceux-ci, des races, des caractères raciaux. C'est à la science a n t h r o p o l o g i q u e à retrouver dans les peuples, dans les corps ethniques, à l'aide des méthodes objectives qui lui sont propres, les races, les éléments raciaux dont ils sont composés, les caractères raciaux hérités de père en fils et observables en dépit des plus g r a n d s croisements.

A notre tour, ne d e m a n d o n s donc pas non plus s'il existe u n type h o n g r o i s , car la réponse ne pourrait être q u e

I. W . S c h e i d t , Rassenkunde. I. A l l g e m e i n e K a s s e n k u n d e . M u n i c h , 19A5.

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10 LAJOS lîARTUCZ

négative. R a m e n o n s plutôt la question à ses éléments.

R e c h e r c h o n s par exemple, en nous laissant g u i d e r par les données scientifiques dont nous disposons, quels sont les types a n t h r o p o l o g i q u e s , les races, les éléments raciaux dont la présence peut être constatée chez les Hongrois d'au- j o u r d ' h u i . Puis, en remontant le cours de l'histoire, cher-

c h o n s quels sont, p a r m i ces types, p a r m i ces éléments raciaux, ceux qui v i n r e n t ici avec les conquérants, ceux que les Hongrois trouvèrent sur ce territoire, et ceux qu'y appor- tèrent les croisements, les colonisations, les fusions ulté- rieurs. Après quoi nous pourrons trouver aussi la solution d u p r o b l è m e qui n o u s occupe et a u q u e l se ramène la question posée au début de cette étude : « existe-t-il un type hongrois ? »

I I . — - L E S ÉLÉMENTS R A C I A U X DU P E U P L E HONGROIS.

Que l'on passe rapidement en revue la population h o n - groise actuelle ou que l'on soumette à u n examen appro- fondi celle des différentes régions, il n'est pas nécessaire d'être a n t h r o p o l o g u e pour constater q u ' o n y chercherait en vain un type u n i f o r m e et caractérisant le peuple h o n g r o i s tout entier. Si m ê m e , pour éiiminer tout facteur subjectif, nous recourons aux instruments de mensuration, nous ne tarderons pas à nous c o n v a i n c r e que les divers caractères raciaux et les c o m b i n a i s o n s de caractères accusent par tout le territoire les variations les plus capricieuses. P o u r l'ensemble du pays, la taille m o y e n n e est bien de 1C7 à 1G8 c m . , mais on obtient u n e m o y e n n e différente non seulement dans chaque comitat mais aussi dans chaque arrondissement et m ê m e dans chaque c o m m u n e . Les m ê m e s variations s'observent en ce q u i concerne la f o r m e du crâne et du visage, la couleur des c h e v e u x , des y e u x , de la peau, et les autres caractères a n t h r o p o l o g i q u e s . Nous trou- v o n s les uns près des autres, dans la m ê m e c o m m u n e , des h o m m e s de haute taille et des h o m m e s de petite stature, des dolichocéphales et des brachycéphales, des blonds et des

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III

i . H o n g r o i s d e t y p e a l p i n ( F . P u s k á s ) d e B é l z e r é n d .

3. H o n g r o i s de t y p e b a l t o - o r i e n t a l (SzénSsi F . ) de F e k e t e - G y a r m a t . a. J e u n e f i l l e palóc de t y p e b a l t o - o r i e n t a l d u c o m i t a t d e G ö m ö r .

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12 L A J O S lîARTUCZ

bruns, des yeux bruns cl des yeux bleus, elc. Dans les « îlols ethuiquesi) même (Yazyges, Cornaus, Palóc, Matyó, groupes de Göcsej, Hetés, Őrség, Sárköz, etc.), il nous est impossible de trouver un type uniforme, caractéristique pour le terri- toire entier ; tout au plus certains caractères ou combinaisons de caractères s'y rencontrent-ils plus fréquemment que sur d'autres territoires hongrois. Partout des mélanges, partout une mosaïque variée de caractères raciaux ou de combinai- sons de caractères

Néanmoins nous ne sommes pas encore en droit de passer à un autre extrême et de déclarer, par exemple, qu'au milieu d'une pareille confusion il est impossible de se retrouver et qu'à proprement parler il n'existe peut-être m ê m e pas de types de ce genre.

En effet la science anthropologique moderne a ses méthodes objectives et très perfectionnées, au moyen desquelles elle letrouve des cohésions j u s q u e dans un pareil labyrinthe et décèle les races, les éléments raciaux cachés au sein des peuples 2.

Sans entrer dans le détail, rappelons brièvement que, selon des recherches anthropologiques poursuivies dans l'Europe entière au cours des dernières dizaines d'années et portant sur un très grand nombre d'individus, on peut dire que d'une manière générale la population actuelle de l'Europe se ramène partout aux cinq races suivantes : i° race nord-européenne (Homo nordicus ou teulonicus), a" race alpine ou de l'Europe centrale (Homo alpinus), 3" race méditerranéenne ou occidentale (H o m o mediterraneus), 4° race balkanique ou dinarique (Homo dinaricus), 5° race orientale ou balto-orienlale (Homo haïtiens). Et c o m m e ces cinq races se retrouvent en chaque peuple de l'Europe, il est évident que la différence anthropologique entre les divers peuples ne s'explique pas par la différence des races

1. l . a j o s B a r t u c z , .1 termet földrajzi elterjedése Magyarországon. [La r é p a r t i t i o n g é o g r a p h i q u e de la taille h u m a i n e en H o n g r i e ] Föld és E m b e r , 1922. Du m é m o a u t e u r : Die Körpergrössc der heutigen Magyaren. A r c h i v , f. A n t h r o p , X'. F . vot. X V ,

2. l.ajos B a r t u c z , A tudományos fajkutatásról [De la d é t e r m i n a t i o n s c i c n t i û q u e d e s races). T e r u i é s z e l t u d o m . Közi. j u i l l e t 1926.

