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Les débuts des études françaises en Hongrie

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(1)

L'INSTITUT FRANÇAIS DE L'UNIVERSITÉ DE SZEGED

18.

Les débuts

des études françaises en Hongrie

(1789—1830)

Essai de bibliographie

PUBLIÉES PAR

PAR

/

BORBÁLA GESMEY

SZEGED, 1938

(2)

Directeur: Béla ZOLNAI.

Chargés de cours: Zoltán BARANYAI. Géza BÁRCZI.

Lecteur: H.-F. GRENET.

Études Françaises

publiées par l'Institut Français de l'Université de Szeged.

1. André Dudlth et les humanistes irançals. Par Jean FALUDI.

Si le rôle politique joué par Dudith est bien connu, il n'en est pas de même de son activité littéraire. M. Faludi cherche à' préciser les dates de ses séjours en France, les relations qu'il y a nouées. — A. D. M. (Revue d'Hist. EccL 1938).

L'auteur a bravement entrepris de nous apporter quelque chose de précis sur les rapports très vagues que des générations de compi- lateurs et d'historiens avaient mentionnés comme ayant existé entre Dudith et certains érudits français, tels que Muret, Ramus, Théodore de Bèze. — F.-L. Schoell (Revue des Études Hongroises, 1928).

Magyarul: Minerva 1928. (Vö. Irodalomtörténet, 1928:177.) — Ci.

Pierre Costil: André Dudith. Paris, Les Belles Lettres, 1934.

2. H.-F. Amiel, traducteur. Son européanlsme. Ses relations avec la Hongrie. Par Vllma de SZIGETHY.

Mademoiselle Szigethy étudie les traductions faites par l'auteur du

„Journal intime", et insiste sur le recueil des „Étrangères"... D'une façon vivante et intelligente Mademoiselle Sz. trace la genèse de ce r e c u e i l . . . — Léon Bopp (Revue des Études Hongroises, 1929).

Die fleissige Arbeit enthält eine eingehende Würdigung der Uber- setzertätigkeit A m i e i s . . . Im Anhang wird auch der aufschlussreiche Briefwechsel zwischen Amiel und Meltzl mitgeteilt. — B. v. Pu- kánszky (Deutsch-ung. Heimatsblätter 1930:80).

L'étude, très sérieusement établie, est une nouvelle preuve du tra- vail efficace accompli en Hongrie sur les questions de littérature européenne. — Revue de Littérature Comparée (1930:322).

Magyarul: Jezerniczky Margit: Amiel, Meltzl, Petőfi. (Szêphalom 1931.) 3. Les impressions françaises de Vienne, 1567—1850. Par Vera ORAVETZ.

Die in ihren Ergebnissen und Ausblicken wertvolle Arbeit fügt Öster- reich nunmehr jenen von Virgile Rossel in seiner „Histoire de la littérature française hors de France" behandelten Ländern end- gültig bei.— Hans ZedineJc (Zentralblatt für Bitbliothekswesen 1931'.

De telles enquêtes modestes, laborieuses et utiles, permettent de mesurer sur un exemple précis la diffusion de la langue française au XVIIIe siècle. — Paul Van Tieghem (Revue de Synthèse, 1:3).

V. ö. még Eckhardt Sándor (Egyet. Phil. Közlöny 1931), Zolnai Béla (Széphalom 1931) és Jezerniczky Margit (Széphalom 1932) pótlásait és Justus Schmidt tanulmányát: Voltaire und Maria Theresia, Wien 1931:6—22. — Cf. encore: Études Françaises 13.

(3)
(4)

KIADJA

A SZEGEDI EGYETEM FRANCIA PHILOLOGIAI INTÉZETE

18.

Franciaország

a magyar irodalom tükrében

- . (1789-1830)

IRTA

GESMEY BORBÁLA

- »

SZEGED, 1938

(5)

PUBLIÉES PAR

L'INSTITUT FRANÇAIS DE L'UNIVERSITÉ DE SZEQED

' 18.

Les débuts

des études françaises en Hongrie

(1789—1830)

Essai de bibliographie

PAR

BORBÁLA GESMEY -

SZEGED, 1938

(6)

Bölcsészet-, Nyelv- és Történettudományi Karához benyújtott doktori értekezés.

Biráló : Dr. Zolnai Béla egyet. ny. r. tanár.

Társbíráló: Dr. Sik Sándor egyet. ny. r. tanár.

Bzeged Városi Nyomda és Könyvkiadó Rt. 37—1886

(7)

L'influence spirituelle que la France a exercée en Hongrie. est bien connue. Plusieurs ouvrages ont déjà traité la question de savoir comment l'esprit français a pénétré la vie et la littérature hongroises.1 Il y a de nombreux petits essais qui éclairent les rapports intellectuels des deux pays et certains sont en relation étroite avec notre sujet.2

Nous allons examiner ce dernier d'un autre point de vue que MM. I. Kont et Z. Baranyai. Nous, nous proposons comme objet de notre thèse un examen.de l'attitude des Hongrois envers la France depuis la Révolution jusqu'en 1830. Nous avons tâché de recueillir dans un essai de bibliographie aussi complet que possible les études critiques èt les ouvra- ges imprimés en hongrois où nous ayons trouvé une allusion quelconque aux choses de France. Nous avons recueilli la plus grande partie de notre matière à la Bibliothèque du Musée National Hongrois. Puis nous avons travaillé à la Bi- bliothèque de l'Université de Budapest, à celle de l'Acadé- mie Hongroise et à la Bibliothèque municipale de Budapest.

Nous avons épuisé des liasses d'„apró nyomtatványok"

(brochures et feuilles volantes) du Musée National Hongrois.

1 I. Kont: L'Influence de la litt. fr. en Hongrie. Paris, Leroux 1902. — Zoltán Baranyai : La langue et la culture françaises en Hon- grie au XVlIIf s. Budapest 1920 (hongr.).

2 Al. Eckhardt : Les Français en Hongrie pendant la Révolution, Revue des Études Hongr. 1925 : 231. — Al. Eckhardt : Une anti-marseil- laise imprimée en Hongrie, ibid. 1927 : 396. — Dezsô Pais : Les rapports franco-hongrois, ibid- 1923: 23—25. — L. Rácz : J. J. Rousseau et la Hongrie, ibid. 1924: 31-38.

(8)

Dans nos recherches nous avons trouvé des documents non-publiés jusqu'ici dans les bibliographies franco-hongroises.

Pour faciliter le maniement de notre'livre, nous allons indiquer l'arrangement de ses diverses parties. Le lecteur y trouvera d'abord l'introduction exprimant la vue proposée, ensuite une b i b l i o g r a p h i e explicative ordonnée selon la chronologie où les titres sont classés alphabétiquement à l'intérieur de chaque année. Avant de traiter notre sujet en particulier nous voudrions ici exprimer notre reconnaissance à MM. Béla Zolnai et Henri Grenet qui par leurs conseils et par leurs renseignements nous ont dirigée avec une con- stante bienveillance.

(9)

Introduction.

Il est bien connu que dans la seconde moitié du XVIIIe

siècle toute l'Europe se tournait vers la France, ce dont les causes étaient à la fois politiques, sociales, financières et littéraires. L'attention de la Hongrie se dirigea également vers" ce pays. Jusqu'à ce moment la France était une no- tion vague, elle ne comptait guère pour l'opinion publique ; mais à partir de cette époque le culte des idées et de la littérature françaises fut très grand chez nous, car son importance politique fut toujours grandissante et l'ex- pansion littéraire et philosophique de, la France se fit sentir de plus en plus. Les coutumes et la mode françaises furent imitées dans une mesure extrême dans toute l'Europe, mais c'étaient les événements politiques qui suscitèrent surtout ce grand intérêt.

Les Hongrois considéraient la France non seulement comme l'incarnation du libéralisme politique, maïs aussi comme le lieu élu de la perfection littéraire à laquelle ils aspiraient en vain depuis longtemps. Ce n'était plus seu- lement nos grands seigneurs qui se mirent à très bien parler le français — dont ils avaient besoin s'ils voulaient vivre dans la splendeur de la cour viennoise — mais les chefs de notre vie spirituelle commencèrent également de parler le français.

- Le résultat de ce culte zélé de la langue française

(10)

se fait voir dans la correspondance de K a z i n c zy3 qui est le chef spirituel de cette époque: ses lettres sont pleines de citations et de locutions en français et nous rendent témoignage d'une étonnante culture française.

Le journalisme hongrois fait ses débuts en 1780 par le Nouvelliste Hongrois de Matthieu de R á t h. C'est l'entrée des idées libérales de l'Occident. Les chefs de notre vie littéraire tâchent de faire connaître au public hongrois la culture française comme les grands personnages français, à l'aide de livres et de revues. Ils nous renseignent sur la vie à la cour de Versailles et plus tard chaque jour sur les événements de la Révolution. Tout intéressait les lec- teurs : les habitants de la France, leur langue, le pays des Français ; les revues assaisonnaient leur contenu d'anec- dotes qui racontaient de petits épisodes de la vie de célèbres personnages, des hommes d'état, des généraux etc.

