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GEOGRAPHIE ET L'AMENAGEMENT TERRITOIRE

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TERRITOIRE

IIIe Colloque franco-hongrois de géographie

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G E O G R A P H I E ET L ' A M E N A G E M E N T T E R R I T O I R E

IIIe Colloque franco-hongrois de géographie

Édité par

GY. ENYEDI

et

P. P O L Y Â N S Z K Y

B U D A P E S T , 1 9 6 9

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S O M M A I R E

Page Avant-propos... ... ... ... ... 5 Le Colloque... ... ... .. 9 BONNAMOTJR, J. : Evolution de l'espace rural français. . . 11 CHATELAIN,P.: Disparités culturelles régionales et migra-

rions: l'exemple du recrutement de la fonc­

tion publique... ... .. .43 C0QUERY,M.: Le recensement de la population en 1968 et

les problèmes de délimitation et de découpa­

ge géographique des unités urbaines. . . 71 LABASSE,J. : La promotion des villes nouvelles en Europe

Occidentale... ...91 MATHIEU,N.: Les problèmes d'aménagement des régions rurales

français e s . . . ... ...105 ROCHEFORT, M . : Nécessité et difficu ltés de la notion de

hiérarchie urbaine appliquée à l'aménagement du t e r r i t o i r e ... ... ... 145 BERNÂT,T.: Les relations et les problèmes du rayonnement

et de la planification de l'agriculture en

Ho ngr i ... ... ...157 ENYEDI, Gy. : Changements territoriaux dans l'agriculture

hongroise... ... 161 KOLTAjJ.: Participation des géographes dans la résolution

des problèmes d'aménagement de territoire de la région transdanubienne S u d - E s t ... . . . 1 6 9 KOSZEGFALVI,L.: Le système de la planification régionale en

Hongrie, son but et ses résultats principaux.197 LETTRICH,E.: Agglomérations urbaines, comme nouveaux prob­

lèmes du réseau u r b a i n . . . ... .. 203 ABELLA,M.: Aspects géographiques du développement régio­

nal des loisirs du lac Balaton. . . . . . ... 215

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'

,

*

.1

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Avant-propos

Depuis 1964 les géographes français et hongrois organisent tous les deux ans des rencontres professionnelles pour discuter des problèmes de recherches ayant un intérêt scientifique de premier ordre dans les deux pays. Le premier colloque s'occupait de la question de l 'u t i l i s a t i o n de l 'e a u du point de vue de la géographie physique et économique, le deuxième ayant pour sujet l'étude géographique de l'agriculture avait lieu en France en 1966, enfin le présent volume contient la matière des exposés et des rapports du 3e colloque de géographie franco-hongrois. Le colloque avait pour sujet la relation entre la planification régionale et la géographie. Le colloque excel­

le non seulement par son intérêt scientifique pour les deux pays, mais aussi par son importance pratique, appliquée. Malgré les différences de structure de l'espace économique, de dimension, de développement et de société, les deux pays possèdent plusieurs traits semblables, comme entre autres le dépeuplement des régions agricoles sous-développées, l'escès d'accumulation des activités économiques et sociales dans la capitale et dans son environement, la localisation périphérique des centres urbains etc. Les géographes des deux pays croient de leur devoir de décrire non seulement les déformations inégales de cette structure de l'espace, mais de chercher les moyens et les p o ss ib ili­

tés d'y remedier. Au cours de ces recherches s 'e s t dégagée la ressem­

blance tant des problèmes, que des méthodes de recherches. C 'e s t pour­

quoi les exposés du colloque ont été suivis avec un grand intérêt non seulement par les géographes hongrois, mais aussi par les représen­

tants de plusieurs autres disciplines comme ceux de la planification urbaine, de la planification régionale, de la statistique territoria­

le, de l'économie régionale.

Conformément à l'usage établi les exposés ont été faits par les hôtes, donc par les géographes français, tandis que les géogra­

phes hongrois ont présenté leurs rapports.

Ce rencontre régulier du groupe des experts en nombre réduit avait pour résultat ju s q u 'ici des échanges d'expérience d'une extrême u tilité. L 'e f f e c t i f réduit du colloque a permis des discussions in­

tenses et dégagées. Il nous semble certain que les rencontres qui vont lui succéder - la prochaine aura lie u en France en 19 7o et aura pour

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sujet la cartographie thématique - obtiendra la même réussite. Nos expériences peuvent servir d'exemple aux géographes des autres pays pour procéder de même à un échange de vues»

Dr. G-yorgy ENYEDI

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ITINERAIRE DE L'EXCURSION DU COLLOQUE

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Le 3e Colloque de Géographie Franco-Hongrois avait pour but à discuter le sujet "Relation entre la planification et la géographie".

L'organisateur spécial et dirigeant était Prof. Gyorgy ENYEDI, direc- teur-adjoint, organisatrice Piroska POLYÂNSZKY collaboratrice scienti­

fique, tous deux membres de l'I n s t i t u t de Recherches Géographiques de l'Académie des Sciences de Hongrie.

Les participants déléguées français étaient: Prof. J . LABASSE /L yo n/, Mme Prof. J . BONNAMOUR /Rouen/, Prof. M. ROCHEFORT / P a r i s / , Mme R. ROCHEFORT / P a r i s / , P. CHATELAIN /P a r i s / , Mme N. MATHIEU /P a r i s / , J. COQUERY / P a r i s / .

Les 24 et 25 septembre avaient lie u les exposés des géographes français suivis par les rapports de Gy. ENYEDI, T. BERNÂT, E. LETTRICH, Gy. KOSZEGFALVI. Les exposés et les rapports ont rélévé que les spé­

cialistes des deux pays ont des problèmes semblables concernant la planification régionale, la géographie rurale et la géographie urbaine.

La série d'exposés de deux jours a été suivie par un voyage d'études de six jours sur l 'i t i n é r a i r e : Budapest - lac Velence -

Siéfo'k - Tihany - Balatonfüred - Badacsony - Tâc - Pécs - Izsâk - Kecs- kemét - Debrecen - Hortobâgy - Eger - Budapest. Pendant les six jours de l'excursion dans les diverses parties du pays, les géographes fran­

çais ont été renseigné sur les résultats et les perspectives de la planification régionale, notamment aux environs du lac Balaton par M. ABELLA, collaborateur scientifique et par B. GERTIG, professeur à l'École Supérieur de Pécs, et à Pécs par Dr. J . KOLTA, collaborateur- -chef scientifique. A Kecskemét c 'é t a i t Mme E. LETTRICH qui a mis en lumière le système d'habitat de Eecskemét, son origine et son histoire, en relation avec l'urbanisation. A Debrecen Prof. Gy. ENYEDI a fait connaître la structure de l'U niversité, son régime d'enseignement. Puis B. BALOGH, maître de conférence à l'Université, a fa it connaître dans

une conférence aux hôtes français la v ille et ses environs, les prob­

lèmes locaux, les problèmes agraires, le monde des "Tanyas" et les ré­

sultats obtenus de l'urbanisation. Dans le cadre du programme les géo­

graphes pouvaient examiner les travaux du Bureau de Planification Ur­

baine de Debrecen / E . SZOKOLAY/. Les participants ont porté un v i f in­

térêt à l'Hortobâgy, le dernier reste d'un paturage steppique tradi­

tionnel ou ils avaient l'occasion de reconnaître les traditions loca­

les économiques et historiques.

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La dernière s tatio n de l 'e x c u r s i o n é t a it a Eger. A l 'É c o l e Supérieure de Pédagogie, P r o f. E. UDYARHELYI a présenté la v i l l e et ses environs tout en f a is a n t a l l u s i o n aux problèmes de la p l a n i f i c a ­ tion régionale et à ses perspectives.

A Budapest le groupe français a v is it é l ' I n s t i t u t de Recher­

ches Géographiques de l'Académ ie des Sciences de Hongrie, ou Prof.

M. PÉCSI direc teu r, a f a i t connaître les travaux de recherches de l ' I n s t i t u t , ses tâches, et les ré su ltats obtenus.