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I I I

1. H o n g r o i s d e l y p c b a l t o - o r i e n i a i ( F . Horos j c u n o ) d e _ N a g y z e r é n d .

3. H o n g r o i s de type b a l t o - o r i e n l a l a v e c u n m é l a n g e n o r d i q u e (S. N a g y ) de K r d ű h e g y .

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16 L A J O S l î A R T U C Z

qui les constituent, mais par la proportion différente dans laquelle s'est opéré le mélange des mêmes races.

E x a m i n o n s successivement le rôle que j o u e chacune de ces races dans la formation de l'aspect anthropologique des Hongrois actuels et recherchons si, en dehors de ces élé- ments, la population hongroise ne contient pas d'autres élé- ments raciaux.

E Les caractères principaux de la R A C E S E P T E N T R I O N A L E

(H. nordicus) sont les suivants : haute taille, tête allongée, visage étroit et élevé, nez étroit et bien développé, cheveux blonds ondulés, yeux bleus, etc. Si nous considérons atten- tivement la répartition géographique en Hongrie de la taille, de la forme du crâne et de la couleur des yeux et des cheveux, nous arriverons à la conclusion que vers les confins orientaux, occidentaux et septentrionaux du pays la taille s'élève, la tête s'allonge, la couleur des yeux et des cheveux s'éclaircit : en d'autres termes, que sur lesdits terri- toires ces caractères sont en étroite corrélation les uns avec les autres. l i e s t évident qu'ici nous nous trouvons en pré- sence des éléments de la race septentrionale. Nous nous en convaincrons mieux encore en observant que d'une part la réunion desdits caractères atteint sa plus grande fréquence dans les régions de la Hongrie habitées aujourd'hui encore par des Allemands (S a x o n s) ou les territoires où l'histoire nous apprend que des peuples de ce genre se sont établis autrefois; et, d'autre part, que les n o m s de familles portés par les individus de type septentrional (nordicus) dispersés dans les différentes régions du pays trahissent aujourd'hui encore une origine allemande ou nord-slave.

Abstraction faite des territoires en question, cette race se retrouve dans une proportion assez considérable tant dans l'aristocratie et la noblesse que dans la classe des artisans.

Il est m ê m e prouvé, anthropologiquement et historique- ment, que cette race était représentée jusque dans la famille des Árpádiens, la première dynastie hongroise. Par contre elle ne se rencontre qu'en n o m b r e insignifiant parmi la population rurale de souche m a g y a r e . Calculée pour l'ensemble du pays, la proportion de cette race peut être

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III

. . H o n g r o i s d e t y p e d i n a r q u e (S. G á l ) d e F e k e t e - G y a r m a t .

3. H o n g r o i s d e t y p e b a l t o o r i e n t a l a v e c u n t o r t m é l a n g e d e t y p e d i n a r i q u e ( L . S z a t m á r i ) d e N a g y z e r é n d .

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1 6 L A J O S l î A R T U C Z

évaluée à 4-5 °/„ tout au plus, ce qui, étant donnée la population de la Hongrie d'aujourd'hui, représente un élément racial insignifiant. Il résulte également de ce qui précède que cette race a pénétré dans l'organisme national hongrois d'une part à la suite de vastes colonisations et d'autre part à la suite de mariages et d'une lente infil- tration, et qu'elle s'est répandue à partir des couches supé- rieures plutôt qu'inversement. Un représentant hongrois (comitat d'Arad) de cette race, d'ailleurs fortement mêlée, se voit sur la figure i , table I.

II. L e s c a r a c t è r e s p r i n c i p a u x d e la RACE OCCIDENTALE (Homo mediterraneus) sont les suivants : petite taille, tête allongée, visage étroit et élevé, cheveux bruns ou noirs, yeux noirs. Cette race joue dans la population hongroise actuelle un rôle encore plus faible que la précédente. On ne trouve en Hongrie aucun territoire où cette combinaison de caractères : petite taille, crâne oblong, yeux et cheveux bruns, se rencontre dans une proportion un peu considé- rable. C'est en Transdanubie (Dunántul) et dans quelques parties de la Transylvanie (voir table I, figure 2) qu'elle est relativement le plus fréquente, mais pour l'ensemble du pays elle atteint à peine une proportion de 1 °/„.

III. L A R A C E A L P I N E (Homo alpinus) se distingue par les caractères suivants : petite taille, tête courte, visage large, nez court, yeux et cheveux bruns. C'est de cette race qu'une partie des anthropologues étrangers, R I P L E Y à leur tête, affirment qu'elle a si bien absorbé les éléments orientaux éventuels de la race conquérante que la population hon- groise actuelle peut être considérée c o m m e présentant

presque purement les caractères de la race alpine. Il est indiscutable que parmi les Hongrois d'aujourd'hui elle j o u e un beaucoup plus grand rôle que les deux races dont nous avons parlé plus liant. Elle se rencontre dispersée dans toutes les parties du pays ; en Transdanubie et dans certains comilals de l'Alföld (l'est, Csongrád, Arad, Bács- Bodrog) ainsi que, dans les villes, parmi la classe ouvrière et les artisans, sa proportion numérique s'élève jusqu'à 20 % .

