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Bayer. Staatsbibliothek
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' .Une idée juſte de ſon légitime Gouvernement
- A V E C
L E S M E M O I R E S
* D U P R I N c E
F R A N g o I s R A K o c z y
s U R LA G U E R R E D E H o NG RIE,
Depuis 17o3, juſqu’à ſa fin.
E T C E U x D U c o M T E
-B E T L E M N I K L o s
Sur les Affaires de Transſilvanie.
Nihil non veri dicere aufus.
Cic. Tuſc. Quæft.
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D E H o N G R I E,
Staatsbibliothek
AVERTISSEMENT
L ° E D I
’Ouvrage que je donne au Pu blic, eſt compoſé de trois
Pièces différentes.
I. La prémière est une Histoi
re des Revolutions de Hongrie,
depuis les tems les plus reculés , juſqu'en 171 1. L'Auteur, qui n'a pas jugé à propos de fe nommer, eſt fans doute Hongrois de naiſ
fance: car il n'eſt nullement vrai
femblable qu’un Etranger ait pu s'inſtruire austi parfaitement des Loix, des Privilèges & des Ufa ges de la Nation . Hongroiſe ;
& quoiqu’en général le ſtyle de
cette Hiſtoire ſoit affez pur, on ne
laiffera pas d'y trouver en quelques endroits dequoi confirmer ce que je viens de dire. Il feroit à fou haiter que l'Auteur fe fût donné la peine de relire les Pièces Latines qui terminent fon Ouvrage, aufli bien que la Traduªtion Françoiſe qui eſt à côté : il les auroit pur gées de pluſieurs fautes, qu’il a fallu y laiſler, de peur d'en alté
rer le fens. -
II. Les Mémoires du Prince
François Rakoczy für la Guerre de Hongrie, depuis 17o3 juſqu’à fa fin, font le fecond Morceau de
ce Recueil. Il ſuffit d’en lire quel
ques pages » pour ſe convaincre
Tome -
T E U R.
qu'ils font originaux. Austi ai-je eu grand foin de les donner tels
qu’ils font fortis de la main del'Auteur, fans y changer un feul mot ; perſuadé que les perſonnes
de bon goût aimeront mieux lesvoir ainfi, qu'avec les agrémens de ſtyle qu'on auroit pu leur don
11CT.
III. Je ne puis pas dire du troi fième Morceau, ce que j'ai avan
cé du fecond. Ce font les Mé moires du Comte Betlem Ni
klos fur les Troubles de Tranffil vanie. Ces Mémoires, dont je
ne garantis point l'authenticité ,parurent il y a trois ans en Fran ce, quoique le Titre porte à Am sterdam. Mais je ne les donne pas ici tels qu’ils furent publiés alors : j’en ai retranché les inutilités, me bornant uniquement à ce qui peut
mettre le Lecteur au fait des Ré volutions de Tranſſilvanie, & lui
faire mieux comprendre celles de Hongrie, par l'étroite liaiſon qu'il y a entre les Affaires de ces deux Etats. C'eſt la feule raiſon qui m'a déterminé à joindre cette Piè
ce aux deux prémières.On trouvera quelques variétés
dans la manière dont les Noms
propres font écrits. J’aurois bien
* . fou
fouhaité de pouvoir obſerver à cet égard plus d’uniformité: mais n'a iant trouvé aucun fecours pour fi
xer la vraie manière d'écrire un af
fez grand nombre de Noms , la plupart Hongrois, j’ai mieux aimé fuivre par-tout le Manuſcrit, que
de m’en tenir conſtamment à la
même orthographe, qui peut-être n'auroit pas été la véritable. D’ail
leurs ces différences font fi légères,
qu'elles ne fauroient cauſer de confuſion.
J’avertis enfin, que le Portrait
du Prince Rakoczy, qui eſt à la
tête du Livre, n’eſt pas un Portrait d'imagination, comme beau coup d'autres que l'on trouve dans quelques Hiſtoires modernes.
H I S
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H I S T O I R E
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D E H O N G R I E.
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L I V R E P R E M I E R.
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AN s le deffein où l'onB2 Ř eſt de donner une idée
ğ D $ du Gouvernement légi
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time de la Hongrie, &zavzas de mettre au jour les ef
forts que l'on a faits pour le renver fer, ou pour le foutenir; on ne peut - fe diſpenſer de remonter à l'origine des Habitans de ce Royaume, qui ſe font rendus fi fameux par leurs ex ploits militaires; ni de donner une Suite chronologique de leurs Rois.
L'Hiſtoire de la Vie de ces Princes
répandra beaucoup de lumière ſur la nature de leur Gouvernement, ſur l'é tendue de leur domination, ſur le
Tome I.
génie & fur les diſpoſitions de leurs Sujets. On verra d'un côté règner la paix & l'abondance, fous le gou vernement des Rois qui ont été
fid
les à remplir les engagemens où ils
étoient entres avec fe'i
Peuple: on verra que dans ces heureux tems, la vićtoire a presque toujours accompa gné l'union du Prince & des Šujets; qu'ils ont fu étendre les bor nes de leur Domination, confer ver leurs conquêtes, domter & fou
mettre tous leurs ennemis. On re
marquera de l'autre côté, que les Hongrois ſe font diſtingués de pres que tous les
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Peuples, par leuraI
R E V O L U T I O N S
Origine
des Hon
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urs dif- 8CIS »:
&férens
IMOIIAS,
ardent amour pour la Liberté; &
qu'ils ſe font toujours roidis con
tre les entrepriſes des Rois ambi tieux, qui, devenus parjures & ty
rans, ont voulu ſacrifier à leurs paſ fions le repos & la proſpérité de leurs Sujets. Ces vicistitudes, affez fré uentes dans l'Histoire de Hongrie, ont également intérestantes & in
ftructives; & Pona lieu d'eſpérer que hiſtorique où l'on va en trer, juſqu'au tems des grandes révolutions ſous les Princes de la Mai
fon d'Autriche, fatisfera agréablement
la curioſité du Lecteur.
