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ECHOS LYRIQUES DE TRIANONRÉDACTION DE

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(1)

RÉDACTION DE

LAMPÉRTH GÉZA

SECR ÉT A IR E G É N É R A L D E L'A CAD ÉM IE P E T Ô n

TRADUCTION DU HONGROIS PAR

P. V. LEBOURG

ÏSiZIrufiî'ijîxw.’jEt

BUDAPEST. 1928_________________

6. A. VICTOR HORNYÀN8ZKY, 1MPB. DE LA COUR ROY. HONG.

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TRIANON

E T ALLÉGORIES POÉTIQUES

*

„A l’endroit où le nombre écrasant ton courage

„Tu mourus pour entrer dans l’immortalité

„Aujourd’hui, j ’en suis sûr, pousse un rosier sauvage

„Poète de l’amour et de la liberté44

Fr. Coppée („A Petőfi?)

„La nation hongroise est l’aristocratie de l’héroisme,

„de la grandeur morale et de la dignité.

„Quand payerons nous notre dette envers la nation

„bénite qui sauva l’Ouest?44

(Michelet)

BUDAPEST, 1928

S. A. VICTOR HORNYANSZKY, IMPR. DE LA COUR ROY. HONG.

(7)
(8)

Voici quelques fleurs cueillies au jardin de la vie intellectuelle de la nation hongroise. Nous déposons ce bouquet bien modeste sur la table du foyer de la culture des peuples.

L’état d’âme d’une nation mérite et attire involon­

tairement l’attention d’autrui. Si l’on fait des voyages fatigants pour se rendre compte de l’aspect extérieur d’un pays il vaut bien mieux connaître l’état intérieur de l’âme de son peuple.

La nation hongroise pendant plus de mille ans vécut toute isolée au milieu de l’Europe sans aucun autre peuple-parent de race ni de langue dans son voi­

sinage. Ceux qu’elle considère comme tels se détachè­

rent d’elle dans le passé brumeux, lointain. . . Elle vit ici toute seule, entourée de peuples étrangers, en

^’proie aux luttes acharnées continuelles, défendant sa propre existence. C’est par un vrai miracle de la di­

r

(9)

vine Providence que cette nation malgré tout vit encoreI

Connaître l’état d’âme d’un tel peuple a une bien grande valeur digne de tout intérêt. L’âme de chaque peuple étale aux yeux de l’observateur une riche varia­

tion de traits caractéristiques, intéressants et pré­

cieux. Par la manifestation de la vie intellectuelle d’un peuple on parvient à comprendre son idéal, ses tradi­

tions et son tempérement cette trinité qui explique le secret de son maintient et qui forme la source vitale de toute la nation.

Nous espérons que l’accueil gracieux que le pré­

sent volume va rencontrer nous encouragera à pour­

suivre notre oeuvre pour faire connaître à l’Etranger l’âme hongroise.

Budapest, Printemps 1928.

Dr. Raffay Sándor

P ré s id e n t du com ité litté ra ire de la C onfédération N ationale H on g ro ise

E v êq u e évan g éliq u e.

(10)

DE ARANY JÁNOS (1817—1882) KÖLCSEY FERENC (1790—1838) PETŐFI SÁNDOR (1823—1849) TOMPA MIHÁLY (1817—1868) VÖRÖSMARTY MIHÁLY (1800—1855)

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ARANY JÁ N O S

(1817—1882)

A MON FILS Nos peines sont finies pour aujourd’hui Dieu soit loué, voici le soir sans bruit.

Dans l’obscure chambre une bougie luit Et dehors se tient aux aguets la nuit.

Il est bien tard, que veilles tu petit?

Regarde, tout chaud, il t’attend ton lit.

Joins tes menottes, oh joins les gentiment Et de tout ton petit coeur prie mon enfant!

Ton père est un poète sans fortune et tu n’auras plus tard pour héritage qu’un bien, souvent estimé sans aucune valeur, pourtant si cher, un nom sans tache . ..

(13)

Voilà pourquoi je soigne patient la foi plantée dans ton coeur innocent!

Joins tes menottes, oh joins les gentiment Et de tout ton petit coeur prie mon enfant!

Oui, ce trésor du pauvre est bien la foi qui le soutient, fait espérer sans cesse, Car jusqu’à la fin de ses jours il doit souffrir, garder son espoir, sans faiblesse. . . Ah si j’avais encor, moi cette foi

comme jadis, pour mieux porter ma croix!

Joins tes menottes, oh joins les gentiment Et de tout ton petit coeur prie mon enfant!

Quand le travail fera ta vie changer Tu quitteras sans doute notre toit Pour te soumettre à des gens étrangers qui jamais ne t’aimeront comme m o i. . . Qu’elle t’assiste alors la foi sacrée et sèche tes pleurs versés en secret.

Joins tes menottes, oh joins les gentiment*

Et de tout ton petit coeur prie mon enfant!

(14)

Puis si déçu tu connais la misère qui frappe le probe et toute sa vie . . . Si tu vois la vertu foulée à terre Le mal comblé de prix, à faire envie . . . Le sot qui jouit de tous plaisirs, joies Que de te perdre t’empêche la fo i. . . Joins tes menottes, oh joins les gentiment Et de tout ton petit coeur prie mon enfant!

Si devenu grand tu apprends un jour Qu’on a ravi le sol de tes ancêtres Console toi: ici bas ton séjour

Rien que court sert de confins aux siècles . . . N’oublie la Parole juste et amère:

„Nous sommes nés pour passer sur la terre!"

Joins tes menottes, oh joins les gentiment Et de tout ton petit coeur prie mon enfant, Espère qu’en la terre des aïeux

la vertu reste à jamais glorieuse Car si non tu pourrais douter de Dieu de ton Sort sur la terre vicieuse . . .

(15)

Dors, bercé par les rêves de ton âge prends ce baiser, mais avant ton voyage:

Joins tes menottes oh joins les gentiment Et de tout ton petit coeur prie mon enfant I

(1850) „FIAMHOZ»

(16)

LES BARDES DE W ALES Edouard, roi de Grand’ Bretagne tout fier saute à cheval:

„Allons donc voir ce que je gagne

„en ce pays de Galles?

„Y a-t-il assez de rosée?

„Assez de prairie grasse?

„Ai-je bien fait de l’arroser

„d’impur sang de sa race?

„Allons donc voir si mon pouvoir

„rendra ce peuple heureux?

„Courbant la tête en bonne bête

„sous le joug tel je veux?

— „Galles est le plus précieux

„fleuron de vos couronnes.

„Son sol, ses montagnes, ses cieux

„font l’ornement des trônes.

(17)

„Ses habitants, ces pénitents

„sont bien heureux Sire ohl

„Leur chaumière est sans prière,

„sans désir leur tombeau!

Edouard, le roi d’Angleterre, se promène à cheval suivi du calme de mystère de son pays de Galles.

Puis se rend à Montgoméry y fait halte une n u it. . . Le châtelain Montgoméry certes, ne s’ennuie.

Cent sortes de mets bien dressés dont les yeux sont ravis, servis par cent valets pressés font estimer la vie . . . Du pays les produits fins y passent en revue,

l’or vif et la pourpre du vin font enchanter la vue . . .

(18)

„Messieurs! quoi donc! nul de vous

„verse un verre pour moi?

„Messieurs! vous Celtes! c’est fou!

„Qui crie: vive le roi!?

„Pour plaire à vos palais friands

„je vois det mets en masse . . .

„Diable! ces décors riants

„couvrent vos coeurs de glace!

„Mes beaux Seigneurs, tas de gêneurs!

„quoi? Edouard ne vive?!

„Pour m’acclamer, non réclamer

„qu’un Celte, un barde arrive !"