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I. H o n g r o i s de t y p e caucasien (G. K e l e m e n ) de M. Pécska.

3. H o n g r o i s de t y p e c a u c a s i e n (P. M . Kiss) Je A g y a .

3. H o n g r o i s d e t y p e c a u c a s i e n (G. Szabó) de T o r d c m i c .

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8 L A J O S l î A R T U C Z

Parmi les Allemands du Sud (Souabes) et les anciens terri- toires de colonisation slave, elle accuse encore une plus grande fréquence, mais pour l'ensemble du pays elle ne peut être évaluée à plus de i5 % . En effet, sur une grande partie des territoires que l'on considérait auparavant c o m m e appartenant au type alpin, c'est un phénomène frappant que la fréquence, à côté de celui-ci, d'un type aux yeux gris bleu, à la taille peu élevée ou m ê m e petite, à la tête courte et au visage large, sans que d'ailleurs les caractères de la race septentrionale puissent être constatés sur les territoires en question. Il est donc évident que nous nous trouvons ici en présence de représentants de la race orientale ou balto-orientaie, dont nous parlerons plus loin.

La race alpine est représentée aussi en assez faible proportion (environ 5 "/„), dans la classe noble et l'aristocratie. De ce que cette race atteint sa plus grande fréquence sur les territoires peuplés par des Allemands du Sud, on peut conclure qu'une bonne partie de ses représentants descendent de colons venus de l'ouest (voir table I, fig. 3, table II, fig. i).

IV. L A R A C E O R I E N T A L E ou B A L T O O R I E N T A L E (Homo ballicus) présente les caractères suivants : petite taille, tête courte, visage large et un peu aplati, nez retroussé, cheveux blond foncé, yeux gris bleu. Numériquement, cette race est l'un des éléments raciaux les plus importants de la population hongroise de nos jours, et ses caractères se retrouvent en assez forte proportion dans toutes les parties du pays et même sur des territoires purement hongrois. La présence de cette race est particulièrement frappante dans la partie

nord-est de 1'Alföld (comitats de Szabolcs, de Szatmár, de Zemplén), dans le pays des Yazyges (jászság), en Transylvanie et en Transdanubie.

Parmi les Palóc, la proportion numérique de cette race s'élève par endroits jusqu'à 5o et 6o °/0. Ce sont ses repré- sentants que WINKLER ' mentionne sous le nom de

t. H. W i n k l e r , Das Finnentum I. M a g y a r e n . Z e i t s c h r . f ü r E l h n o l , i g o i .

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2. H o n g r o i s e p r é s e n t a n t le m é l a n g e des t y p e s c a u c a s i e n et m o n g o l o ï d e (E. U;r ó ) de E r d ő h e g y . .

3. H o n g r o i s p r é s e n t a n t le m é l a n g e d e s types c a u c a s i e n et m o n g o l o ï d e d e K u n m a d a r a s .

4. H o n g r o i s p r é s e n t a n t le m é l a n g e des types c a u c a s i e n et m o n g o l o ï d e (I. Hevesi) d e Á g y a .

I H o n g r o i s de type caucasien (J. Mester) de K e c s k e m é t .

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20 L A J O S lîARTUCZ

« Hongrois à type finnois » et P.VPAY et SEMAYER 1 sous celui de « Hongrois ougriens ».

Partout, sur les territoires énumérés plus haut, on est frappé par la fréquence de cette combinaison de caractères : petite taille, yeux gris bleu et tête courte. Cependant ce dernier caractère est moins accentué ici que ce n'est le cas dans les parties méridionales de l'Alföld quand il se rencontre en même temps que les y e u x bruns et les cheveux bruns. Dans la noblesse hongroise, la race orientale estaussi un facteur numérique considérable. Dans l'ensemble du pays elle représente une proportion d'environ 35 °/„ et le sens de son extension semble indiquer qu'elle est venue en majeure partie du nord est mais en partie aussi du sud- est (voir table 11, fig. 2, 3, table III, (ig. 1,2, 3.)

V. Les caractères de la R A C E D I Y U U Q U E (Homo dinaricus) sont les suivants : haute taille, crâne haut et très court, nuque plate, visage étroit et élevé, hauteur frappante de la mâchoire, nez grand et fortement saillant, yeux et cheveux de couleur foncée. Si nous e x a m i n o n s avec soin la répartition géographique de ces caractères en Hongrie : taille, forme du crâne et couleur des yeux et des cheveux, nous remarquons que vers le sud et le sud-ouest, en même temps que la taille s'élève, le crâne devient plus court et plus haut et la couleur des yeux et des cheveux plus foncée 2. Il est évident qu'ici nous nous trouvons en présence d'élé- ments de la race dinarique qui, venue du sud et du sud- ouest, a pénétré en grandes masses dans le pays hongrois.