C'eſt le fentiment unanime des
Hiſtoriens nationaux, & des étran
que les Hongrois tirent leur
origine des Scythes, Nation célèbre dans l'Antiquité. Hérodote nous ap prend, qu'après avoir vaincu les Mè
aes, elle sempara de toute l'Aſie &+
s pouſlâfescönquêtes juſqu'en Egypte,
u’elle auroit ſubjuguée, fi elle ne fe üt laistě fléchir par les foumiſlions& par les préfens du Roi de ce pays.
Foeph l'Historien & St., ferôme re montent dans l'antiquité la plus re culée, pour trouver l'origine des Peu
ples qu'on appelle aujourd'hui Hon
grois. Ils les font deſcendre de Noé, par faphet, & par Magog. Le nom de Magijar, qui en Langue Turque
& en Langue Hongroiſe ſignific Hon rois, ſemble favorifer cette originc.
ls ont aufli été connus fous le nom de Huns, qui étoient une branche des Scythes, ſelon Pline (a). Ils rccon noistoient Hunnor pour Chef de leur Tribu, ou de leur Nation. C'eſt de ce nom qu'eſt venu celui de Hunga ri , ſous lcquel ils font
aujourd'hui
(n) Hist. nat, L., 6. e 17.
connus. Un Auteur (b) moderne nous raconte pluſieurs choſes très
Curieuſes, de la manière de vivredes
Hongrois dans lesancienstems, de leur
Religion, de leur Langage, de leur Oeconomie, & du Pays qu'ils habi
toient, auquel il donne une très
grande étendue. Ces Peuples, féro ces & vagabonds dans leur origine,
ont fouvent fait des incurſions-dé
l'Aſie en Europc. La plus célèbre,
& en même tems la plus fatale ả cette dernière Partie du Monde, fut
celle qu'ils firent fous leur Chef At tila, ſurnommé le Fléau de Dieu. Ils inondérent tout ce vaſte Continent.
Ils par-tout la terreur, &
la déſolation. Chargés des dépouil les d'une infinité de Peuples, ils fixé
rent leur demeure en la Pannonie, dans le pays des fastges & dans celui des Dares. La mort d'Attila renver fa cet établiſlement, ils ſe virent
contraints de retourner dans leurs anciennes habitations: mais les char
mes d'un pays fi fertile & fi délicieux les rappcllérent bientót, pour en fai re une nouvelle conquête. Ils s'y é tablirent, ils en prirent poſleflion ;
& malgré tous les efforts de leurs voiſins, ils s'y font maintenus de
uis ce tems-là. Leur valeur a été
cur boulevard le plus afluré : ils ſe font presque toujours
défendus,
Oulont presque toujours attaque avec
fuccès. Une partie de ces Peuples fut obligée de ſubir le joug de Char lemagne, & d'embraſier le Chriſtia nisme : mais cet invincible Empe reur nc dut ces avantagcs qu'aux guer res inteſtincs des Hongrois, & qu'à un grand nombre de fanglans com
bats>
(b) Osztrokoezi, dans fon Livre intitulé : Ori gines Hungarice.
D E - H O N G R I E , L I v R E I. . . 3
bats, dans lesquels il fut profiter
de la diviſion qui s'étoit gliflče parmifes ennemis. (a)
Dès l'origine de l'établiſſement dont nous venons de parler, & mê me avant que les Hongrois fustent
gouvernés par des Rois, on remar 'que qu'il y avoit déja deux fortes de
conditions parmi eux. Laétoit de ceux qui portoient les armes ur la défenfe, ou pour la gloire de la Nation; ils s'appelloient Mili tantes ; (b) c'étoit Nobleſſe du
pays: la ſeule vertu militaire aggré
eoità ce Corps. Les autres, quisa aux occupations ſerviles, étoient regardés comme Roturiers. Il paroît cependant qu'on appelloit ces derniers aux Affemblées publiques, pour y délibérer fur toutes les affai res de la Nation, & poury prendre les meſures les plus capables de déconcerter les defleins des ennemis.
Ce fut pour avoir refuſé de compa roître à ces Afſemblées, que les Ro
turiers devinrent Eſclaves des Gen tilshommes (c). Mais laifſons tout
ce qui a l'air obſcur ou incertain, pour nous attacher uniquement à ce qui porte le ſceau de la vérité & de la certitude hiſtorique.