Les géographes fran ç ais ont rendu v i s i t e à la chaire de géo­

graphie économique de l 'U n i v e r s i t é des Sciences Économiques "Marx Kâro ly ", sur l 'i n v i t a t i o n du professeur T. BERNÂT. I c i , i l s ont échan­

gé leurs expériences sur l 'o r g a n i s a t i o n , les méthodes, les moyens, les conditions de l'enseignement et sur les tâches et les résultats des travaux de recherche de la c h a ir e .

D 'a p r è s les communications de la séance de clô tu re, nous pouvons constater que les chercheurs français et hongrois ont des problèmes semblables dans le domaine de la p l a n i f i c a t i o n régionale et en général dans celu i de la géographie économique. Même les tendances méthodologiques y r e la t iv e s mènent à multiples ressemblences dans les recherches tant de géographie rurale que de géographie d 'h a b i t a t s des géographes des deux pays.

A la f i n de la séance de clôture Mme P r o f. J . BONNAMOUR, chef des délégués français a remercié P r o f. Gy. ENYEDI et les collègues hongrois, de l 'o r g a n i s a t i o n couronnée de succès du colloque, du riche programme s p é c ia l et c u ltu r e l, au cours duquel les p articipants

fran çais ont non seulement é lar g i leur connaissance du point de vue de leur domaine s pécial mais i l s ont f a it a u s s i la connaissance de la Hongrie.

Piroska POLYÂNSZKY

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EVOLUTION DE L'ESPACE RURAL FRANÇAIS Jacqueline BONNAMOUR

Ro uen

Dans un monde organisé de plus en plus autour des pôles ur­

bains, l'espace rural connaît une mutation moins spectaculaire mais non moins profonde que les v ille s et leurs abords immédiats: des v i l ­ lages perchés se meurent et tombent en ruines dans certains coins per­

dus des Cévennes ou des Hautes-Alpes, alors que d'autres villages res­

taurés tels les Baux de Provence ou Chateauneuf en Bourgogne connais­

sent un regain d 'a c t iv it é ; des montagnes entières retournent à la f r i ­ che, cependant des campagnes désolées sont' débrousaillées; des bureaux de poste ferment leurs guichets quand ailleurs les banques multiplient leurs succursales; ici des bourgs perdus de plateaux surprennent par un équipement commercial ultra-moderne, tel le centre de Bosc-le-Hard dans le pays de Caux, là des villettes montrent encore des enseignes de bois du siècle dernier.

L'étude de ces mutations contradictoires et désordonnée n'est pas aisée. En premier lieu, l'espace rural ne se définit encore que d'une façon négative par rapport à l'espace urbain. C 'e s t l'espace com­

mandé par les communes qui groupent moins de 2ooo habitants à leur chef-lieu; en fa it c 'e st un espace qui garde le plus souvent une prédo­

minance d'a c tivité agricole. Pour son aménagement, i l dépend davantage de la tutelle gouvernementale et des subventions que l'espace urbain, aussi son étude a-t-elle gardé un aspect passionnel et politique qui ne fa c ilite pas toujours la recherche objective. Enfin la dispersion des sources /souvent difficilement accessibles/ jointe à l'imprécision des critères de jugements nous ont semblé ju s tifie r une tentative de mise au point des connaissances actuelles et une réflexion sur les difficultés de l'aménagement.

I - Face à la croissance urbaine qui reste évidemment le moteur fondamental des transformations, l'évolution de l'espace rural est tout autant commandée par la concentration des structures agricoles que par la différenciation des vocations économiques.

1. Bien sûr en France comme dans tous les pays fortement industriali­

sés, l'expansion urbaine reste le facteur fondamental de l'évolution de l'espace rural. Le recensement démographique de 1968 va permettre

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de mieux préciser le rythme actuel de cette urbanisation. Elle gagne aux dépens de terres agricoles; toutefois les quelques J>o ooo hectares d'expropriations foncières annuelles se trouvent concentrées dans une dizaine de zones situées aux abords des grandes métropoles d 'équilib re ; dans ces secteurs, surgissent de réelles difficultés car les sols en­

levés à l'agriculture sont généralement de bonne qualité et souvent voués à des systèmes intensifs. Mais replacé dans le contexte national, le phénomène présente un danger moindre en France que dans certains

t

pays étrangers; le gain des terroirs urbanisés par rapport à la super­

fic ie agricole n 'est de l'ordre que de 1 / l / . L'urbanisation in flé ­ chit davantage l'évolution de l'espace rural par ses conséquences in­

directes que par l'extension des espaces bâtis.

2. L'évolution de l'agriculture commande en partie le devenir de l ' e s ­ pace rural

La modernisation de notre agriculture suppose en premier lieu une concentration des structures d'exploitation qui n 'e st encore réali­

sée que dans un petit nombre de régions agricoles. Les affirmations officielle s et le voeu des agriculteurs dénoncent ce phénomène mais en fa it i l reste encore lent et mal connu. L 'u t il is a t io n des statistiques du Ministère de l'Agriculture requiert un travail important d'harmoni­

sation des sources et des limites régionales, une représentation carto­

graphique des résultats pour effectuer une étude évolutive valable.Nous avons entrepris une étude systématique de la concentration des exploi­

tations en utilisant les procédés de Monsieur PERPILLOU. Nous avons travaillé d'abord à l'éch elle départementale, nous présenterons ici seulement les conclusions de cette é tude /2 /. Cette recherche est menée actuellement en équipes avec un groupe de chercheurs et de collabora­

teurs techniques au niveau des régions agricoles; les travaux impor­

tants de calculs n'ont encore permis que l'établissement de quelques cartes qui seront prochainement présentées à l ' A . G . F . / 3 / .

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STRUCTURES DES EXPLOITATIONS AGRICOLES Catégories de tailles Etat 1955 Etat 1963

+ de loo Ha N 2o 243 - o,9 % N 23 — O 1 1 ,3 * S 3 234 - lo g S 4 151,6 1 1 , 6 de 5o à 99 Ha N 74 9ol - 3,3 £ N 84 9oo - 4 ,4 *

S 4 968,2 15,5 $ S 6 112,4 1 7 ,1 $ de 2o à 5o Ha N 375 171 - 16,5 $ N 393 9oo - 2o , 8 £

S 11 167,2 3 4,7 i S 12 899,6 36 io de lo à 2o Ha N 532 381 - 23,5 * N 484 98o - 2 5,5

S 7 536 - 2 3 ,4 *■ S 7 841 - 2 1 ,9 * - de lo Ha N 1 266 000- 55 % N 911 92o - 48 $ S 5 255 - 16,4 $ S 4 789,5 1 3,4 $ N : Nombre d'exploitants de cette catégorie

S : Superficies contrôlées par cette catégorie exprimées en millièmes d ' hectares.

A l'é c h e lle nationale ou nous nous plaçons aujourd'hui nous pouvons dire que cette concentration des structures d'exploitations reste lente et surtout très inégale selon les régions. D'après l ' e n ­ quête de 1963 on comptait encore 1 899 17o exploitations agricoles sur l'ensemble du territoire national; le précédent Ministre de l'A g r ic u l­

ture estimait que malgré la disparition naturelle de nombreuses exploi­

tations, i l y en aurait encore au moins 9oo 000 en 1985. Le chiffre élevé cité pour 1963 englobe toutes les catégories de superficie; mais les grandes exploitations susceptibles d 'u n aménagement moderne et d'une gestion rationnelle /c'est-à-dire approximativement celles qui ont au moins une superficie supérieure à 5 hectares/ ne représentent que 1 , 3 $ du nombre et 1 , 6 $ de la superficie; les exploitations de 5o à 99 hectares concernent un plus grand nombre d'exploitants: 4 $ du nombre total qui contrôlent 1 7 ,1 $ de la superficie utile; la grande masse des exploitations françaises reste des exploitations de moyennes ou de faibles dimensions: les exploitations de 2o à 5o hectares et de lo à 2o hectares représentent respectivement 2o,8 $ et 2 5 , 5 $ du nombre total des exploitants; elles contrôlent 36 # et 2 1 , 9 # de la superficie

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agricole; enfin sans cultiver guère plus de 13 $ du territoire fran­

çais, les exploitants d'une superficie inférieure à lo hectares repré­

sentaient encore 48 $ du nombre global d'exploitants; ils exercent un rôle indéniable sur la législation, l'organisation professionnelle et représentent socialement et politiquement une force q u 'i l ne faut pas sous-estimer.