La race dinarique se rencontre dans toutes les parties de la Hongrie, mais c'est en Transdanubie et dans les parties

méridionales de l'Alföld qu'elle atteint la plus forte pro- portion numérique. Assez fréquente dans le Jászság, la Grande Comanie, la Transylvanie et le nord-est des Car- palhes, elle constitue un facteur important parmi les classes moyennes et la petite noblesse, mais se rencontre aussi parmi l'aristocratie. Cependant, c'est sur les territoires de

1. V. S e m a y e r , -f magyarság antropológiai típusai [Les types anthropolo- g i q u e s d u p e u p l e hongrois], K t h n o g r a p l i i a , i()O3.

2. Cf. L. Barlucz, Der Längcn-ISreilen-lndcx in ingám. S i l z u n g s b c r . d. nnthrop.

Ges. in W i e n , 1926-27.

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3. H o n g r o i s de type m o n g o l (le K a p u v á r .

I. H o n g r o i s p r é s e n l a n t le m é l a n g e c a u c a s i e n - m o n g o l (M. M á n y o k i ) , de E n d r é d .

. H o n g r o i s e d e t y p e m o n g o l d u c o m i l a t de B a r a n y a .

2. H o n g r o i s p r é s e n t a n t le m é l a n g e c a u c a s i e n - m o n g o l (A. Tőzsér), de E r d ő h e g y .

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A A L A J O S B A R T U C Z

colonisation sud-slave et dans les familles d'origine sud- slave qu'elle se rencontre l plus souvent. Pour l'ensemble du pays, la proportion de ce:le race peut être évaluée à 20 "/„

environ (voir table IV, fig. 1, 2, 3).

C o m m e on le voit, chacune des cinq races européennes se rencontre dans la population hongroise actuelle ; deux d'entre elles, l'orientale et la dinarique, constituent m ê m e u n important facteur.

La question qui se pose maintenant est de savoir si, outre les cinq races dont nous venons de parler, la population hongroise contient d'autres éléments raciaux. A cette ques- tion, l'étude de la répartition géographique des caractères raciaux nous oblige à répondre affirmativement. En effet c'est u n p h é n o m è n e frappant que, précisément sur une grande partie des territoires purement hongrois, la tête courte et les yeux et cheveux bruns accompagnent non pas la haute taille (au dessus de 170 cm.), mais la taille m o y e n n e (entre iG5 et 170 cm.) U11 examen plus approfondi nous apprend que chez les individus en question la tête 11'cst pas aussi haute que chez les dinariques. Le front csl plus bas, la tête un peu moins courte, le visage et surtout la mâchoire plus bas, le nez moins saillant et le dos du nez plutôt convexe. A n'en pas douter, ce n'est pas là la race dinarique, mais ce n'est pas non plus la race alpine, car la taille est plus élevée que chez celte dernière, la couleur plus foncée, le crâne un peu plus long, et il n'est pas rare non plus que des caractères mongoloïdes atténués apparaissent chez ces individus. Ce que nous avons ici, c'est cette variété, plus pure et plus affinée, de la race CAUCASIENNE OU DE L'ASIE

ANTÉRIEURE (H o m o caucasicus) qui se rencontre chez les Avares du Caucase, chez les Géorgiens, les Lezguiens et chez beaucoup de peuples turko-tartares. Cette race est un des principaux éléments constitutifs de la population comane, mais elle est fréquente parmi les Hongrois de la région de Cegléd-Kecskemét et parmi les Hajdú, ainsi qu'en Trans- danubie et en Transylvanie. De m ê m e une grande partie de la noblesse et de la population dite turko-magyare se compose de représentants de cette race. Pour l'ensemble

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2 4 L A J O S l î A R T U C Z

du pays, on en peut évaluer la proportion numérique à i5- 20 % . Les figures 1, 2 et 3 de la table V ainsi que les figures I, 2, 3 et 4 de la table VI indiquent les caractères de cette race, modifiés par l'influence mongole.

Nous avons déjà montré 1 en 191 o que sont fréquents parmi les Matyós, ciiez les hommes et plus encore chez les femmes : pommettes extrêmement larges et aplaties, nez à la racine fortement écrasée, aplatie, large, ailes du nez larges, yeux petits et bridés à la mongole, yeux et cheveux brun jaunâtre," taille petite. D'autre part2, en 1921, nous avons appelé l'attention sur ce fait que vers les confins orientaux et nord-orientaux de 1'Alföld et plus encore dans le Kis-Alföld (Petite Plaine) et en certains lieux de la Transdanubie on peut observer en masse des traits mongoloïdes, et en d'autres lieux sporadiquement.

Les recherches auxquelles nous nous sommes livré depuis nous ont encore confirmé dans cette opinion. Nous avons constaté que ces traits mongoloïdes se rencontrent partout sur les territoires palóc, en Transdanubie (dans les comilats de Győr, Moson, Sopron et Fejér), parmi les Sicules, dans le Jászság et la Coma nie, et qu'en certains endroits la fréquence en est tout à fait frappante. On serait tenté de croire que l'on se trouve simplement en présence d'éléments de la race orientale ou balto orientale dont nous avons parlé plus liant et qui présente également certains caractères mongols. Mais sur les territoires en question les caractères mongoloïdes sont souvent encore plus forts, encore plus accentués que ce n'est Le cas de la race balto- orientale et, circonstance capitale, se rencontrent 11011 pas avec des yeux gris bleu et des cheveux blond foncé mais avec des cheveux noirs et gros et des yeux brun jaunâtre ou brun foncé, petits, au regard perçant. La taille, au lieu d'être basse, est moyenne, souvent m ê m e plutôt élevée. C'est là ce

T Y P E M O N G O L affiné qui se rencontre chez une grande partie

1. L a j o s B a r t u c z , A matyók anlhropológiájáról [l)e l ' a n t h r o p o l o g i e d e s M a t y ó s ) . A m a g y a r o r v o s o k és t e r m é s z e t v i z s g á l ó k W X V . v á n d o r g y ű l é s é n e k m u n k á l a t a i . B p e s t , m i i .