Etablime- _ La Hongrie, juſqu'à l'an Iooo de ment des J. C., avoit été gouvernée par des
- Ducs; ou Chefs des Armées. Le
mérite extraordinaire d'Etienne fils de Geyfa l'éleva ſur le Trône, & le mit
au nombre des Rois. Son zèle pour le Chriſtianisme lui fit entreprendred'achever
l'ouvrage de la converston errir:
des Hongrois à
Îa foi de J. C., que ne i
Charlemagne avoit commencé. Ce zèle, jointà touteslesvertus Chrétien nes, l'a placé au nombre des Saints;
l'Egliſe le révère. Il fut grand Ca
pitaine, Prince religieux, juſte, &modéré. Il ſe fit craindre de ſes En nemis, & aimer de fesSujets. Gyula Souverain de la Tranffilvanie, & le Duc de Simeg, qui s'oppofoient aux
progrès du Christianisme, furent
domtés & contraints de reconnoitre
ſes loix. Il réprima les courſes que
les Bulgares & les Eſclavons faiſoient en Hongrie. Il battit en pluſieursrencontres les Croates, & les autres
Peuples voiſins, qui n'étoient pas en
coré foumis a for
empire. Maisrien ne fait mieux ſon éloge, que la mo dération qu'il montra toujours dans la nouvelle Dignité dont il avoit étérevétu, & qui n'enfle que trop fou
vent le coeur de l'homme. Bien loin d'uſurper toute l'Autorité Souverai ne, il la partagea avec les Nobles. Il
fit là-deflüs
plufeurs
Decrets, (d) qui ont toujours paſſé en Hongrie pour Loix fondamentales. Les avis qu'il donna à ſon fils Emeric, font encore écrits dans le coeur desvrais Hongrois.„ Que les Nobles, mon fils, lui dit
» il, ſoient vos pères, & vos frères.
» N'en réduiſez aucun en fervitude,
» & nedonnez à aucun d'eux la qua
„ lité de Serf. Qu'ils faffentla guerre
„ pour vous, fans être vos Eſclaves.
» Si vous les traitez avec
hau
(a) Voyez Bonf. Turocz, fragm. de Priscus;
Hist. Eccl. d’Evagrius; Chron. d'Ado. de Char lemagne ; le Moine sigebert; Eginh, dans la Vie de Charlemagne.
(b) opus trip. part. 1. tit. 3.
(c) Ibid. & dans les Decrets de St. Etienne,
liv. 1.ch. 4. Nam fancitum erat ut transgreffores
» 11
ejusmodi mandati in communem é perpetuan fervitutem redigerentur. Hac conſuetudo multos Hunnorum perpetuam redegit in fervitutem. Bonf.
dec. 2. l. 1. -
(d) Decr. de St. Etienne, Liv. 2. chap. 14.
16. 19. 29. 31. &c.
A 2
4 H I S T O I R E D E S R E V o L U T I O N S
na I.
Erras- „ fi vous vouslaiſſez conduire par la
„ colère, par l'orgueil ou par l'envie,
„ ils livreront votre Royaume à un
„ autre (a). Paroles prophétiques,
qui ont toujours eu leur effet, tant
que l'uſurpation & la tyrannie n'ontas été à leur comble. Pour pro
#
de toutes les occaſions qui fe réſentent de faire connoitre le ouvernement de Hongrie, on varapporter le précis des Decrets du
Roi Etienne ſur le partage de l'Au torité entre le Prince & les No
bles, dont l'Auteur de l'Ouvrage
triparti nous donne une idée aflez
juſte (b).
Il fait remarquer prémièrement, ue le pouvoir de créer des Nobles,
de leur conférer des biens & des
Dignités, qui appartient originaire ment au corps de la République, a été donné à la Couronne, & par con féquent au Prince qui la porte. Se condement, que les Nobles font
Membre de la Couronne. Troiſiè- .
ment, que l'union effentielle entre le Roi & la Noblefie, conſiſte prin cipalement en ce que le pouvoir du
ef dépend de celui des Membres
qui l'éliſent, comme la dignité des
Membres ou des Nobles vient de l'autorité du Chef. D'où il s'enfuit, que l'Autorité Souverainę, ou ce qu'on appelle le Pouvoir de la Cou ronne, s'exerçoit par le Chef, du con fentement & avcclaparticipation des (a) Illi tibi, fili mi, fint patres, ó fratres ; ex his neminem in fervitutem redigas, aut /er vum nomines ; illi tibi militent , non ferviant.
Si iracundus , fuperbus, invidus cervicem erexe
ris, alienis tradent regnum tuum. Dec. de St. Et.
l. 1. ch. 4.
(b) Postquam Hungari operá fantti Regis ad
agnitionem veritatis venére , & eundem fponte , omnis facultas in jurisdictionem facre Co roña Regni hujus, cr per conſequens in Principem
Nobles, comme Membres de la Cou ronne. Les Nobles ſeuls, avec les i.
Députés des Villes libres dontchacune étoit équivalente à un Gentilhom me , compoſoient les Etats , repré fentoient toute la Nation , déci doient de la Guerre & de la Paix, éliſoient le Roi, & concouroient au choix d'un Palatin. Celui-ci é toit le prémier Officier de la Cou ronne , & fervoit comme de Mé diateur entre le Roi & fon Peuple.
On aura occaſion dans la fuite d'ex
liquer plus au long les devoirs &
cs prérogatives de cette Dignité. Il faut ſeulement remarquer, qu'en Hon grie les Gentilshommes titrés & non titrés jouiflent tous fans diſtinction des mêmes avantages, des mêmes honneurs , & qu'ils font tous é galement capables d'exercer les Em plois les plus importans, tant au dedans qu'au dehors du Royau
mc (c).
Quelque légitime que fût l'élection d'Etienne, faite par le conſentement unanime des Nobles ; ce Prince,
fuivant la coutume de ces fiècles d'i
norance, voulutfaire confirmer fon iadême par le Siège de Rome. Il envoya à ce deflein l'Evêque de Co locza à Silvestre II. aflis pour-lors fur le St. Siège. Voici l'extrait du Bref de ce Pape , expédié à cette occa fion (d).
„ Silveſtrc Evêque, ferviteur des
» fer
transtata est. . . Nebiles per quamdam par ticipationem & connexionem membra ſacre Coro ne effe cenſentur... neque enim Princeps, nist per Nobiles, eligitur; neque Nobilis, niſi per Prin cipem, creatur. Part. 1. tit. 3.