La situation décrite est le résultat d'une concentration non négligeable comme le montrent les chiffres du tableau 1; toutefois celle-ci reste tenue et s 'e s t effectuée aussi bien au profit des ex­

ploitations de 2o à 5o hectares qu'à celui de plus grandes. Mais ce qui l'emporte pour l'évolution de l'espace rural, c 'e s t l'in ég a le v i ­ tesse de cette concentration selon les régions qui accentue peut-être les inégalités des structures antérieures /cartes n°l et n° 2 / . Le contraste entre la France du Nord et du Midi reste nettement souligné et seules les plaines septentrionales connaissent une heureuse con­

centration des structures qui semblent se propager comme des ondes autour du noyau des départements parisiens qui bénéficient d 'e x ce l­

lentes conditions naturelles, de la proximité de la capitale et qui ont très tôt développé une agriculture spéculative. Cette zone est flanquée à l'ouest et à l'E s t par deux secteurs ou se maintiennent de nombreuses fermes: à l'o u es t, le secteur breton et armoricain carac­

térisé par des exploitations petites et moyennes; à l 'e s t le secteur alsacien et jurassien caractérisé par les très petites et les petites

exploitations. Dans la partie méridionale du pays la répartition reste plus composite dans les zones aquitaine et montagnarde, plus contras­

tée dans la région méditerranéenne ou petites exploitations et grands domaines se juxtaposent. L'évolution récente n 'a pas atténué ces

contrastes régionaux car toutes les régions à l'exception du noyau pa­

risien ont subi une lente évolution, le rythme même étant plus rapide dans certains secteurs favorisés comme la Champagne, la différence a plutôt tendance à se creuser qu'à s'atténuer /4/ .

La diminution du nombre des exploitations et leur modernisa­

tion entraînent d'importantes modifications de l'espace rural.

En premier lieu elles commandent l'évolution des densités ru­

rales dans les campagnes. Des exploitations de plus grandes dimensions et modernisées mobilisent un moins grand nombre d'hommes à la terre que les exploitations familiales de naguère. Deux tiers des départements français ont aujourd'hui moins de 4o habitants au kilomètre carré, ce

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TENDANCES DES STRUCTURES D'EXPLOITATION EN 1955

D 'a p r è s structure moyenne 1955

Carte n° 1

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TENDANCES DE L'EVOLUTION DES STRUCTURES D'EXPLOITATION EN 1963

D'après structure moyenne 1955

250 km

Carte n° 2

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LEGENDE COMMUNE AUX CARTES

1 et 2 a / - Nomenclature des signes:

1. exploitations de O à 5 hectares; 2. exploitations de 5 à 2o hec­

tares; 3. exploitations de 2o à 5o hectares; 4* exploitations de 5o à loo hectares; 5. exploitations supérieures à une superficie de loo hectares; 6. structures-types de références.

b / - Structures-types de références

- les exploitations de 0 à 5 hectares contrôlent 5,6 $ de la surface superficie agricole utile - les exploitations de 5 à 2o hectares contrôlent

34 ,2 $ de la surface superficie agricole utile - les exploitations de 2o à 5o hectares contrôlent

3 4 ,7 $ de la surface superficie agricole utile - les exploitations de 5o à loo hectares contrôlent

1 5,5 $ de la surface superficie agricole utile

- les exploitations de plus de loo hectares contrôlent lo $ de la surface superficie agricole utile

c / - Tableau des 11 dominantes" qui adoptées

Catégories d 'e x p l o it a t io n s Une barre Deux barres Trois barres

1 lo, 4 \

a 1 5 ,2 $ 15,3 a 2 4,8$ plus de 24,8$

2 4 8,6 \

a 6 2 ,o $ 6 3,1 \

a 7 7 ,3 $ it fl 7 7 ,4 $

3 44,o a 5 3,3$ 53,3 %

a 7 1 ,9 $ ti »! 7o, 9$

4 2 7,7 %

a 3 9 ,9 $ 3 9,9 a 5 2 ,1 $ II Il 5 2 ,1 $ 5 18,3 a 2 6 , 6 $ 2 6 ,7 %

a 3 4 ,9 $ »l If 3 4 ,9 $

Le procédé cartographique utilise est celui de la méthode des

"dominantes" utilisée par Monsieur Mr. PERPILLOU

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qui reste un chiffre dérisoire si on le compare aux chiffres de densité humaine des pays voisins. Mais la situation actuelle est elle-même

éphémère et une carte des densités rurales, aussi intéressante soit-êLle, ne saurait traduire les préoccupations concernant l'espace rural / 5/ .

Si la concentration en cours se poursuit, un certain nombre de régions vont connaître une diminution de population telle qu'on imagine les futures exploitations dans des espaces vides d'hommes / 6/ ; c 'e s t le cas de certains secteurs du bassin parisien et des campagnes du Ghatillonnais. Dans d'autres secteurs surpeuplés comme la Bretagne la concentration des exploitations reste trop lente et l'espace rural doit nourrir un trop grand nombre d'hommes oour ses ressources. La concentra­

tion des exploitations et les fluctuations démographiques q u 'e lle en­

traîne se traduisent dans le paysage rural qui sort de l'immobilité ou l'a v a i t figée des siècles d 'équilibre agricole.

L'espace agraire se simplifie, tout au moins dans les régions en voie de modernisation: les regroupements parcellaires volontaires ou spontanés confèrent une plus grande monotonie aux plateaux c u lt i­

vés; la brillante thèse de Pierre BRUNET publie des photos aériennes qui pour dater seulement de 195o n 'e n sont pas moins tout à fa it dépas­

sées dans certains secteurs; la traversée de la Champagne crayeuse, la carte récente au 1/2 5 ooo en main, déconcerte: les labours s 'y étendent sans fin jusqu'à l'ho rizon et on cherche en vain les lanières boisées des anciens savarts encore 'indiqués par les cartographes. Sur les pla­

teaux caillouteux de la montagne bourguignonne, les bulldozers arasent les "murgers" pris en broussailles, témoins d'un parcellaire et de techniques d'épierrement aujourd'hui disparus. Partout ou gagne le labour moderne, le puzzle des anciens champs se fa it plus simple et plus géométrique / l / .

Face à cette extension de l'openfield à grandes mailles s'affirme le gain des friches et l'abandon du territoire: anciennes chaumes pâturées des Vosges, gagnées par les broussailles, anciens alpages que n'anime plus la remue des troupeaux, garrigues languedo­

ciennes dévastées, vastes étendues du Massif Central où le cycle de la fougère rereprend ses droits, désert des Plans de Provence où des villages juchés sur des éperons semblent méditer un abandon sans re­

tour; la friche gagne comme une lèpre et dans certains secteurs l 'o c ­ cupation humaine ne se conçoit plus que sur des points privilégiés /8/ .