Nos revues fournissaient largement le public d'impres- sions et de publications françaises. La Révolution, aussitôt qu'elle eut éclaté, devint le centre de l'intérêt public. Mais hélas! Les journaux ne pouvaient pas être sincères, car le contrôle de la censure était sévère de peur que l'idée française ne pût nuire, aux Hongrois.4 A cause de cette peur les journaux ne présentaient qu'un seul aspect des événe- ments français, souvent incompréhensible aux yeux des étrangers. L'affaire de A. S z a c s v a y caractérise le mieux les circonstances : il était le journaliste le plus doué de cette époque; la censure le considéra comme trop franc,

" 3 Baranyai, o. c., pp. 26—58.

* A. Ballagi : L'histoire de la garde royale hongroise à l'égard de son action littéraire. Pest, 1872. p. 40 (hongr.). - G. Ballagi : La littérature politique °en Hongrie jusqu'à 1825. Budapest, 1888. pp. 53—56, 759, 782 790 (hongr.). — Zoltán Baranyai : La Civilisation et la cul- ture françaises en.Hongrie au X V № s. pp. 66—67 (hongr.). — Ch.

Csahihen : La vie littéraire de Pest et Bude, 1780—1830. Budapest, 1931, T. I : 93, 111; T. II: 62 (hongr.). — J. Ferenczy : Histoire de la presse hongroise, 1780-1867. Budapest, 1887, pp. 94—123 (hongr.). — J. Waldapfel : Cinquante ans de la vie littéraire de Bude et Pest 1780—1830. Budapest, 1935, pp 111—112, 118, 122-123, 173—174 (hongr.).

(11)

comme parlant trop, on le congédia et son poste au Courrier Hongrois fut occupé par Samuel D e c s y .5

En dehors du motif indiqué plus haut, nous en trou- vons un -autre qui expliquera pourquoi les remarques de nos auteurs sont naïves parfois, pourquoi les critiques ignorent souvent la véritable situation et pourquoi ils sont si minutieux : nous ne recevions les idées et les nouvelles que par l'intermédiaire de l'Autriche, et les Allemands,6 comme on sait, considéraient tout ce qui était français sans sympathie, sinon avec hostilité et ainsi ils empêchaient d'avoir des renseignements complets. Enfin pour comprendre ce faux aspect il faut savoir la différence sociale des deux pays : la Hongrie encore féodale et la France d'une culture cosmopolite, celle-ci avec une vie urbaine et un esprit bourgeois déjà développés et celle-là, repliée sur elle-même et séparée des autres nations, ne pouvant assimiler les oeuvres litté- raires de l'autre.

En Hongrie, la littérature a toujours été inséparable de la politique. Au XVIIIe siècle ce furent les événements politiques qui introduisirent d'abord chez nous la curiosité pour la littérature. Plus tard la civilisation française se répandit avec une intensité variable en Hongrie et elle se borna de plus en plus au terrain littéraire.

5 A. Eckhardt : Les idées de la Révolution française en Hongrie, -Budapest, 1920, p. 106 (hongr). — Ferenczy, o. c., pp. 4 3 - 46.

6 Z~ Baranyai: o. c., pp. 1 0 - 1 2 , 104—109. — Z. Baranyai : Le Bacha de Bude. Extrait de la Bibliothèque Universelle, Lausanne, 1922, p! 24. — J. Farkas : La romantisme hongrois. Budapest, 1930, pp. 22—25, 217—222, 133 (hongr.). — B. Grünwald : La Hongrie ancienne, 1711—

1825. Budapest, 1888, p. 465 (hongr). - r J. Waldapfel: o. c., p. 4.

(12)

I.

Reflet des événements politiques contemporains.

Les mouvements français grandissants suscitèrent chez nous un intérêt de plus en plus vigoureux. La Révolution allait devenir le centre de cet intérêt: les livres, les jour- naux publiaient des rapports détaillés, même les événe- ments de . petite importance étaient indiqués7 dès les pre- miers jours de .la Révolution. Ce fut une émulation entre les journaux, à qui pourrait apporter les nouvelles les plus récentes le plus vite possible. Ainsi arrivait-il qu'après les événements nousj recevions des nouvelles et des . brochures très' vite, on peut même dire immédiatement. '

1. La Terreur et la Convention.

Le sentiment public est favorable à la Révolution jusqu'à la première Constitution.8 L'idée de la Révolution représente l'aurore dès longtemps désirée du libéralisme et de la démocratie. Les gens d'opinion avancée espèrent alors le changement des conditions politiques de leur patrie sous l'influence de la Révolution. Sauf l'unique Courrier Hongrois, qui ne cache pas son opinion dans les Lettres Élyséennes,9

^ Cf. Eckhardt : о. c., pp. 102 — 109.

8 Bacsânyi, 1790 et 1792 (cf. notre Bibliographie Nos 7 et 31),

— Pensées d'un homme célèbre, 1790 (cf. Bibl. № 8). — Courrier, 1789, II: 514, 930; III: 831; 1790, I : 32, 35, 217, 218, 579; 1791, IV:

1328. (cf. Bibl. Nos 3, 15, 23.) — Hist. milit. 1790, 11: 637—638 ; 1791.

IV: 100-104 (cf Bibl. Nos Ю, 21).

^ Cf. Eckhardt : о. c.. p. 104. — Courr. Hongr. 1789, II : 852, 874; 1791, III: 803, 9 3 9 - 9 4 0 ; IV: 1339, 1539-1540; 1792, 1 : 5 1 5 - 8 ; II : 683 (cf. Bibl. Nos 3, 23, 31).

(13)

les journaux, pour , les motifs déjà mentionnés, ne peuvent pas être francs ; mais on accepte avec une véritable joie cette idée que tout le monde peut réussir selon son talent.10

L'Acte Constitutionnel et la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen furent publiés par S z a c s v a y dans le Cour- rier Hongrois dès 1789, deux ans avant qu'ils ne fussent devenus définitifs.11 Ce fait est caractéristique de l'avidité avec laquelle on accueillait les succès de la Révolution.12

Mais l'esprit réactionnaire, imposé par le gouvernement, fit rapidement changer le ton des journaux.13 L'auteur des Histoires militaires et d'autres histoires célèbres et le rédac- teur du Courrier Hongrois craignent pour leur patrie la triste condition de la France : „la folie".14 Même le Courrier Hongrois, jusqu'ici enthousiaste, se met à mépriser la ma- nière dont les grandes et nobles intentions de la Révolution seraient réalisées.15 Il ne prédit pas un bon avenir à la Révolution si la querelle dure entre les membres de la nouvelle Assemblée Nationale.16 On juge sévèrement l'action de l'Assemblée Nationale et du gouvernement.17 C'est pour- quoi S z a c s v a y raconte en s'en moquant les actes de l'Assemblée Nationale.18 Naturellement, la censure entre en activité si les événements français ne donnent plus un exemple qui mérite d'être suivi. C'est pourquoi nous trou- vons dans le Courrier Hongrois des allusions comme : „La lettre venue de l'Elysée cherche dans le crible",19 ou bien

10 Courr. Hongr. 1790, 1: 217, 250- 251 (cf. Bibl. № 15) - Merc.

H. de V. 1794, 1: 90 (cf. Bibl. No 55).

" 1789, II : 935, 93H.

12 cf. Eckhardt : <?. c., p. 54.

13 Mess. Hongr. de Transs. 1790, pp 145—147 (cf. Bibl. № 9).

— Nouv. Hongr. 179iî, II: 437—8, 518 (cf. Bibl. № 30).

14 Courr. Hongr. 1792, II : 855 (cf. Bibl. № 31) ; 1789, 1: 81 (cf.

Bibl. No 1)

15 1790, 1 : 2 5 0 - 2 5 1 , 579, 599; 1791, 111:931; 1792, 11:879.

956—7 (cf. Bibl. Nos 15, 23, 31). - 16 1791, IV : 1328 (cf. Bibl. № 23).

" Hist. Milit. 1790, III : 428—30. — Merc. Hongr. de Vienne, 1793, 20, 6t>, 327 (cf. Bibl. Nos 10, 39).

18 Courr. Hongr. 1791, IV: 1198 (cf. Bibl. № 23).

19 Ibid. 1789, II : 874

(14)

„en France il est aussi que . . . mais il est défendu au Courrier de le dire"20 ; ailleurs : „il est resté dans le crible."21

Dans sa notice de présentation Le Messager Hongrois de Transylvanie fait allusion également à la censure et il de- mande pardon .pour ses informations. Il se plaint d'être étroitement limité et il ne peut se rendre agréable en donnant au public tout ce qu'il souhaiterait.22

On cherche à trouver les causes de la Révolution et on veut faire comprendre au public l'état d'âme du peuple rebelle. La responsabilité sera attribuée aux événements et aux circonstances qui existaient sous Louis XIV23 mais aussi Louis XV sera attaqué.24

L'écho des événements marquants est très fort chez nous. La mort de M i r a b e a u occupe surtout le Courrier Hongrois?5 Il attribue aux paroles de Mirabeau une valeur générale et selon lui tout le monde et toutes les nations peuvent y trouver un enseignement. Les traits humains de Mirabeau l'enchantent moins.26 En général on parle des chefs du nouveau régime sur un ton de plus en plus maus- sade, avec une attitude de plus en plus hostile.27 M i r a b e a u , M a r a t , R o b e s p i e r r e sont traités comme de simples . assassins. Les articles parus au sujet du meurtre de Marat . l'attestent28

20 1789, III : 896.