Des yeux peu sûrs ils se mesurent les nobles, grands Seigneurs, sur leur face leur courroux passe change en pâle terreur . . . Coeurs oppressés, lèvres pressées le calme est noir de deuil, puis tout à coup un vieillard doux apparaît sur le seuil. . .

(19)

„En voilà Sire un qui désire

„chanter tes grands exploits . . . “ . . . Le luth s’accorde puis les cordes gémissent sous ses doigts . . .

„L’épée se brise . . . oh triste crise . . .

„l’odeur du sang attire

„le félin des bois qui s’en grise . . .

„qui te bénit ô Sirel

„Notre race tarie, au vent

„jetée en tas de gerbes . . .

„Nous survivants, glânons pleurant,

„nous nourrissant des herbes !“

— „Au feu ce foui c’est fort! c’est durl

„J’ordonne un autre barde I

„Je veux des chants plus doux, plus purs!“

— Un tout jeune ne tarde . . .

„Le doux vent caresse souvent

„le golfe de Milford . . .

„pleurs de veuves, plaintes d’enfants ,,1’ont chargé fort, si fort!

(20)

„N’enfante plus pour esclavagel

„N’allaite plus ô mère!“

— Le roi fait un signe sauvage:

Le fils rejoint le père . . . Ininvité, hardi en ire arrive un troisième:

Sa pauvre lyre est en délire, chantant son chant suprême:

„Nos braves nobles fils sont morts

„en ton nom massacrés . . .

„A nul barde qui vit encor

„tu ne seras sacré I

„Tu fais gémir pleurer nos lyres

„oh écoute Edouard:

„Que nos chansons que nous chantons

„te frappent tôt ou tardl“

„— Je verrai bienl au feu ce rien!“

— Sa bouche écume, bave . . .

„Au bûcher chacun de ces chiens

„Qui me résiste, brave!“

*

(21)

Mille bourreaux font chasse aux bardes les livrant au Destin . . .

A Montgoméry c’est ainsi que finit le festin!

*

Edouard, grand roi d’Angleterre galope son cheval,

Il laisse en flammes ciel et terre en son pays de Galles . . .

Cinq cents bardes jeunes, vieillards chantant tombent en proie . . . Nul n’en faillit, ni tressaillit Nul crie: vive le roi!

*

„Qui chante ces airs de misère

„á Londres dans la nuit?

„Je ferai pendre le Lord-maire

„si j ’ai un ennui!

(22)

„Bouche close! et que mouche n’ose

„ses ailes remuer!

„Qui du grand roi le réveil cause:

„à jamais reste muet!

„Tambours roulez! clairons sonnez!“

— en sursaut il s’éveille. . .

„Ce festin, ces tristes sonnets

„ah! me rompent l’oreille 1“

Il veut s’endormir, mais un chant râle, crie menace:

Le chant des martyrs, des cinq cents qui meurent pleins d’audace!

(1857) „A VELSZI BÂRDOK“

2

(23)

(1790—1838)

HYMNE NATIONAL Bénis les Hongrois ô grand Dieu, accorde leur le bonheur,

pour qu’ils restent victorieux, sois leur Père protecteur 1 Le malheur les frappa longtemps, fais leur ta grâce venir . . . Ce peuple expia déjà tant son passé, son avenir!

Tu amenas jadis nos pères sur les rochers des Carpathes, et de Bendegouz les fils fiers, les vaillants enfants d’Árpád

(24)

conquirent ce pays si beau!

et depuis lors, où court l’onde, du Danube et de Theiss les flots:

fleurit leur race féconde . . . Auprès du Kounsâg ondula par ta grâce l’épi mûr, et des ceps de Tokaj, coula le nectar divin et pur . . . Notre étendard souvent flotta sur les remparts du Turc las . . . Vienne, la fière tomba

aux mains du roi Matthias!

Mais nos péchés furent nombreux et tu te mis en courroux. . . du haut de ton ciel tout en feu ta foudre tomba sur nous!

Alors le joug des Turcs barbares nous fit courber comme bêtes;

les flèches des cruels Tartares menaçaient souvent nos têtes!

2*

(25)

Sur les montagnes d’ossements faites des armées brisées, chanta souvent le fils d’Osman par le triQmphe grisé!

Pauvre patrie! ton propre sang parfois causa ta misère;

Tu fus, pour tes propres enfants, de leurs corps froids: l’ossuaire!

Le persécuté quoiqu’il fasse, livré à ses ennemis

rêve de patrie! il se lasse, ne la trouvant au pays . . . Il gravit les monts, redescend, l’amer chagrin prend son âme:

en bas: un déluge de sang, en haut: une mer en flamme!

Plus de redoutes bien placées . . . Rien que ruines, et pierres!

Les joies du passé: remplacées par des larmes, des prières!

(26)

La liberté? Noyée du sang

des saints martyrs, morts en vain . . . Des pleurs causés d’un joug pesant:

Triste lot des orphelins!

Dieu! aie pitié des Hongrois, Oh! ils sont affligés, tant!

Malgré tout, garde leur la foi, et sur eux, ton bras étends!

Leur malheur dure si longtemps, fais leur ta grâce venir!

Ce peuple expia déjà tant son passé, son avenir!

(1823) (HYMNUS.)

M usique de E rk el F e re n c . Ce poèm e e s t la p riè re n atio n ale h o n g ro ise .

(27)

(1823-1849)

BEAUREPAIRE Lorsqu’il en fut fini du roi dans le beau pays de France comme en mil huit cent trente et puis dans ces jours, si bien je pense.

L’Allemagne en dindon furieux cria, et jura vengeance

d’assassiner la liberté, de sauver le roi de France . . . Et l’armée mercenaire avance, puis Longvy tombe au piège Après avec rage on commence de Verdun le siège .. .

(28)

Le peuple de Verdun s’entête, fait tout pour qu’il se sauve, décidant fléchir genoux, tête:

pourvu que sa vie soit sauve . . . Mais le commandant du lieu fort Beaurepaire tous les brave:

De nous rendre? écoutez d’abord le péril n’est point si grave.

Si l’ennemi est amoureux de nos armes, fort bien, mais

qu’il vienne chez nous pour les prendre ..

Nous ne les livrons jamais!

Le mot lâche veut dire, sourd, le Conseil n’en fit point cas, pour signer la reddition la plume on lui présenta . . . Mais Beaurepaire jette loin la plume et saisit son arme ..

Et téméraire, et résolu

ses mots sonnent comme alarme;

(29)

„Libre à vous de vous laissez prendre!

A vous l’outrage, infâmie . . . Je fis serment de ne me rendre que cadavre à l’ennemi!

Aux braves ma mort, n’en doutez Sert d’exemple, noble S o rt. . . Fidèle au serment, écoutez mon dernier cri: libre mort!“

Le fusil contre sa poitrine, le coup part, un coup qui tranche qui éteint la noble racine

d’un fier, grand héros de F rance. . .

(1848) ,BEAUREPAIRE‘

(30)

DE LA PA TRIE Le soleil est disparu mais l’horizon encor sans étoiles peint tout en obscur et ce n’est que ma miséreuse chandelle, mon amour pour la patrie, qui brûle, pur.

Quel bel astre que l’amour pour la patrie!

Qu’il est magnifique son éclat sans ombre.

Oh ma pauvre, pauvre patrie, que n’as-tu de telles étoiles qu’en si peu de nombre!

Que vacilles-tu mon faible lumignon?

De quoi donc? qui te fait chanceler ainsi?

Il sonne minuit. Ah, c’est bien vous, ancêtres de ma nation qui vàcillez ici?

Ils sont si brillants ces esprits, comme si chacun d’eux était un soleil radieux ..