(e) Ouvr. trip. part. 1. tit. 9. & ailleurs.
(d)Ann. de Hongrie, du Père Inkofer, fous l'an 12oo. Silvester Episcopus, fervus fervorum Dei, Stephano Duci Hungarorum , falutem de Apºstolicam benedictionem. Legati Nobitiatis tue,
129
D E H O N G R I E , L I v R E I. 5
„ ferviteurs de Dieu, à Etienne Duc
„ des Hongrois, falut &bénédiction
„ Apoſtolique. Les Ambaſiàdeurs de
„ votre Nobleſſe, entre autres notrc
„ très cher frère Aſtricus Evêque de
„ Colocza, nous ont d'autant plus
„ réjoui , & fe font acquittés avec
„ d'autant plus de facilité de leur
„ commiſſion, que nous (aiant été
„ avertis de la part de Dicu) atten
„ dions avec plus d'empreſlement
„ l'arrivée des Ambaſſadeurs d'une
„ Nation qui nous étoit inconnue.
„ Nous rendons donc graces, pré
„ mièrement à Notre Scigneur J.
„ Chriſt, qui en notre tems a troŭ
„ vé un David fils de Geyfa. Nous
„ avons accordé & accordons tout ce
„ que vous avez demandé au St.
„ Siège, le Diadême, le nom de
„ Roi, la Métropole de Strigonie,
„ & les autres Evêchés ; & ce par
„ l'autorité du Dieu tout-puistant ,
„ & par celle de St. Pierre & de St.
„ Paul, ſuivant l'avertiflement & l'or
„ dre de Dieu tout-puiſſant, avec la
„ bénédićtion apoſtolique, & la nó
„ tre. . . Et parce que votre No
„ bleste voulant avoir part à la gloi
„ re des Apôtres en faiſant annoncer
„ l'Evangile, prêcher J. C. & établir Erlin
„ fa foi, a ſuppléé eň quelque ma- Nr I.
„ nière aux fonctions du Sacerdoce,
„ & aux nótres, voulant fur-tout ho
„ norer le Prince des Apôtres: à ces
„ cauſes, afin d'honorer à préſent
„ & pour toujours votre Excellence, ,, & vos Succeſſeurs qui feront élus
„ par les Grands du Royaume , &
„ approuvéspar le Saint Siège, nous
» vous accordons à vous, & à eux,
» parla même Autorité Apoſtolique,
», le pouvoir de faire porter devant
„ vous la Croix, figne de l'Apoſtolat;
» & de diſpoſer &
les affaires„ des Egliſes devotre Royaume, pré
„ ſentes & à venir , comme tenant
„ notre place, &ccllede nos Succeſ
» feurs, &c.
C'eſt ſur ce Bref qu'eſt fondé le droit d'élection, de nomination,
& de collation, qu'ont les Rois de Hongrie, pour tous les grands & pe tits Bénéfices de leur Royaume. Bien
ue la Cour de Rome ait dans ces
crniers tems fait quelque difficulté
fur cc droit d'élection & de colla
tion, l'ancien uſagea prévalu, & l'on s'en cſt tenu au ſens du Texte Latin, malgré lesinterprétations forcéesque
des lando , Apostolicum munus Christum pradicando ejusque fidem propagando gerere non est dedigna ta, nostras quoque erfacerdotii vices fupplere ftu duit , atque Apostolorum Principem pre ceteris fíngulariter honorare ; idcirco é no; fingulari in fuper privilegio Excellentiam tuam , tuorumque meritorum intuitu , fucceffores tuos legitimos qui per Optimates eletti atque a Sede Apostolicá ap probati fuerint, nunc Čr perpetuis temporibus con decorare cupientes, ut tu čr illi. . . . crtice/?z
ante fe , Apostolatús infigne, gestare facere pºffs c; valeas, atque illi poffint valeantque ; & fe cundum quod divina gratia te će illos docue rit , Eccleſias regni tui preſentes ór futuras, nostrá ac ſucceſforum nostrorum vice diſponere at que ordinare, Apostolicá autoritate fimiliter con
Er i ent NE I.
inprimis cariffimus confrater noster Astricus vene rabilis Coloczenſis Episcopus, tanto majori latitiá cornostrum affecerunt, ac minore officium fuum la
boreconfecerunt, quanto divinitus premoniti cu pidiffimo animo illorum adventum, de ignotá no bis gente, prastolabamur. . . . -
Primum ergo gratias agimus Deo Patri čr Do mino nostro f. C. qui temporibus nostris invenit fibi David flium Geyſa. . . . . Cunčfa a nobis Cr Sede Apostolica expostulata , Diadema , nomen que Regium , Strigonienſem Metropolim, Cr re liquos Episcopatus , deomnipotentis Dei, ac bea torum Petri čr Pauli Apsstolorum autoritate,
premonente atquejubenteeodem omnipotenteDeo,
cum Apostolicá é nostrá benedictione... liben ter conceffimus , concedimus Cr impertimur. . . . .
Et quia Nobilitas tua Apostolorum gloriam «mu teffimms
A 3
Erres- des Traducteurs modernes ont vou
NE I. lu lui donner. Voici les raiſons, ſur
lesquelles cſt fondé un privilège fim portant. 1°. Les Rois de Hongricont
fait toutes les Fondations qui le trou
vent dans le Royaume. Elles ont été
très conſidérables, avant la domina tion de la Maiſon d'Autriche, com-
me on l'a expoſé dans un Mémoirc préſenté à la Courde Romeen 1707.