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Grandes parcelles cultivées mécaniquement et broussailles des espaces qui retournent à la friche représentent deux tendances qui peuvent aussi bien s'exclure l 'u n e , l'autre que se juxtaposer dans certains finages, tant l'évolution de notre espace reste complexe et contradictoire: une carte du remembrement traduit un état d'évolution administrative autant que l'évolution économique, on regrette que ne

soit pas publié encore aour des raisons financières la carte d ' u t i l i ­ sation des sols de Monsieur PERPILLOU; l'é t a t de 1963 permet d 'y déce­

ler une extension des landes en particulier dans les zones critiques de petites montagnes /9/ , alors que les statistiques officielles re­

groupant landes, terres incultes et territoire non agricole "ne per­

mettent pas d'avoir une idée exacte des terres abandonnées". Ces in ­ cohérences du paysage rural nous semblent dans une certaine mesure 1' expresssion d 'u n fait fondamental: si l'o n fa it taire les préoccu­

pations technocratiques des agronomes pour se pencher sur le devenir de l'espace rural, il semble bien que la concentration des structures agricoles connaisse un double seuil: un seuil de rentabilité économique

et un seuil de viabilité pour l 'é q u ilib r e de l'espace lui-même. Toutes les observations faites dans le centre du Bassin de Paris nous ont très tôt conduit à dénoncer l'existence d'un seuil d'étendue maximale pour la rentabilité des grandes exploitations / l o / . En Brie, au-delà- de 5oo hectares, les exploitations semblent ne plus s'agrandir, déjà ces exploitations agricoles maintiennent une densité de population trop faible et l'espace rural des environs de Paris donne des signes évidents de crise: difficultés budgétaires des communes pour assurer l'équipement indispensable à la vie moderne. Un grand nombre de zones sont déclarées critiques faute d'un minimum de population in­

dispensable, mais cet état critique peut aussi bien s'ins crir e dans un contexte agricole prospère comme celui des grandes plaines céréaliè­

res du centre du Bassin de Paris, le Châtillonnais que dans un contexte d'agriculture marginale comme celle des montagnes moyennes du Massif Central.

3. Pour maintenir une densité minimale, i l semble que l'espace rural doive div ers ifier ses a ctiv ités . La rupture de l'é q u ilib r e entre les ressources du terroir et la pression démographique ne saurait se tra­

duire plus longtemps par le seul exode des ruraux vers les cités; la fonction agricole tout en restant prédominante voit s'adjoindre de nouvelles vocations: les campagnes s 'in d u st r ia lis e n t , elles deviennent

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un l i e u de résidence c it a d in e et ouvrière, e lle s restent e n fin le champ des a c t i v it é s de l o i s i r s et de détente. Ces nouvelles fonctions s ' i n ­ s c riv e n t , tantôt comme des adaptations plus ou moins spontanées de

l 'é v o l u t i o n générale, tantôt comme le résultat d 'a c t i o n volontaires des Pouvoirs Publics ou de groupes p riv é s ; elles restent surtout inégalement réparties selon les régions et plus encore que pour la fonction a gric o ­ l e , la s it u a t io n antérieure des secteurs ruraux conditionnent leur évo­

lutio n vers cette recherche d 'u n nouvel é q u il ib r e .

a / L 'i n d u s t r i a l i s a t i o n des milieux ruraux a été longtemps présentée sous le s auspices de l'aménagement rural comme le meilleur moyen de maintenir à la campagne les populations pretes a l 'e x o d e . En f a i t la dé c e n tr a lis a t io n i n d u s t r i e l l e a connu plus de réussite dans les v i l ­ les moyennes sans p ar le r , c e r t es , des métropoles que dans les bourgs ruraux proprement d it s ou les succès restent toujours liés à des con­

ditions extrêmement p ré c is e s : existence d 'u n e réelle t r a d i t i o n a r t i s a ­ nale de la région qui a maintenu sur place une main-d' oeuvre q u a l if ié e ou facilement q u a l i f i a b l e : à cet égard la prospérité a ct u e lle du

Choletois est une exemple aussi s i g n i f i c a t i f que celui de la conver­

sio n du Jura horloger vers la fa b r i c a t io n de matières p l a s t iq u e s ; des créations i n d u s t r i e l l e s en m ilie u rural peuvent se j u s t i f i e r également dans la mesure ou la production a gric ole permet leur i n s e r t i o n : c 'e s t le cas par exemple des nouvelles implantations de fa bric atio n s de sous-produits de la caséine en Bretagne par exemple; ces nouvelles créations s 'i n s c r i v e n t dans la même ligne que les anciennes s c ie r ie s des Vosges et du Jura, les anciennes sucreries des p laines betteravières et évidemment les l a i t e r i e s de la Normandie; nous voudrions simplement souligner la r e la t iv e f r a g i l i t é de ces réussites dans la mesure ou le modernisme entraîne une fréquente s u b stitu tio n des matières premières les unes aux autres et exige une mobilité toujours plus grande des diverses productions, l 'é v o l u t i o n semble affirmer que les lie n s «vec le sol se distendent de plus en plus en matière i n d u s t r i e l l e ; en fin certaines r é ussite s dans des secteurs traditionnellem ent a gric ole s com­

me le Morvan ne se conçoivent que dans la mesure où l 'e x i s t e n c e d'un e équipe locale particulièrement dynamique a eu très tôt le souci de réunir les in d u s t rie ls dans des asso ciatio ns qui luttent contre l ' i s o ­ lement inhérent au m ilieu r u r a l . En e ffe t la d is p e rs io n des usines en m ilieu rural f a c i l i t é e par les techniques modernes est en f a i t tout à f a i t contraire aux lois a c t u e lle s de la concentration géographique des

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industries pour connaître des succès autres q u 'e x c e p tio n n e ls : de même que l 'u r b a n i s a t i o n doit connaître une armature pyramidale pour assurer le r e l a i s des Services jusque dans les é carts, de mime l ' i n d u s t r i a l i ­ sation de v rait connaître une structure analogue, les a t e l i e r s de sous- -traitants des campagnes pouvant desservir des centres in d u s t r ie ls mieux s it u é s .

A l 'h e u r e a c t u e lle , le b i l a n in d u s t r i e l de la d é c en tr a lis at io n dans les campagnes n 'e s t pas aisé a dresser car on dispose de multiples monographies d isp ersé e s. C 'e s t un thème d'études proposé aux services de l'Aménagement du t e r r i t o i r e ,m a i s i l semble que dans une certaine me­

sure, l 'é v o l u t i o n remet en cause cette o r ie n tatio n même.

b / Si les usines se multiplient peut-être .moins en m ilieu r u r a l , par contre la résidence ouvrière en campagne gagne en extension.

Ce terme peut recouvrir trois réalités différentes. I l peut s 'a g i r de véritables ouvriers paysans, tels les ouvriers de Sochaux- Montbéliard ramassés par les auto-cars des usines Peugeot / i l / , les ouvriers du Jura du Sud / 1 2 / ou les métallurgistes de la région de Firminy et des v ieilles industries de la Loire. Ces hommes qui sont tantôt a l'u sin e tantôt aux champs semblent de moins en moins nombreux.

Les études actuelles montrent que les ouvriers préfèrent les domiciles citadins et la direction les engage dans cette voie / l2 et 13/? le re­

cul du nombre de ces hommes n'entraîne pas la disparition des résiden­

ces ouvrières à la campagne. Le partage entre les deux métiers s 'e f f e c ­ tue souvent au niveau de la famille: celle-ci garde l'ex plo ita tio n et l 'u n de ses membres va travailler à l'u s in e la plus proche: les exploi­

tations peuvent être dirigées par les femmes comme les petites tenures de Brière par exemple, l'o u v r ier peut être un des enfants, c 'e s t sou­

vent le cas dans les Vosges ou dans le Bas-Rhin; une étude effectuée dans la plaine d'Alsace proche de Mulhouse montrait que sur plus de 600 exploitations étudiées et choisies selon un sondage raisonné pres­

que aucune ne vivait exclusivement d'agriculture / 1 4 / . Enfin une rési­

dence ouvrière en campagne ne s'accompagne plus d'une activité agrico­

le: le changement de profession peut s'effectuer sans changement de résidence; l'ancienne exploitation rétrécit comme une peau de chagrin, devient un simple jardin; les "pôles urbains", grâce a. la mobilité de plus en plus fa c il e des ouvriers assurent a la campagne le travail ils animent celle-ci et lui donnent un visage nouveau. Aux vieux exemples classiques de la région du Nord, du Bassin industriel Lorrain, des cam­

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pagnes lyonnaises se sont ajoutés ces dernières années un grand nombre de foyers industriels nouvellement décentralisés s l'u sin e de montage d'automobiles CitroSn de la Janais / l 5 / créée en 1961 à 7 Kilomètres au Sud-Ouest de Rennes occupe 6 3oo personnes et recrute son personnel dans le Sud-Ouest du département d ' Ille-et-Vilaine jusqu'à 7o Km; la Basse-Seine / l6/ attire les populations du Pay de Caux jusqu'aux con­

fins de Dieppe, l'u s in e Renault du Mans / 1 7 / recrute également son per­

sonnel dans la campagne. On pourrait multiplier les exemples et les études à l'heure actuelle de A. CHATELAIN tente de faire le point sur cette question / l8/ .