•2. L a j o s L ó c z y , A Balaton. B p e s t , i q s i .

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I X

ÍSf

C r â n o d ' u n g u e r r i e r h o n g r o i s d u t e m p s d e ia c o n q u ê t e d u p a y s ( B e n e p u s z t a ) .

des peuples dits turko-tartares. Quant à décider si c'est une race spéciale ou seulement la forme de croisement la plus fré- quente (par exemple entre les races mongole et caucasienne), ce sera la lâche de l'avenir. Dans tous les cas, il est certain que nous nous trouvons en présence d'une forte empreinte de la race mongole et des caractères mongols dont la fréquence, pour l'ensemble du pays, peut être évaluée à 4-5 °/„. A t on le droit, en s'appuyant sur ces faits, de parler de l'origine mongole des Hongrois ? C'est là une autre question sur laquelle nous reviendrons plus loin. (Voir table VII, figures 1, 2, 3 et 4)-

A côté des races que nous venons d'énumérer existerait encore tout au plus le type dit H H I É / . A N (tête allongée, petite taille, cheveux bruns, caractères mongoloïdes) dont quel- ques traces peuvent être relevées en Transdanubie et surtout chez les Sicules (Székelys).

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2 6 L A J O S BÄRTL'CZ

Passons m a i n l e n a n l à une autre question : de ces races, de ces éléments raciaux, lequel ou lesquels peut-on considé- rer c o m m e étant plus particulièrement en corrélation avec le peuple h o n g r o i s ? E v i d e m m e n t ceux dont on peut p r o u v e r qu'ils ont été apportés sur le territoire de la Hongrie par les c o n q u é r a n t s h o n g r o i s eux-mêmes.

Or l'étude des squelettes trouvés dans les cimetières de l'époque de la conquête, à Székesfehérvár, Jászdósa, Szek- szárd, K e c s k e m é t , P i l i n v - S i r m á n y et dans les comitats de Szabolcs, de Z e m p l é n , etc., a montré 1 q u ' u n e partie des con- quérants présentaient surtout les caractères de la race ballo- orientale, tandis que l'autre partie consistait en u n m é l a n g e racial issu de croisements plusieurs fois séculaires entre les races caucasienne et m o n g o l e . Les premiers étaient le peu- ple de race o u g r i e n n e , les seconds l'élément ethnique domi- nant, turko-tarlare. Il s'y rencontre aussi des éléments appar- tenant aux races septentrionale, méditerranéenne et alpine ; mais c o m m e ils ont été trouvés dans les tombes les plus pauvres, il est évident qu'ils p r o v i e n n e n t des peuples con- quis.

Ce n'est d o n c pas aux h o m m e s présentant les caractères de la race septentrionale, alpine ou méditerranéenne que doivent être appliquées les épithètes si en faveur p a r m i le g r a n d public : « type h o n g r o i s », « b o n n e ligure hon- groise », mais à ceux qui sont issus du m é l a n g e racial cauca- sieu-mongoloïde-balto-oriental. Mais c o m m e les caractères de ces trois races se présentent sous une multitude de c o m b i - naisons, le n o m b r e des « types h o n g r o i s » est passablement élevé et variable suivant les régions. Et si nous passons en revue les visages que la croyance populaire désigne sous le n o m de « bonnes figures hongroises », n o u s retrouvons presque en chacun d'eux quelque c o m b i n a i s o n de ces trois races. Mais on aurait tort de croire que plus un h o m m e présente les caractères de la pure race caucasienne, de la p a r e race m o n g o l e ou de la pure race balto-orientale, plus il mérite la qualification de « type h o n g r o i s ». 11 n'en est rien

I. L. Bartucz, Ilonfoglalúskori magyar koponyák. A M.-N. M u z e u m N é p r . G y ű j t . [I.es crânes h o n g r o i s d u t e m p s d e la c o n q u ê t e . La c o l l e c t i o n e t h n o g r a p h i q u e d u Musée National de H o n g r i e ] . V . Bpest, 1936.

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LA C O M P O S I T I O N A N T H R O P O L O G I Q U E DU P E U P L E H O N G R O I S 2 7

en effet. Car ce qui est caractéristique pour le Hongrois tant d'aujourd'hui que de l'époque de la conquête, ce n'est pas la présence, à l'état pur, de l'une ou l'autre des trois races en question, mais au contraire le mélange de ces trois races. Si par conséquent nous voulons à tout prix nous servir ici du mot « hongrois », nous devrons dire que ce qui est hongrois ce n'est ni le caractère racial caucasien, ni le carac- tère racial m o n g o l , ni le caractère racial baito-oriental pris séparément, mais que c'est précisément ce triple mélange racial, cette forme spéciale du mélange de ces races sont caractéristiques, ou, pour nous servir de cette expression, hongrois.