2°. Ces Rois font cenſés être Rois
Apostoliques, comme l'a été Saint
Etienne, Apôtre & prémier Roi de
Hongric. --
de preſcription, & une poſicilion de fept cens ans. Enfin l'on s'appuie
fur la confirmation de ce privilège, accordée par le Concile de Constan ce, en préſence de Sigiſmond Empe reur, & Roi de Hongrie.
Ce n'eſt pas que les Papes ne pus
fent s'inſcrire en faux contre ce
droit, puiſque Silvestre II. me l'a ac cordé qu'aux Rois qui (a) feroient ap prouvés par le Siège Apostolique ; ce je penſe, n'a jamais été pratiqué epuis Etienne I. Mais, la Cour de Rôme juge à propos de fermer les yeux ſur cette inobſervation, & fans rétendre autoriſer , ni même to érer le privilège, elle fcint d'igno rer qu'il exiſte. Hec non tolerat, ſed penitus ignorat Sedes Apostolica, di foit un Pape de ces derniers tems.
St. Etienne ſurvéquit à ſon fils
Emeric, à qui il avoit donné des le
çons fi importantes pour le gouver nement du Royaume. La mort de ce jeune Prince donna lieu à plufieurs cabales dans l'élećtion du Suc cefleur de ſon père. Celui-ci avoit
épouſé Giſèle , fille de l'Empereur
(a) Qui à Sede Apostolicá approbati fuerint.
(b) fà Chron. dans le II. Vol.
3°. On allègue le Droit
Henri II , enfilite d'une Paix con- erirs:
clue entre ces deux Princes. Cette NE I.
Princeste, privée de la fatisfaćtion de voir fon fils Emeric fur le Tróne, agit avec chaleur pour y faire pla cer ſon propre frère PIERRE, iur
nommé l'Allemand. Le ſuccès qu'elle
obtint paroît étonnant , & l'on ne comprend pas comment les Hongrois purent ſe réſoudre, fi tôt après l'établiſſement de leur Monarchie, a
appeller un Etranger pour la gouver11CT.
de ſe repentir de cette démarche.
Pierre
viola
toutes leurs Loix & tousleurs Privilèges. Ce ne fut pas im
punément : la Nobleste le dépoſa, dès qu'elle ſe vit en état de le pou
voir en fureté ; & voici les raffons
fur leſquelles fut fondée cette dépo
fition. (b) „ Pour avoir, fans au
„ cune forme de Juſtice preſcrite
» par la Coutume, ou par les Loix,
„ exilé les Princes André, Béla,
„ Lévanta, & autres Grands du ,, Royaume ; pour en avoir fait
„ mourir pluſieurs, fans obſerver les
» procédurcs juridiques; pour avoir
» donné aux Etrangers, des Emplois
» & des Charges conſidérables dans
» le Royaume ; enfin, pour avoir
» empêché les Etats de tenir leur
» Diète, & leurs Aſſemblées accou
» tumées.”
A B A, de la Famille de Saint Etienne, fut élu à la place de Pierre.
Il fc vit obligé, pour foutenir ſon élection, de faire la guerre à l'Em percur Henri, qui avoit cntrepris de
rétablir Pierre fon fils ſur le Trône.
Aba remporta tous les avantages dans cette guerre. Il défola l'Au triche, Mais ils eurent bientôt lieu
1o39.
des Droits; Florus Hung.de Ladani; & le com
mun des Hiſtoriens.
AB A.
I 924.
D E H O N G R I E , L I v R E I. 7
AN DRE’
1°47.
fils d'André , en fut le ſceau. Les Annae
triche, la Carinthie, & une grande
partie de la Bavière. Mais la pros périté & le repos lui inſpirérent des desteins tyranniques. Il marcha ſur les traces de celui qu'il venoit de
dépoſlěder. Ses Sujets s'armérent contre lui. L'Empercur profita des troubles, & Pierre fut rétabli ſur le Trône. Enfin ces deux Concurrens,également injustes à l'égard de leur Peuple, périrent miſérablement. A ba , après la perte, d'une bataille,
fut tué dans la déroute par ſes propres partiſans. Pierre eut les
yeux crevés, & mourut deux ans
apreS. / »
AN DR E, qui étoit du Sang Ro
yal, & que Pierre avoit exilé, fut rappellé par les Seigneurs du Royaume: il reçut la Couronne de leurs
mains. Son prémier foin fut de dé truire les faux préjugés du Peuple, qui s'imaginoit que le changement de Religion étoit la cauſe des trou bles dont la Hongrie ſe voyoit agi tée depuis quelque tems. Ce Prin ce fut s'attirer l'eſtime & l'amour de
fon Peuple. Il fit fleurir les Arts, il maintint avec zèle la Diſcipline mi
litaire. Cependant l'Empereur, ſous prétexte devenger Pierre l'Allemand, ravageoit la Hongrie. André sy op poſa avec peu de ſuccès dans la pré mière Campagne, où il perdit une bataille , & vit fon Armée dépérir faute de vivres. Mais il prit mieux
fes meſures pour la ſeconde , & il fut plus heureux : fans commettre ſes forces avec celles de l'Empereur, iltrouva moyen de le harceler, de lui
couper les vivres, & de le faire man uer de tout. Ces deux Princes, las leurs pertes communes , penſé rent à faire la paix. Le mariage de la fille de l'Empereur avec SalomoreHongrois, qui avoient déja expéri menté que ces Alliances étrangères étoient préjudiciables à leur repos,
ne Purent voir celle-ci d'un oeil in
différent. . Bela , frère d'André, fe
mit à la tête des mécontens: il futélevé ſur le Trône au préjudice de
ce dernier Prince, & de ſon fils sa /omon, quoique celui-ci eût été élu
dès l'âge de cinq ans pour ſuccéder
à ſon père.B E LA étoit un Prince de grand Bela:
mérite ; mais fon humeur cruelle, 1958.