Ils sont resplendissants dans leurs habits tissés de gloire de rayon lumineux .,

(31)

Ne regarde point tes aïeux ô mon peuplel Toi qui à présent vis dans l’obscurité . . . Ne regarde point leur éclat, leur splendeur, tes yeux sont trop faibles pour les supporter. . . O glorieux ancêtres de ma patrie 1

O cyclone géant secouant la terre, foulant et piétinant jadis le front de l’Europe, tombés dans la poussière!

Oh oui, grand, bien grand fut jadis le Magyar, Immense son pouvoir, ses biens sur la terre ..

Les étoiles filantes du Nord, de l’Est, du Midi tombèrent dans l’eau de ses mers . . . Cependant hélas! il fut bien longtemps quand pour les fronts hongrois poussa le laurier ..

La fantaisie bien que leste comme l’aigle, se fatigue aussi trop pour y arriver. . . Le laurier fané sur les fronts hongrois depuis longtemps subit un sort lamentable . . . Ta grandeur est si lointaine ô ma Patrie que son souvenir, peut être n’est que fable . . .

(32)

Bien longtemps que je n’ai pleuré, mais voici sur mes cils une larme vient se poser. . . O Patrie, est-ce de ton aube ou de ton crépuscule cette goutte de rosée?

Oh gloire hongroise! quel passé le tien!

Astre filant, brillant, resplendissant mais après se précipitant de sa hauteur pour que la terre l’engloutisse á jamais!

Ou bien serais-tu la superbe comète qui à peine arrivée, repars en mission?

qui après des siècles reparais en fête et dont l’éclat fera trembler les Nations!. . .

(1845) ,A HAZÁRÓL*

(33)

LE CHANT DES CHIENS Dehors c’est l’orage qui fier

court, siffle sous le ciel brumeux, les soeurs jumelles de l’hiver:

la pluie, la neige font leurs jeux.

Ça nous importe rien que moins parce que par la bonne grâce de notre grand Seigneur: ce coin nous assure une chaude place . Quant au manger? nous n’en avons point de soucis tristes, funestes, Rassasié, le maître est bon:

nous recevons toujours ses restes.

Et si sa cravache parfois

nous donne un concert plutôt rude:

c’est pour nous maintenir la foi, pour nous en faire une habitude.

(34)

Nous savons, que passée son ire, il nous fait un clément geste — et nous lécherons, fous de délire ses pieds si pleins de majesté!

(1847) „A KUTYÁK DALA“

(35)

LE CHANT DE LOUPS Dehors c’est l’orage qui fier

court, siffle sous le ciel brumeux, les soeurs jumelles de l’hiver:

la pluie, la neige font leurs jeux.

Cette triste, aride contrée est notre palais, notre prix nous errons, mais sans rencontrer dans notre chemin un abri.

Là, dehors c’est le gel, le froid;

ci, dedans la famine lâche, Ces deux persécuteurs sans foi nous martyrisent sans relâche.

Hormis ces ennemis farouches les fusils, autant guets-apens ..

et sur la neige sont de rouges taches de notre pauvre sang.

(36)

Tout transis du gel, affamés, et nos flancs de balles percés:

toujours douleur, plaisir jamais — mais c’est à nous: la liberté!

(1847) „A FARKASOK DALA“

(37)

(1817—1868)

L ’OISEAU A SES PETITS Sur la branche nue et les lèvres muettes que restez-vous donc si désespérés tous?

Auriez-vous déjà oublié les chansons que je vous appris, si belles, et si douces?

Si votre gai chant, si votre bonne humeur passèrent, pour jamais ne revoir le jour:

Que vos chansons soient graves de vos douleurs, Oh chantez mes enfants! oh chantez toujours!

Un orage ravagea notre bosquet. . .

nous n’y retrouvons plus nos retraites sûres . . . Vous vous taisez? voulez partir et laisser votre mère succomber à ses blessures?

Les autres bosquets ont des chansons tout autres, vos chants inconnus, n’y verront pas le jour, Bien que désert: c’est ici votre foyer!

Oh chantez mes enfants! oh .chantez toujours!

(38)

Mettez en vos chants les souvenirs passés d’une contrée jadis si gaie, souriante ..

Chantez l’avenir de la terre glacée qui un beau jour sera de nouveau riante I

Vos chansons rendront les bosquets plus tôt verts et elles hâteront le retour du jour ..

Pourque le fiel du présent soit moins amer:

Oh chantez mes enfants! oh chantez toujours!

Regardez ce buisson et ce nid si vieux, c’est ici où poussaient vos ailes, duvets . . . Vous avez beau planer haut, toucher les cieux:

le vrai repos c’est ici que vous trouvez . . . Et maintenant que les vents l’ont dérangé imiterez vous les hommes de nos jours? . . . Le quitterez vous pour un nid étranger?

Oh chantez mes enfants, oh chantez toujours!

(1853) „A MADÁR FIAIHOZ“

L es p o è m e s: „L’o isea u à ses p etits" e t „A la cig ogne" fu ren t ré p a n d u s e n m a n u sc rit p a r les p a trio te s. L a ty ra n n ie a u tri­

ch ie n n e c ita le p o è te de „A la cig o g n e" d e v an t la C our m a rtia le la q u e lle le co n d am n a à la p riso n .

3

(39)

A LA CIGOGNE

La campagne est alerte et l’air s’est adouci, Bonne cigogne tu es de nouveau ic i.

Tu répares déjà ton ancien, tendre nid Pour y couver, pour y élever tes petits ..

Retourne t’en, va, val ce soleil ci est faux

Ses rayons sont trompeurs, aussi ces ruisseaux . . . Retourne t’en, va, va! ce n ’est pas le printemps, Le sol est tout glacé, engourdi est le temps!

C’est un cimetière, ne marche sur les champs!

Gare à l’étangl car il est débordé de san g . . . En cherchant du repos sur la tour d’une église:

C’est la braise ardente qui t’y brûle, dégrise!

Va, quitte ma maison! c’est mieux, va t’en ailleurs!

Mais où donc pourrais tu faire ton nid sans peur?

Pour ne point entendre les sanglots de la terre, Ni trembler si du Ciel retentit le tonnerre ..

(40)

Val il t’attend le Sud, son soleil et ses eaux, Tu es plus heureux que nous sommes, bon oiseau!

Ce sont deux patries que pour toi donna la vie ..

A nous seulement une — aussi perdue, ravie!

Vole et si au Sud sur une île quelque part Tu vois les nôtres en exil, par hasard:

Raconte leur notre deuil, triste perdition, En gerbe déliée se défait la Nation!

Les uns sont aux tombeaux. . . les autres en prison, Nous qui vivons, marchons sans mot et sans raison..

On voit ceux qui s’en vont le coeur brisé, amer Pour une autre patrie au delà de la m e r. . . Les épouses prient Dieu de ne les rendre mères . . . L’enfant meurt, ses parents sont sans larmes amères...

L’âme du vieillard se remplit de jouissance Car il pressent la fin de sa triste souffrance!

Et raconte leur q u e ... honte pour nous en chaîne!

il ne suffit pas d’être abattu comme un chêne, De vils vers rongent le coeur de l’arbre abattu, De se dénoncer on se fait une vertu!

31

(41)

Le frère vend son frère... et l’enfant son propre père...

Pourtant... non., n ’en parle point! il vaut mieux te taire!

Pour que ceux qui pleurent ce pays de douleurs . . . Ne soient pas obligés de le prendre en horreur!!

(1850) „A GÓLYÁHOZ»

(42)

(1800—1855)

LE VIEUX TZIGANE Entonne tzigane! tu as bu ton salaire!

Ne brandille pas tes pieds ainsi sans rien faire!

Que vaut le souci sec, nourri au pain, à l’eau?

Va! mets y donc du vin! Fais comme un poivrot!

Il fut toujours pareil ce monde vicieux, 11 fut tantôt glaçon, tantôt tout flamme et feu!

Joue donc, joue! qui sait jusqu’à quand le pourra-t-on?