A dire vrai les trois formes ne se distinguent pas toujours dvœ netteté : les hommes qui travaillent en usine peuvent aider quotidienne­

ment ou occasionnellement au moment des grands travaux; au cours d'une vie, on enregistre également bien des hésitations et d'une année à l'autre tel champ peut passer de la friche au labour ou de la location au faire valoir direct; la fin d'une exploitation ne s'enregistre pas comme un acte de décès: le renoncement au cheptel v i f reste souvent

le signe le plus net de l'abandon de la terre, mais la différence entre le champ et le jardin reste bien malaisée. Toutes ces formes de vie ne se définissent pas par des critères simples; leur estimation en nombre n 'e st pas toujours fa c ile : S'agit- il de formes de vie appelées à dis­

paraître quand les problèmes du logement seront résolus en ville? Peut- -être. Certaines enquêtes répondent positivement à cette question / 1 9 / . Mais le choix entre la résidence citadine et la résidence campagnarde reste ouverte pour un certain nombre et bien des secteurs ruraux en arrivent à concevoir leur devenir en fonction du développement des pô­

les urbains.

Dans l'é t a t d 'équilib re actuel, il est d i f f i c i l e d'essayer de dégager les conséquences réelles de ces genres de vie mixte pour l ' e s ­ pace rural: le maintien d'un certain nombre de pseudo-exploitations agricoles de dimensions ridicules est dénoncé en premier lieu mais s ' i l fausse le jugement sur les structures agricoles actuelles, le maintien de ces petites exploitations ne pèse pas lourd à vrai dire pour l'a v en ir de la concentration agricole en France, elle ne contrôle qu'une très faible superficie qui ne saurait être déterminante pour le regroupement; les exploitations d'une superficie inférieure à 5 Ha ne contrôlent que 4 ,5 i° de l'ensemble de la S .A .U ; mêmes redistribués, ces territoires ne peuvent assurer de grandes extensions; 1' existence d'une mobilité de la population n 'é t a it pas habituelle à nos campagnes,

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tout au moins à l'ensem ble des régions r u r a le s; e lle représente un germe de transformation plus fécond que toutes les propagandes: i n ­ troduction de nouvelles h abitudes, de nouveaux b e s o in s , ouvertures sur un monde mal connu; en fin les genres de vie mixtes assurent aux campa­

gnes considérées le maintien des services et renforcent automatiquement la d i v e r s i f i c a t i o n du monde r u r a l . Tel v il l a g e des plaines de la Saône situé à 15 Km de Beaune et 25 Km de Châlon ne groupe que 6oo habitants mais compte 2 boulangers, 2 bouchers, 2 q u i n c a i l l e r s , 2 vendeurs d 'a p ­ p areils électro-ménagers e t c . . . . De la sorte le genre de v ie mixte con­

tribue à un émiettement des Services sans lequel la v ie d i s p a r a i t r a i t des campagnes.

Plus que la présence même de l 'u s i n e à la campagne, la r é sid e n ­ ce ouvriere reste dans la conjoncture actue'lle un facteu r e s s e n t ie l d 'an im a tio n de l'e s p a c e rural mais i l subordonne son devenir à l 'o r g a ­ n is a t io n de l'a rm a tu re urbaine.

c / Tout autant que la résidence ouvrière le développement du tourisme en milieu rural dépend de la v i l l e .

Certes i l est des zones privilégiées à vocation nettement tou­

ristique ou, de très bonne heure les déplacements saisonniers ont assu­

ré un revenu économique; la démocratisation du tourisme a gonflé leurs possibilités et transformé ces régions déjà touchées antérieurement;

elle a permis une extension en tache d 'huile autour des points exis­

tants. Nous ne nous arrêterons pas sur ces "espaces touristiques" assu­

rés grâce au privilège de leurs climats ou à la beauté exceptionnelle de leurs sites d'une ressource appréciable / 2 o / . Mais le rôle de l ' e s ­ pace strictement rural pour les vacances des français reste primordial:

une étude de l ' I . N . S . E . E . concluait récemment que 4 4,5 $ des français vont en vacances à la campagne / 2 l / . Des efforts se multiplient pour attirer les citadins vers le calme des espaces campagnards: aménage­

ment des lacs, aménagement de gites ruraux, sociétés d 'a ccu eil, créa­

tion de clubs hippiques. . . . etc. Ces tentatives dispersées se heurtent en fait aux courants établis, aux modes touristiques, au besoin i r ­ résistible de s o le il; i l s u ffit souvent d'une année pluvieuse pour com­

promettre les résultats acquis. Le nombre des vacanciers en campagne augmente surtout dans la mesure ou le nombre des départs des vacances s 'accroît. De toute façon les équipements pour être rentables doivent être utilisés pendant plus d 'un mois pendant l'année; le tourisme sai­

sonnier agite la campagne quelques semaines, il ne l'anime que s ' i l s'appuie sur des migrations hebdomadaires.

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Un moment l'accroissem ent du nombre des résidences secondaires a pu fa ir e croire à une transformation radicale de l 'e s p a c e rural et à une réanimation des campagnes par le tourisme hebdomadaire. En f a i t la politique de s t a b i l i s a t i o n fin a n c iè r e et la p ressio n f i s c a l e exer­

cé sur le revenu des cadres ont singulièrement freiné ce phénomène, aussi la carte é tablie en 1962 est restée vraie dans ses grandes l i ­

gnes / 2 2 / .

L'existence des résidences secondaires reste davantage une pos­

sibilité à exploiter qu'une certitude d'accroissement des ressources pour le secteur. Les études menées dans le Sud de la région parisien­

ne nous ont montré l'opposition de deux mondes: souvent le parisien se ravitaille complètement dans la capitale avant de partir en week-end;

l'opposition des ruraux et des citadins peut prendre des aspects poli­

tiques comme dans le Sénonnais ou la région lyonnaise / 2 3 / . Souvent les municipalités ont du mal à faire face aux charges nouvelles d'un équipement collectif exigé par la clien^ele urbaine. Enfin selon les cas les résidences secondaires s'insèrent plus ou moins harmonieuse­

ment dans le paysage: aux environs de Fontainebleau, les résidences secondaires gardent un aspect aristocratique qui sauvegarde la beauté traditionnelle des villages de pierre, ailleurs l'aspect de mauvaises banlieues dégrade vite les sites dès que la construction prend le pas sur l'aménagement des v ie ille s maisons rurales. L 'in s t a lla t i o n anar­

chique d'un milieu dégénéré accroît les difficultés au lieu de les résoudre et compromet à moyen terme le développement du tourisme. Com­

me les précédentes possibilités ouvertes au monde rural, le tourisme n'apparaît pas comme une valeur assurée. L'espace rural se trouve d if ­ férencié davantage encore par les chances inégales de cette nouvelle ressource selon les régions.

Si d'aucuns ont affirmé que les possibilités de la technique moderne permettaient l 'u n i f i c a t i o n de l'espace /24-/ /tout au moins l 'u n i f i c a t io n des modes de v i e / et décuplaient les possibilités de dis­

persion des activités des hommes, l'observation de l'espace français semble montrer que deux facteurs essentiels conditionnent son évolu­

tion: le milieu naturel /auquel i l faut redonner son rôle exact/ et l'armature urbaine. Les possibilités agricoles et touristiques sont dictées en partie par les conditions naturelles qui dans le contexte moderne déterminent davantage la rentabilité des tentatives que leurs possibilités. L'armature urbaine joue un rôle essentiel dans la me­

sure où elle conditionne les implantations industrielles permet la

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résidence ouvrière en campagne et fait naître le besoin des loisirs en milieu rural.