qui tenoit de la férocité, en ternit toute la gloire. Il fit des Loix très fages; & fa conduite dans les con jonctures les plus difficiles ne dé mcntit point le caractère d'un Prin ce prudent & expérimenté. Son
zèle, pour ramener à la Religion Chrétienne un grand nombre de
Hongrois qui étoient retournés à l'Idolatrię, auroit été très louable, s'il cût été moins cruel. Mais cé qui le couvrit d'une infamie éter nelle, fut la manière barbare dontil fit mourir ſon frère André, qui,
dans le deflein de remonter fur lé Trónc, avoit formé un Parti dans le Royaume contre Béla. Celui-ci le vainquit dans une bataille ; &
pour le punir de fa prétendue ré
volte, il le fit fouler aux pieds des chevaux, qui l'écraférent. La Jus
tice divine ne tarda pas à venger André, & à ſe venger elle-même de cette horrible inhumanité. La puni tion cut du rapport au crime; & ce
cruel Prince fut écraſé dans la fep tième année de ſon règne, par la
chute d'une maiſon.
SA L o M o N fils d'André, que Bé- Sato-
la avoit privé du juſte droit qu’il avoit
à la Couronne, fut appuyé de toutela
I.
MON »
salo- la Nobleſſe pour s'en mettre en pos
MG N,
GEYs A.
Io75'.
festion. Son règne fut un règne de troubles, & de diviſion. Geyſa &
Ladiſlas fils de Béla , foutenus par les Polonois, lui diſputérent la Cou ronne, & lui déclarérent la guerre.
Cependant Didier, Archevêque de
Strigonie, appaiſà les troubles, &
accommoda leurs différends. On cé
da aux fils de Béla pluſieurs Comtés, ou Provinces du Royaume ; & on leur accorda le titre de Duc. Après cette réconciliation , Salomon tira de grands fervices de lavaleur de ces deux Princes. Ils affermirent Tola .mire dans la posteflion de la Dalma tie, contre les entrepriſes de fes voi fins qui la lui diſputoient. Les Peu
les de Bohême avoient envahi la
f -
de Trenezin, ils les en chas férent ; & ce fut par leur moyen, que le Roi domta les Cumans, Peu ples voiſins, qui furent enfin ſubju gués. Ils contribuérent beaucoup à repouſſer les incurſions des Bulgares,& à prendre Belgrade, nommée en ce tems-là Taurinum. Ces ſuccès,
qui devoient cimenter la Paix entre
alomon & les fils de Béla, fervirent à la rompre. Ceux-ci sapperçurent que le Roi ne faiſoit pas en leur fa veur un partage égal , & équitable, des dépouilles des Peuples vaincus;
ils reprirent les armes contre leur Souverain, qui les mit en déroute dans le prémier combat. Mais ils revinrent à la charge, & fortifiés du fecours des peuples de Bohême, ils chastěrent Salomon du Trône, &
l'obligérent de chercher un aſyle hors des pays de fa domination.
GE Y s A, l'ainé des deux Prin ces, sempara du Trône, & sy main
(a) Ann. d'Inkofer, à l'an io8o.
tint contre les en trepriſes de l'Em pereur, qui s'intriguoit déja en tou
tes occaſions dans les affaires de
Hongrie. Ce n'eſt pas que Geyſa ne
fe vit réduit à de grandes extrémi
tés par les Troupes Allemandes: mais
il fut ſuppléer à la force par la rufe,
& par l'artifice. Il corrompit quel ques Généraux de l'Empereur, &
rendit par-là tous fes efforts inutiles.
Son règne ne fut que de trois ans.
Il laiflà deux fils, nommés Coloman
& Almus. -
La Nobleſſe, mécontente de la conduite de Salomon qui avoit aban donné ſes Etats & fon Peuple ,
offrit la Couronne à L A D I S L As
frère de Geyſa; qui par principe de
religion, ou d'équité naturelle, ne crut pas pouvoir l'accepter légitime ment, fans l'aveu de Salomon. Ce lui-ci conſentit à un accommode ment: il fe contenta de vivre en
Particulier, des rcntcs annuelles qu'on lui affigna. Cependant, par un effet de l'inconſtance humaine, il fe repentit bientôt de cette dé
marche. Secouru par les Cumans &
par les Grecs, il fit des efforts pour reprendre la Couronne qu'il avoit cédée trop légèrement. Mais il fut battu en Iſtrie, & ſon Parti ſe difli pa. Plus diſpoſé par cette défaite à prendre un parti raiſonnable, ou plus deſabuſé des vanités du monde, il fe retira dans une ſolitude, où (a) l'on prétend qu'il vécut dans de fentimens de piété & de rc igion. Il ſe trouve même des Au teurs (b) qui le placent au nombre
des Saints.
Ladiſlas, délivré de ce concurrent,
fe livra tout entier à défendre fon Ro (a) Hungarice fanciitatis indicia.
GEYsA.
LApis
LAS.
i o79.