Et quand l’archet usé deviendra-t-il bâton?

Le coeur plein de chagrin, la coupe d’ambroisie:

Entonne tzigane! va! oublie tes soucis!

Que ton sang bouillonne fort comme un tourbillon, Et que ta moelle tremble dans ton cerveau!

Que tes yeux s’embrasent, tout comme une comète, Tes cordes résonnent aussi fort qu’un fléau!

(43)

Plus dur que la grêle qui crépite et qui tombe:

Oui! c’en est fini de la semence du monde!

Joue donc, joue! qui sait jusqu’à quand le pourra-t-on?

Et quand l’archet usé deviendra-t-il bâton?

Le coeur plein de chagrin, la coupe d’ambroisie:

Entonne tzigane! va! oublie tes soucis!

Apprends à chanter de l’orage qui résonne, Comme il gémit plaintif, puis mugit, frappe et tonne.

Comme il arrache arbres et saccage vaisseaux, Comme il étouffe, égorge massacrant bête et homme!

La guerre s’est ruée sur ce monde odieux, Et de honte frémit, en son saint tombeau, Dieu!

Joue donc, joue!qui sait jusqu’à quand le pourra-t-on?

Et quand l’archet usé deviendra-t-il bâton?

Le coeur plein de chagrin, la coupe d’ambroisie:

Entonne tzigane! va! oublie tes soucis!

Qui laissa échapper ce soupir si funeste?

Qui rugit, sanglote dans cette course folle?

Qui fait ce grand fracas sous la voûte céleste?

Et qui gémit donc là, tel dans l’antre d’Éole?

(44)

Est-ce un ange déchu ou une âme en démence?

Ou des armées battues? une hardie espérance?

Joue donc, joue!qui sait jusqu’à quand le pourra-t-on?

Et quand l’archet usé deviendra-t-il bâton?

Le coeur plein de chagrin, la coupe d’ambroisie:

Entonne tzigane! va! oublie tes soucis!

Ecoutez! qu’entendons-nous là, là, de nouveau?

Les cris des révoltés et des plaintes sans fin . . . Le choc d’un gros bâton, lancé d’un fratricide, Les sanglots saccadés de pauvres orphelins!

Les tourments terribles de Prométhée; autour, Les battements d’ailes d’un sinistre vautour!

Joue donc, joue!qui sait jusqu’à quand le pourra-t-on?

Et quand l’archet usé deviendra-t-il bâton?

Le coeur plein de chagrin, la coupe d’ambroisie:

Entonne tzigane! va! oublie tes soucis!

Qu’elle tournoie cette si misérable terre!

Cet infâme astre dans sa bave si amère!

Qu’il se purifie donc dans l’ardeur de l’orage De ses vices, de sa souillure, de sa rage!

(45)

Et qu’elle arrive enfin cette arche de Noé Et son monde changé, tout nouvellement né!

Joue donc, joue! qui sait jusqu’à quand le pourra-t-on Et quand l’archet usé deviendra-t-il bâton?

Le coeur plein de chagrin, la coupe d’ambroisie:

Entonne tzigane! va! oublie tes soucis!

Entonne! mais non! non! laisse ta corde en paix!

Ce monde aura aussi sa fête, son printemps!

Lorsque le glas sera las de sonner le deuil, La discorde sera engloutie dans le sang:

Alors joue de nouveau, transporté de délires Et que même les Dieux y trouvent leurs plaisirs!

Alors, oui, alors prends, ramasse ton archet Que ton sombre front soit serein à son toucher!

Que boisson, volupté te rendent ivre et fou . . . Laisse les soucis de ce monde et joue et joue!

(1854) „A VÉN CIGÁNY'

(46)

LA STATUE VIVANTE

Je suis une statue qui sent battre son coeur., un sang embrasé court en tourmentant mes veines, mes muscles roides sont tordus par la douleur, mes nerfs luttent contre mes terribles déveinesl Je vois les images noires de mon passé:

les guerres dévorant une race entière . . . les martyrs massacrés au nom du droit sacré et les hordes du Nord — tuer pour un salaire!

Je vois s’agiter les ombres de mes enfants succombés tous pendant la suprême débâcle . . . les murs de Varsovie, leur bourreau triomphant, des villages en feu, contemplant le spectacle!

(47)

Et je perçois les bruits des batailles perdues, les faux chuchotements de viles félonies — Mais sans pouvoir lancer contre eux, toute éperdue, l’anathème sanglant, horrible des trahis!

Je ne puis pas pleurer, bien que mes yeux com- [mencent à s’humecter d’une buée chaude parfois . <

Oh, ce monde n’est point touché de mes souffrances et mes pleurs se figent comme des grêlons froids!

Mon cerveau est la proie de ses folles idées, de ses orages . . . o u i. . . c’est le feu pur, sacré du patriotisme, prêt à tout sacrifier —

mais par le parjure oh! trop vite massacré!

Et après les durs coups de la malchance noire qui fouettèrent mon peuple longtemps, sans cesse:

à l’aube du combat ultime vint la gloire . . . puis à son déclin ce fut: honte, mort, détresse!

(48)

Mon coeur est victime de ses propres tourments, le feu de la haine sainte y couve, caché . . . comme une maison en flammes, dont l’habitant ne peut être sauvé, à la mort arraché!

Et malgré qu’elles soient sans bornes mes douleurs, et bien que mon sein soit plein de soupirs, tragique, la dalle de marbre qui clôt mon triste coeur, toujours à leur sortie s’opposera, magique!

Mon gémissement n’est qu’un ,,hélas“ vain et muet., les mots et les regrets expirent sur mes lèvres . . . les pâles fantômes de mon esprit tué

se nourrissent de mes peines, de mes fièvres!

L’épée si avide de combattre est sans vie!

Mes bras sont rigides et sans force à s’abattre!

Mes pieds prêts à marcher restent tout engourdis l’ennemi, je ne puis ni le fuir, ni le battre!

(49)

Membres pétrifiés! déliez vous enfin!

Pousse donc, oh mon coeur un soupir furieux!

Comme un ouragan de nuit, chargé de chagrins, qui saccage le sol, tel un fléau de Dieu!

Et toi, mot opprimé, brise ton joug, ta chaîne!

Pénètre les coeurs des générations lasses!

Pour que chaque lâche et infâme oreille humaine retentisse fort de tes tonnantes menaces!

„C’est immense le peu que j’ai à vous crier,

„écoutez donc monde, peuples, hommes, nature:

„S’il est sur terre un droit, au ciel une pitié,

„grâce! grâce pour moi! grâce pour ma torture!“

(1841) „AZ ÉLŐ SZOBOR44

Ce p oèm e a llé g o riq u e e s t le sym bole de la P o lo g n e a lo rs o p p rim ée e t com m e figée en statue.

(50)

EXHORTATION SUPRÊM E Aime ta patrie ô Magyar

d’un amour jaloux, beau,

berceau d’abord, tombeau plus tard, qui t’élève et te clôt.

Ce vaste monde ailleurs, dehors pour toi n’a pas de place, sois béni, sois frappé du Sort:

y vit, y meurt ta race!

C’est bien là, le sol arrosé du sang pur de nos pères, où sur leurs cendres déposées veille un long millénaire.

C’est bien ici où les armées d’Árpád luttèrent braves, Hunyade aux combats acharnés affranchit les esclavesl

(51)

Liberté! oh ici flottèrent tes drapeaux, de sang rouges,

Pour Toi, nos vaillants fils tombèrent dans des luttes farouches.

Bien que nous fûmes méprisés par la malchance extrême:

réduits si, mais jamais brisés:

nous y vivons quand même!

Patrie des peuples, univers écoute nos cris forts:

Des tourments dix fois séculaires réclament vie ou m o rt..