21 Courr. Hongr. 1790, 1: 91 (cf. Bibl. № 15).

22 Mess. Hongr. de Transs. 1790.

23 Hist. Milit. 1789, I : 433-435 (cf. Bibl. No'l). — Courr. Hongr.

1791, III: 940 (cf. Bibl. №> 23). — Gvadányi 1811 (cf. Bibl. No 223).

24 Szekér, 1810. T. I. : 103 (cf. Bibl. № 210). — Hist. Milit. 1791, IV : 100-104, 197—198 (cf. Bibl." N» 21).

25 1791, Il : 507—508 ; III : 803-806 (cf. Bibl. № 23).

26 Sarkadi-Csatáry, 17 93. p. 142. (cf. Bibl. No 50). — Courr. Hongr 1791, Il : 507—508 (cf. Bibl. No 23). — Bibliothèque Hongr. 1800, XIH : 170 (cf. Bibl. No 125).

27 Merc. H. de V. 1793, I : 20, 21, 356; 1794, II: 1010, 1011, 1013 (cf. Bibl. Nos 39,55). - Nouv. Hong. 1793, I : 127 (cf. Bibl. No 45).

— Courr. Hongr. 1794, 1: 17—18, 132 (cf. Bibl. No 61). — Bibliothèque Hongr. 1800, XIII: 170—171 (cf. Bibl. №> 125). — Jósika, 1794 (cf.

Bibl. No 58).

28 Mercure H. de V. 1793, 1: 420, 438-439, 507-510, 523, 529—

530; II: 892 (cf. Bibl. No 39). — Courr. Hong. 1793, II: 151 (cf. Bibl.

No 47). — Nouv. Hongr. 1793, Il : 129—30, 262 (cf. Bibl. No 45).

(15)

On appelle R o b e s p i e r r e un tyran sanguinaire,29 le Dieu des Jacobins, l'idole de la nation française,30 et en même temps on parle de lui comme d'un tyran dont la pensée est un ordre et dont la volonté fait loi.31 Les gens apprennent sa fin avec joie,32 parce qu'ils espèrent que le massacre se terminera ; le Mercure Hongrois de Vienne prétend que la République est un bateau qui s'enfoncé.33

Les nouvelles lois augmentent encore l'hostilité contre la Révolution. Les changements successifs de la forme du gouvernement en France sont fortement discutés.34 Nous lisons que le nouvel ordre des choses conduit la France à la séparation d'avec les autres pays. Ce sont surtout les lois contre l'Eglise et le nouveau calendrier qui alimentent une critique défavorable.35 Le Mercure Hongrois' appelle les membres du gouvernement des coquins sans morale.36 Mais nous ne pouvons pas prétendre que nos rédacteurs soient partiaux parce qu'il publient volontiers s'il-les ont appris quelques nouveaux décrets utiles.37 P. e. ils rendent compte de la bibliothèque que la Convention a fondée.38 Plus tard ils publient les ordres du Directoire qui protègent la science ou les arts.39 Mais ils constatent en même temps la dimi-

29 E. jLassú : 1827, p. 1-50 (cf. Bibl. № 328). — Courr. Hongr.

1795, III : 115 (cf. Bibl. № 69). — Bibliothèque Hongr. 1795, VII : 363 (cf. Bibl. No 68).

30 Merc. Hongr. de V. 1793, 1: 438, 523 (cf. Bibl. No 39). — Bibliothèque Hongr. 1795, VII : 363 (cf. Bibl. No 68). — Courr. Hongr.' 1794, 1: 1 7 - 1 8 , 154 (cf. Bibl. No 61).

31 Merc. Hongr. de V. 1794, I : 98—101 (cf. Bibl. No 55). — Bibliothèque Hongr. 1795, VII : 363 (cf. Bibl. No 68). - Courr. Hongr.

1794, I : 154; 1795, III: 279 (cf. Bibl. Nos 61, 69).

32 Merc. Hongr. de V. 1794, II : 1010—1011. — Courr. Hongr.

1795, III : 115 (cf. Bibl. Nos 55, 69).

33 Merc. Hongr. de V. 1795, II : 1198 (cf. Bibl. No 65).

34 Mess. Hongr. de Transs. 1790, 1: 153 (cf. Bibl. No 9). — Courr.

Hongr. 1793, III : 49, 3 2 1 - 3 (cf. Bibl. No 47).

35 Merc. Hongr. de V. 1793, II : 813, 892, 910 (cf. Bibl. No 39). — Nouv. Hongr. 1793, II : 512 (cf. Bibl. №> 45). — Courr. Hongr. 1793, HI : 49 (cf. Bibl. № 47). — Gvadányi. 1796 (cf. Bibl. No 77), p. 110—112.

36 Merc. Hongr. de V. 1793, H: 892 (cf. Bibl. No 39).

37 Merc. Hongr. de V. 1794, 1: 90 (cf. Bibl. No 55).

38 Cf. la note 37.

39 Ibid. 1796, II: 1339—1340. — Nouv. Hongr. 1796, I : 291—2;

II : 187 (cf. Bibl. Nos 72, 81).

(16)

nution de la sympathie générale pour la langue française.

Par défiance de l'esprit révolutionnaire les familles nobles, même les cabinets des princes abandonnent la correspon- dance en français. L'opinion pense qu'une nation où de telles actions arrivent ne mérite pas l'intérêt général.40 Na- turellement on ôraignait chez nous que les idées nouvelles ne s'étendissent très vite. Une forte défense s'organise contre la Révolution. Les événements cruels seront peints de cou- leurs vives et ils seront mis en relief,, la Révolution re- présentée sous son aspect nuisible, afin que les Hongrois n'osent même penser à accueillir des idées semblables.41

C'est dans ce même but qu'Antoine G u b e r n a t h composa son livre42 en 1793' et ce fut dans le même esprit qu'un certain ,,Sz. P. S." écrivit son livre d'après l'Anglais Burke.4 3

L'un et l'autre ont pour but d'effrayer le public hongrois par leur tableau de la Révolution.44 Il va sans dire que celui-ci est peint d'une telle manière que personne ne pen- serait à sympathiser avec des idées „terribles". La Révo- lution détruit tout pays au point de vue économique et au point de vue moral.45 On saisit toutes les possibilités pour montrer la France comme corrompue et on tâche de tracer le tableau le plus repoussant possible du peupje français

„devenu fou".46

Le même conception se réflète dans une oeuvre d'un Anonyme sur la triste mort et sur le testament du roi de France Louis XVI; on retrouve la même conception dans le livre de G. B e r t a , en 1794, une description de la vie

4° Baranyai: La civ. et la cuit. fr. en Hongr., p. 162. — Courr.

Hongr. 1792, 1: 518 (cf. Bibl. № 31). - Nouv. H. 1792, 1: 467 (cf.

Bibl. No 30).

4' Szekér, 1810, p 124. — Nouv. Hongr. 1792, II: 208—209, 366, 437 -438, 518. — Courr. Hongr. 1792, II: 855, 879; V: 1185, 1191, 1211 (cf. Bibl. Nos 210, 30, 31).

42 Cf. Bibl. No 42.

43 1795 (cf. Bibl. No 70).

4 4 Cf. les notes 42 et 43.

45 G. A. I. pp. 3 - 8 , 19. — Sz. P. S. I. p. 10.

46 P. Albert, 1793 (cf. Bibl. No 48) p. 29. — Wylt : Sermon 1793 (cf. Bibl. No 53) pp. 1—2. — G. Hrabovszky, 1815 (cf. Bibl. No 262) pp. 12, 2 5 - 2 7 . - Nouv. Hongr. 1792, Il : 437—438 (cf. Bibl. No 30);

(17)

du malheureux roi de France.47 Berta avoue franchement dans l'avant-propos du livre* qu'il a voulu inciter à la vengeance contre . les Français régicides. Si cela réussit, il a atteint son unique b u t . . . L'ouvrage entier exhale le regret qu'une nation jadis si excellente ait pu changer de telle façon.

Le destin de la famille royale intéresse le public qui sera averti de tous les petits détails.48 Le couple royal est représenté comme des martyrs.49 Ils seront les symboles de la bonté, de la miséricorde, imbus d'idées favorables au peuple.50 Le roi incarne le bon monarque innocent. La si- tuation de la reine est esquissée sous les couleurs les plus sombres qui doivent lui gagner notre compassion. On écrit qu'on la fait jeûner et qu'on la traite comme une coupable.51

L'exécution des souverains émeut le public et l'événement occupa encore longtemps par la suite les Hongrois.52 Im- médiatement après l'exécution du roi, G. H r a b o w s z k y prononça une oraison funèbre de Louis XVI qu'il publia plus tard en 1815. Dans l'envoi l'auteur dit: une oeuvre en hongrois sur la vie de Louis XVI est très nécessaire.53

47 1794 (of. Bibi. No 63).