D E H O N G R I E , L I v R. E. I. 9
L. A 5.
Ladis- Royaume, & à en étendre les bor
nes. Il repouſſa avec vigueur & avecfuccès les courſes des Tartares. Il unit à fa Couronne les Provinces de Croatie & de Dalmatie qu’ilavoit con quifes. Les Cumans, peuples inquiets
& remuans, furent ſubjugués. Ceux de Bulgarie & de Servie, qui s'étoient ligués avec eux , curent le même fort. Boleſlas Roi de Pologne, que
fa cruauté avoit rcndu odieux dans
fes Etats, vint chercher un aſyle en Hongrie. Ladiſlas entreprit fa que relle, paſſà en Pologne, livra batail
le à Uladistas Prince de ce pays,
remporta ſur lui une & finalée victoire, prit Cracovie, réta lit Boleſlas, & rendit la paix à ce Royaume déſolé. Il n'eut pas de moindres ſuccès dans la guerre de Bohême, d'où il ramena en Hon grie fes Troupes triomphantes, &
chargées de dépouilles & de bu
tin. (a)
La Paix ſuccéda à tous ces ex
ploits. Ce fut pour-lors que Ladiſlas
fit voir qu'il réunifloit toutes les qua lités d'un Prince fage, prudent & re ligieux, avec çelles d'un grand guer rier. Sa modération & ſon équité ne ſe démentirent jamais. Il fit fleurir les Arts & les Sciences. Il pra
tiqua tous les devoirs d'un Chrétien,Père de
"s
&:
olique. Son zèle pour la Re éclatant, & IllCttrC
au nombre des Saints. Les Egliſes de Hongrie lui font redevables de leurs plus riches Fondations, & en core plus d'un grand nombre de Ca nons qu'il fit faire dans les Synodes Nationaux , & qui donnent une
haute idée de fa fageffe & de fa re
ligion. Enfin ce Prince peut aller
dc avec les plus illuſtres Rois de Hongrie. La mort le ſurprit, dans le tems qu'il penſoit à joindre fes armes à celles de pluſieurs autres Princes Chrétiens, pour la conquê
te de la Terre-Sainte.
Co L Q M AN, fils ainé de Geyſa, fuccéda à la Couronne de Ladiſlas, “
fans ſuccéder à ſes vertus. Les His
toriens Hongrois nous font un por
trait tres hideux de fes
qualités de corps & d'eſprit. Il s'étoit d'abord deſtiné à l'état Eccléſiaſtique, il pos fédoit l'Evêché de Grand-Varadin:mais l'eſpérance, ou la poſſeſſion de la Couronne, lui firent folliciter la permiflion de fe marier, qu'il obtint fans peine. On attendoit d'un hom me de fa profeſſion, une conduite
bien différente de celle qu'il prit
aufli-tôt qu'il fut parvenu au Trône.
Il n'y eut point de cruautés, qu'il n'exerçât. Son frère Almus eut pei ne à fe garantir de fes mauvais des fcins, quoiqu'il vécût tranquillement
& comme un Particulier. Colomanz
voulut armer contre lui la Républi ue, qui n'eut pas aflez de complai ance pour y conſentir. Cependant il engagca quelques Grands du Ro yaume dans une guerre contre la Ruflie. Elle lui fut funeſte ; mais les mauvais ſuccès ne le rebutérent
as. Dans le destein d'opprimer la
fen:
de la , il cherchoit ou embrafloit les moindres
occaſions pour faire la guerre, afin d'avoir toujours à fa diſpoſition des Troupes nationales, & étrangères,
qui puffent lui frayer le chemin à
une autorité indépendante. Ce Prin ce fit la guerre avec ſuccès aux Ve nitiens, qu'il battit près de Jadéra. Ilrenditaufli inutilcs tous les efforts de (a) Florus Polonicus de Pastorius , Liv. 2. Ch. 4.
Tome I. B , l'Em
Colo
Io95.
R E V O L U T I O N S colo- l'Empereur Henri V contre la Hon-" un Monastère, où il finit ſes jours.
grie. Sa mort fut cauſée par une chute de cheval, après un règne de
19 ans. On conſerve les Canons d'un Synode, auquel il préſida ; ils concernent préciſément les moeurs
des Prêtres, & les biens Eccléſiaſti
ques. (a) - - - *
La mauvaiſe administration de
Coloman ne porta aucun préjudice à ET I EN N E fon fils, qui fut éluRoi après la mort de ſon père. Pen
dant que ce jeune Prince ſe laiſia conduire par les conſeils de gens murs & fages, ſon règne fut hcu reux, & il fit concevoir de grandes eſpérances de fon gouvernement;mais dès le moment qu'il ne ſuivit plus que ſes idées, tout alla en déca
dence. La guerre, qu'il fit contre la Ruffie, n'eut aucun ſuccès favo rable ; non plus que la plupart de fes deficins. Il fe flatta que la vic toire qu'il avoit remportée fur Bo
Ieſlas Crivousky, Roi de Pologne,
rétabliroit ſa réputation : mais elle lui attira peu d'applaudiflement; ſoit arce que, de concert avec les Rus il avoit attaqué ce Prince de mauvaiſe- foi; ſoit parce qu'il avoitagi en cette rencontre fans le con
fềntement de la
République. Enfin Etienne devint odičux à fes Sujets,par les guerres injustcs ou inutiles
dans leſquelles il engagca lcs Etats avec la Bohême, & avec fean Empereur d'Orient. Devenu encore plus Qdieux par ſes cruautés , il ne put
foutenir plus longtems d'être l'objetde la haine publique : il renonça à
la Couronne en faveur de Béla, fils d'Almus frère de Coloman, & mê
me au Monde en senfermant dans
B E LA II. du nom, qui étoit aveu
gle, parut fort éclairé dans le gou
Vernement de l'Etat, & en entendre très bien les intérêts. Loin de ſuivre l'exemple de fes deux prédéceſſeurs, il tâcha de n'avoir rien à démêler avec ſes voiſins. Il prévint même
des négociations la guerre que
es Polonois & les Ruiliens lui a voient déclarée dans le destein de le
détrộner, & de mettre en fa place
un fils-naturel de Coloman. En un mot,, fa conduite vérifia ce que dit David: Deus illuminat cæcos : „ Le
» Scigneur éclaire ceux qui font ,, aveugles.”Paroles dont Béla fe fai foit de fréquentes applications.