Impossible est que tant de coeurs en vain aient sang versé,

que pour leur patrie de douleur tant d’âmes soient percées!

Impossible est que tant d’efforts, tant de vouloirs sacrés,

sous le poids d’un blasphème à mort soient meutris, massacrés!

(52)

Il est sûr qu’arrivera bien un temps plus salutaire:

Ce temps, qu’un grand peuple de bien, supplie dans sa prière.

Ou surviendra avec sa faux la Mort, la fin sublime,

Pour l’engloutir en un tombeau, profond comme un abîme!

A ce sépulcre d’une race les peuples tous en deuil. . .

les pleurs aux yeux, viendront en masse, pour contempler son seuil!

Aime ta patrie, 6 Magyar d’un amour jaloux, beau,

berceau d’abord, tombeau plus tard, qui t’élève et te clôt.

(53)

Ce vaste monde ailleurs, dehors pour toi n’a pas de place, sois béni, sois frappé du Sort y vit, y meurt ta racel

(1837) „SZÓZAT“

M usique de E g ressy B éni. Ce p oèm e e st d ev en u le c h an t n atio n al h o ngrois.

*

Ces allégories furent écrités après la malheureuse issue de la guerre de l’Indépendance de Hongrie contre l’Autriche en 1848/1849.

Les prisons de l’empire rengorgèrent de martyrs hongrois et le pays devint un grand cimetière.

La censure autrichienne dans sa furie de germa- issue de la Guerre de l’Indépendance de Hongrie contre cette triste époque durent se servir de cette forme poétique pour cacher leurs vraies intentions: conso­

ler, encourager leur nation, leur conserver la foi en un avenir bien beau.

(54)

ECHOS DE TRIANON

BÂRD MIKLÓS FELEKI SÁNDOR GYÖKÖSSY ENDRE JAKAB ÖDÖN

Mme P A P P VÁRY ELEMÉR SAJÓ SÁNDOR

VÁLYI NAGY GÉZA VÉGVÁRI

BODOR ALADÁR GÁSPÁR JENŐ GYULA DIÁK LAMPÉRTH GÉZA SÍK SÁNDOR VARGHA GYULA WLASSICS GYULA BÁRÓ

4

(55)
(56)

CHAGRIN SACRÉ

La foudre est son éclat, son noir est un orage, Plus pesant que le plomb, mais il vole au nuage.

Nous traînons la vie tels les enchaînés leur fer, Notre corps s’écroule sous l’écrasant enfer De la douleur de nos pères. . .

On ne se tourmenta pas ainsi dans le tem ps. - Défense fut chanter, mais on chanta pourtant!

Dans les yeux fulgurants arda la flamme pure, Tu vis nos ancêtres dans leur force âpre, dure O douleur si obscure!

Et nous? On végète, la langue balbutie

Tels les membres après un coup d’apoplexie..

Nos coeurs tout engourdis ne palpitent qu’à peine Et l’éclair du fléau, le fardeau de la peine

41

(57)

Au sein de sa mère somnole encor toujours . . . Mais Dieu est juste, il doit arriver notre jour!

Alors tu verras Mère, enfantant le délire, Le feu de ta foudre faire enflammer notre ire!

Notre force sera dure, âpre tels nos p ères. . . O chagrin pour ma patrie, vole amer!

,HONFIBÁNAT

(58)

APRES LE COMBAT Saignes-tu frère? Je saigne plus fort encor.

Ton coeur est-il souffrant? Le mien palpite à peine.

Terre et cieux écroulés pèsent fort sur nos corps, Tu es tombé, je suis atterré par ma peine.

J ’ai le nez plein de poudre et les yeux de vapeur, Pour nous il n’existe plus d’erreur ni de faute.

Nous voici arrivés à notre Sort sans peur.

Eh bien! étendons-nous donc ici côte à côte . . . D’où es-tu donc? où est-ce qu’on pleure après toi?

Serait-ce en France où le soleil descend en larme?

As-tu un fils, petit, tout plein de sainte foi Pour tenir ta charrue et s’il le faut ton arme?

(59)

La Transylvanie est ma patrie chère et belle Je n’ai rien à gagner par ce procès d’orage, Pour témoigner je dis la vérité fidèle

Ni mon coeur, ni mes traits gardent l’ire sauvage.

C’est à vous le procès, poussez le jusqu’au bout, Du poignet jusqu’au tank, jusqu’ à la Cour suprême.

Faites vaincre le droit, maintenez le debout.

Dieu exauce qui croit, relève qui se tra în e . . . Et bien que succombés, nous bénissons le grand Juge qui écoute son esprit et son coeur, Qui en bon médecin guérit les litigants. . . Que notre sang versé lui porte bonheur.

Mais que ce sang se change en malheur qui se venge S’il excite à nouveau Caïn contre son frère, Si l’ignoble pousse le noble dans la fange . . . Qu'il ne trouve encor un Dieu pour le laisser faire!

(60)

Qu’il n’ait jamais repos, dépérisse sa race!

Que nos chiens regrattent même ses ossements!

Que sa descendance, sept, maudissent sa trace!

Adieu frère! dormons, mourons donc doucement!

„A HARC UTÁN*

(61)

REFUGE

Un brouillard lourd oppresse les âmes, Tout me parait sans espérance Comme une maison où le malade Est consumé par la souffrance.

Une question hante tout visage, Opprime tout coeur de son poids:

Combien de temps doit traîner encore Le joug étranger, le Hongrois?

Hélas! c’est bien cette question Qui voile mes jours, mon soleil..

Et qui me cause tant de nuits blanches, Qui me chasse loin tout sommeil..

(62)

Quand même il y a une oasis Où mon âme peut se reposer, Où les rayons de nouveaux espoirs Pour me consoler vont se poser..

Ce sont vos yeux, enfants, cette oasis D’où un monde plus beau reflète..

Oh rayonnez nous une nouvelle foi, Rendez au coeur hongrois sa fête!

„MENEDÉK"

(63)

A JU L E S ROMAINS Au mur haineux de Jéricho ta parole Fait brèche comme de Roland le cor m âle. . .

Nous orphelins-Hongrois croyons en ton rôle, Notre aube pointe déjà bien qu’encor pâle ..

Ce n’est point un simple chant volant vers t o i. . . Un bûcher brûlant est chez nous chaque coeur .. . Nous remarquer isolés, mis en Croix

Tu as eu l’audace au festin des vainqueurs . . . J ’ai vu la Côte d’Azur rire et en fleurs,

Dans mon coeur de barde elle s’est gravée fort.

Dans mes yeux riants s’est cachée mon âme en pleurs, Dans ses cieux j’ai vu refléter notre s o rt..

(64)

A la porte de l’Est en gardiens fidèles

Nous endurâmes de longs siècles sanglants. . . Pour qu’au jardin de l’Ouest les fleurs soient belles Nous les arrosâmes de notre propre sang..

Notre sein d’airain lui servit de bouclier sûr, Son feu de bivouac fut dans notre coeur noble . . . Pour nos services chevaleresques, durs

De mille ans, l’Ouest nous récompense ignoble. . . Tu as vu nos plaies — tu as vu vos erreurs Et dès lors le chagrin est moins onéreux Sur notre sol réduit en monstre-horreur,

Trop peu même pour des tombeaux — miséreux..

Que ton cor de Roland notre nuit achève Pour que toute haine s’écroule en monceaux. . . Aide que le Soleil à l’Ouest se lève,

Qu’il ne se couche à l’Est coupé en morceaux!

,JU L ES ROMAINSNAK

(65)

PSAUME VII.

Si jamais je fus hypocrite ou sournois, Si jamais j ’eus la croyance fausse, infâme, Si ceux qui paisibles restèrent près moi,

Qui confiants en mon coeur cherchèrent mon âme Furent par moi lâchement jetés à terre

— Aveuglé pour un moment par la colère — Que nul n’aide à me délivrer de mon deuil!