Si maintenant nous considérons les types h u m a i n s qui vivaient en Hongrie au temps des civilisations les plus anciennes, nous constatons qu'à l'âge de la pierre, du cui- vre et du bronze, à côté des races septentrionale et alpine qui indubitablement existaient déjà en Hongrie, la race méditerranéenne jouait le rôle dominant. Les vestiges de celte race se retrouvent en grande quantité non seulement en Transdanubie mais aussi en Transylvanie et sur les confins nord-est de l'AIföld. A l'âge de La Tène et ensuite au début des grandes migrations, cette race méditerranéenne semble recaler au second plan devant les peuples de type septentrional qui allluent en masses de plus en plus com- pactes sur le territoire de la Hongrie, si bien qu'elle ne subsiste en nombre considérable que dans la Transdanubie, où au temps des Romains la majeure partie de la population présente encore les caractères de la race méditerranéenne et le reste les caractères des races alpine ou septentrionale.

D'autre part, pendantl'âge dit iazygo-sarmate, une population issue d'un croisement des races caucasienne et dinarique vient occuper l e c e n t r e d e l'AIföld, c o m m e en foui foi les sque- lettes remontant à cette époque et retrouvés dans la région de Szeged, de Csongrád, de Szentes, de Szegvár et de Kecske- mét. Par où cette dernière immigration s'esl-ellc produite ? C'est ce qui n'a encore pu être établi avec une pleine certi- tude, mais les rares indices doni nous disposons semblent indiquer plutôt le nord et le nord-est et partiellement le sud- ouest.

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Ainsi donc, pendant les âges dont nous venons de par- ler, on peut dire que les cinq races européennes ont j o u é u n rôle dans tous les peuples venus sur le territoire h o n - grois, mais avec cette différence q u e les éléments raciaux p r é d o m i n a n t s variaient avec chacun de ces peuples. Mais le tableau a n t h r o p o l o g i q u e de la Hongrie c h a n g e d'un seul c o u p aux ivc-ve siècles de notre ère. Venue de l'est ou du sud- ouest — les ossements retrouvés j u s q u ' à présent ne sont pas encore suffisants pour en établir l'itinéraire — une race nouvelle, a b s o l u m e n t différente des précédentes, apparaît sur le sol hongrois, et cela en foule si compacte que pour un l o n g espace de temps elle laisse son empreinte presque exclusive à certains territoires (comitals de Moson, G y ő r , Sopron, régions de Kecskemét, Félegyháza, Csongrád, Szentes, Szeged). Nous voulons parler du peuple des Huns, chez qui l'élément d o m i n a n t — les fouilles exécutées à Mosonszentjános au p r i n t e m p s 1926 en font foi — présentait les caractères de la pure race m o n g o l e (voir table VI11, figure 1). Les particularités distinctives de ce peuple étaient les suivantes : faible stature, crâne o b l o n g , front bas, un peu fuyant, grosse tète, visage extrêmement large, aplati, étendu, nez à la racine large et aplatie, aux os plats et peu déve- loppés. Tels sont encore a u j o u r d ' h u i une grande partie des peuples m o n g o l s de l'Asie septentrionale, l i e s t probable, à notre avis, q u e le type dit rhiézan, que l'on a retrouvé sur divers territoires de la Russie, présente également des rap- ports avec cette race. Il semble aussi que celte dernière, une fois sur le sol de la H o n g r i e , ait pour un certain temps refoulé toutes les autres races hors des territoires dont elle s'était emparée, car à cette époque les éléments appartenant aux cinq races européennes mentionnées plus haut n'appa- raissent guère que sur les confins des territoires occupés par les Huns ou sur les îlots compris entre les habitats hunni- ques. D'autre part, les représentants de cette race se retrou- vent encore en grandes masses sur les territoires en question après la dissolution de l'empire des Huns et m ê m e à l'épo- que des A v a r e s , ce qui semble prouver q u ' u n e partie des Huns restèrent sur le sol de la Hongrie après la chute de leur e m p i r e , tandis que d'autres émigraient vers l'Fst d'où, après

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s'être unis aux A v a r e s , leurs parents selon l'anthropologie et l'ethnologie, ils revinrent sous le n o m d'Avares, c'est-à-dire sons une nouvelle f o r m e ethnique et plus m é l a n g é s au point de vue racial. Un fait indiscutable parle en faveur de celte thèse : dans une g r a n d e partie des tombes reconnues par les archéologues c o m m e datant de l'époque avare, les osse- ments retrouvés présentent également les caractères de cette race, tandis que dans d'autres tombes de l'époque avare (Csepel, B a k o n y k o p p á n y ) ont été retrouvés des ossements de Mongols, à la tête plus courte et au visage plus bas (voir table VIII, figure 2) ou m ê m e d ' h o m m e s issus du croisement de la race m o n g o l e avec la race ballo-orientale ou la race caucasienne (Jutas, Fiizfô). Mais autre preuve, qui n'est pas non plus négligeable : tout d'abord, les sources orien- tales parlent de vrais et de faux Avares, certains auteurs soulignant expressément la ressemblance q u ' u n e partie des Avares présentaient avec les Huns, tandis que les auteurs occidentaux d o n n e n t souvent le n o m de Huns aux Avares, et enfin q u ' u n e partie de nos archéologues voient un cimetière liun là où les autres voient un cimetière avare, et qu'on trouve même pêle-mêle dans le m ê m e cimetière des tombes de caractère avare et des tombes de caractère h u n n i q u e . Si dans le peuple avare il n'y avait pas eu de iluns, si, du point de vue tant a n t h r o p o l o g i q u e q u ' e t h n o l o g i q u e , les Avares avaient différé essentiellement, des Huns, il est certain que nous ne pourrions être en présence de pareils faits.