GE Y s A ſon fils marcha non feulement fur ſes traces , mais il arut même lui être ſupérieur dans a fage conduite de l'Etat. Il avoit cette idée, fi digne d'un Prince qui gouverne des Peuples libres: „ Que
„ la République n'étoit pas à lũi,
» mais qu'il étoit à la République;
» & quc Dieu l'avoit élevé ſur le
» Trône , pour en maintenir les
» Loix." Les revers de la fortune
ne l'abbattirent point; il fut profiter de fes faveurs. Après avoir perdu une
bataille contre l'Empereur ConradIII, il ſe mit bientôt en état de fai re efluyer à ce Prince le même fort des armes. Il défit fon Armée , &
le contraignit de conclure une paix avantageuſe & honorable à la Hon grie. Il eut le même ſuccès dans la guerre qu'il entreprit contre Lado mir Prince de Ruſlie. Prudent, fans être jaloux ni ſoupçonneux, il ac corda aux Troupes Françoiſes & Al lemandes, destinées pour la Terre
- Sainte,
BELA II.
MAN.
ETIEN NE II.
1 I 14.
|- (*) Dec. prem. du Roi Coloman, Ch. 3. 8, 15, 16, &c.
1131
GE Y s A II.
1 I 4 I -
D E H O N G R I E , L I v R E I. I i G a YsA
II.
ET I EN N e III.
I 161
B E LA 1 I l . 1 1 73.
Sainte, non ſeulement un paſſage li bre fur ſes Etats , mais encore tous les fecours qui dépendoient de lui.
Après avoir fait la paix avec ſes vọi
fins , il fonda pluſieurs Egliſes : c'é toit la grande dévotion de ce temslà. Enfin il mourut univerſellement
regretté, avec la conſolation d'avoir rocuré à l'ainé de fes quatre fils 'élection à la Couronne, qui étoit bien dûe aux mérites du père, & à ceux du fils, quand même l'ordre de la naifiance, auquel les Hongrois a voient toujours égard lorſqu'ils ne voyoient aucune raiſon qui s'y op posât, n'auroit pas donné au Prince
élu une juſte prétention à cet hon
IlCllr.
ET I ENNE III, Prince pieux, é quitable, fage, & prudent, malgré l'éloignement qu'il cut toujours pour la guerre, fe vit obligé d'en foute nir pluſieurs contre les Venitiens en Dalmatie, contre l'Empereur des Grecs , & pour appaifer quelques foulévemens que Ladiſlas & Etienne fes oncles avoient fuſcités. Mais
aiant continué à règner avec autant de probité & d'amour pour la juſti ce, que de gloire & de ſuccès, il
triompha de fes ennemis étrangers,
aufli-bien que de fes deux Concur rens , qui avoient ſucceflivement pris le titre de Roi. Ladiſlas mou rut, fix mois après l'avoir uſurpé.Etienne, dont la Faction étoit enco re plus puiffante, fut entièrement défait, & finit ſes jours bientôt après fa déroute. Le Roi ne jouit pas longtems du fruit de fes vićtoires:
fa mort fervit à réunir les faćtieux
au corps de l'Etat.
B E LA fon frère fut élu pour lui fuccéder.W Ce Prince s'appliqua avec foin à purger le Royaume des Vo
leurs & des Brigands, qui en infes
toient toutes les Provinces. Il s'étu dia de même à prévenir la defunion des Etats, en faiſant des Loix ſévè
res contre les factieux. Pour gou
Verner le Royaume avec plus d'or dre & de diſcernement, il le diviſaen Comtés ou Provinces, & il y éta
blit des Gouverneurs, qu'onappelloit Comtes: Dignité qui, felon l'idée que
nous en donne le Roi Béla , avoit beaucoup de rapport avec celle des Veivodes en Pologne.
On n'appelle pas aujourd'hui ces Gouverneurs ſimplement Comtes : ils ont le titre de Comtes ſuprêmes.
De même on ne peut appeller ces Provinces ſimplement Comtés, felon l'uſage de la plupart des Géographes modernes ; puisqu'un feul contient pluſieurs Seigneuries, dont chacune feroit un Comté particulier, fi les Terres étoient communément titrées dans ce pays-là. Les Gouverneurs, ou les Comtes ſuprêmes, ont ſous eux des Vicomtes, avec d'autres Officiers d'une autorité ſubordonnée, devant
qui les Seigneurs, les Gentilshom
mes, & même les Prélats qui ontdes Terres dans la Province, fontobligés de comparoître pour décider de leurs intérêts, ou de leurs différends. Le nombre des Comtes à brévet s'eſtmultiplié en Hongrie ſous la domi
nation de la Maiſon d'Autriche;& c'eſt une amorce que la Cour de Vienne a préſentée aux Gentilhommes am bitieux, & même à des Particuliers d'une extraction médiocre; c'eſt par là qu'elle s'eſt attaché ceux qui ont
voulu ſe mettre au-destus de leurs é
gaux : de forte que dans ce pays-là, aufi-bien qu'en Allemagne, il ſe
trouve à préfent quantité de Comtes
& de Barons qui ne font pas Gentils
B 2 hOm
BELA III.