48 Merc. H. de V. 1793, I : 5 2 8 - 9 , 571, 727—9, 836—7, 1003;

1794, I : 654; 1795, II: 950, 9 9 6 - 7 (cf. Bibl. Nos 39, 55, H5); 1796, I : 29. — Nouv. Hongr. 1793, II: 639, 675 (cf. Bibl. No 45). — Courr. Hongr.

1793, III: 38; 1795, III: 36 (cf Bibl. No 69).

49 Sarkady, 1793 (cf. Bibl. No 50) pp. 1, 12, 14, 210.

50 Hist. Milit. 1789. (cf. Bibl. No 1) I : 8 1 - 8 2 . - Coll. des Mól.

1790, III: 17—19 (cf. Bibl. No 16); 1794 (cf. Bibl. No 29) p. 4. - G.

Berta, 1794 (of. Bibl. No 63) pp. 12, 14—15, 22, 45, 379-380, 210. — Gvadányl, 1796 (cf. Bibl. No 77) p. 110.

51 Merc. H. de V. 1793, 1: 528—529, II: 727—728 (cf. Bibl.

No 39. — Courr. Hongr. 1793, III: 38. — Nouv. Hongr. 1793, II: 675 (cf. Bibl. No 45).

52 Brochures 1793 (cf. Bibl. Nos 37, 43, 44, 60, 51, 53, 54); 1796 (cf. Bibl. № 74) — Merc. H. de V. 1793, II: 834 (cf. Bibl. No 39). — Nouv. Hongr. 1793, II: 639, 675, 814 (cf. Bibl. №> 45). — Biblioth. Hongr.

1794, VI: 93; 1795, VH: 197 (cf. Bibl. Nos 60, 68). — Gvadányi, cf. la' note 50. — Szentgyörgyi, 1795 (cf. Bibl. No 71) p 98, — G. Berta (cf.

la note 50). — Csokonai, 1796 (cf. Bibl. No 73) pp. 2, 3 — 1799. La triomphe de la vérité (cf. Bibl. No 238) p. 166. — 1813, p. 18 (cf. Bibl.

No 241). — Kaprossy, 1815 (cf. Bibl. No 263). — Mahowszky, 1828 (cf.

Bibl. No 333) pp. 34—35. — Dóozy, 1829 (cf. Bibl. No 335).

53 Cf. Bibl. No 262.

(18)

Mais le bon Père a eu tort : il ne pouvait pas connaître les écrits de l'époque sur la vie °et la mort du roi, car ce né fut qu'en 1793—94 que parurent en hongrois les oeuvres qui pouvaient les faire connaître. (Nous les avons déjà citées).

Lé récit de la mort de Marie-Antoinette se trouve dans le livre de J. S á r k á n y qui raconte l'exécution de la reine à Paris. L'esprit anti-révolutionnaire de ce livre se montre déjà dans son titre.54

Selon les informations hongroises on martyrise le petit dauphin. Le Mercure Hongrois de Vienne écrit qu'on le fait assister à des scènes abêtissantes.55 En tout cas on veut le torturer et bientôt nous apprendrons sa mort préma- turée.56 La vie des deux princesses royales n'est pas in- différente non plus aux yeux de nos rédacteurs, nous con- naissons par les journaux la vie de la petite princesse. Ils .s'intéressent beaucoup à l'avenir de la princesse Elisabeth, c'est pourquoi ils publient une information secrète sur le conseil de B e n e z e c h avec les cinq membres du Direc- toire57 : ils publient cette information dans l'original et ils en donnent la version hongroise. On n'arrête pas de condamner la Révolution, d'autant plus que les horreurs de la Terreur ont fait soupçonner ses chefs. On considère que ce n'est pas l'enthousiasme pour des idées qui les pousse à commettre des actions cruelles, mais plutôt l'intérêt ma-=

tériel.58 Les derniers jours de la Terreur sont salués avec une joie éclatante et on attend des jours plus calmes. Nos journaux publient largement des documents qui attestent la diminution de la popularité des chefs révolutionnaires.

Pour vérifier ce qu'ils ont prédit, ils décrivent les événe-

54 Cf. Bibl. NO 51.

55'Merc. H. de V. 1793, II: 908.

56 Ibid. 1793, II:. 1003; 1794, II: 714.

57 Merc. H. de V. 1795, II: 996-997. - Nouv. Hongr. 1795, I I : 345, 469. — Courr. Hongr 1795, III : 358—361 (cf. Bibl. N°s 65, 67, 69).

— Merc. H. de V. 1796, 1: 29. — Nouv. Hongr. 1796, 1: 130.

58 Merc. H. de V. 1793, 1: 326-327 ; 1794 1: 16 (cf. Bibl. No 39).

— Coúrr. Hongr. 1793, IV : 290 (cf. Bibl. No 47).

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ments qui sont arrivés au théâtre de la nie Feydeau, où l'on a brisé la plaque commémorative de M a r a t ; on cite l'épitaphe par laquelle on a remplacé la précédente.59

Les journaux pressentaient quelque changement. La for- mation du Directoire justifia les soupçons. Les sentiments étaient mitigés à Paris et chez nous on considérait l'opé- ration avec sympathie. Quelques réformes dans le domaine de. la culture aidèrent à fortifier cette sympathie. L'opinion publique constatait avec satisfaction qu'enfin les Français pouvaient produire autre chose que des cruautés.60 On com- mençait à douter de la réalité de la liberté. Le Directoire même en fournissait des arguments. Le Nouvelliste hongrois prétendait qu'à l'élection des membres du Directoire, on avait bien su enchaîner la main du destin.61

Nous pouvons constater sur ce point une certaine malveillance vis-à-vis du Directoire, car ce n'est pas une conclusion tirée de propres impressions du rédacteur mais — il le dit lui-même — il adopte certaines remarques d'un journal de Londres comme des faits établis.

2. Bonaparte, Premier Consul.

L'attention se tourna bientôt vers le Premier Consul en personne. Jusqu'ici le centre d'intérêt avait été occupé par la Révolution. Il le fut à partir de ce temps par Napoléon Bonaparte. Nous sommes avertis exactement de ses actions par des journaux, à partir de la campagne d'Italie jusqu'aux derniers jours de sa vie. Ces informations ne sont pas de simples comptes rendus. Elles décrivent les batailles» dé Napoléon avec autant de minutie que si le vainqueur était un chef d'armée hongrois triomphant.62 Lés témoins publient

59 Nouv. Hongr. 1795, 1: 240 ; II : 345 (cf. Bibl. No 67).

60 Merc H. de V. 1794, II : 1531 ; 1796, II : 1339—1340. — Courr.

Hongr. 1796, III : 328—29 (cf. Bibl. Nos 55, 72, 83).

61 Nouv. Hongr. 1798, 1: 678.

62 Merc. H. de V. 1796, 1: 632, 643. 660, 692, 730 ; II : 774, 871, 1109. — Bibiioth. Hongr. 1789, X : 107—115, 165—171 ; 1797, I X : 182—

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l'histoire de ses victoires. M. T a n â r k y traduit du français la description de la bataille d'Austerlitz. Aloysius S z e k é r raconte d'après ses propres impressions celle dé Ma- rengo.63 Les auteurs ne prennent pas parti pour les Français.

On décrit ce3 batailles à cause de leur importance histo- rique64 et parce que l'expansion territoriale et la puissance françaises menacent aussi la Hongrie.65 L'opinion hostile aux Français se tranquillise un peu maintenant, quoique d'abord nous ne trouvions que la simple énumération des événements et que nous voyions que les journaux n'ont pris parti ni pour ni contre. Mais les conquêtes extraordinaires de N a p o l é o n et ses hauts-faits font sentir également aux Hongrois son génie. Une preuve de l'intérêt dont sa' per- sonnalité était entourée est que sa biographie eut quatre éditions,66 ce qui est remarquable à cette époque. Les gazetiers et les biographes font connaître avec précision ses

"affaires personnelles, sa vie privée et sa popularité. Parfois on écrit des pages entières à son sujet. On dépeint son extérieur, il est sympathique, simple, sérieux, instruit et cultivé — dit-oh. Tout "son être fait deviner une âme simple qui pourtant réfléchit profondément.67 Tous ses regards, toutes ses habitudes disent son génie.68 Il possède toutes les qualités qu'un grand monarque doit avoir : la magnanimité,69

avec le don du commandement.70 Ces qualités l'ont rendu le chef de la nation française. Le Nouvelliste admire sa capa-

196, 215—250; 1800, XIII: 1—389; 1801, X I V : 12—46, 181—211, 282—

290 (cf. Bibi. No 125).