O Seigneur! laisse moi choir dans mon cercueil!

Même p a s . . . Que mon adversaire m’écrase Dans la boue immonde, en fureur, en extase . . . Qu’il déchire tel un fauve mon corps,

Car j ’aurai mérité cette vile mort!

Mais si nul ci-bas ne le sait ô SeigneurI Tu es Témoin que je suis innocent!

Viens donc m’assister, rendre fort âme et coeur,

(66)

Quatre ennemis me mordent de mille dents!

Ils aiguisent tous leurs flèches si barbares, Les lancent contre moi, contre Toi, Seigneur. . . Ils menacent moi, même Toi de leurs dards Si ta main n’y est en bouclier protecteur . . . Mais ton Verdict est basé sur la justice Or, Seigneur, je ne crois point que je périsse . . . Mes ennemis vont reculer abimés,

Ils se débattront au piège à moi destiné ..

L’horizon au brouillard lourd va les parer Que, pour m’étouffer ils firent préparer. . . Ils vont mourir par leurs besognes macabres, Leur propre sang va tacher leurs propres sabres..

Leurs mains feront choir leurs flèches aiguisées, Il sera beau mon visage méprisé.

Dieu est juste, il combat pour la Vérité, Le Magyar esclave aura sa Liberté!

,VII. ZSOLTÁR

(67)

BERCEUSE D ’UNE MÈRE SLOVAQUE Oh dors mon petit gosse, frère des roses, Mon tout petit affamé, mon fieu si pâle, Je fais, comme les pleurs, les soucis moroses:

Je veille près de toi dans la nuit qui râle . . . Dors, oh dors déjà petit frère des anges!

Qu’elle t’attend aussi toi, ignore encor, Prague, ville gourmande aux casernes noires La honte, la douleur brisant l’âme et corps . . .

Dors déjà et n’écoute point mon petit Gomme ton pauvre père traîne ses chaînes Et comme ces vils, lâches avec leurs haches Abattent sans cesse du Tátra les chênes!

(68)

Dors déjà, dorsî aucun gendarme ne vient Et fais donc tes beaux rêves tranquillement..

Demain les aiglons auront déjà leurs ailes Et pourront voler sous les rocs librem ent. . . Oh dors mon petit gosse, frère des roses!

Mon louveteau affamé, mon fieu si p â le ..

Je fais comme les pleurs, les soucis moroses:

Je veille près de toi dans la nuit qui râle ..

„TÓT ANYA ALTATÓ ÉNEKE'

[„G yula Diák* e st u n p seudonym e]

(69)

C L I O

Le messager de Clio arrive en pleurs:

„Je t’apporte des nouvelles de terreur!

„Je suis bien longtemps à ton service, mais

„De tels faits, ton ciseau n’a gravé jamais!

„Le vil instinct des peuples brigands, sauvages,

„S’est fait des projets sinistres pleins de rages.

„Partout, où il croyait en tirer profit,

„II s’est rué contre le foyer d’autrui!

„L’horreur déchaînée, les chaos, pêles-mêles

„Ont vomi des sanglots, blasphèmes et fiels.

„La haine, la furie attaquaient les cieux

„Et sous les armes couraient jeunes et vieux!

„Puis, l’ouragan du monde en rompant ses fers

„Délivra ses épouvantes des enfers:

„L’ardeur des forêts, les prés incendiés,

„Les sources taries, les fleuves desséchés . . .

(70)

„La fumée des cités monta, se noya

„Dans la voûte céleste qui flamboya!

„Les canons tonnèrent semant la misère,

„Fouillant, coupant en mille morceaux la te rre . . .

„ils jetèrent hors de leur tombeau les morts,

„Pour y enterrer les vivants — oh quel sort!

„Au lieu du travail gai et créateur

„Se sont installés le désastre, la peur . . .

„Le sol fécond n ’est capable que de faire

„Pousser les herbes folles, flore vulgaire 1

„Le bonheur, la joie ont le goût de misère,

„Le monde est devenu un lieu mortuairel

„Même le chant des oiseaux n’est plus si gai,

„Un calme règne sur les nids ravagés;

„Ce n’est que le vent qui hurle d’un ton sombre

„En passant sur de nouveaux tombeaux sans [nombre!**

„Glio dépose son ciseau dans un coin

„Et tout honteux dit: „Non, je ne l’écris point !“

WCLIO“

5

(71)

PLEU RS SUR LA HONGRIE La douleur d’un paysage automnal est amère Ayant déjà perdu tout trésor charmant, beau, Les feuilles mortes se détachent de leur mère, L’habit de soie du sol gît là tout en lambeau.

Oh mais qu’est-ce que la perte de la contrée Que le nouveau printemps ressuscite à la vie?

Ce n’est que moi seul: moi qui ai de quoi pleurer:

Qu’es tu devenue toi, oh ma belle Patrie!

Nous croyons en Dieu. S’il nous frappa souvent fort Nous souffrîmes sans mot, résignés, sans critique.

Mais fût-ce Dieu même pour nous donner ce Sort:

Jamais n’accepterons un destin si tragique!

Jamais nul ne pourra nous contraindre à baisser Humblement la tête comme Job fit jadis . . . Ce n’est que moi seul, moi qui ai de quoi pleurer:

Qu’es tu devenue toi, oh ma belle Patrie!

(72)

Nous ferons la guerre le coeur exaspéré, fier, L’esprit agité des éléments déchaînés ..

Nous nous battrons prenant pour armes feu et fer Tout ce que nous trouvons pour nos combats

[mener. . . Et quand on n’aura plus ni fer ni or, acier, Les arbres des forêts auront des rondins... tant pis!

Ce n’est que moi seul qui ai de quoi pleurer:

Qu’es-tu devenue toi, oh ma belle Patrie!

Et quand le sol n’aura plus rien, nous furieux Fouillerons ces tombeaux-là de nos propres mains Et les os sacrés de nos aïeux glorieux

Seront notre arme ultime et efforts surhumains ..

Si jusqu’alors le nom Magyar resta ignoré, On finira bien par connaître son vrai p rix . . . Ce n ’est que moi seul, moi qui ai de quoi pleurer:

Qu’es-tu devenue toi, oh ma belle Patrie!

Et si malgré tout on n’obtient point de victoire, Eh bien que le tombeau engloutisse nos restes!

Déjà que vaut la vie ci-bas sur cette noire Étoile outragée si pleine de sang funeste!

5

(73)

Car non seulement nous: aussi la Vérité Tombe dans le combat si le Magyar p é rit. . . Ce n’est que moi seul, moi qui ai de quoi pleure^

Qu’es-tu devenue toi, oh ma belle Patrie!

.MAGYARORSZÁG SIRATÁSA

(74)

T. S. F.

Gette antenne-lá n’est point d’acier, C’est de quelque chose d’invisible ..

Notre grand mot fièrement crié

Notre „Quand même“ elle va le répandre Car cieux et terre doivent l’entendre I Tu as beau fermer, Ville Lumière Là, devant nous ton Arc de Triomphe ..

L’âme peinée quitte son Calvaire Et y parvient un jour heureux Par un chemin si miraculeux ..

Volant d’une âme à l’autre, plus forte, Soudain elle paraît parmi vous Et alors fera frémir la corde

— Si non de votre compassion — De l’intérêt, moins noble passion.

(75)

Juges „vainqueurs'* de ce monde-ci:

A la pointe d’une nouvelle ère Mettriez vous dans un caveau moisi Un qui réclame une vie plus belle Et promet une main fraternelle?

Une rude main, d’un homme droit Celle d’une Nation millénaire . . . Un coeur ne guettant aucune proie Mais dont le feu sacré fait son Droit Défendu jusqu’au tombeau froid!

. . . Notre antenne est bien l’âme martyre ..