I I - Cette évolution de l'espace rural remet en cause l 'i n f r a ­ structure des services hérités d'un passé de relative s tabilité, les institutions administratives elles-mêmes et obligatoirement les conceptions mêmes de l'Aménagement Rural

1. Infrastructure des Services. L'infrastructure des services héritée du passé est mal adaptée à l'évolution de l'espace rural. Naguère la communauté villageoise arrivait à répondre aux divers besoins; toute la vie s'organisait autour du clocher, de la Mairie, d'une ou deux boutiques polyvalentes et de quelques maisons d'a rtisa ns. La densité de la population relativement élevée des campagnes et la faiblesse des moyens techniques expliquait l'aspect des maillages des services d 'é ­ quipement. L'évolution économique a bouleversé cette organisation; le déclin de l'a r t is a n a t et la montée de besoins nouveaux a modifié la carte des équipements et des commerces; la structure verticale des ministères a pu faire paraître incohérente la politique gouvernementa­

le; l'armature urbaine disparate n 'a pu assurer partout les points d'ancrage nécessaires malgré l'existen ce d'un réseau serré des petites v ille s . "Avec 33 i° de ses habitants dans des villes de 2o ooo habi­

tants et plus, la France se différencie nettement des autres états euro­

péens et des principales puissances économiques du monde" / P . PINCHEMEL/.

L'importance des petites v i l l e s , celles de moins de 2o ooo Ha, carac­

térise l'u rb an isatio n de la France / 2 4 / .

Comment se présente actuellement l ' organisation des Services rural? La question représente un défi dans l 'é t a t actuel de l 'é v o l u ­ tion et de la connaissance. Les schémas de hiérarchie urbaine influen­

cent les esprits et une première observation semble montrer que l ' e s ­ pace campagnard est souvent organisé d 'une manière analogue: le bourg rural ou la petite v ille , selon les cas, étendrait son influence sur

un secteur restreint et une auréole de villages-centres assureraient le relais des services dans un cercle plus éloigné. Souvent le schéma semble v é r ifié , on a pu l'observer en Haute-Normandie; autour de la peti-ville de Pont-Audemer / 2 5 / / 9 6oo Habitants/ 1 ' organisation spon­

tanée de l'espace régional a mis en place un réseau complet et bien disposé de bourgs et bourgades /v o ir croquis/. Nous pourrons donner des précisions pour l'ensemble du pays de Caux dans quelques mois

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/ 26/ , mais on y retrouve apparemment une d is p o s i ti o n analogue. Le C . R . E . S . A . a v a it étudié t r o is secteurs situ és dans des régions géo­

graphiques très d i f f é r e n t e s : le Neubourg en Normandie, la plaine de Gannat en Auvergne, la région de Marvejols en Lozère; / 27/ . Dans les trois zones, un centre r ura l p r i n c ip a l commande une zone d'aménagement d'un e s u p e r fic ie au moins supérieure à 4oo kilomètres carrés: le Bourg dans l 'E u r e , la petite v i l l e de Gannat en Limagne, le centre de Mar- v ejo ls en Lozère; des centres ruraux élémentaires se ré pa rtisse n t à

u ne 'c e r ta in e distance et rayonnent sur les communes proprement rura­

l e s . / V o i r les schémas que nous avons é t a b l i s d 'a p rè s les données du r a p p o r t /. De nombreuses études donneraient des exemples analogues de hiérarchie entre le bourg rural et l 'a u r é o l e de centres élémentaires, chaque centre élémentaire et les communes r u r a le s . D 'au cu n s ont même é t a b li une sorte de "m o d è le ": Une zone rurale d'une s u p e r f ic ie de 600 Knf et d 'u n e population s 'é l e v a n t approximativement à 2o 000 hab.

dispose d 'u n centre rural de 4 000 h ab ita n t s; les communes situées autour de ce centre en dépendent directement, alors que trois ou quatre centres ruraux élémentaires de looo ha. environ désservent les popula­

tions des communes rurales - La r é alit é d i f f è r e quelque peu de ce schéma théorique -.

Le maillage est plus ou moins serré selon les s e c t e u r s : en Haute-Normandie, la densité des centres ruraux principaux est plus f o r ­ te que nulle part a i l l e u r s ; ' e n p a r t ic u l i e r le pays de Gaux compte un v é r it a b l e bourg tous les 6 ou 7 Km. La distance d'un e commune rurale à son centre élémentaire est de l 'o r d r e de lo Km dans la plaine de Gannat, alors q u 'e n Lozère, La Canurgue et Nesbinals sont respectivement à 22

et 3 o Kms de M arvejols. La plus grande densité de la p opulation des p l a in e s , la plus d i f f i c i l e c ir c u l a t io n en montagne peuvent expliquer ces v a r i a t i o n s , mais intervienn en t également le niveau de vie des popu­

la tio n s rurales /s o n élé vatio n entraîne la création de s e r v i c e / , les modes de r é p a r t it i o n de l 'h a b i t a t ; en pays d 'h a b i t a t très dispersé com­

me le F i n i s t è r e le schéma se modifie.

Une t e l le d is p o s i ti o n s p a t ia le impose l ' i d é e d ' une h ié ra r c hie des S e r v i c e s , les caractères urbains s 'a t t é n u a n t du centre p r in c ip a l au chef- lieu du v i l l a g e r u r a l . L 'o b s e r v a t io n plus approfondie prouve l 'e x i s t e n c e d ' une ré alité beaucoup plus c omplexe: d 'u n e part, l ' e x i s ­ tence de noyaux de population agglomérée ne s i g n i f i e pas automatique­

ment un ce rtain niveau d'équipem ent en m ilie u r u r a l . Un centre de 600 habitants peut-être paradoxalement mieux équipé q u 'u n bourg de 1 5oo;

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un croisement de routes en Bretagne peut mieux répondre aux besoins élémentaires ou moyennement élaborés des populations, qu'un village- -centre de la France de l 'E s t . D'autre part, dans le secteur p u b lic, sous-équipement et sur-équipement peuvent se côtoyer. Le sur-équipe- ment des Services assuré par l'E ta t reste dans une certaine mesure l'héritage du passé; les campagnes davantage peuplées pouvaient dispo­

ser d'une école et d'une poste par village; les cartes des services postaux et scolaires sont à l'heure actuelle remises en question; la mobilité des agents et des enfants permet une meilleure utilisatio n des fonctionnaires et des équipements, bien que la suppression des guichets postaux et de3 classes entraîne chez les usagers un mécontentement cer­

tain et une impression d'abandon. Le sous-équipement peut également être le fruit de la constance d'agents éleetoraux particulièrement a c tifs . Le sous-équipement résulte de la politique générale à l'égard des campagnes et de l'in ce rtitu d e de l'a v e n ir ; la crainte de doter de locaux médicaux, culturels ou sportifs des espaces qui seront déserts à brève échéance, explique nombre de carences, en particulier en ce qui concerne tous les équipements modernes dont le besoin a été ressenti récemment. Mais i l y a plus: l'o rganisation verticale des Ministères s'accompagne d'un chevauchement des divisions administratives du terri­

toire et favorise la dispersion des unités créées, elle aboutit souvent à des répartitions contradictoires. La hiérarchie - préfecture - sous- préfecture - chef-lieu de canton concerne essentiellement le Ministère de l'i n t é r ie u r mais le ressort des autres administrations ne se calque pas étroitement sur elle. La dispersion des Service Publics reste étrangère dans une certaine mesure à celle des équipements privés: la répartition des artisanats, commerces, etc. dépend de nombreux facteurs:

ancienneté de l 'a f f a i r e , reprises habituelles des fonds de père en f i l s , calculs et soucis commerciaux, enfin hasard des convenances per­

sonnelles ou de quelques volontés particulières. En fait on est encore moins bien renseigné sur leurs structures que sur celles des équipe­

ments publics. Leur structure dépend de l'espace environnant, des possibilités économiques du milieu et du dyanmisme des centres eux- -mêmes. Nour reproduisons le tableau des équipements artisanaux publié par le C .R .E .S A . i l donne des chiffres très inégaux pour les densités artisanales des secteurs étudiés; c 'e s t le secteur le plus déshérité au point de vue économique, celui de la Lozère qui enregistre pour les densités d'entreprises artisanales les chiffres les plus faibles en ce qui concerne dix corps de métiers sur les douze considérés /V o ir le tableau 2 / .