63 Cf. Bibi Nos 162, 169.

64 Tanárky, o. c. 1806, pp. 5—9, 64.

65 Szekér, o. c. 1807, Introduction.

66 Cf. Bibi. les Nos 136, 149, 173, 231.

67 Nouv. Hongr. 1797, I : 214, 661, 662, 703 ; 1799, II : 605 ; 1801, 1:437—439, 11:863—4. — Courr. Hongr. 1799, IV : 585. — Biblloth.

Hongr. 1798, X : 31, 37, 43—44; 1799, X I : 1 9 - 2 6 (cf. Bibi. Nos 93, 116, 132, 118, 108, 117). — -Vie de Bonaparte, 1802, p. 91 (cf. Bibi.

No 136); 1804, p. 69 ; 1808, pp. 6, 212 ; 1811, p. 27.

68 Conrr. Hongr. 1796, I I I : 4;Í0; 1799, IV : 585 (cf. Bibi. Nos 83,118).

69 Nouv. Hongr. 1801, 1:437—438 (cf. Bibi. №> 132). — Biblloth.

Hongr. 1801, XVI: 39 ' 70 Vie de Bonaparte, 1804, p. 69. — Courr. Hongr. 1805, m : 155—6. .

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cité de travail et sa discipline.71 On décrit ses passe-temps et son entourage. On nous donne des informations sur sa femme Joséphine et les rapports qui existent entre N a p o - l é o n et la famille de Joséphine, d'une façon très sympa- thique.72 Les réceptions aux Tuileries, les revues, les au- diences de Napoléon énumérées très précisément, ne seront pas oubliées non plus.73 La pompe qu'on voit à ces occa- sions dans son palais remporte un succès général, car il est simple quant à sa personne mais s'il faut représenter sa patrie, sa cour est aussi splendide que jadis celle des rois.74

8. L'empereur.

A propos des événements de la vie de N a p o l é o n " , nous pouvons suivre avec attention l'évolution du sentiment à son égard. Cette opinion change à'mesure que les intérêts de,la Monarchie sont secondés ou bien menacés. Jusqu'à ce qu'il atteigne l'empire on- n'entend à son sujet que de belles et de bonnes choses en Hongrie. Ce ne sont pas seulement ses actions et ses particularités personnelles qu'on estimé, mais on attribue à ses mérites la liquidation défini- tive de la Révolution. Tout le monde attend avec curiosité le règne de l'empereur, de qui on espère le calme de toute l'Europe, comme nous le lirons. Mais quand on voit que l'événement est contraire, que l'empereur n'a pas donné la paix dès longtemps désirée, que maintenant l'Europe doit trembler encore plus fort que pendant la Révolution, la sympathie se détourne de lui. Nous savons que les nobles Hongrois ont aidé leur roi, avec un zèle incomparable, à

71 Nouv. Hongr. 1802, 1:656—657 (cf. Bibl. No 139).

72 Nouv. Hongr. 1797, 1: 703—704 ; 1801, 1: 438—439 ; 1802, H : 650-G57. — Biblioth. Hongr. 1801, XVI : 39 (cf. Bibl. Nos 93, 132, 139, 133). — Vie de Bonaparte, 1802, pp. 92—98; 1801, pp. 72—75; 1808, p. 216.

73 Vie de Bonaparte, 1802, pp. 98—9. — Nouv. Hongr. 1801, 1:437—438 (cf. Bibl. No 132).

74 Nouv. Hong. 1801, 1 : 4 3 7 - 4 3 9 (cf. Bibl. No 132). - Vie de Bonaparte 1804, pp. 7 6 - 8 .

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combattre les Français. Ils ont oublié toutes les atteintes à leurs droits et tous les despotismes pour s'unir contre l'en- vahisseur. Ainsi l'attitude hostile envers la France est le fait de la cour et de l'esprit des ,.nobles États." Cette opinion hostile aux Français est bien exprimée dans quelques poèmes et brochures qui datent de cette époque.75 La noblesse hon- groise doit monter à cheval pour défendre son roi et sa nation,76 car le peuple français ne professe plus la liberté mais il passe le joug aux nations et aux rois.77 Il ne faut pas permettre qu'on écrase la nation hongroise.78 Avec une nation comme les Français, la guerre et la paix sont éga- lement honteuses.79 L'impression change à nouveau au bruit du futur mariage de N a p o l é o n et de la princesse Marie- Louise. Les plans avaient été vite découverts par les jour- naux parisiens que recevaient nos nobles, ou encore grâce aux informations secrètes de Paris.80 Chez nous on parlait natu- rellement beaucoup de ce mariage. Nous lisons dans la corres- pondance de Kazinczy qu'on avait connaissance des prépara- tifs certains de ce mariage81 au temps où l'affaire n'était pas encore fixée. Puis on fut averti des événements, des négocia- tions du mariage, et enfin de la cérémonie. L'intérêt général était naturel, puisqu'on attendait encore la paix si longtemps désirée ! Les Hongrois espéraient aussi des avantages du

„Tout-puissant11 et ils étaient convaincus que la princesse avait trouvé un bon parti pour la Monarchie des Habsbourg.82

Les gens espéraient que l'Empereur „nouvèau-venu" et dédaigné jusque-là acquerrait un nouvau lustre par

75 Cf. Bibl. Nos 152, 160, 177—180, 182—188, 190-192,194—206.

76 Horváth, 1809 (cf. Bibl. No 190), p. 1. — Cf. Bibl. Nos 183, 187, 191.

77 Cf. Bibl. Nos 178, 188, 195, 196, 198, 204. — Kreskay, 1806 (cf. Bibl. No 160), pp. 14—15 ; — Kreskay, 1809 (cf, Bibl. No 194), p. 7.

78 Édes, 1809 (cf. Bibl. No 177), p. 11. - Kreskay, 1809 (cf. Bibl.

No 194), p. 6. — Cf. Bibl. № 199.

79 F. Czinke : Cinq marches, 1800, p. 18 (cf. Bibl. № 122) 80 Kazinczy : Lé triomphe de la Grandeur, éd. de D. Eexa. Kner, Gyoma 1932, pp. 5—6 (hongr.).

81 Kazinczy, o. c., p. 6. — Lettre de Vitkovics à Kazinczy, S mars 1810.

82 Ibid. p. 6.

(23)

ce mariage. Kazinczy a rapporté une anecdote inté- ressante : „L'évêque de Kassa se leva de sa chaisë au dîner et il but debout en disant : Le champion immortel de toute l'Europe, le grand Napoléon etc. . . Maintenant dans toutes les bouches il n'y a que des éloges : l'année passée tous les blas- phèmes ne suffisaient pas. Tel est l'homme. . .'l83 Quand en 1810 le mariage fut célébré, poètes et même gens du commun saisirent la plume pour glorifier le couple impérial.8^ Ces poèmes faisaient le panégyrique de N a p o l é o n , on lui attribuait des traits divins, il était l'homme le plus excellent de la terre, l'incarnation de la sagesse, de la vertu et du courage.85 André B e r ei-F a r k as, dans son livre Hommages parisiens, tout à fait enthousiasmé, comparait Napoléon à Á r p á d et aux sept chefs hongrois.86 11°n'y a qu'une seule exception, dans un de ces poèmes l'auteur loue plutôt la princesse tandis qu'il reste indifférent à l'égard de Napoléon : ce poème s'intitule Noce Parisienne et se trouve dans un autre recueil87 du même André F a r k a s , paru sous le nom d'André S z i n y e i - F a r k a s . A la naissance du Roi. de Rome tout le monde tourna de nouveau des poèmes, écrits en latin ou en hongrois, éloges du petit roi et bénissant

„le fils du Héros."88

Il faut mentionner encore deux livres sur Napoléon.

L'un est une biographie traduite d'un ouvrage anonyme, par un auteur hongrois inconnu, en 1808. Cette Vie de Napo- léon139 fut rédigée au moment de son -second mariage. Nous ne trouvons dans cette oeuvre ni la louange du mariage, ni

83 Cf. la noto 80.

84 Cf. Kazinczy, o. c. 1810 (cf. Bibi. № 217). - J. Jaródy, 1810 (cf. Bibi. No 213). — Berei. 1811 (cf. Bibi. No 221), pp. 3—5, 24. — Renseign. de Ja P. 1810, 1:165; 11:324—25; supplém pp. 2 - 4 (cf.

Bibi N»211).

85 Aranka, 1810, Kováts, 1810 (cf. Bibi. No 211). — Kazinczy, 1810 (cf. Bibi. № 217). — T. J. D. R. R. P.. 1811 (cf. Bibi. Nö 230).

86 Cf. Bibi No 221, pp. 3, 5, 7.

87 La paix deux iois faite et quatrefois rompue, 1820.

88 Renseign. de la P. 1811, supplém. 1 : 3 - 4 ; II: 3 - 4 , 31—2 (cf. Bbil. No 224).

89 Cf. la note 66 (Bibi. № 231).

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la louange exagérée de Napoléon, mais seulement l'appréciation de l'importance historique et de la puissance de l'Empereur.

