le mobilier cÉramique de l’État basilical
4.12 oBSErVAtIoNS CoNCErNANt LE MoBILIEr CérAMIqUE DE L’étAt BASILICAL
Les couches des niveaux basilicaux représentent l’horizon 2 de l’Îlot des Grandes Forges. Les 10 ensembles peuvent être répartis en 2 grands groupes. Nous pouvons séparer les remblais appartenant à la phase de construction de l’état basilical (PCo 7121, 8465, 10429, 10464, 10789 et 10823)(1493 fragments dont le NMI est 208) et les ensembles qui correspondent à la phase d’occupation et de destruction du même bâtiment (PCo 9127, 10814, 10824 et 10825)(719 fragments dont le NMI est 81).
En étudiant la représentation des grandes catégories de céramique (Fig. 4.44) on aperçoit que (comme dans le cas des niveaux préromains) le pourcentage des céramiques grossières reste majoritaire dans les ensembles de la basilique (leur pourcentage varie entre 27,8 et 55,6 %) L’ensemble PCo 10789 constitue la seule exception : les céramiques fines y sont plus représentées (38,8 contre 27,8 %) que les grossières.54 Dans les ensembles de ce chapitre les importations connaissent une augmentation : elles sont autour de 17% (cf. les niveaux préromains avec un pourcentage autour de 10 %). tandis que la représentation des céramiques fines ne change pas (25,5 % dans les ensembles préromains et 26,6 % dans ceux de la basilique), les céramiques mi-fines sont nettement moins présentes dans les couches de la basilique avec un pourcentage moyen de 16,1% (cf. 23,1% pour les niveaux préromains).
Fig. 4.44 Histogramme de répartition des catégories céramiques en % NMI (ensembles de l’état basilical).
54 Nous avons exclu l’ensemble PCo 7121 de l’étude statistique car il contient trop peu de céramique (il s’agit de 8 fragment dont le NMI c’est 7).
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Forme PCo
Fig. 4.45 Répartition des formes en nombre de vases (ensembles de l’état basilical).
Fig. 4.46 Histogramme de répartition des vases en % NMI (ensembles de l’état basilical).
En ce qui concerne les formes de vase, les pots sont en majorité, leur pourcen-tage varie entre 38,7 et 52,8 % au sein des ensembles (il s’agit de 104 récipients au total) (Fig. 4.45, 47). Le pourcentage et le nombre des formes méditerranéennes
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augmentent aussi par rapport à l’horizon précédent, les cruches restent les mieux représentées (15 vases), suivies par les assiettes (9 vases) et les gobelets (5 vases), mais ce sont les formes indigènes qui dominent toujours.
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Les ensembles de l’état basilical voient l’augmentation du pourcentage des vases de tradition méditerranéenne. Ils représentent 17,5 % du lot55 (les vases régionaux : 78,1 %, les indéterminés : 4,4 %) (Fig. 4.47).
55 Cf. les niveaux préromains : Fig. 3.34-36.
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Chronologie relative
Les observations stratigraphiques faites lors des campagnes successives indiquent que la première étape de construction, qui correspond à la phase basilicale de l’Îlot des Grandes Forges a eu lieu sous la partie orientale de l’atrium de la domus (Fig. 4.1, XI) et les pièces voisines à l’est (Fig. 4.1, XV-XXI). Les remblais appar-tenant à cette phase sont : PCo 7121, 8465 et 10464. La construction de la partie centrale a été suivie par la construction de l’espace occidental (Fig. 1.8, UF 10543) dont les remblais de construction ont aussi livré quelques ensembles de mobi-lier céramique : PCo 10429, 10789 et 10823. Ensuite 3 ensembles provenant des couches d’occupation et de destruction marquent la fin du fonctionnement de la basilique de Bibracte et peut-être le terminus de la fonction publique de l’îlot aussi : PCo 9127, 10814, 10824 et 10825.
Chronologie absolue
Il faut insister sur le fait que le mobilier céramique provenant des remblais de construction reste très fragmenté. Ainsi aucune forme complète n’a pu être reconstituée à partir des fragments. Du point de vue chronologique, il est clair que les vases provenant de ces remblais ne sont pas tous à dater de la même période, mais malheureusement il est impossible de préciser le pourcentage exact du mobilier résiduel.
Nous pouvons faire des observations importantes concernant la composition de ces ensembles : les sigillées, les gobelets ACo, les plats à engobe interne rouge campaniens, les mortiers à lèvre en bandeau et les cruches à lèvre pendante striée ne sont pas représentés. D’après l’absence de ces marqueurs chronologiques et conformément à l’état actuel des recherches céramologiques de Bibracte, ce faciès peut être qualifié pré-augustéen.56 Les observations stratigraphiques effectuées lors des fouilles de la domus corroborent cette hypothèse. Les niveaux de construc-tion de la domus nous fournissent un terminus ante quem pour la construcconstruc-tion de la basilique.57 La présence du fragment de mortarium, de plusieurs vases “terra nigra” et surtout du fragment de présigillée58 (les présigillées sont présentes dans quatre ensembles de l’état basilical : PCo 7121, 8465, 9127 et 10823) nous oriente plutôt vers le milieu du premier siècle av. J.C. À la base de ces différents éléments présentés, nous avons de fortes raisons de supposer que la basilique ait été construite
56 Cf. Paunier, Luginbühl 2004, 188.
57 Voir le sous-chapitre 5.11.
58 Voir la note 12 dans le chapitre 3.
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dans la période de La tène D2b (-50/-30)59. Cette datation correspond à l’horizon 3 de la maison 1 du Parc aux Chevaux ou à l’horizon de Bibracte 4.60
Les remblais de l’espace occidental (Fig. 1.8 = UF 10543) de l’état basilical ne nous fournissent aucune précision concernant le décalage de la construction de ce corps de bâtiment et de la basilique lui-même. L’ensemble PCo 10789 a livré 3 tessons de plat à engobe interne rouge. Ces 3 fragments appartiennent aux types
“régionaux” inspirés par des exemplaires campaniens. Sur le site de la PC1, on connaît un seul plat de ce type avant le milieu du Ier siècle av. J.-C.61 Ils sont plutôt typiques à partir de la période de La tène D2b.62
Les ensembles liés à l’occupation/destruction sont aussi privés de marqueurs des contextes augustéens du site. Conformément à la présence de la forme pré-coce de “présigillée” (Goudineau 1), et les deux gobelets en paroi fine et les vases terra nigra et terra rubra, une datation est proposée pour la fin de la période de LtD2b (50 av. J.-C. / 30 av. J.-C.).
59 Pour les ensembles clos de la période concernée à Bibracte voir : PCo 553, CDR 49, PC 4696 et PC 5783 dans Gruel-Vitali 1998, 105-118, fig. 64-71 ; pour la troisième phase de la maison 1 du Parc aux Chevaux : Paunier-Luginbühl 2004, 194-197, fig. 7.7.
60 Pour les horizons chronologiques de Bibracte voir le sous-chapitre 2.9.
61 Paunier, Luginbühl 2004, 219.
62 Paunier, Luginbühl 2004, 217, 7.24.
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