Notre étincelle est: Vérité, Droit!

Lançant leurs cris tant qu’il vous attire.

Car vous devez l’entendre âme et coeur. . . .. Alors notre Droit sera vainqueur! . . .

, RÁDIÓ*

(76)

SUR LE TOMBEAU DE NAPOLÉON En proie au désespoir, harassé, plein d’ennui du bruit mondain c’est bien ici où je m’enfuis ô Fils sublime de la gloire de France!

Je sens que tout ce qui remplit mon coeur et âme la fierté, l’orgueil, l’humiliant blâme,

tout doit déborder ici, en ce silence. . .

O Paris! traversant tes gaies rues, les douleurs de mon peuple, chaque tourment, chaque malheur pèse cent fois plus lourdement sur mon ê tre . . . Si nul ne comprend ce pauvre barde qui traîne dans son âme, contre sa race toute haine oh! tu pourras comprendre ses airs peut-être..

Jadis, bien longtemps, quand chez nous tu es passé pénétrant dans notre âme et dans notre passé Tu nous vis d’un cruel destin maltraités . . ,

(77)

Mordu des Tartares, des Allemands tourmenté ce peuple héroïque et si seul, sans parenté avec son pays fut en batard traité . . . Alors Tu proclamas que malgré nos déboires nous gardâmes bien nos moeurs, vertus, langue et

[gloires, Et qu’entre les libres peuples est notre place .. .*) Maintenant, voici tes propres Parisiens

qui nous jugent d’après ces vils pharisiens, unis et ligués pour ruiner ma race . . . Ici, près ton tombeau j’ai recours à ton âme:

Prouve si mon pays fut jamais vil, infâme durant une vie séculaire dix fo is?!...

*) Vous avez des moeurs nationales, une lan­

gue nationale. . . Vous vous vantez d’une illustre et ancienne origine . . . Je ne désire que vous voir nation libre et nationale . . .

(Napoléon: Proclamation au Quartier Impérial à Schönbrunn, le 15 mai 1809.)

(78)

Qu’on lise son histoire oh bien souvent trop dure s’il n’a pas défendu de son corps la culture de l’Ouest contre les barbares sans fo i? !...

De honte son épée jamais ne fut souillée, de son sol poussèrent de riches épis et son âme en reprit de nouvelles vigueurs . . . Bien que foulée à terre, à mort piétinée ma nation grandit, pareille au palmier

qui pousse haut, plus haut, malgré ses malheurs!...

A l’avenir parmi les superbes armées

dans le noble concours d’un travail acharné nos fils ne resteront jamais les ultimes . . . Nous donnâmes au ciel de nombreuses étoiles qui resplendissent là haut, admirées, sans voiles perçant les brumes de leurs éclats sublimes . . . Dans cette foule qui aime briller, changer et dans cette forêt de peuples étrangers je sais que ma parole reste bien vaine . . .

(79)

Je pressens quand même que dans le beau futur elle serrera contre son coeur si noble et pur ton orgueilleuse Nation, la Mienne . . . Ton peuple qui brava les tyrans couronnés, qui à la vue de la vérité opprimée

est toujours, poussé d’un courroux sacro sa in t. . . Quand les peuples auront une Fête commune les mains dans les mains, leur coeur un, leur âme

[une — Pour fêter, — ton peuple se joindra au mienl

(Paris, 1909.)

,NAPOLÉON SÍRJÁNÁL4

(80)

CHARRUE ET ÉPÉ E Il y a mille ans que le Magyar est ici Pendant mille ans il combattit mille fléaux Mais qui le soutint donc durant ce millénaire?

Charrue, épée, main de labeur, coeur brave et beau...

Sa charrue cultiva paisiblement la terre L’héritage des siens son épée défendit. . . Aux nuits des deuils fixa, confiant, l’horizon Ses astres: la foi et l’amour pour la patrie!

Ses ennemis cruels lui donnèrent cent morts Mais reprenant sa force il fut toujours debout. . . Il laboura, sema, puis son épée en main

Au nom de Dieu partit poussé d’un saint courroux.

Notre horizon hélas! est de nouveau couvert Mais la foi, l’amour de la patrie brûle au coeur. . . Ils nous aideront à affronter mille enfers:

Charrue, épée, main de labeur et brave coeur. . .

„EKE ÉS KARD“

(81)

ELLE EST LA NOTRE CETTE T E R R E . . . Elle est la nôtre cette terre

C’est pour nous que la créa Dieu, C’est notre sang, notre sueur Qui en arrosa chaque lieu Et bénit chaque motte aimée ..

Ce sol est à nous à jamais

„Á jamais ..

Que le doux zéphyr tout en pleurs Ne gémisse que ce grand mot, Que le vieillard las de douleurs Y pense en prenant le repos . . . Qu’il soit l’hymne de la jeunesse La berceuse chantée sans cesse Chantée sans cesse . . .

(82)

Que la rude main du paysan Le sème au sol de ses aïeux Et que l’orage, l’ouragan Le crie, le tonne furieux . . .

Que chaque prière magyare quittant le coeur Se présente avec ce mot sublime au Seigneur Au Seigneur . . .

„MIÉNK E FÔLD“

(83)

LE CREDO MAGYAR Je crois en un Dieu, je crois en une Patrie En une Vérité divine et éternelle,

En la Résurrection de la Hongrie Comme jadis: grande et belle!

Voici toute ma vie, voici toute ma foi

Et j ’en porte avec joie aux épaules la Croix . . . Il me sera doux si même en mourir je dois!

Je voudrais tonner aux oreilles des douteurs, Marquer au fer rougi dans l’âme des trembleurs, Écrire au ciel hongrois noir de sang, de douleur:

C’est la foi qui fait ton arme, vie, puissance, Qui t’aide à réduire tes ennemis jurés, Á racheter toute peine, toute souffrance . . .

(84)

Mets cette devise là sur ta bannière, Grave la sur la lame de ta rapière,

Tu vas en relever un monde des morts d’hier ..

Guerrier: crois ferme et la victoire est tienne, Ouvrier: cette idée rend heureux l’avenir, O femme, enseigne-la: on va ton nom b é n ir. . . Homme: vis pour elle et ta gloire est assurée, Bourgeois: penses y toujours, un Pays est ton prix...

Magyar! par elle tu auras tout reconquis. . . Cette foi donne force au croyant qui vaincra Car il contracte avec Dieu un très saint accord Le rendant plus fort que dammation et m o rt. . . Et pour lui n’existe point de spectre effrayant Contre tous les dangers, il a le coeur en fer . . . Car Dieu est avec lui et brave tout e n fe r. . . Le cimetière est tout vert s’il marche là, Le champ foulé reprend son bel habit de fleur Et aux bois déserts les oiseaux chantent en choeur...

(85)

Les rayons du soleil entourent sa maison, Son pain est fait de miel, son foyer de bonheur, Ses générations sont bénies du Seigneur . . . O Magyarl crois-y et le tien est le futur!

Le plus frappé de tous les peuples, le plus pur ..

O Magyar! crois-y et le tien est le futur!

Garde ta foi sacrée, par elle tu reprends Ce pays parmi tous le premier, le plus grand Dont Dieu même sculpta le cadre ravissant!

Que le coeur palpitant ta bouche ferme acclame Matin, midi, soir prie fervemment de toute âme Le Verbe sacré, qu’il pénètre ton esprit:

Je crois en un Dieu, je crois en une Patrie En une Vérité divine et éternelle,

En la Résurrection de la Hongrie Comme jadis: grande et belle!

.HISZEKEGY

(86)

L ’AUTOMNE HONGROIS Tu peux déjà partir hirondelle, cigogne, Le soleil est las et l’automme est froid.

Si à votre retour vous trouverez ici Un printemps, ne me le demandez m o i. . . C’est l’automne ici, l’automne hongrois!