L'autre ouvrage qui s'occupe de Napoléon est la traduction d:une Histoire de France de l'Allemand J a n i t s, éditée par Aloysius S z e k é r . L'auteur prétendait que Napoléon voulait imiter la carrière des Romains et que pendant son con- sulat et son empire tous ses' efforts ne tendaient qu'à ne pas disparaître de la „scène mondiale" comme il était arrivé à ses prédécesseurs, C é s a r ou C r o m w e l l .9 0 J a n i t s concédait que Napoléon était génial, mais que ses succès étaient plutôt les effets de la chance. Sa puissance serait déterminée par les" événements futurs. Il était inutile»

d'envier la France à cause de Napoléon, puisque la nation est malheureuse dont le chef observe en riant le péril. Il n'emploie — prétend encore le livre de Szekér — son titre de „conquérant du monde" que pour nuire à son propre peuple et à l'humanité.91 C'est le premier ouvrage en hon- grois qui non seulement traite impartialement de Napoléon, de ses actes, mais rende compte également des consé- quences de ceux-ci. Le grand enthousiasme s'apaise natu- rellement, plus tard au cours des grandes guerres. G. D e à k y, dans son livre intitulé U autel du respectf2 ne parle plus en flatteur. En apprenant la captivité du pape P i e V I I , tous

ses sentiments chrétiens se soulèvent contre l'empereur qu'il appelle querelleur, rusé, ingrat. Nous ne trouvons nulle part en Hongrie d'opinion qui soit écrite sur un ton aussi méprisant.

*

Quand Napoléon est à l'île d'Elbe, tout à coup le

„Héros Saint", et l'empereur „tout-puissant" ne sont plus qu'un simple „usurpateur". Les informations sont prises dans les journaux de Paris et avec la dénomination d'„usur-

80 Chapitre 41.

91 Szekér, 1810, pp. 188—190, 217—18 (cf. Bibl N<> 210).

92 1814, p. 3 (cf. Bibl. № 259).

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pateur" tout l'esprit est emprunté aux journaux français.93

Ainsi l'opinion publique sera la même que celle des Français.

Les ouvrages et les petits poèmes qui datent du jour où N a p o l é o n fut vaincu sont imbus du même sentiment.

Dans les poèmes, les Hongrois font maintenant l'éloge des Alliés et ils tâchent de rabaisser Napoléon.94 On considère comme unique condition de la paix que sa personne soit gardée entre des limites étroites.95 André F a r k a s , dans deux de ses poèmes — parus sous les noms de Berei-Farkas et Szinyei-Farkas — va si loin qu'il recommande, pour assurer la paix, qu'on coupe la tête du „serpent".96 11 n'y a que deux poèmes au titre latin qui, malgré leur hosti- lité contre N a p o l é o n , peuvent rester impartiaux mais le sentiment est de nouveau anti-français. L'épopée de Pe- r e t s é n y i , La Gaule, représente fidèlement la haine contre les. Français. Il cite V o l t a i r e pour prouver leur mauvaise nature. C'est surtout leur entêtement „hideux" qui déplaît à Peretsényi. Il se réjouit en voyant leur pré- sente situation difficile et l'abaissement de leur force. Il souhaite'de voir Paris humilié jusque dans la poussière. Entre les lignes nous voyons qu'il éprouve une véritable joie quand on transporte des chefs-d'oeuvre de l'art à Berlin.

Sa sentence97 est „qu'on peut laisser N a p o l é o n cuire dans son propre jus."

L'intérêt pour N a p o l é o n grandit à nouveau pendant son règne de Cent Jours. Naturellement nos journaux an- noncent les événements : les Cent Jours et la déportation à Sainte-Hélène. On en parle tant que selon E. C z ô v e k il serait nécessaire que les Hongrois connussent la vie de

93 Rens. de la P. 1816, 1: 30, 72. — L'Europe écrasée par la Révolatlon Française et violemment frappée depuis 18 ans par les promenades de Napoléon Bonaparte (cf. Bibl. № 272).

94 Dankovszky, 1814 (cf. Bibl. No 2c0) — LâczaySzabô, 1814 (cf. Bibl. No 251). — Berzsenyl, 1814 (ef. Bibl. No 254). — Czinke, 1814 (cf Bibl. № 257). — P." Szlnyei, 1820 (cf. Bibl. №> 293). — Berei, 1815 (cf. Bibl. No 266). — Simoga, 1824 (cf. Bibl. No 314) p. 8.

95 Perecsényi, 1816 (cf. Bibl. No 274), p. 116.

96 Bibl. Nos 266 et 293.

97 Ibid.'p. 127.

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Napoléon à partir de son évasion de l'Ile d'Elbe.98 C'est pourquoi il traduit une oeuvre anonyme considérée comme histoire véritable ; l'auteur de cet ouvrage était selon Czovek F r a n ç o i s - M a r i e , majeur de St. Paul, „auteur des livres La Régence à Blois et L'itinéraire de Bonaparte". Ici Czovek se trompe, parce que si L'Itinéraire fut bien écrit par François-Marie, major, de St. Paul,99 l'auteur de la Régence à Blois est J. G. G. F a b r y .1 0 0I l est remarquable qu'après l'édition de Paris la traduction de l'ouvrage anonyme pa- raisse presque en même temps. Il est également intéressant que la Correspondance de Napoléon publiée à la Haye le 25 juin 1815 paraisse le 8 août de la même année en hongrois par les soins de C z o v e k . Dans l'introduction de ce livre Czovek montre de la sympathie pour N a p o l é o n et de l'antipathie contre les Bourbons. Il n'approuve pas l'absolutisme et il n'est pas d'accord avec l'esprit présent de la politique française. Aux années d'exil, l'intérêt est continuel et le sentiment hostile à Napoléon s'apaise. Les Renseignements de la Patrie (périodique hongrois) con- sacrent une rubrique à Napoléon.101

On prend connaissance de la vie de Napoléon à Sainte Hélène par des lettres authentiques venues d'Angleterre.

Elles fournissent des informations : comment se passent ses jours, qui sont ses visiteurs et quelle est l'attitude de N a p o l é o n pendant ces visites.102 Mais les Renseignements de la Patrie ne veulent pas prendre nettement position, soit qu'il s'agisse du destin de Napoléon soit de l'attitude des personnes politiques à l'égard de l'Empereur déchu. Sa mort suggère chez nous des impressions variées. Les jour- naux fléchissent et l'impartialité rigide se transforme-en éloges de l'Empereur mort, reproduits d'après les journaux

98 Ibid. Avant propos, p. 2.

99 Barbier, II : 972.

100 Barbier, IV : 185.

101 1817, 1: 50—52 ; 1819, I: 125-126. Cf. les années 1816—1821.

102 Ibid. 1816, II : 108—109 (cf. Bibl. No 272). - 1817, II : 50—52, 58 ; II : 287-288 (cf. Bibl. No 278).

(27)

étrangers.103 G. R u t t k a y . composa à cette occasion des

„poèmes plaintifs', où il louait le ,monarque du monde". Il veut également rendre hommage à la famille régnante et ainsi il oscille entre les deux extrêmes. Une fois il parle de Napoléon comme de l'homme le plus doué du monde, dont toute l'Europe respecta104 l'esprit, ou le nomme le sauveur de l'Europe,105 pour le détrôner ensuite : il est in- satiable, avide de gloire, et il sacrifie à ses guerres tout son peuple, même son propre bonheur.106 Pourtant R u t t k a y avoue qu'il ne sait pas exactement ce qu'a signifié pour l'humanité le règne de Napoléon.

Un hommage sincère se présente avec G. Fá- b i á n qui publie dans cette intention l'autobiographie „authen- tique" de N a p o l é o n en 1829.107 Il dit dans l'introduction :

„Un double motif nous força à imprimer cette oeuvre : 1. à Londres on dit que l'administration anglaise a justement pris la décision de ne laisser personne consulter les manus- crits de Napoléon . . . Si c'est vrai, la valeur de cette oeuvre est d'autant plus grande. 2. Nous croyons qu'il ne doit rien périr de ce qui est en rapport avec cet homme extraordi- naire."108

L'officier Ch. K i s s veut établir un monument com- mémoratif au grand capitaine dans sa traduction intitulée Les règles fondamentales de Napoléon concernant la guerre,109

faite, selon Kiss, d'après la traduction en allemand du livre Maximes de guerre de Napoléon paru en 1827.110 Il ne faut pas oublier que son but premier n'était pas de rendre hommage au génie de Napoléon mais plutôt qu'en bon patriote il voulait servir par sa traduction. C'était un soldat

103 Ibid. 1821, II: 33, 58—61 (cf. Bibi. No 299). — Bartal, 1822 (cf. Bibl. No 301).

104 Cf. 1822, p. 2. (Bibl. No 306).

,105 Cf. 1822, p. 2 (Bibl. No 305).

106 Ibid. p. 3.

107 Cf. Bibl. No 340.

108 Cf. Introduction, p. 4.

109 Cf. Bibl. № 332.

HO Avec-notes de Burnod, aide de camp de l'empereur de Rus- sie. Ancelin, 1827. Cf. Barbier, III: 91.