P o u r des raisons tant historiques q u ' a n t h r o p o l o g i q u e s , on peut admettre aussi, avec une certitude presque absolue, que les Avares fixés sur ce territoire ne disparurent pas tous avec la domination avare et qu'en certains lieux, en Transda- nubie, ils continuèrent à f o r m e r des îlots assez populeux.

Quant à ceux qui avaient émigré vers l'est ou aux descen- dants de ces derniers, ils purent se trouver en contact avec les Hongrois — qui se dirigeaient vers l'Ouest pour y cher- cher une nouvelle patrie — et s'étant alliés à eux, ce q u i atténua leurs caractères m o n g o l s , ils purent revenir sur le territoire h o n g r o i s , à titre de tribu alliée.

11 est très probable, en effet, pour des raisons a n t h r o p o - logiques, que les Pétchénègues — et peut-être m ê m e une

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grandé partie des Kabars —- étaient ces Avares, ou leurs descendants, réémigrés en Orient, car dans les terri- toires et dans les tombes du temps de la conquête ou de l'époque suivante et tenus par les archéologues et les histo- riens p o u r des territoires ou des tombes pélchénègues, on a retrouvé les m ê m e s crânes de Mongols à tête courte que dans les tombes du temps des Avares et tels qu'on n'en retrouve que beaucoup plus r a r e m e n t d a n s les tombes hongroises du temps de la conquête. La m a j e u r e partie des établissements et d o m a i - nes pétchénègues sont situés sur des territoires habités autre- fois par des Avares. et chez les anciens auteurs les Pétchénègues chargés de la garde des frontières sont représentés c o m m e des Mongols. Ainsi s'expliquerait aussi p o u r q u o i les nobles et les établissements pétchénègues apparaissent en si grand n o m b r e pendant les deux premiers siècles de la royauté hongroise, alors que les d o c u m e n t s antérieurs en faisaient à peine m e n t i o n . Enfin il saute aux y e u x que c'est sur u n e grande partie des territoires hongrois habités d'abord par des Avares, puis par des Pétchénègues et des Kabars que les caractères m o n g o l s sont le plus fréquents parmi la popula- tion hongroise actuelle (voir table II, fig. 2, table III, fig. i , table VII, fig. 1-4).

Après la domination avare, les races européennes dont nous avons parlé plus haut regagnent sur le sol de la Hongrie leur première importance, si bien que lorsque les c o n q u é - rants font leur apparition, outre les restes des peuples h u n n o - avares de type m o n g o l ils trouvent sur les confins d u pays des peuples appartenant au type septentrional, méditerranéen et alpin, et dans l'AIföld des peuples de race dinarique, alpine et balto-orientale. Les conquérants e u x - m ê m e s appor- tent p r i n c i p a l e m e n t avec eux des caractères raciaux cauca- siens-mongoloïdes-balto-orientaux, et les pertes subies au cours de leurs randonnées sont compensées par l'appoint des restes de ces populations hunno-avares qui ne tardent pas à se fondre en eux. Si les combats qui remplissent les d e u x premiers siècles et ensuite l'invasion m o n g o l e déci- mèrent, avec le peuple h o n g r o i s , la population issue du croisement des races caucasienne et m o n g o l o ï d e q u i en for- mail l'élément d o m i n a n t (voir le crâne du guerrier h o n g r o i s ,

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page 233) et si le n o m b r e des individus de type balto- oriental, alpin ou dinarique prit un grand développe- ment sous les rois de la maison d ' Á r p á d , l'arrivée des Y a z y g e s et des C o m a n s constitua de nouveau un appoint considérable pour les éléments h o n g r o i s de race m o n g o l o ï d o - caucasienne. C'est p o u r q u o i , malgré la grande saignée de l'in- vasion m o n g o l e en \it\i et les colonisations qui curent lieu ensuite, et qui en certains lieux modifièrent considérablement la proportion n u m é r i q u e des races au profit des types septen- trional, alpin, balto-orienlal et dinarique, l'aspect anthropo- logique du pays ne changea pas au cours des quatre cenl cinquante premières années dans la même mesure que pen- dant les quatre cent cinquante années suivantes, sous la longue domination turque et après. Il est vrai que la d o m i n a t i o n turque apporta dans la population hongroise quelque élément racial parent (mongoloïdo-caucasien), mais l'importance en fut à peu près insignifiante au regard des pertes éprouvées par les Hongrois d a n s les combats avec les Turcs. Ces luttes m ê m e , ainsi que les vastes colonisations q u i les suivirent, mêlèrent en une véritable mosaïque les éléments raciaux qui jusqu'alors formaient plutôt des îlots, et frayèrent la voie aux éléments raciaux balto-orien- taux, mais surtout alpins et dinariques, qui i m m i g r è r e n t et se multiplièrent dans une proportion beaucoup plus forte qu'auparavant. Du point de v u e a n t h r o p o l o g i q u e , le princi- pal eilet de la d o m i n a t i o n turque ne se traduisit donc pas par l'extermination de quelque élément racial, mais par un c h a n g e m e n t p r o f o n d dans la proportion réciproque et la répartition des éléments raciaux déjà existants, et surtout par leur mélange en une mosaïque c o m p l i q u é e . Et ce mélange s'opéra non pas seulement dans le sens horizontal, c'est-à-dire territorial, mais aussi dans le sens vertical, entre les diverses couches de la société, rien ne s'opposant plus à ce dernier processus depuis l'abolition du servage.