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DENSITES D'ENTREPRISES ARTISANALES

d'après l'étude du G . R . E . S . A . - EQUIPEMENTS ET SERVICES EN MILIEU RURAL, p . 95 du Tome 2

Nature des Marvejols La Canourgue Gannat Ebreuil Le Neubourg métiers

Boulangeries-

P a t i s . 9 ,8 1 3 , 8 1 8,4 1 7 ,9 13,9

Boucher.

Charcuter. 1 4 ,1 2 o , 7 1 5,3 1 9 ,4 1 9,5

Mécanic. ruraux 1 1 ,3 1 3 , 8 3 1,7 37,3 1 9,5

Maçonnerie H -J O 6 5,5 2 1 ,5 2 3 , 8 3 2 ,1

Charp.Menuiserie 1 7 , 0 2 7 , 6 2 3,5 2 3 , 8 3o, 6

Couv.Plomberie 8 ,5 lo, 3 8,2 7 ,5 9 ,7

Peint. Vitrerie 1 1 ,3 1 3 , 8 1 2 ,2 1 3,4 1 1 , 1

Electricité 7 ,1 1 3 , 8 9,2 7 ,5 8 ,4

Garages-Mécani-

ciens 1 1,3 2 4 ,1 1 8,4 1 1,9 19,5

Cordonneries 2 , 8 lo, 3 9,2 8 ,9 8 ,4

Chaussures 9 ,9 1 3 , 8 9,2 1 1,9 1 5 ,3

N.B.-Ces chiffres représentent le nombre d ' entreprises lo ooo habitants par canton. Source. Chambres des Métiers de l E u r e ,A l l i e r , Lozère 196 3/6 5 .

Ces équipements émiettés sont souvent menacés de sclérose:

l'âge moyen des responsables l'explique aisément et une récente en­

quête en Morvan révèle que pour les responsables des artisanats et des commerces, la moyenne d'âge s 'é t a b l it entre 46 et 52 ans. I l faut donc envisager à plus ou moins longue échéance la disparition de 6o des entreprises dans les chefs lieux de canton, de 85 % dans les communes rurales.

Leur avenir dépend de l'évolution économique et du contexte géographique mais également de la manière dont les responsables

conçoivent cet avenir; or, un commerçant ou un artisan trouve la même difficulté que nous-mêmes pour comprendre l'anarchie actuelle des fré­

quentations. L'éq u ilib re réel représenté par les migrations de Services reste très éloigné du schéma de la répartition spatiale des centres des équipements. Les individus obligés pour des raisons administratives à se rendre dans tel ou tel centre selon le besoin considéré groupe

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moins obligatoirement qu'on le pense ses achats occasionnels; en outre la localisation des services privés peut obéir à des exigences d iffé ­ rentes selon le service considéré. Dans l'arrondissement de Sens nous avions souligné cette anarchie / 2 8 / . Le réseau des services y est

d 'a ille u r s insuffisa nt; les achats des résidents secondaires renflouent les commerces moribonds et paradoxalement perpétuent le désordre et l'in su ffis a n c e de la trame des villages-centres. Les études précises conduites au cours de l'année dernière en Morvan et en Normandie

prouvent que la carte des déplacements réels est loin de se calquer sur le schéma géométrique évoqué ci-dessus. I l y a plus: chaque fréquen­

tation obéit également à des rythmes saisonniers; la carte des déplace­

ments n 'a pas la même physionomie en hiver, en été selon les change­

ments de la clientèle et en fonction même de l 'a f f l u x des touristes d 'é té . En Morvan, les variations des approvisionnements sont particu­

lièrement nettes - Tel village s 'i n s c r i t dans l'o rb itre de Saint-Ho­

noré les Bains, station thermale pendant le mois d'Aout et regarde vers les centres ruraux habituels des l'automne venu. Les observations du C . R . E . S . A . conduisent à la même constatation. Partout l'anarchie de fréquentations semble la réponse à la disparité contradictoire des équipements. I l faut remarquer toutefois que les Cabinets de médecins et les guichets bancaires semblent localisés de façon rationnelle dans

'Y ^ ^

la mesure meme ou ils répondent a une nécessité conçue récemment et obéissent obligatoirement à un souci évident de rentabilité. Dans quel­

le mesure ne faudrait-il pas s'appuyer sur leur dénombrement pour étab­

l ir des propositions valables dans l'aménagement rural? Mais cette mo­

bilité désordonnée qu'exige 1' incohérence actuelle des équipements ne répond-elle pas à un besoin de déplacement, de changement, d'animation dont les ruraux, nous semble-t-il ressentent impérieusement la nécessi­

té. A une époque ou les citadins effectuent quotidiennement des dépla­

cements de plusieurs heures pourquoi convaincre les ruraux de moins se déplacer?

2. Cette mobilité nouvelle des populations rurales jointe aux charges excessives des communes rurales dépeuplées remet en cause les institu- tions administrative héritées du passé. Celles-ci correspondent à un morcellement du territoire que j u s t if ia it la lenteur des déplacements de l'époque. De même que les départements semblaient trop exigus face à la réalité des régions économiques gravitant autour des grandes métropoles et que le destin des sous-préfectures doit davantage au dynamisme du secteur privé qu'à l'animation liée à la fonction admi­

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nistrative, de même les Conseils Généraux sont dénoncés comme une or­

ganisation vétuste répondant mal aux besoins actuels des campagnes et la commune devient chaque jour davantage une société restreinte ou se recrutent difficilement les hommes et les nécessaires possibilités f i ­ nancières.

Le besoin d'un découpage du territoires a plus grandes mailles s ’ est imposé: déjà la création de 21 "régions-programmes" avaient for­

mé des unités de dimensions suffisantes pour la planification moderne;

au niveau communal, les regroupements sont encouragés sous de multiples formes: syndicats inter-communaux à vocations multiples, fusions de communes, d is t rict s, etc. En octobre 1967, 8574 municipalités sur 37 962 avaient accepté l 'u n de ces trois modes de regroupement. Ces estimations englobent les communes urbanisées mais le rythme accéléré des demandes témoigne d'une tendance irréversible de concentration qui gagne effectivement le monde rural; dans une certaine mesure la future Loi d ' organisation régionale entérinera des situations acquises ou sur le point de l 'ê t r e . La variété des solutions juridiques de ces regroupements en empêche à l'heure actuelle la cartographie; la future carte administrative pourra être comparée à la carte des communes

qu'avait présentée A. MEYNIER dans les Annales / 2 9 / .

Donc, non seulement la dimension des divisions administratives est remise en question, mais des changements de limites semblent s'im- poser dans de nombreux secteurs. L'ancienne hiérarchie des centres ad­*

ministratifs ne correspond plus à la hiérarchie actuelle des centres urbanisés; cette distorsion, parfois observée à l'é c h e l l e départemen­

tale, est fréquente au niveau de l'arrondissement / 3o /, mais plus sou­

vent encore à celui du canton. La v i e i l l e unité rurale n 'a pas tou­

jours de véritable s ignificatio n. En Haut-Normandie la croissance de Luneray bourg communal n 'e s t pas sans inquiéter le chef-lieu de canton voisin / 3 l / . La carte réelle des zones d 'influence des centres ruraux

f i n i t par tant chevaucher les anciennes divisions administratives que leur maintien en est discuté; de nouvelles propositions de découpage rural sont a l'étude /32/ .