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et il voyait avec désespoir l'affaiblissement des Hongrois, il voulait attiser le feu endormi pour faire renaître de ses cendres le courage de ses compatriotes. Bien que cette in- tention soit naïve, il y a là quelque chose d'intéressant. D'abord nous voyons que la personne de Napoléon défunt occupait encore, sept ans après et dans la même mesure, l'opinion publique. Nous pouvons nous imaginer son succès par le fait que son exemple devait suffire, selon Ch. Kiss, à exci- ter les vertus de toute la nation hongroise. A ce point de vue cette oeuvre est unique à cette époque. Puis cette tra- duction est un document qui démontre que malgré la chute malheureuse de N a p o l é o n son génie militaire devait encore être reconnu chez nous par la suite.

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II.

La France historique.

1. Histoire et géographie.

L'intérêt politique que nous avons déjà remarqué attira l'attention sur tout ce qui touchait à la France. A l'exemple des autres pays on écrivit des itinéraires et on traduisit des descriptions de la France. Le premier itinéraire en hongrois qui soit intéressant, est le livre d'Etienne S â n d o r qui date de 1793.111 L'auteur faisait connaître la géographie, la population, l'industrie du pays, en partie d'après sa propre expérience. Il ne parlait du peuple français que très briè- vement et il ne donnait sur lui que peu d'informations justes. Il n'estimait ni l'industrie, ni l'agriculture de la France et considérait ce pays plutôt comme un Etat commercial.

Nous voyons donc que sa connaissance du pays et de sa population était vague et incertaine. C'est seulement le mauvais aspect qu'il distinguait ; il traitait les Français de débauchés.

Il y a deux traductions qui voulaient faire connaître l'histoire à partir des temps les plus reculés jusqu'au jour de la Révolution. L'une est le livre de Mi I l o t , Éléments d'histoire générale, traduit par V e r s e g h y . L'oeuvre de Millot était l'histoire universelle la mieux connue à cette époque. C'était la lecture accoutumée de B e s s e n y e i e t elle a servi de document à G v a d â n y i .1 1 2 Verseghy ne

m Cf. Bibl. No 49.

»2 Cf. Eckhardt, o. c., p. 195. — Waldapfel, o.c., p. 113.

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la traduisit que d'après la traduction en allemand faite par le professeur C h r i s t i a n i de Copenhague et sur les sti- mulations pressantes de B a c s á n y i .1 1 3 Verseghy pensait que c'était le devoir d'un patriote de faire connaître cette oeuvre aux Hongrois. Il reconnaissait la valeur114 du livre par les succès qu'il avait eu3 à l'étranger.115 Verseghy pré- sentait son oeuvre aux dames et aux demoiselles de la patrie, comme un livre dont la connaissance devait les rendre capables d'élever leurs enfants en bons citoyens. Il considérait son modèle comme l'idéal des ouvrages histo- riques qui „nous apprennent à penser en jouant et qui nous apprennent à appliquer ce que nous avons appris.'* Les Histoires militaires et autres histoires célèbres saluent éga- lement avec grande joie l'édition en hongrois du livre „pré- cieux" de Millot.116

L'autre ouvrage est celui d'A. S z e k é r ,1 1 7 auteur que nous avons déjà mentionné, et paru en 1810. Szekér s'intéressait surtout à la Révolution. C'est pourquoi il tra- duisit de l'allemand l'Histoire d'Aemilian J a n i t s, parce que ce livre faisait connaître dans les détails les événements des dix-huit derniers ans. L'ancienne histoire de France ne pouvait pas être bien connue de Szekér, si le nom de Jeanne d'Arc est la matière d'un quiproquo : il parle (p. 42) d'un certain Jean d'Arc (Arci "János) et d'un „héros" . . .

Etienne L a s s u décrivait dans son livre la géographiè précise et détaillée de la France.118 Il ne traitait pas seule- ment le terrain, les habitants, la constitution du pays, mais s'occupait aussi de la langue et il parlait de l'histoire à partir des habitants primitifs jusqu'à C h a r l e s X. Naturellement c'est l'époque moderne dont il s'occupait le plus. Dans l'ex-

i '3 Cf. Avertissement au lecteur hongrois, pp. XXI—XXII (cf.

Bibl. № 18).

i " Ibid. pp. XII. XVIII.

lis Ibid. p. XIX.

116 Cf. 1790, III : p. 228 (cf. Bibl. № 10).

117 1752—1810. Franciscain, puis cistercien, professeur à Nagy- szombat, Budapest et Szombathely. — Cf. Bibl. № 211.

118 Cf. Bibl. № 328, pp. 1—34, 98-159.

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plication de la Révolution et de l'époque de N a p o l é o n il dépassait les autres oeuvres hongroises de ce temps : il était assez impartial. Une information détaillée de la France se trouve également dans L'aspect de l'Europe de J. D 6 c z i.

L'idée- de ce livre ne se sépare pas non plus de la poli- tique. Dôezi est poussé à écrire par l'enthousiasme pour le bon peuple français au coeur noble et par l'adoration des Bourbons. Même en 1829 il ne pouvait pas oublier la po- pulace sans Dieu des années troublées ni se retenir de donner aux révolutionnaires et à Napoléon lé coup de pied de l'âne.119

Entre les grands personnages de l'histoire de France c'est H e n r i IV qui est le mieux connu chez nous comme il l'était partout à ce moment.12' Il est représenté comme le meilleur roi, le plus juste, le plus brave, qui reste à jamais l'idole du peuple français.121 Le Roi-soleil n'était pas sympathique chez nous, les Hongrois d'alors ne pou- vaient encore comprendre ce que le progrès, en France, avait dû au règne de L o u i s XIV. Dôczi ne met en relief que les guerres perdues et les gaspillages.122 L o u i s XVI est sympathique dans la mesure où Louis XIV est antipathique, on le compare à H e n r i IV. A propos des événements politiques on s'occupe beaucoup de lui.123

La Collection des Mélanges publie de courtes infor- mations sur quelques hommes d'État célèbres. L'auteur de ces articles anonymes est selon notre supposition P é t z e l i . En les caractérisant il démontre leur rôle à la cour et dans la vie politique. Son but est de faire voir aux Hongrois que les courtisans peuvent selon leur caractère nuire ou rendre service à leur nation. Ainsi nous avons des in-

119. Avant-propos, pp. 3, 7 (cf. Bibi. No 335).

120'Cf. B. Zolnai: Revue des Études Hongroises, 1923, p. 125.

121 Coll. des Mól. 1790, III : 17—19 (cf. Bibl. No 16). — Pétzeli, 1792 (cf. Bibl. No 35), p. 4. — Gvadányi, 1809 (cf. Bibl. No 181).

122 Cf. les notes : 23 et 24.

123 Cf. les notes : 47—50, 52, 53.

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formations sur le duc de L a u z u n,124 le ministre T u r g o t.125 P é t z e 1 i mentionne le duc de M o n t a u s i e r comme le P l a t o n ' et le S o l o n de L o u i s XV.126 T e r r a y1 2 7 et L o u v o i s1 2 8 représentent les démons du roi. C'est Terray surtout que Pétzeli décrit sous un aspect antipathique. Nous ne trouvons nulle part d'allusion aux sources de ses in- formations.

2. Paris.

Parmi les villes de France, Paris offre le plus grand intérêt pour nos journaux.129 A partir de la Révolution Paris sera la ville de la débauche, de l'immoralité et du crime, dont la jeunesse n'était ni élevée ni cultivée, parce que les écoles étaient vides comme les églises. Leur unique . dieu était l'amusement ou la gymnastique. Les jeunes gens

vraiment cultivés étaient très rares en ces jours-là à Paris.130 Cette opinion devait être raffermie par l'article de P a l l a m b i e r1 3 1 paru dans le Journal de Paris et par d'autres nouvelles dont chacune parlait de l'effrayante situation morale.132 L'industrie languissait, les négociants faisaient banqueroute, sauf les marchandes de modes.133 On s'occupe des édifices publics qui ont joué quelque rôle pen- dant la Révolution. Ainsi on nous donne des informations sur le Temple134 mais encore plus sur la Bastille. Cette

124 1790, n i : 270-278 (cf. Bibl. № 16)

125 ibid. p. 24. — Sarkady Csatári s'enthousiasme pour Turgot dans son Histoire de la vie de Louis XVI, 1793, p. 25 (hongr.).

126 ibid. p. 47.

127 ibid. pp. 1 9 - 2 5 . 128 Ibid. p. 83.

129 Coll. des Mél. 1790, HI:48. - Renseign. de la P , 1821, 11:312. — Cajoleur, 1824, 11:315—318. — Nouv. de Traus. 1828, 11:419-20 (ef. Bibl. Nos 16, 299. 311, 331).

130 Biblioth. Hongr. 1802, XVIII: 1 0 0 - 1 (cf. Bibi. №> 140) 131 Nouv. Hongr. 1798, II : 709-712 (cf. Bibl. No 107)..

132 Courr. Hongr. 1796, IV : 776. — Nouv. Hongr. 1798, II : 709. — Bibliotti. Hongr. 1802, XVII: 64—67 (cf. Bibl. Nos 83, 107, 140).