Je devrai faire moi aussi bientôt mes adieux, Pour m’en aller d’ici loin, oh très loin;

Il sera si, si beau de n’espérer plus rien Et puis de ne se souvenir de rie n . . .

Le mort ne sent plus son coeur, — il dort bien . . . Tu peux déjà partir hirondelle, cigogne,

Le soleil est las, l’automne est si lourd.

Tu apporteras mon salut à cette terre, Lorsqu’ au printemps tu seras de re to u r. . . Oh ici l’automne dure toujours!

6

(87)

La vie toute fanée dort ici son sommeil, Peut-être elle n’ouvrira plus ses yeux;

Le ciel magyar n’a plus son soleil pour chauffer, Nul n’y trouve pour soi un petit lieu.

Mais pourquoi est ce qu’il nous frappe Dieu?

.MAGYAR ŐSZ

(88)

FLEUVES SANS PA TRIE Il viendra bien le jour

Lorsque ceux qui habitent la montagne fière Du Danube traqué, de la Theiss amère Parleront à leur tour:

Arrêtez vous ô fleuvesl Arrêtez la course de vos flots:

Ce sont nos larmes à nous, vos eaux . . . Nous ne voulons point que ceux

Qui habitent par là, voient les pleurs de nos yeuxl Qu’ils ne nous sachent pas tristes et pleurants Eux qui n’ont le courage qu'en faire a u ta n t. . . Qu’ils ignorent que nous serrons les poings Car ceux qui en sont libres, ne le font p o in t. . . Arrêtez vous ô fleuves!

6*

(89)

Et il viendra le jour

Lorsque ceux qui habitent les plaines Où les grandes eaux courent pleines De deuil, diront à leur tour:

Arrêtez vous ô fleuves!

Car dans vos flots crient les pleurs de ceux Qui les ont versés par ces endroits pieux Où l’on sème et récolte en larm es. . . O fleuves retournez à vos monts Et faites mille détours en am ont!. . . Dites leur:

Nous ne voulons pas de leurs pleurs

Les nôtres ont fait de nos maisons les leurs . . . Hélas! à la trace mortelle du déluge

C’est tout, tout ce qui nous reste comme refuge..

Nous attendons autre chose d’eux!

Tant que cadavres et pleurs noircissent vos eaux Tant qu’ils ne bouilliront point vos flots,

Que les cataractes ne vomiront leurs feux:

(90)

Ces foudres du Poing qui dirige to u t. . . Nous ne voulons pas vous voir chez n o u s. . . Retournez ô fleuves!

„HAZÁTLAN FOLYÓK"

(91)

LA STATUE DE STRASBOURG

Voici notre message à la noble France:

De lâches mains nous brisèrent l’existence ..

Ce que votre muette statue exprime:

Fait du pauvre coeur hongrois la pauvre prime La h a in e. . . la douleur. . . le deuil si profond . La foi sublime en la Résurrection,

Il tombera le poltron guetteur de proie Et vaincra la force divine, le Droit.

Alors, ô Français, vous le verrez vraiment Comment le monde vous trompa vilem ent. . . Que ce peuple ci est d’or et de perle pure, Qui l’ont souillé commirent une im posturel. . .

(92)

Mais chez nous Des millions sont en fièvre jusqu’alors,

Et la lave bouillonne toujours-plus fort!

Millions de plaies d’un tronc mutilé tant

Crient que l’Europe a quatre nouveaux volcans, Quatre Alsaces esclaves flamboient chez nous. . . Leur flamme va dévorer un jour to u t. . . to u t. . . A nous de la statue de Strasbourg la souffrance!

Voici notre message à la noble France . . .

,A STRASSBURGI SZOBOR*

(93)

NOUS NE POUVONS PAS O U B L IE R . . . Veuille calmer la mer quand la marée monte, quand aux dents d’écume mord les rocs de honte...

Veuille offrir du miel au tigre courroucé, par de gentils mots le Samum caresser . . . Dis à l’éclair de rester comme un sage enfant fait au sein de sa mère-nuage, Fais le, si crédule tu en as envie . . .

Mais tout l’amer révolté du coeur hongrois, sa rage, son chagrin, le poids de sa croix n’essaie, n’ose pas soulager, c’est mieux . . .

Ses tourments sont sacrés, comme ceux de Dieu!

Nous ne pouvons pas oublier!

Bien qu’on nous présente en calice doré le faux délire de l’oubli, de la peine, nous le repoussons aveç dégoût e t . . . souffrons de la soif et ardons de la haine . . .

(94)

Seuls les coeurs poltrons se consolent, se plient [et oublient qu’on nous a volés, lâchement massacrés

tout ce qui fit notre relique sacrée:

L’Erdély, notre seconde patrie-trésor où maints siècles de sang virent flotter fort l’étendard de Rákóczi, de Bethlen fier . . . où chaque ruine resplendit tout comme hier ardent, éblouissant comme le soleil d’été le nom de notre Hunyadi redouté. . . où les fils du „fléau de Dieu“ ont leurs nids, ces „Székelys" restent en rochers de g ran it. . . Nous ne pouvons pas o u b lie r...

Des Carpathes à l’Adriatique clair’

Notre sublime souvenir passe en éclair

Le saint tombeau d’Arad nous rendant plus forts et la plaine de Banat nous donnant de beau blé . . . Sur la terre des Zrinyi l’épée farouche

criant: „gare à celui qui au Magyar touche“I

(95)

Et ne sens tu pas

ce que raconte le vent morne de Tatra en sifflant de Késmárk vers Kassa si noble?

Il gronde: c’est par un piège ignoble inventé au fond des enfers éhontés

qu’on pouvait prendre nos plus belles contrées!

Est ce donc que pour que ton rêve soit hanté, par les pleurs de ton peuple dans les fers, tourmenté que tes cendres sacrées furent rapportées

O astre de Rodosto, noble Émigré? . . . Nous ne pouvons pas oublier . . . Frères qui restez au delà des confins

chassez donc oh! chassez de vous loin très loin ces esprits de frayeur qui vous font résigner. . . Attendez confiants, patients le signe et

il viendra le grand compte rendu sublime lorsque chaque félonie, chaque vil crime, chaque trahison trouvera sa prime!

Quand la liberté magyare qu’on opprime et le soleil de gloire resplendira . . .

(96)

Attendez frères ce magnifique jour là!

Oui, notre orgueil fier est la Résurrection!

Non, jamais nous n’oublions!. . .

„MI NEM FELEDHETÜNK"

(97)

F A T U M

Je pensais lorsque j’eus encore un espoir pâle, Je meurs si ma patrie fait la chute fatale. . . La chute survint puis le dernier jugement Et moi je vis pou rtan t..

Mais est-ce vivre auprès d’une ruine au désert?

Croix de tombe enfoncée, déjà rongée des vers Que de tristes ombres des sépulcres glissants Entourent gémissant. . .

La nuit descend couvrant tout en noir dans son zèle. . . Le spectre du passé sans cesse me harcèle . . . De vils assassins à me venger il crie

Tel à Hamlet l’esprit. . .

(98)

O Grandeur du passé! Si la nuit vient pourquoi M’excites tu moi à la vengeance pour toi?

Pour faire bouillir le sang, mon chant est sans feu, Sans force mes bras vieux . . .

Quelle est ma valeur? Mon âme a beau gronder fort, Hélas! la feuille ne bouge point, l’herbe d o r t...

J ’ai beau la frapper, la terre reste insensible D’un air moqueur, terrible . . .

Je déchire en morceaux mon âme chagrinée Mais rien ne fait changer le Sort, la Destinée . . . Le vent du Nord siffle, la neige tombe, tombe . . . Oh! pourquoi doit rêver la croix rongée de tombe?

.KORHADT FEJFA*

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