Si nous passons en revue celte phase plusieurs fois millé- naire du mélange, de la lutte des types et des races qui se déroula sur le territoire de la Hongrie, noire attention est attirée par u n p h é n o m è n e des plus instructifs et d'une i m p o r -

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tance pour ainsi dire nationale. Nous v o y o n s en ellet la race m o n g o l e pénétrer p a r m i les races européennes, puis se mêler g r a d u e l l e m e n t à elles, et de nouvelles formes ethniques résulter de ce processus. Nous v o y o n s les peuples issus des divers croisements des c i n q races européennes f o u r m i l l e r et lutter ensemble, pendant des milliers d'années, sur celte r é g i o n , et tantôt l'un tantôt l'autre s'emparer de la puis- sance. Puis u n e race entièrement nouvelle, u n e race v e n u e d'Orient, la race m o n g o l e , dans sa pureté primitive, appa- raît au milieu de ces peuples sous la f o r m e ethnique des Iluns. P o u r u n temps, elle s'empare d u territoire entier et lui i m p r i m e son empreinte, mais elle ne tarde pas à s u c c o m - ber. Elle reparaît bientôt sur le sol de la Hongrie sous u n e autre f o r m e ethnique, celle des Avares, mais n o n plus dans sa pureté ancestrale, car elle a subi u n m é l a n g e . Arrivée au pouvoir, elle tombe à son tour. Pendant près de deux siècles nous n-'en entendons plus parler. Et de n o u v e a u elle réappa- raît sous la forme ethnique des Hongrois, fondateurs de la nation, mais totalement mêlée, délayée au point de vue racial, de sorte qu'elle n'est plus m o n g o l e , mais seulement m o n g o l o ï d e . Cette fois-ci elle ne s'empare pas seulement de son d o m a i n e ancestral, elle s'y maintient. Elle n'en a pas m o i n s à subir des attaques, deux fois m ê m e (Mongols, Turcs) son existence ethnique est en péril. Mais elle se relève et se fortifie. Entre temps leS couches raciales se disposent, dans le sens vertical c o m m e dans le sens horizontal, d ' u n e manière de plus en plus h a r m o n i e u s e ; la fusion des éléments raciaux devient de m i e u x en mieux proportionnée. Et la nation h o n g r o i s e ne pouvait que g a g n e r à ce m é l a n g e h a r m o - n i e u x des races, q u i la faisait plus unie et plus forte. Si n o u s n'avons pas vu se développer en Hongrie des oppositions p s y c h o l o g i q u e s analogues, par exemple, à celles qui séparent les uns dgs. autres les A l l e m a n d s du Nord et les A l l e m a n d s d u S túl,Heurt-.]À constitution raciale n'est pas la m ê m e , c'est à ce rr/éJange qué q o u s le devons. Mais un autre avantage de ce processus.-futâqtî'jen dépit de tant de guerres sanglantes les vieux -éléments'orientaux ne se perdirent point et q u ' i l ne se produfsU mêpré pas de bouleversement p e r n i c i e u x dans la proportion des races c o m p o s a n t le peuple m a g y a r , ce qui

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explique — entre autres raisons — c o m m e n t , après mille ans de luttes et de vicissitudes, ce peuple a pu demeurer h o n - grois.

C'est ainsi que c h a n g e a de siècle en siècle la constitution raciale du peuple h o n g r o i s , pour aboutir enfin à la confor- mation a n t h r o p o l o g i q u e actuelle. L'histoire de cette évolu- tion millénaire n'est pas seulement intéressante en elle- m ê m e : elle nous met en face de problèmes dont la solution est des plus importantes au point de vue h o n g r o i s c o m m e au point de vue européen. La plus haute tâche de l'anthropolo- gie hongroise doit consister à éclairer et résoudre ces pro- blèmes. D'ailleurs, nous l'avons déjà vu, ils sont inséparables de l'histoire de la Hongrie, dont plus d'un aspect sera m i s en lumière par les recherches anthropologiques entreprises dans ce sens.

Remarquons-le, pour conclure cette étude, nous n ' a v o n s fait qu'esquisser l'histoire de l'évolution a n t h r o p o l o g i q u e de la Hongrie. Le cadre reste à remplir, et de nouveaux problèmes surgissent en foule, dont la solution sera la tâche des recherches futures. Elles devront consister d'une part à soumettre à un examen a n t h r o p o l o g i q u e le plus détaillé possible la population hongroise de nos j o u r s , et d'autre part à recueillir méthodiquement et soumettre à une étude approfondie un n o m b r e suffisant de crânes et d'ossements d'origine authentique, remontant à chacun des âges de la civilisation et à c h a q u e siècle de l'histoire hongroise, et que mettront au j o u r des fouilles systématiques entreprises en c o m m u n avec les historiens.

(Musée E t h n o g r a p h i q u e d e B u d a p e s t ) LA.IOS BARTUCZ.

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