133 Biblioth. Hongr. 1802, XV111:100—1. — B. Sándor, 1793 (cf.

Bibl. No 49), p. 344.

134 Renseign. de la P. 1808, II : 472 (cf. Bibl. No 170).

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dernière est traitée comme le bastion du Despotisme, comme la prison des innocents.135 Il faut rendre grâce à Dieu qu'on l'ait détruite.130 Comptant sur l'intérêt du public, l'auteur des Histoires militaires recommandera source de son article,

„Les mémoires de Linguet", à ceux qui désirent se rensei- gner sur les „secrets intimes" de la Bastille.137 Nous lisons encore des renseignements sur la Sorbonne. Le Courrier Hongrois l'appelle le Temple de la sobre sagesse.138 On fait connaître son histoire et son rôle.139

Faisons mention ici des écrits sur Versailles.140

On écrit des articles spéciaux sur le „palais royal le plus magnifique du monde,"141 dont ne se trouve nulle part- le semblable.142 L'opinion sur le palais se forme sous l'influence des événements qui. s'y sont passés.

• L'exposé le plus détaillé sur Paris se trouve dans L'itinéraire de E. S á n d o r1 4 3 Nous voyons dans ce livre ce qu'a à dire un noble Hongrois qui n'appartient pas à la cour, qui ne doit donc pas s'attacher à l'esprit régnant. Puis nous pouvons observer ce qui saisit l'attention d'un tel' voyageur et comment il réagit aux curiosités de Paris. La minutie, une description exacte et une énumération statis- tique caractérisent l'oeuvre entière. L'auteur donne des précisions numériques sur les maisons, les palais,, sur les rues, les places etc. A propos du Louvre il constate qu'il a beaucoup de belles salles, mais l'édifice même n'est pas parfait selon lui, parce que bâti à différentes époques : si Louis XIV avait pu le terminer il ' n'aurait pas son pareil

"35 Hist. Milit. 1789, 1: 8 6 - 8 9 . — Sándor, 1793, p. 330. — Mé- langes 1796, IV. 60—63. - Biblioth. Hongr. 1803, XIX : 253 (cf. Bibl.

Nos 1, 49, 85, 147).

136 Coll. des Mól. 1790, 111:249—253 (cf. Bibl. No.16.).

137 1789, 1: 89 (cf. Bibl. №> 16).

138 1794, I : 151 (cf. Bibl. №> 61).

139 Ibid. pp. 150-151. — Sándor, 1793, pp. 334—335. — Szekér.

1810 (cf. Bibl. Nos 61, 49, 210).

1« Hist. milit. 1789,1: 85. — Biblioth. Hongr. 1803, XIX : 252. — Courr. Hongr. 1806, 1: 292 (cf. Bibl. Nos 1, 147, 161).

141 'Hist. milit. 1789, 1:85 (cf. Bibl. No 1).

142 Sándor, 1793 (cf. Bibl. No 49).

143 Cf. Bibl. N» 49 .

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au monde. La basilique de Saint-Denis est ce qui lui plaît le mieux et ce n'est pas parce qu'elle est un chef-d'oeuvre d'architecture, mais plutôt à cause que les rois de France y sont enterrés. Il traite de folle dépense les cierges qui y brûlent jour et nuit, comme il désapprouve partout le luxe que déploient les Français. La Sorbonne et le Palais Royal sont les endroits où il séjourne avec le plus de plaisir; le commencement de sa lettre 18 l'atteste : „Je consacre cette lettre au Palais Royal qui mérite en effet que je m'y étende.

Il. m'a donné beaucoup d'heures agréables, c'est pour- quoi c'est mon devoir de lui être reconnaissant". Dans la promenade publique il blâme surtout la conduite hardie des femmes. Bien qu'il ait passé beaucoup d'heures agréables dans ce lieu merveilleux, son impression définitive est qu'il faut fortement prendre garde à sa bourse . . . Son indigna- tion contre les moeurs de Paris est si grande qu'il emploie une lettre entière à décrire „les ordures" de Paris dont le principal nid est Montmartre, centre de l'effronterie et de l'immoralité.144 Il est d'avis que Paris perd la jeunesse et que dans de telles villes l'Université n'est pas à sa place.

II admet néanmoins que Paris est grand, riche et très peuplé, qu'il est la source de la mode et le centre du goût

„bon" et .„ridicule". Mais les Français sont présomptueux, en disant qu'il n'existe qu'„un Dieu et un Paris".

3. Le peuple français.

Nous trouvons les opinions les plus opposées au sujet des Français. Selon ceux qui restent objectifs, le peuple français est bon, noble, de coeur bienveillant,145 l'incarnation de la gaieté, de l'équilibre et de la légèreté.146 K a z i n c z y

144 Bibl. N° 49. — Cf. les pages 322—351 du livre.

145 Dôczy, 1829 (cf. Bibl. №335), p. 7.

146 Csokonai, 1813 (cf. Bibl. № 238), p. 196. — Dôbrentei, 1821 (cf. Bibl. No 296), p. 16. — Distr. Dt. 1823, 1: 18 (cf. Bibl. № 307). — Nouv. Mus. H. de V. 1793 (cf. Bibl. № 52). .

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appelle les Français les Hellènes de l'Europe actuelle.147 Leur élément est la gaîté et l'amusement.14® Ce sont des gens spirituels,149 de véritables hommes de société, même leurs savants rentrent dans ce genre — dit D e s s e w f f y .1 5 0

C'est un peuple vif, enthousiaste, qui aime parler et lire.

Les Hongrois voient clairement ces excellentes particulari- tés nationales.151 Selon Dessewffy il est naturel que les Français aient régné sur toute 1 Europe par leur absolue prééminence spirituelle, mais non par leur force, ni par les guerres qu'ils ont faites les derniers temps, ce qui ne convient pas à l'esprit français.152 On compare les Français de l'époque révolutionnaire aux Français d'au- trefois qui étaient-de manières fines, cultivées et élégantes tandis que leurs descendants ont la voix dure, l'accent rude, et que leur langage est comme'celui de la canaille.153 Le peuple de la Révolution n'avait pas le véritable caractère des Français. Il est impossible aux Hongrois de comprendre comment cette nation jadis si superbe a pu se transformer en bête féroce et comment un peuple enivré est devenu le maître de la dévastation et de la destruction.154

Quelques-uns de nos journaux nous donnent également des renseignements sur les femmes françaises. Dans les Histoires militaires et autres histoires célèbres nous trouvons la traduction précise de l'ouvrage du „savant" Gi r t a n e r au sujet des Françaises.155 Le but de cet auteur est de faire connaître les caractéristiques des nobles dames françaises,

1« Vie et Litt. 1827, II : 297 (cf. Bibl No 325).

148 Collect. des Mél. 1792, VI : 178 - 1 8 1 (cf. Bibl. No 33).

149 Rudnay, 1821 (cf. Bibl. No 297).

150 Dessewffy à Kazinczy (cf. Bibl. No 222).

151 Cajoleur, 1821, m : 33—335 (cf. Bibl. № 310). — Dobrentei, 1821 (cf. Bibl. № 296), pp. 235—44.

152 Dessewffy à Kazinczy, 1813 (cf. Bibl. Nq 242), pp. 357, 359.

153 Coiirr. Hongr. 1792, 1: 174, 518 (cf. Bibi. No 31). - Merc.

Hongr. de V. 1794, II : 104, 260—262 (cf Bibl. No 55. — Sarkady, 1793 (cf. Bibl. No 50), p. 266. — Guberaâth, 1793 (cf. Bibl. №>-42), pp. 3—5.

— Nouv. Hongr. 1798, II: 709—712 (cf. Bibl. № 107).

154 Nouv. Hong. 1792, II: 437—428 (cf. Bibl.№> 30). — G. Berta, 1794 (cf. Bibl. № 63). - Hrabowszky, 1815 (cf. Bibl. No 262), p. 13.

155 1791, IV: 436 (cf. Bibl. No 21).

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dans un exposé peint en couleurs très vives. Pourtant lé Nouvelliste Hongrois combat sa conception impitoyable selon laquelle les femmes seraient incapables de cultiver la science, et il tire des arguments d'un „certain journal" où se trou- v e n t des exemples de dames françaises: il énumère Mar- g u e r i t e de V a l o i s , Mesdames d ' A v i n o y ,1 5 6D a c i e r ,1 5 7

et de M a i n t e n o n . L'article s'occupe surtout d'une femme savante, Madame D u b o c a g e ,1 5 8 et il lui rend hommage.159

156 Mme d'Aalnoy?

157 1651—1720, Anne Lefèvre helléniste et latiniste.

158 A identifier peut être avec Mme Fiquet Du Bocage (1700—

1767, cf. Quérard, I : 8).

159 Nouv. Hongr. 1802, II : 757—758 (cf. Blbl. No 139).

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