Enfin l 'a t o n ie des centres ruraux remet en question l 'e x i s t e n ­ ce d'un échelon intermédiaire dont la nécessité est ressentie sans que la forme en soit toujours conçue avec netteté. D'aucuns défendent le canton comme un centre d'ancrage d'une animation véritablement enraci­

née dans le milieu rural quitte à admettre une modification des limites actuelles. D'autres le considèrent comme la commune de demain, l'éche-

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Ion intermédiaire devant avoir des dimensions plus vastes qui pourrait correspondre soit à une zone agricole plus homogène, soit à un secteur nettement caractérisé /zone d'influence urbaine, zone industrielle ou zone à vocation touristique ind énia ble/. La recherche d'un cadre vala­

ble se traduit par la succession, la coexistence de diverses tentati­

ves o ffic ie lle s d'aménagement: le Ministère de l'Agriculture a ainsi créé pour ne disperser ni les crédits, ni la recherche méthodologique, 21 secteurs pilotes dont les superficies varient de lo à 3o ooo: hecta­

res et qui groupent chacun de 5 à 2o.ooo habitants. On a tenté égale­

ment de favoriser des " zones déshéritées" ; elles peuvent concerner des secteurs de moindres dimensions, désigner des communes ou des groupes de communes dans lesquelles le maintien d'une densité minimale de po­

pulation requiert des mesures spécifiques. 'Elles ont de plus petites dimensions que les secteurs-pilotes: trois types ont été distingués d'après les seuils de population de 1 5oo, 3 oo et 3 5oo. De plus en plus on parle davantage de " secteur-d' aménagement rural" qui corres­

pondrait aussi bien à une unité collective de vie, à une région géo­

graphique dont les dimensions pourraient englober plusieurs anciens cantons, qu'à une seule commune et ses satellites particulièrement dy­

namiques. Parallèlement à ces tentatives o f f i c i e l l e s , dans les der­

niers lustres se sont multipliés des comités privés qui se sont chargés de l'animation du milieu rural; à côté des services publics régionaux, des assemblées élues, ils recrutent notables, personnes influentes ou élues et sont constitués de manières très diverses; tantôt ils ont choi­

si des limites communales, tantôt leur extension correspond à une zone d'influence urbaine ou à une région agricole / 3 3 / . Ces organisations entendent d 'a ille u r s se maintenir et le Congrès du Conseil National des économies régionales tenu à Rennes en Octobre 1967 définissait une nouvelle orientation de ces institutions qui resteront fermement sur le terrain des groupements privés réunissant l'ensemble des grou­

pements professionnels et sociaux des collectivités locales pour étu­

dier et animer l'expansion économique, susciter les équipements et les investissements nécessaires à chaque région.

De même que l'organisation urbaine requiert des pôles hiérar­

chisés, de meme l'organisation de l'espace rural exige que son devenir soit compris à différentes échelles: - à l'é c h e lle régionale comme en

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témoigne d 'a ille u r s la récente création de "régions de rénovation ru­

r a l e " ; à cette échelle i l est possible d'envisager aussi bien les me­

sures générales - création d'emplois, formation des hommes, réaménage­

ment des structures d'exploitations - que les mesures spécifiques à chaque grand ensemble en fonction de leurs situations particulières;

ainsi dans les zones créées /34/ , on envisage plus spécialement

l'équipement d'un réseau routier dans l'O u e s t, un aménagement global en Auvergne, l'équipement en eau en Limousin et un effort particulier pour l'aménagement des villages de montagnes. C 'es t en pensant l'amé­

nagement rural à cette échelle régionale qu'on évitera le regrétta- ble saupoudrage des efforts et la création d'équipements en grand nombre répondant à des besoins limités.

- A une échelle intermédiaire de dimensions variables selon la diversité géographique des espaces ruraux peuvent être appliquées les décisions régionales et trouvés les aspects concrets des r é a li­

sations. Les déclins de certains chefs-lieux de cantons et de cer­

taines sous-préfectures n 'est pas une preuve de la disparition obliga­

toire de cet échelon intermédiaire mais simplement un signe de mauvai­

se adaptation des structures anciennes. Les recherches ministérielles et les créations spontanées en prouvent au contraire le besoin.

- Enfin le dernier échelon doit-il rester la commune ou celle- -ci doit-elle disparaître? Si logiquement elle doit accepter que des décisions soient prises et 'que des Services soient assurés à un n i­

veau supérieur, i l n'empêche que l'aménagement rural doit assurer la maitrise d 'u n espace étendu et continu; l'a c t io n ne saurait se polari­

ser sans danger en des points privilégiés; malgré ses d iffic u lt é s , la commune rurale correspond encore à un noyau social qui demande davan­

tage à être intégré dans une organisation cohérente qu'à être suppri­

mé. Plus encore que l'aménagement urbain, l'aménagement rural ne saurait être surimposé du dehors, il suppose la participation des in ­ dividus et doit donc partir de la commune, voire du hameau dans les pays d'habitat dispersé, de l'é c a r t dans les régions où l'émiettement est encore plus intense. En f a i t ce qui est remis en cause au-delà des institutions, ce sont les concepts, les croyances, les modes de pen­

sée hérités du passé.

3« L'éq u ilib r e agraire de naguère et la cohésion villageoise avaient f in i par correspondre à une certaine conception du monde et à une cer­

taine sagesse que certains chantaient comme une sagesse éternelle. Le nouveau monde créé par l'évolution économique et administrative oblige

(35)

à des formes nouvelles de pensée.

Les impératifs de la concentration agraire remettent en cause le droit de propriété foncière. Si tout l'espace rural appartient enco­

re à des individus ou à des personnes morales, de plus en plus la lé­

gislation favorise le droit des exploitants face au droit des proprié­

taires. Dans ce domaine les campagnes vont beaucoup plus loin que les centres industriels: la réglementation des baux fermiers et l'o r g a n i­

sation des SAPER limite de plus en plus le droit de ceux qui possèdent les sols sans les mettre en valeur / 3 5 / . Mais cette remise en cause reste progressive; déjà accomplie par les cultivateurs de plaines cé­

réalières qui choisissent délibérément le fermage quand ils en ont la possibilité; elle est peu à peu acceptée par la masse des agricul­

teurs qui pratiquent un mode de faire-valoir mixte, l'existence d'un grand nombre de propriétaires-exploitants permet une lente mutation des conceptions à cet égard.

L'aménagement rural représente en fait une oeuvre quasi-révo­

lutionnaire qui remet en cause le v ie il individualisme perpétué dans une certaine mesure par le système électoral. L'aménagement rural échoue à l'heure actuelle dans la mesure où il ne dispose pas d'un pouvoir ayant la qualité nécessaire pour faire appliquer les décisions qui dépassent les individus. Les structures sont telles q u 'i l faut passer par les individus pour résoudre les d iffic u lt é s . Ou bien la création de structures nouvelles permettrait de passer outre; sont alors mis en cause la liberté des individus et leur responsabilité.

Ou bien i l faut envisager une éducation des i n d i v i d u s . N'est-ce pas là précisément le fond du problème: i l n 'e x i s t e pas de p o s s i b i l i t é s d 'é v o l u t i o n r a tio n n e lle autrement d i t pas d'aménagement, sans l 'a d h é ­ sion des populations in té r e s s é e s ; on ne peut concevoir l 'a d h é s i o n des populations in té re ssé e s sans que celles-ci aient été informées et pré­

parées.

L 'é v o l u t i o n certaine du niveau de vie des ruraux s ' e s t t r a d u i­

te par une e xplosion du besoin de vivre à l 'im a g e des cita din s / o u à l'im age que se font les ruraux de la vie c i t a d i n e / sans que l ' é q u i l i ­ bre du Monde s o it repensé. Gomme l 'o u v r i e r , le paysan veut pénétrer dans l'économie de consommation; p a r fo is plus mal, parfois mieux, i l r é u s s it à y parvenir mais les besoins nouveaux sont plaqués sur l ' a n ­ cien mode de v ie comme l 'a r g o t est intégré par bribes aux anciens d ia ­ le c t e s. Souvent dénoncée dans l 'a n c i e n n e France rura le, l'â p r e t é au gain q u 'e x c u s a i t la misère, q u 'e x p l iq u e encore beaucoup d 'e s p o i r s dé­

Ábra

Tableau  n°  1  -  Quelques  indices  de  disparités  régionales

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